Arte diffusera le 12 mars 2022 à 05 h 50 « Une femme d'exception. Le royaume d’Anna » (Die Königin von Wien. Anna Sacher und ihr Hotel), documentaire par Beate Thalberg (2015). « À la découverte du café Sacher, lieu incontournable de la Vienne du tournant du XXe siècle, à travers la vie de son illustre patronne, Anna Sacher, qui deviendra une personnalité influente de la monarchie autrichienne ». Un lieu où l'on savoure le SacherTorte.
Thé, café ou chocolat ? L’essor des boissons exotiques au XVIIIe siècle
« Une femme d'exception. Le royaume d’Anna » par Beate Thalberg
« Café Nagler » par Mor Kaplansky et Yariv Barel
« Paris et ses cafés » de Delphine Christophe et Georgina Letourmy
Cette veuve trentenaire décide de faire jouer son réseau d'habitués, dont les financiers Rothschild et Ephrussi. Elle "combat, contre toute attente, pendant trois ans" pour maintenir l'hôtel dans la famille. En 1895, elle "est déclarée héritière officielle et autorisée à diriger" l'entreprise hôtelière. "En un an, elle double le chiffre d'affaires". Elle « deviendra une personnalité influente de la monarchie autrichienne ». Excentrique, Anna Sacher fume le cigare et ne quitte pas ses bouledogues. Grâce à ses talents commerciaux, l'hôtel Sacher acquiert une renommée mondiale et est fréquentée par l'aristocratie et la diplomatie. Elle ouvre un salon pour dames, et plus généralement des espaces de libertés pour les femmes. Elle "a une chance insolente aux paris". Avec un goût sûr, cette femme d'influence millionnaire constitue une collection d’œuvres d'art. Et entre en conflit avec Karl Luger, puissant maire antisémite de Vienne.
Au « fil de son histoire, le lieu verra passer des noms illustres de l’art et de la culture comme le peintre Gustav Klimt et le compositeur Richard Strauss, ou encore les membres de la grande bourgeoisie juive comme les familles Rothschild ou Epstein », ou les Bloch-Bauer. Des "redresseurs de torts et des mélancoliques".
Après la Première Guerre mondiale, la monarchie est renversée. La monnaie est dévaluée. Pour se désendetter, l'Etat autrichien augmente sa fiscalité, recourt à l'hyperinflation... Anna Sacher refuse d'accueillir les non-aristocrates dans son hôtel, mais y accueille l'aristocratie désargentée. Ce qui induit des problèmes financiers. Anna Sacher perd d'importantes sommes aux courses. Elle nomme ses administrateurs pour gagner du temps. Sous tutelle, elle continue de gérer l'hôtel. Son fils Eduard Jr ouvre un café Sacher, juste en face et révèle à des concurrents la recette de la Sacher Torte ! Âgée de 71 ans, Anna Sacher meurt d'un arrêt cardiaque.
Changement de propriétaire
En 1934, la famille Gürtler acquiert cet "hôtel déficitaire pour une bouchée de pains" et le rénove. L'avocat pénaliste Gürtler s'associe à un hôtelier réputé.
En 1938, l'hôtel est déserté par ses habitués, et "toujours trop juif pour les journaux à scandales". Vienne devient une petite ville.
L'écrivain Stefan Zweig (1881-1942) évoque la Sacher Torte dans La Pitié dangereuse : « und zerlegte weiter meine Sachertorte ».
L'hôtel Sacher n'est pas endommagé par les bombardements alliés.
Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Vienne est comme Berlin divisée en quatre zones d'occupation. L'écrivain Graham Greene a trouvé dans l'hôtel Sacher l'inspiration pour rédiger le scénario du film noir The Third Man (« Le Troisième Homme »), de Carol Reed (1949). Le 4 août 1947, un attentat, organisé par l'Irgoun, vise l'hôtel Sacher, alors QG de l'Armée britannique.
Indira Gandhi, Romy Schneider lors du tournage de la série des Sissi, la reine Élisabeth II, le président John F. Kennedy, le prince Rainier et la princesse Grace de Monaco, Leonard Bernstein, Rudolph Nureev, Herbert von Karajan, John Lennon et Yoko Ono ont séjourné dans cet hôtel aux cinq étoiles.
Ce « portrait d'un lieu mythique et de celle qui en fut longtemps l'âme offre une passionnante immersion dans l'« âge d'or » viennois du tournant du XXe siècle ».
Le bal de l'Opéra de Vienne marque une date importante pour ce palace qui reçoit les participants à cet événement festif.
« Une femme d'exception. Le royaume d’Anna » par Beate Thalberg
NGF - Nikolaus Geyrhalter Filmproduktion GmbH, Geyrhalter Films, avec le soutien de ARTE, ORF, Filmfonds Austria, Fernsehfonds Austria, Autriche, 2015, 56 min
Sur Arte les 25 décembre 2015 à 17 h 15, 22 décembre 2019 à 16 h 35, 30 décembre 2019 à 3 h 20, 12 mars 2022 à 05 h 50
En 1832, Franz Sacher (1816-1907), apprenti pâtissier juif de 16 ans de Vienne, a remplacé le chef-pâtissier malade du prince Klemens Wenzel von Metternich, artisan de la diplomatie européenne, qui l'aurait ainsi mis en garde avant un dîner aux éminents convives : "Dass er mir aber keine Schand' macht, heut' Abend!" ("Que je n'aie pas honte ce soir !").
Franz Sacher inventa alors le SacherTorte, gâteau rond constitué de deux couches de pâte génoise au chocolat séparées par une légère couche de confiture d’abricots, et entièrement couvert, dessus et côtés, d’un glaçage de chocolat noir. Le Sacher Torte est souvent servi avec de la crème Chantilly.
En 1848, après des séjours à Pressburg et à Budapest, Franz Sacher ouvre à Vienne un magasin de gastronomie.
Hôtel Sacher
En 1876, son fils aîné Eduard Sacher (1843-1892) suit son apprentissage à la pâtisserie Demel qui sert la cour impériale. Il améliore et parachève la recette du Sacher Torte.
En 1876, il fonde avec Demel l'Hôtel Sacher de Vienne, une maison meublée devenue un palace mondialement renommé pour cette spécialité pâtissière ravissant les papilles. Un hôtel bénéficiant d'un emplacement de rêve : sur la Philharmonikerstrasse, en face de l'Opéra national de la capitale de l'empire d'Autriche-Hongrie, près de la Hofburg, de l'École espagnole d'équitation. Dans l'empire austro-hongrois, qui comptait 52 millions d'habitants et 11 nations, Vienne fait l'objet de travaux urbanistiques importants centrés sur le Ring, boulevard circulaire investi par la bourgeoisie. Un "quartier chic".
Cet hôtel propose le Sacher Torte, qui devient une des spécialités culinaires les plus célèbres et emblématiques de Vienne. Une recette gardée secrète, et déclinée par le chocolatier Demel. L'hôtel livre 400 SacherTorte dans le monde. Il fidélise ses collaborateurs qui "forment une famille", des Sacheriens.
L'hôtel Sacher « est l’un des lieux mythiques de l’histoire viennoise, dont la réputation rayonne depuis cent quarante ans ». Un palace décoré avec raffinement et composé de six immeubles.
« Fondé en 1876, l’hôtel Sacher devient dès sa création le rendez-vous cosmopolite des artistes, des diplomates, des membres de la haute bourgeoisie, de la vieille noblesse ou de l’élite économique ». Aristocrates et bourgeois juifs en pleine ascension sociale fréquentent cet hôtel. La maison Sacher innove par la livraison à domicile. Et dispose tôt d'ascenseurs automatisés à chaque étage, de combinés téléphoniques, et de l'électricité.
Le « grand hôtel est réputé pour son art culinaire raffiné et ses pâtisseries hors pair, mais aussi pour son illustre patronne, Anna Sacher » (1859-1930) née Fuchs dans une famille de vignerons et de pâtissiers, qui épouse en 1880 Eduard Sacher - le couple a trois enfants -, dirige ce palace dès 1892. Elle révèle ses talents d'organisatrices d’événements, dans le marketing et dans les relations avec les journalistes, recourt à des artistes pour dessiner des menus.
Cette veuve trentenaire décide de faire jouer son réseau d'habitués, dont les financiers Rothschild et Ephrussi. Elle "combat, contre toute attente, pendant trois ans" pour maintenir l'hôtel dans la famille. En 1895, elle "est déclarée héritière officielle et autorisée à diriger" l'entreprise hôtelière. "En un an, elle double le chiffre d'affaires". Elle « deviendra une personnalité influente de la monarchie autrichienne ». Excentrique, Anna Sacher fume le cigare et ne quitte pas ses bouledogues. Grâce à ses talents commerciaux, l'hôtel Sacher acquiert une renommée mondiale et est fréquentée par l'aristocratie et la diplomatie. Elle ouvre un salon pour dames, et plus généralement des espaces de libertés pour les femmes. Elle "a une chance insolente aux paris". Avec un goût sûr, cette femme d'influence millionnaire constitue une collection d’œuvres d'art. Et entre en conflit avec Karl Luger, puissant maire antisémite de Vienne.
Au « fil de son histoire, le lieu verra passer des noms illustres de l’art et de la culture comme le peintre Gustav Klimt et le compositeur Richard Strauss, ou encore les membres de la grande bourgeoisie juive comme les familles Rothschild ou Epstein », ou les Bloch-Bauer. Des "redresseurs de torts et des mélancoliques".
Après la Première Guerre mondiale, la monarchie est renversée. La monnaie est dévaluée. Pour se désendetter, l'Etat autrichien augmente sa fiscalité, recourt à l'hyperinflation... Anna Sacher refuse d'accueillir les non-aristocrates dans son hôtel, mais y accueille l'aristocratie désargentée. Ce qui induit des problèmes financiers. Anna Sacher perd d'importantes sommes aux courses. Elle nomme ses administrateurs pour gagner du temps. Sous tutelle, elle continue de gérer l'hôtel. Son fils Eduard Jr ouvre un café Sacher, juste en face et révèle à des concurrents la recette de la Sacher Torte ! Âgée de 71 ans, Anna Sacher meurt d'un arrêt cardiaque.
Changement de propriétaire
En 1934, la famille Gürtler acquiert cet "hôtel déficitaire pour une bouchée de pains" et le rénove. L'avocat pénaliste Gürtler s'associe à un hôtelier réputé.
En 1938, l'hôtel est déserté par ses habitués, et "toujours trop juif pour les journaux à scandales". Vienne devient une petite ville.
L'hôtel Sacher n'est pas endommagé par les bombardements alliés.
Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Vienne est comme Berlin divisée en quatre zones d'occupation. L'écrivain Graham Greene a trouvé dans l'hôtel Sacher l'inspiration pour rédiger le scénario du film noir The Third Man (« Le Troisième Homme »), de Carol Reed (1949). Le 4 août 1947, un attentat, organisé par l'Irgoun, vise l'hôtel Sacher, alors QG de l'Armée britannique.
Indira Gandhi, Romy Schneider lors du tournage de la série des Sissi, la reine Élisabeth II, le président John F. Kennedy, le prince Rainier et la princesse Grace de Monaco, Leonard Bernstein, Rudolph Nureev, Herbert von Karajan, John Lennon et Yoko Ono ont séjourné dans cet hôtel aux cinq étoiles.
Ce « portrait d'un lieu mythique et de celle qui en fut longtemps l'âme offre une passionnante immersion dans l'« âge d'or » viennois du tournant du XXe siècle ».
Le bal de l'Opéra de Vienne marque une date importante pour ce palace qui reçoit les participants à cet événement festif.
NGF - Nikolaus Geyrhalter Filmproduktion GmbH, Geyrhalter Films, avec le soutien de ARTE, ORF, Filmfonds Austria, Fernsehfonds Austria, Autriche, 2015, 56 min
Sur Arte les 25 décembre 2015 à 17 h 15, 22 décembre 2019 à 16 h 35, 30 décembre 2019 à 3 h 20, 12 mars 2022 à 05 h 50
Visuels : © Nikolaus Geyrhalter Filmproduktion GmbH
Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 20 décembre 2016, puis le 19 décembre 2019.
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