« Martin Buber, itinéraire d'un humaniste » (Martin Buber, Religionsphilosoph und Humanist) est un documentaire par Pierre-Henry Salfati. Une exploration de la vie et de la pensée de Martin Buber (1878-1965), philosophe, conteur et pédagogue juif né à Vienne et mort à Jérusalem. Une œuvre féconde résultant d’une pensée dense articulée autour du dialogue avec l’autre. Arte rediffusera ce documentaire le 25 avril 2018 à 2 h 10.
« Toute sa vie, ce militant du parti des « Juifs heureux » (contre une conception lacrymale de l'histoire du Judaïsme) a promu un sionisme humaniste et une religion ouverte à l'autre ».
« Étrangement méconnu en France, le philosophe Martin Buber (1878-1965) est l'un des penseurs majeurs du judaïsme au XXe siècle ». « L'émergence du sionisme, le nazisme et la création de l'État d'Israël ont particulièrement nourri et habité sa réflexion ».
« Témoin du conflit judéo-arabe, il a été le premier à plaider pour une solution à deux États. À travers ses écrits, il n'a cessé d'appeler au respect des populations du Proche-Orient, en mettant en garde Israël et ses alliés contre les risques encourus ».
Dialogue
Né dans une famille juive viennoise – son grand-père, vivant en Galicie, était renommé pour son savoir concernant la tradition et la littératures juives -, Martin Buber maîtrise plusieurs langues dès l’enfance : allemand, yiddish, hébreu, français, polonais. Une enfance marquée par le divorce de ses parents et son rapprochement avec ses grands-parents qui l’élèvent. Buber découvre la Haskala (Lumières juives) et le hassidisme (mouvement de renouveau juif fondé au XVIIIe siècle).
Lors de sa période d’éloignement du judaïsme, il étudie Kant et Nietzsche.
En 1896, il étudie à Vienne la philosophie et l’histoire de l’art.
Deux ans plus tard, il s’engage dans le mouvement sioniste. Il diverge avec Theodor Herzl sur la voie, politique et culturelle, à suivre. Il souligne l’importance de créer des bibliothèques et musées juifs, fonder une université hébraïque…
A Zurich, il fait la connaissance de Paula Winkler, qu’il épousera. Un mariage durable, jusqu’au décès de son épouse en 1958.
En 1902, il publie Der Jude, magazine sioniste.
Après avoir (re)découvert le judaïsme hassidique en 1903, il se distancie du mouvement sioniste et s’attelle à son œuvre. L’année suivante, parait sa thèse Beiträge zur Geschichte des Individuationsproblems (« Contributions à l'histoire du problème de l'individuation »).
Suivent Die Geschichten des Rabbi Nachman (1906), recueil sur le rabbi Nahman de Bratslav, figure du mouvement hassidique, Die Legende des Baalschem (La Légende du Baal Shem Tov, 1908), fondateur du hassidisme. Buber s’intéresse aussi à l’analyse des mythes.
En 1908, avec Gustav Landauer, Erich Mühsam et Margarethe Faas-Hardegger, il est parmi les fondateurs de la Sozialistischer Bund.
Lors de la Première Guerre mondiale, il contribue à fonder la Commission nationale juive qui vise à améliorer les conditions de vie des Juifs d’Europe de l’Est.
En 1921, avec le philosophe Franz Rosenzweig dont vient de paraître L’Etoile de la Rédemption, il crée Freies Jüdisches Lehrhaus, « Libre maison d’études juives » à Francfort.
1923 marque la publication de Ich Und Du (Je et Tu).
Après avoir mis un terme à Der Jude en 1924, Buber initie avec Rosenzweig la traduction de la Bible de l’hébreu en allemand - Verdeutschung (« germanification »).
Il débute son enseignement de la philosophie religieuse juive à l'université Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main.
L’avènement du nazisme met un terme à son activité professorale.
Buber met en place l’organisme central d’éducation adulte juive.
En 1938, il fait son aliyah. Il enseigne la sociologie à l’université hébraïque de Jérusalem, et œuvre au sein du parti Yi’houd à l’amélioration des relations entre Juifs et Arabes en Palestine sous mandat britannique. Il prône alors un Etat bi-national et démocratique en Eretz Israel.
1946 voit la publication des Voies de l’Utopie de Buber.
C’est la période où Buber donne des conférences en Europe et aux Etats-Unis, et entame un processus de resserrement des relations avec les intellectuels allemands.
En 1951, le Prix Goethe de l’université de Hambourg couronne son œuvre centrée sur la rencontre essentielle dans toute vie, le dialogue fondé sur deux bases – réciprocité et responsabilité - et la religion. L’être humain se construit dans le dialogue avec l’autre, en découvrant « l’altérité d’autrui ».
Martin Buber « a échangé des milliers de lettres avec les plus brillants esprits du siècle dernier. Son ouvrage majeur, Je et tu, a nourri les discours de Martin Luther King et les chansons de Leonard Cohen ».
Le Prix Israël en 1958 et le Prix Erasme à Amsterdam en 1963 distinguent cet intellectuel qui décède en 1965 à Jérusalem.
Pierre Henry Salfati (Je suis venu vous dire...) a réalisé un des premiers documentaires « consacrés à ce grand penseur. Il y « retrace son parcours et fait résonner sa voix à partir d'archives inédites, couplées à des témoignages de chercheurs et d'universitaires ».
« Toute sa vie, ce militant du parti des « Juifs heureux » (contre une conception lacrymale de l'histoire du Judaïsme) a promu un sionisme humaniste et une religion ouverte à l'autre ».
« Étrangement méconnu en France, le philosophe Martin Buber (1878-1965) est l'un des penseurs majeurs du judaïsme au XXe siècle ». « L'émergence du sionisme, le nazisme et la création de l'État d'Israël ont particulièrement nourri et habité sa réflexion ».
« Témoin du conflit judéo-arabe, il a été le premier à plaider pour une solution à deux États. À travers ses écrits, il n'a cessé d'appeler au respect des populations du Proche-Orient, en mettant en garde Israël et ses alliés contre les risques encourus ».
Dialogue
Né dans une famille juive viennoise – son grand-père, vivant en Galicie, était renommé pour son savoir concernant la tradition et la littératures juives -, Martin Buber maîtrise plusieurs langues dès l’enfance : allemand, yiddish, hébreu, français, polonais. Une enfance marquée par le divorce de ses parents et son rapprochement avec ses grands-parents qui l’élèvent. Buber découvre la Haskala (Lumières juives) et le hassidisme (mouvement de renouveau juif fondé au XVIIIe siècle).
Lors de sa période d’éloignement du judaïsme, il étudie Kant et Nietzsche.
En 1896, il étudie à Vienne la philosophie et l’histoire de l’art.
Deux ans plus tard, il s’engage dans le mouvement sioniste. Il diverge avec Theodor Herzl sur la voie, politique et culturelle, à suivre. Il souligne l’importance de créer des bibliothèques et musées juifs, fonder une université hébraïque…
A Zurich, il fait la connaissance de Paula Winkler, qu’il épousera. Un mariage durable, jusqu’au décès de son épouse en 1958.
En 1902, il publie Der Jude, magazine sioniste.
Après avoir (re)découvert le judaïsme hassidique en 1903, il se distancie du mouvement sioniste et s’attelle à son œuvre. L’année suivante, parait sa thèse Beiträge zur Geschichte des Individuationsproblems (« Contributions à l'histoire du problème de l'individuation »).
Suivent Die Geschichten des Rabbi Nachman (1906), recueil sur le rabbi Nahman de Bratslav, figure du mouvement hassidique, Die Legende des Baalschem (La Légende du Baal Shem Tov, 1908), fondateur du hassidisme. Buber s’intéresse aussi à l’analyse des mythes.
En 1908, avec Gustav Landauer, Erich Mühsam et Margarethe Faas-Hardegger, il est parmi les fondateurs de la Sozialistischer Bund.
Lors de la Première Guerre mondiale, il contribue à fonder la Commission nationale juive qui vise à améliorer les conditions de vie des Juifs d’Europe de l’Est.
En 1921, avec le philosophe Franz Rosenzweig dont vient de paraître L’Etoile de la Rédemption, il crée Freies Jüdisches Lehrhaus, « Libre maison d’études juives » à Francfort.
1923 marque la publication de Ich Und Du (Je et Tu).
Après avoir mis un terme à Der Jude en 1924, Buber initie avec Rosenzweig la traduction de la Bible de l’hébreu en allemand - Verdeutschung (« germanification »).
Il débute son enseignement de la philosophie religieuse juive à l'université Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main.
L’avènement du nazisme met un terme à son activité professorale.
Buber met en place l’organisme central d’éducation adulte juive.
En 1938, il fait son aliyah. Il enseigne la sociologie à l’université hébraïque de Jérusalem, et œuvre au sein du parti Yi’houd à l’amélioration des relations entre Juifs et Arabes en Palestine sous mandat britannique. Il prône alors un Etat bi-national et démocratique en Eretz Israel.
1946 voit la publication des Voies de l’Utopie de Buber.
C’est la période où Buber donne des conférences en Europe et aux Etats-Unis, et entame un processus de resserrement des relations avec les intellectuels allemands.
En 1951, le Prix Goethe de l’université de Hambourg couronne son œuvre centrée sur la rencontre essentielle dans toute vie, le dialogue fondé sur deux bases – réciprocité et responsabilité - et la religion. L’être humain se construit dans le dialogue avec l’autre, en découvrant « l’altérité d’autrui ».
Martin Buber « a échangé des milliers de lettres avec les plus brillants esprits du siècle dernier. Son ouvrage majeur, Je et tu, a nourri les discours de Martin Luther King et les chansons de Leonard Cohen ».
Le Prix Israël en 1958 et le Prix Erasme à Amsterdam en 1963 distinguent cet intellectuel qui décède en 1965 à Jérusalem.
Pierre Henry Salfati (Je suis venu vous dire...) a réalisé un des premiers documentaires « consacrés à ce grand penseur. Il y « retrace son parcours et fait résonner sa voix à partir d'archives inédites, couplées à des témoignages de chercheurs et d'universitaires ».
On ne peut que déplorer les horaires tardifs de diffusion.
Dans La trahison des clercs d'Israël, Pierre Lurçat stigmatise leur cécité à l’égard de la réalité, leur préférence pour des « principes abstraits et éternels au détriment des nécessités vitales de l’heure dont dépendaient l’existence concrète du peuple juif ». Un aveuglement persistant qui les incite à adopter un processus pervers d’inversion du réel : ces membres de l’intelligentsia juive reprochent aux Juifs les vices de leurs ennemis implacables : dirigeants nazis ou arabes.
Dans La trahison des clercs d'Israël, Pierre Lurçat stigmatise leur cécité à l’égard de la réalité, leur préférence pour des « principes abstraits et éternels au détriment des nécessités vitales de l’heure dont dépendaient l’existence concrète du peuple juif ». Un aveuglement persistant qui les incite à adopter un processus pervers d’inversion du réel : ces membres de l’intelligentsia juive reprochent aux Juifs les vices de leurs ennemis implacables : dirigeants nazis ou arabes.
L’auteur désigne Brith Chalom (Alliance pour la paix) réunissant des intellectuels allemands dont Martin Buber et Gershom Scholem. Prétendant « réconcilier politique et morale », ce groupe a privilégié, dans son analyse du conflit au Proche-Orient, la « question arabe » soluble, selon Brith Chalom, par la coexistence pacifique entre Juifs et Arabes dans un Etat binational. La négation du sionisme politique.
Le 11 juin 2017, de 19 h à 21 h, l'Union Libérale Israélite de France proposa la conférence De Vienne à Jérusalem, Martin Buber, avec Dominique Bourel, Directeur du Cnrs. "Martin Buber (1878-1965) est un des grands penseurs du judaïsme moderne. Après un engagement sioniste durant sa vie d’étudiant, durant lequel il pose les fondements de l’université hébraïque de Jérusalem, il fait découvrir le hassidisme et devient rapidement le porte parole de la renaissance juive entre les deux guerres".
« Martin Buber, itinéraire d'un humaniste » par Pierre-Henry Salfati
2015, 57 min
Sur Arte les 12 octobre à 23 h 55 et 19 octobre 2016 à 3 h 45, 25 avril 2018 à 2 h 10
A lire sur ce blog :
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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 9 octobre 2016, puis le 12 juin 2017.
Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 9 octobre 2016, puis le 12 juin 2017.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'espère que ce 1er épisode sera disponible sur Arte+7, car la chaîne a eu l'excellente initiative de le diffuser le soir de Yom Kippour.
Bien sûr après la fin du jeûne, mais quand même!
La journée aura été difficile.