Arte diffusera le 24 janvier 2017 « Un numéro sur ma peau » (Die Nummer, die ich trage, Numbered), documentaire israélien par Uriel Sinai, photojournaliste, et Dana Doron, médecin. Que signifie pour les survivants de la Shoah le numéro qui a été tatoué sur leur bras dans le complexe concentrationnaire nazi d’Auschwitz composé de plusieurs camps et sous-camps : Auschwitz I (camp principal), Auschwitz II (Auschwitz-Birkenau), Auschwitz III (Monowitz)... ? Quel est le sens de ce nombre pour leurs petits-enfants ? Des confusions graves dans le texte de présentation d'Arte.
« Près de 1,4 million de personnes ont été privées de leur identité à Auschwitz et dans les camps alentours : tatouées, elles n’étaient plus qu’un numéro ». Arte semble avoir confondu le nombre de déportés dans le complexe concentrationnaire nazi d’Auschwitz et celui des déportés tatoués.
En effet, le synopsis en anglais du documentaire indique : « On estime à 400 000 le nombre de détenus tatoués à Auschwitz et dans ses camps environnants ». Des numéros leur ont été tatoués sur la poitrine, puis sur leur bras gauche.
Auschwitz
Seuls ont été tatoués les déportés arrivés à Auschwitz après la sélection qui écartait ceux destinés à être assassinés immédiatement dans les chambres à gaz. Ces déportés tatoués étaient assignés à des travaux contraints pénibles.
Le mode de tatouage a évolué à Auschwitz : au début, le tatouage était marqué sur les poitrines ou les vêtements des déportés. Au vu du taux de mortalité très élevé et du prélèvements des vêtements des déportés décédés portés par d'autres déportés, les autorités d'Auschwitz ont procédé au tatouage sur l'avant-bras gauche des déportés aux fins de mieux contrôler les identités des décédés.
La date d'application de mise en application du tatouage varie selon les camps : à l'automne 1941 à Auschwitz-I, en mars 1942 à Auschwitz-II. Au printemps 1943, le tatouage a été appliqué dans tous les camps du complexe d'Auschwitz. Seuls n'ont pas été tatoués les prisonniers allemands, les prisonniers pour rééducation, des non-juifs de diverses nationalités.
Mais dès mai 1940, avant le recours au tatouage, les déportés ont été affectés par un numéro. Plusieurs séries de numéros ont été appliquées au fil des années, en fonction des déportés. Certains numéros ont été "recyclés".
En plus des 400 000 déportés affectés de numéros de séries, 30 000 déportés, amenés par la police en raison de surpopulation dans les prisons, ont été enregistrés par des numéros.
Ces numéros, ces tatouages se cumulaient avec la spoliation des déportés privés de leurs objets personnels : vêtements, photographies, valises, etc. Ces déportés étaient dépersonnalisés aussi par la mise à nu, le rasage des cheveux...
"Durant l’existence du camp, le tatouage devenait également une source d’information pour les autres prisonniers comme l’explique Primo Levi (in Si c’est un homme, p. 27) : "Certains d’entre nous se sont peu à peu familiarisés avec la funèbre science des numéros d’Auschwitz, qui résume à eux seuls les étapes de la destruction de l’Hébraïsme en Europe. Pour les anciens du camp, le numéro dit tout : la date d’arrivée au camp, le convoi dont on faisait partie, la nationalité. On traitera toujours avec respect un numéro compris entre 30.000 et 80.000 : il n’en reste que quelques centaines." Les prisonniers apprirent de fait à utiliser les numéros pour finalement redonner une identité à leurs compagnons de misère. D’autre part, Primo Levi met en lumière le respect aux "petits numéros" et de nombreux témoignages indiquent que, curieusement, cette constatation était également valable pour les SS (qui, par exemple allégeaient occasionnellement une peine au vu du "petit numéro" du prisonnier, ou choisissaient un prisonnier avec un plus grand numéro pour effectuer une tache)".
Auschwitz
Seuls ont été tatoués les déportés arrivés à Auschwitz après la sélection qui écartait ceux destinés à être assassinés immédiatement dans les chambres à gaz. Ces déportés tatoués étaient assignés à des travaux contraints pénibles.
Le mode de tatouage a évolué à Auschwitz : au début, le tatouage était marqué sur les poitrines ou les vêtements des déportés. Au vu du taux de mortalité très élevé et du prélèvements des vêtements des déportés décédés portés par d'autres déportés, les autorités d'Auschwitz ont procédé au tatouage sur l'avant-bras gauche des déportés aux fins de mieux contrôler les identités des décédés.
La date d'application de mise en application du tatouage varie selon les camps : à l'automne 1941 à Auschwitz-I, en mars 1942 à Auschwitz-II. Au printemps 1943, le tatouage a été appliqué dans tous les camps du complexe d'Auschwitz. Seuls n'ont pas été tatoués les prisonniers allemands, les prisonniers pour rééducation, des non-juifs de diverses nationalités.
Mais dès mai 1940, avant le recours au tatouage, les déportés ont été affectés par un numéro. Plusieurs séries de numéros ont été appliquées au fil des années, en fonction des déportés. Certains numéros ont été "recyclés".
En plus des 400 000 déportés affectés de numéros de séries, 30 000 déportés, amenés par la police en raison de surpopulation dans les prisons, ont été enregistrés par des numéros.
Ces numéros, ces tatouages se cumulaient avec la spoliation des déportés privés de leurs objets personnels : vêtements, photographies, valises, etc. Ces déportés étaient dépersonnalisés aussi par la mise à nu, le rasage des cheveux...
"Durant l’existence du camp, le tatouage devenait également une source d’information pour les autres prisonniers comme l’explique Primo Levi (in Si c’est un homme, p. 27) : "Certains d’entre nous se sont peu à peu familiarisés avec la funèbre science des numéros d’Auschwitz, qui résume à eux seuls les étapes de la destruction de l’Hébraïsme en Europe. Pour les anciens du camp, le numéro dit tout : la date d’arrivée au camp, le convoi dont on faisait partie, la nationalité. On traitera toujours avec respect un numéro compris entre 30.000 et 80.000 : il n’en reste que quelques centaines." Les prisonniers apprirent de fait à utiliser les numéros pour finalement redonner une identité à leurs compagnons de misère. D’autre part, Primo Levi met en lumière le respect aux "petits numéros" et de nombreux témoignages indiquent que, curieusement, cette constatation était également valable pour les SS (qui, par exemple allégeaient occasionnellement une peine au vu du "petit numéro" du prisonnier, ou choisissaient un prisonnier avec un plus grand numéro pour effectuer une tache)".
Témoignages
Vera Rosenzweig et Zoka Lévy « ont vécu l’Holocauste. Le numéro gris-bleu tatoué sur leur bras à Auschwitz leur rappelle cette époque indicible ». Pourquoi Arte a-t-il choisi de nommer la Shoah par le vocable controversé « Holocauste » ? Ce terme-ci évoque un sacrifice par le feu d’un animal dans le cadre religieux ». En l’occurrence, le génocide commis par les Nazis, leurs alliés et leurs complices ne revêt aucune dimension religieuse.
« Comment vivre avec cette mémoire dans la peau ? Est-ce un mémorial ou le symbole du triomphe sur les nazis ? »
« Aussi divers que puissent être les destins, rares sont ceux qui l’ont fait effacer ».
Zoka Lévy, dont le numéro A11998 a été tatoué sur elle à son arrivée à l’âge de 16 ans à Auschwitz, a confié : « Mon bras est un monument. On me demande souvent pourquoi je ne me débarrasse pas de ce tatouage. Je réponds : « Pourquoi le ferais-je ? Ce n’est pas à moi d’en avoir honte. Ceux qui m’ont marquée comme on le fait à l’égard du bétail devraient avoir honte, et les autres devraient le voir afin de ne pas oublier ».
Quant à Ruth Bondy, née à Prague dans une famille juive nombreuse, elle a choisi de faire effacer ce numéro : « J’ai perdu mon père à Dachau et ma mère à Theresienstadt. Quatre d’entre nous ont survécu à la Shoah : ma grand-mère, mon cousin, ma sœur et moi. Vingt-cinq ont été tuées ». A Birkenau, on lui a affecté le numéro 72430. « Ici, en Israël, les Juifs m’interrogent : « Qu’avez-vous fait pour demeurer en vie ? » Je peux voir de la suspicion dans leurs yeux : « Était-elle une putain ? Était-elle une Kapo ? » Après un an à avoir supporté cette suspicion, j’ai décidé de faire enlever chirurgicalement ce numéro. Je ne suis pas sentimentale à l’égard de cette cicatrice. Je ne la regrette pas… Qu’est-ce qu’un nombre ? Je n’ai pas besoin d’un nombre pour me souvenir de la Shoah ».
« Devenu code secret du coffre-fort ou mot de passe du wi-fi, il unit aujourd’hui les générations ».
Des « portraits touchants et une formidable leçon d’espoir, éclairés par une remarquable mise en image ».
Ce documentaire a été primé dans des festivals, notamment en Italie et aux Etats-Unis.
Pourquoi Arte le diffusera-t-il après minuit ?
« Un numéro sur ma peau », documentaire par Uriel Sinai et Dana Doron
Hilla Medalia, Neta Zwebner-Zaibert, kNow Production, avec le soutien de Yes Docu, Makor Foundation, Israël, 2012, 55 min
Sur Arte le 24 janvier 2017 à 0 h 15
Visuels
Affiche : Originaire de Grèce, Maurice Aelion, 84 ans, tatoué à l’âge de 20 ans à Auschwitz. La photographie a été prise le 8 août 2009 à Tel Aviv, Israël.
Leur numéro tatoué sur le bras à Auschwitz, rappelle à ces survivants le temps terrible d’Auschwitz. (Enregistrement à partir du 1er juillet 2011, Ramat Gan, Israël)
Originaire d’Autriche, Leo Luster, 82 ans, montre son tatouage fait à son arrivée à Auschwitz. La photographie a été prise le 8 août 2009 à Tel Aviv, Israël.
© Uriel Sinai / Getty Images
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