Arte diffusera le 20 septembre 2016 « Kaddish pour un ami » (Kaddisch Für Einen Freund) de Leo Khasin. Un « adolescent palestinien et un vieux Juif d'origine russe s'opposent puis s'épaulent dans un quartier populaire de Berlin... Un plaidoyer interculturel et humaniste porté par un duo touchant formé par Ryszard Ronczewski ("Face au crime") et le jeune Neil Belakhdar ».
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Ce film souligne la haine des Juifs cimentant les jeunes de cette bande multiculturelle.
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Léo Khashin
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Né à Moscou en 1973, Léo Khashin « a émigré avec sa famille en Allemagne en 1980, où il réside encore aujourd’hui. Il s’intéresse au cinéma dès l’âge de 12 ans et fait ses premières expériences sous la direction du réalisateur russe Ephraïm Sevela. Il étudie à la Kaskeline Film Academy de Berlin puis à l’école de scénariste de Hambourg. En 2003 son premier court-métrage Durst a été sélectionné pour le prix du meilleur court-métrage allemand des German Awards et en 2005 le court-métrage Kicklack a été sélectionné à la Berlinale. Kaddish pour un ami est son premier long métrage ».
« Ma famille a émigré en 1980 en Allemagne, lorsque j’avais huit ans. J’ai vécu quelque part le destin de ces personnages que l’on voit dans le film. C’est pour cela que je suis concerné par ces caractères qui ne sont pas totalement dans la norme, comme les émigrés. Qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, les gens emportent leurs conflits avec eux, qu’ils vivent en Israël, au Liban ou en Allemagne, ils conservent leur haine, mais aussi leur humanité. Et dans ce film, je voulais simplement montrer que l’humanité peut surmonter la haine, en particulier dans des lieux où les gens se sentent un peu pris entre deux mondes, en tant qu’immigrés », a expliqué le réalisateur Léo Khashin. Pourtant, les Israéliens émigrés en Europe ou ailleurs ne sont pas imprégnés de haine.
Et de poursuivre : « Le film raconte l'histoire de deux êtres que tout sépare, culture, religion, âge, et pourtant le destin les rapproche. Cette amitié que l’on voit naître, constamment menacée par l’entourage et les préjugés, demeure au dessus de tout le reste, y compris l’autorité paternelle que Ali doit gérer. Tous les personnages sont inspirés de mon environnement à Berlin. Le film est un patchwork de destins et de rencontres que j’ai faites dans des lieux comme ceux que l’on voit dans le film. Dans la dureté de ces conditions de vie, souvent des attitudes émergent et prennent une valeur particulière. Je voulais parler de cela. Entre autre une vraie rencontre entre deux personnes qui révèle ce qui est insoupçonné à l’intérieur de chacun.
La bande de la cité ? « Quand nous avons abordé le casting des jeunes qui incarnent le gang de rue, les problèmes ont commencé. Nous avons fait appel à des non professionnels, mais au final nombre d’entre eux ont refusé de jouer à cause du sujet du film. Toute l’équipe avait l’impression que le film se faisait rattraper par la réalité qu’il évoque. Nous avons finalement réussi à réunir une bande de jeunes, venant des banlieues de Berlin, certains d’origine libanaise, d’autre palestiniens émigrés. J’ai pu mesurer à quel point nous touchions à quelque chose d’important, c’était de bonne augure pour la crédibilité du film », se souvenait Léo Khashin.
Pourquoi avoir titré le film sur le Kaddish, prière juive de louange à Dieu, dite lors d'hommage à la mémoire des morts ? « Dans l’ancienne Union Soviétique d’où je suis originaire, mon identité familiale juive a été niée pendant des générations. Et cette liberté que l’Allemagne m’a offerte, m’a permis de découvrir mon lien et mon amour du judaïsme. Le film prend tout son sens avec cette prière du Kaddish qui est dite à la fin par Ali, pour les obsèques d’Alexander. C’est quelque chose qui ne serait en réalité pas autorisé dans le judaïsme, mais c’était une provocation délibérée de ma part. Les vétérans qui enterrent Alexander désignent Ali pour lire cette prière, ce qui est un grand privilège. Ali, qui accepte naturellement de dire le Kaddish, intériorise une part d’Alex et prouve que l’amitié est au dessus des préjugés et des religions. Dans la vie culturelle, dans le cadre d’une religion, d’une croyance dans le spirituel, on est dans une dimension qui permet aux hommes d’expérimenter que les divergences n’ont plus de poids face à des considérations supérieures ». Cette mort du Juif en Allemagne est éminemment symbolique.
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SiMa Film, WDR, BR, ARTE, Martin Bach, 2011, 91 min
Scénario : Leo Khasin
Musique : Fabian Römer, Dieter Schleip
Image : Mathias Schöningh
Montage : Horst Reiter
Avec Ryszard Ronczewski, Neil Belakhdar, Neil Malik Abdullah, Sanam Afrashteh, Kida Khodr Ramadan, Younes Hussein Ramadan, Heinz W. Krückeberg, Anna Böttcher
Sur Arte le 20 septembre 2016 à 1 h 30
Visuels : © SiMa Film
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Les citations proviennent d'Arte et du dossier de presse du film.
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