Joseph Süss Oppenheimer (1698-1738) est un célèbre Juif de cour en Allemagne. Son destin tragique inspire des pamphlets antisémites. Des romanciers juifs allemands réhabiliteront dans des romans historiques. Publié en 1925, Le Juif Süss, roman historique de Lion Feuchtwanger, connait un grand succès, surtout hors d'Allemagne. Il inspire le film éponyme de Lothar Mendes en 1934. Sous le IIIe Reich, à l'initiative de Goebbels, Veit Harlan trahit ce roman en réalisant en 1940 un film de propagande antisémite. Arte diffusera le 17 août 2016 « Le Film Maudit - Jud Süss » (Jud Süss - Film Ohne Gewissen), par Oskar Roehler.
« Les films interdits du IIIe Reich » de Felix Moeller
« Les studios Babelsberg ou le Hollywood allemand » de Alexander Lück et Daniel Finkernage
« Le Film Maudit - Jud Süss » par Oskar Roehler
« Les studios Babelsberg ou le Hollywood allemand » de Alexander Lück et Daniel Finkernage
« Le Film Maudit - Jud Süss » par Oskar Roehler
Commerçants, fournisseurs aux armées ou financiers, des Juifs sont invités à conseiller princes et ducs allemands, et à financer leurs dépenses, leurs armées dans une Europe menacée par les Turcs et divisée en dynasties royales aux alliances variables.
Ces Juifs de cour (Hofjuden ou Hoffaktor) participent à la modernisation économique et financière des États allemands, notamment en instituant une administration fiscale.
Joseph Süss Oppenheimer
Fils d’un négociant, Joseph Süss Oppenheimer (1698-1738) est un célèbre Juif de cour, dont le rang s’avère similaire à celui d’un noble dans l’Allemagne morcelée en petits Etats du XVIIIe siècle. Pour le duc du Wurtemberg, Charles-Alexandre, il agit afin d’abolir les privilèges du Parlement et renforcer le pouvoir du duc, renfloue les caisses ducales, s’enrichit dans la banque et l’industrie de la porcelaine et mène un train de vie fastueux tout en devenant impopulaire. Arrêté après le décès prématuré du duc, spolié, il est condamné à mort et pendu devant une foule de 12 000 spectateurs. Il meurt en prononçant le début de la prière juive Shema Israël (Ecoute Israël).
Son destin tragique a un fort écho en Allemagne. Dès la première moitié du XVIIIe siècle, des pamphlets puis une nouvelle de Wilhelm Hauff en 1827 ont présenté de manière négative le Juif Süss en comploteur, sans scrupule.
Des romanciers juifs – Marcus Lehmann en 1872, Salomon Kohn en 1886 – et l’historien Manfred Zimmermann dans sa thèse ont alors montré sous un jour favorable Süss.
Né dans une famille bavaroise juive assimilée, Lion Feuchtwanger s’est distancé du judaïsme. Il s’est intéressé dès 1916 à Süss. Sur ce « Juif de cour », il a créé une pièce de théâtre dramatique interprétée à Munich en octobre 1917. Une œuvre mal accueillie par la critique.
En 1925, est publié Le Juif Süss, roman historique de Lion Feuchtwanger.
Un best-seller international qui retrace le parcours de Joseph Süss Oppenheimer dans l’Allemagne du XVIIIe siècle. Petit-fils de rabbin, financier brillant et doté d’un sens aigu de la politique, Süss Oppenheimer devient en 1732 le conseiller du futur duc de Würtemberg, le prince Charles-Alexandre. Impopulaire, ce « Juif de cour » vit dans le luxe et protège ses coreligionnaires. Épris de la fille de Süss, le prince la mène au suicide. Süss se venge ; ce qui précipite sa chute. Après le décès du prince, Süss Oppenheimer est accusé de tous les maux, et emprisonné. Il redécouvre le judaïsme, refuse de se convertir – ce qui aurait pu lui sauver la vie - et est pendu en place publique. Ses coreligionnaires parviennent à l’enterrer selon les règles du judaïsme. Dans son roman, Lion Feuchtwanger insiste sur l’humanité du Juif Süss.
Ce roman est adapté par deux dramaturges : Ashley Dukes en 1929 à Londres, et Paul Kornfeld en 1930. Historienne allemande du judaïsme, Selma Stern rédige une biographie de Joseph Süss Oppenheimer. Un livre brûlé lors d’autodafés par les Nazis en 1933.
En 1934, Lothar Mendes (1894-1974), qui a débuté une carrière d’acteur à Berlin dans la troupe de Max Reinhardt, réalise un film britannique philosémite inspiré du livre de Lion Feuchtwanger.
Un film interprété par Conrad Veidt, évoquant l’antisémitisme de l’Allemagne nazie et distribué aux Etats-Unis sous le titre Power-Juif Süss.
Ce personnage historique a aussi inspiré Jacques Kraemer, auteur de la pièce de théâtre La Véridique histoire de Joseph Süss Oppenheimer dit Le Juif Süss (1981), Detlev Glanert auteur de l’opéra Joseph Süß monté pour la première fois en 1999 à Brême.
Film nazi
Hitler souhaite l’équivalent nazi du Cuirassé Potemkine (1925), chef d’œuvre d’Eisenstein.
Quatre films de propagande antisémite sont tournés dans les studios de Babelsberg : Robert und Bertram de Hanz Heinz Zertlett en 1939, Die Rothschild Aktien von Waterloo d'Erich Waschneck, Jud Süss de Veit Harlan et Der ewige Jude de Fritz Hippler en 1940.
Ministre du IIIe Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande, Joseph Goebbels avait vu le film britannique si favorable au Juif Süss.
Dès 1938, il a reçu la proposition du scénariste Ludwig Metzger d’adapter le roman de Feuchtwanger.
En 1939, le script est élaboré par plusieurs individus, dont Eberhard Wolfgang Möller, qui travaille dans le ministère dirigé par Goebbels. Ce ministère est chargé de soutenir le discours du Führer annonçant sa volonté de tuer les Juifs. Et ce, dans un contexte marqué par l’invasion de la Pologne, où vivent plus de trois millions de Juifs, par l’Allemagne hitlérienne.
C’est cette histoire tragique que les Nazis vont détourner pour produire en 1940 – année de sortie du Dictateur, de Charlie Chaplin - un film antisémite, de propagande doté d’un budget élevé : deux millions de reichsmark.
La réalisation en est confiée à Veit Harlan (1899-1964) qui lit attentivement le roman pour mieux crédibiliser l’intrigue. Il dispose d’une excellente équipe technique.
Dans ce film nazi réalisé sous le contrôle de Goebbels – il visionne quotidiennement tous les rushes -, le Juif Süss présente les stéréotypes judéophobes physiques - nez important, allure sale – et moraux - cupidité, cruauté, fourberie, perversion sexuelle – dans trois personnages juifs.
Comédien autrichien, vedette du cinéma nazi, Ferdinand Marian interprète le Juif Süss. Un rôle qui propulse sa carrière. Kristina Söderbaum incarne le principal personnage féminin.
Le film de 92 minutes reçoit un accueil enthousiaste, notamment d’Antonioni, lors du festival de Venise, dans l’Italie fasciste du Duce Mussolini. Le Lion d’Or lui est remis.
En Europe sous joug nazi, le film Jud Süß est vu par plus de 20 millions de spectateurs et induit une recette totale de 6,2 millions de marks en Allemagne. Il est distribué en France en 1941 où il est vu par un million de spectateurs payants jusqu’en 1944. Il suscite quelques réactions hostiles.
En 1941, Lion Feuchtwanger rend publique sa lettre ouverte aux États-Unis à Werner Krauß, Heinrich George et Eugen Klöpfer. Il s’interroge sur les raisons ayant présidé à la trahison de son livre.
La Suisse interdit à la fois les deux films intitulés Le Juif Süss, celui de Lothar Mendès et celui de Veit Harlan.
En 1943, le Prix de la UFA est remis à Veit Harlan.
A la Libération, il est interdit en Occident. Quasiment toutes les copies sont détruites.
Jugé à deux reprises, Veit Harlan avance avoir travaillé sous contrainte. Une commission de dénazification le « blanchit » en 1948. Harlan reprend sa carrière dès 1950.
Les autres collaborateurs du film reprennent eux aussi le chemin des studios…
Le monde arabe en diffuse quelques copies du film antisémite dans les années 1960 et par une entreprise de la République démocratique allemande (RDA) sous l’orbite soviétique dans le cadre d’une politique anti-israélienne.
Dès 1955, la projection du film est autorisée en République fédérale allemande (RFA) sous influence occidentale et dès 1990 dans l’Allemagne réunifiée, en particulier lors de colloques sur le nazisme.
« Le Film maudit »
« À l'hiver 1939, Joseph Goebbels cherche l'interprète principal du Juif Süss, film de Veit Harlan retraçant la chute de Joseph Süss Oppenheimer, conseiller financier du duc de Wurtemberg exécuté en 1738. Le ministre de la Propagande du IIIe Reich jette son dévolu sur l'acteur non juif Ferdinand Marian, qui présente selon lui de parfaits « traits sémites ». Marié à Anna, qui a renoncé à la comédie pour dissimuler ses origines juives, Marian refuse le rôle au risque de voir sa carrière anéantie. Mais les menaces et les pièges de Goebbels ont bientôt raison de sa volonté ». Le comédien Marian s’efforce d’atténuer, voire de contredire la thèse haineuse du film.
« L'ascension et la déchéance de Ferdinand Marian, acteur autrichien choisi par Goebbels pour tenir le rôle-titre du film de propagande nazi « Le juif Süss ». Prenant ses libertés avec l'histoire - la figure d'Anna symbolisant le sort des artistes juifs sous le IIIe Reich - pour mieux sonder la vérité du personnage, Oskar Roehler (Les particules élémentaires) retrace la descente aux enfers de Ferdinand Marian, de son dilemme moral initial à sa mort, dans l'oubli et l'alcool, en août 1946 ».
Un « biopic saisissant, servi par un impeccable trio d'acteurs (Tobias Moretti, Moritz Bleibtreu, Martina Gedeck) et une palette aux couleurs désaturées, se fondant dans l'esthétique du cinéma d'alors ».
Présenté à la Berlinale 2010, ce film a suscité une vive polémique en raison de ses libertés avec l’Histoire. Un film en compétition sifflé lors de sa projection de presse. Parmi les reproches adressés aux auteurs du film : Ferdinand Marian a continué à tourné des films après le Juif Süss, et notamment Les Aventures fantastiques du baron Munchhausen (1942), et est mort non par suicide mais lors d’un accident de voiture en 1946 et son avenir n’était pas obéré par sa carrière sous le IIIe Reich ; son épouse n’avait pas d’origines juives mais avait été la compagne de Julius Gellner (1899-1983), célèbre metteur en scène juif. « Elle avait eu un premier mari juif et Goebbels faisait pression sur elle pour cette raison. Si nous lui avons donné une ascendance juive, c'était pour illustrer les pressions exercées sur les acteurs », s'est défendu Klaus Richter.
« Le Film Maudit - Jud Süss » par Oskar RoehlerCes Juifs de cour (Hofjuden ou Hoffaktor) participent à la modernisation économique et financière des États allemands, notamment en instituant une administration fiscale.
Joseph Süss Oppenheimer
Fils d’un négociant, Joseph Süss Oppenheimer (1698-1738) est un célèbre Juif de cour, dont le rang s’avère similaire à celui d’un noble dans l’Allemagne morcelée en petits Etats du XVIIIe siècle. Pour le duc du Wurtemberg, Charles-Alexandre, il agit afin d’abolir les privilèges du Parlement et renforcer le pouvoir du duc, renfloue les caisses ducales, s’enrichit dans la banque et l’industrie de la porcelaine et mène un train de vie fastueux tout en devenant impopulaire. Arrêté après le décès prématuré du duc, spolié, il est condamné à mort et pendu devant une foule de 12 000 spectateurs. Il meurt en prononçant le début de la prière juive Shema Israël (Ecoute Israël).
Son destin tragique a un fort écho en Allemagne. Dès la première moitié du XVIIIe siècle, des pamphlets puis une nouvelle de Wilhelm Hauff en 1827 ont présenté de manière négative le Juif Süss en comploteur, sans scrupule.
Des romanciers juifs – Marcus Lehmann en 1872, Salomon Kohn en 1886 – et l’historien Manfred Zimmermann dans sa thèse ont alors montré sous un jour favorable Süss.
Né dans une famille bavaroise juive assimilée, Lion Feuchtwanger s’est distancé du judaïsme. Il s’est intéressé dès 1916 à Süss. Sur ce « Juif de cour », il a créé une pièce de théâtre dramatique interprétée à Munich en octobre 1917. Une œuvre mal accueillie par la critique.
En 1925, est publié Le Juif Süss, roman historique de Lion Feuchtwanger.
Un best-seller international qui retrace le parcours de Joseph Süss Oppenheimer dans l’Allemagne du XVIIIe siècle. Petit-fils de rabbin, financier brillant et doté d’un sens aigu de la politique, Süss Oppenheimer devient en 1732 le conseiller du futur duc de Würtemberg, le prince Charles-Alexandre. Impopulaire, ce « Juif de cour » vit dans le luxe et protège ses coreligionnaires. Épris de la fille de Süss, le prince la mène au suicide. Süss se venge ; ce qui précipite sa chute. Après le décès du prince, Süss Oppenheimer est accusé de tous les maux, et emprisonné. Il redécouvre le judaïsme, refuse de se convertir – ce qui aurait pu lui sauver la vie - et est pendu en place publique. Ses coreligionnaires parviennent à l’enterrer selon les règles du judaïsme. Dans son roman, Lion Feuchtwanger insiste sur l’humanité du Juif Süss.
Ce roman est adapté par deux dramaturges : Ashley Dukes en 1929 à Londres, et Paul Kornfeld en 1930. Historienne allemande du judaïsme, Selma Stern rédige une biographie de Joseph Süss Oppenheimer. Un livre brûlé lors d’autodafés par les Nazis en 1933.
En 1934, Lothar Mendes (1894-1974), qui a débuté une carrière d’acteur à Berlin dans la troupe de Max Reinhardt, réalise un film britannique philosémite inspiré du livre de Lion Feuchtwanger.
Un film interprété par Conrad Veidt, évoquant l’antisémitisme de l’Allemagne nazie et distribué aux Etats-Unis sous le titre Power-Juif Süss.
Ce personnage historique a aussi inspiré Jacques Kraemer, auteur de la pièce de théâtre La Véridique histoire de Joseph Süss Oppenheimer dit Le Juif Süss (1981), Detlev Glanert auteur de l’opéra Joseph Süß monté pour la première fois en 1999 à Brême.
Film nazi
Hitler souhaite l’équivalent nazi du Cuirassé Potemkine (1925), chef d’œuvre d’Eisenstein.
Quatre films de propagande antisémite sont tournés dans les studios de Babelsberg : Robert und Bertram de Hanz Heinz Zertlett en 1939, Die Rothschild Aktien von Waterloo d'Erich Waschneck, Jud Süss de Veit Harlan et Der ewige Jude de Fritz Hippler en 1940.
Ministre du IIIe Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande, Joseph Goebbels avait vu le film britannique si favorable au Juif Süss.
Dès 1938, il a reçu la proposition du scénariste Ludwig Metzger d’adapter le roman de Feuchtwanger.
En 1939, le script est élaboré par plusieurs individus, dont Eberhard Wolfgang Möller, qui travaille dans le ministère dirigé par Goebbels. Ce ministère est chargé de soutenir le discours du Führer annonçant sa volonté de tuer les Juifs. Et ce, dans un contexte marqué par l’invasion de la Pologne, où vivent plus de trois millions de Juifs, par l’Allemagne hitlérienne.
C’est cette histoire tragique que les Nazis vont détourner pour produire en 1940 – année de sortie du Dictateur, de Charlie Chaplin - un film antisémite, de propagande doté d’un budget élevé : deux millions de reichsmark.
La réalisation en est confiée à Veit Harlan (1899-1964) qui lit attentivement le roman pour mieux crédibiliser l’intrigue. Il dispose d’une excellente équipe technique.
Dans ce film nazi réalisé sous le contrôle de Goebbels – il visionne quotidiennement tous les rushes -, le Juif Süss présente les stéréotypes judéophobes physiques - nez important, allure sale – et moraux - cupidité, cruauté, fourberie, perversion sexuelle – dans trois personnages juifs.
Comédien autrichien, vedette du cinéma nazi, Ferdinand Marian interprète le Juif Süss. Un rôle qui propulse sa carrière. Kristina Söderbaum incarne le principal personnage féminin.
Le film de 92 minutes reçoit un accueil enthousiaste, notamment d’Antonioni, lors du festival de Venise, dans l’Italie fasciste du Duce Mussolini. Le Lion d’Or lui est remis.
En Europe sous joug nazi, le film Jud Süß est vu par plus de 20 millions de spectateurs et induit une recette totale de 6,2 millions de marks en Allemagne. Il est distribué en France en 1941 où il est vu par un million de spectateurs payants jusqu’en 1944. Il suscite quelques réactions hostiles.
En 1941, Lion Feuchtwanger rend publique sa lettre ouverte aux États-Unis à Werner Krauß, Heinrich George et Eugen Klöpfer. Il s’interroge sur les raisons ayant présidé à la trahison de son livre.
La Suisse interdit à la fois les deux films intitulés Le Juif Süss, celui de Lothar Mendès et celui de Veit Harlan.
En 1943, le Prix de la UFA est remis à Veit Harlan.
A la Libération, il est interdit en Occident. Quasiment toutes les copies sont détruites.
Jugé à deux reprises, Veit Harlan avance avoir travaillé sous contrainte. Une commission de dénazification le « blanchit » en 1948. Harlan reprend sa carrière dès 1950.
Les autres collaborateurs du film reprennent eux aussi le chemin des studios…
Le monde arabe en diffuse quelques copies du film antisémite dans les années 1960 et par une entreprise de la République démocratique allemande (RDA) sous l’orbite soviétique dans le cadre d’une politique anti-israélienne.
Dès 1955, la projection du film est autorisée en République fédérale allemande (RFA) sous influence occidentale et dès 1990 dans l’Allemagne réunifiée, en particulier lors de colloques sur le nazisme.
« À l'hiver 1939, Joseph Goebbels cherche l'interprète principal du Juif Süss, film de Veit Harlan retraçant la chute de Joseph Süss Oppenheimer, conseiller financier du duc de Wurtemberg exécuté en 1738. Le ministre de la Propagande du IIIe Reich jette son dévolu sur l'acteur non juif Ferdinand Marian, qui présente selon lui de parfaits « traits sémites ». Marié à Anna, qui a renoncé à la comédie pour dissimuler ses origines juives, Marian refuse le rôle au risque de voir sa carrière anéantie. Mais les menaces et les pièges de Goebbels ont bientôt raison de sa volonté ». Le comédien Marian s’efforce d’atténuer, voire de contredire la thèse haineuse du film.
« L'ascension et la déchéance de Ferdinand Marian, acteur autrichien choisi par Goebbels pour tenir le rôle-titre du film de propagande nazi « Le juif Süss ». Prenant ses libertés avec l'histoire - la figure d'Anna symbolisant le sort des artistes juifs sous le IIIe Reich - pour mieux sonder la vérité du personnage, Oskar Roehler (Les particules élémentaires) retrace la descente aux enfers de Ferdinand Marian, de son dilemme moral initial à sa mort, dans l'oubli et l'alcool, en août 1946 ».
Un « biopic saisissant, servi par un impeccable trio d'acteurs (Tobias Moretti, Moritz Bleibtreu, Martina Gedeck) et une palette aux couleurs désaturées, se fondant dans l'esthétique du cinéma d'alors ».
Présenté à la Berlinale 2010, ce film a suscité une vive polémique en raison de ses libertés avec l’Histoire. Un film en compétition sifflé lors de sa projection de presse. Parmi les reproches adressés aux auteurs du film : Ferdinand Marian a continué à tourné des films après le Juif Süss, et notamment Les Aventures fantastiques du baron Munchhausen (1942), et est mort non par suicide mais lors d’un accident de voiture en 1946 et son avenir n’était pas obéré par sa carrière sous le IIIe Reich ; son épouse n’avait pas d’origines juives mais avait été la compagne de Julius Gellner (1899-1983), célèbre metteur en scène juif. « Elle avait eu un premier mari juif et Goebbels faisait pression sur elle pour cette raison. Si nous lui avons donné une ascendance juive, c'était pour illustrer les pressions exercées sur les acteurs », s'est défendu Klaus Richter.
Autriche, Allemagne, Clasart Film- und Fernsehproduktion, Novotny & Novotny Filmproduktion, Tele München Fernseh Produktionsgesellschaft, Tara Film, Lotus-Film, Ulrich Seidl Film Produktion, ARD, Arte, 2010, 101 min
Auteur : Friedrich KnilliImage : Carl-Friedrich Koschnick
Montage : Bettina Böhler
Musique : Martin Todsharow
Producteur/-trice : Franz Novotny, Markus Zimmer
Scénario : Klaus Richter, Oskar Roehler, Franz Novotny, Michael Esser
Avec Tobias Moretti, Moritz Bleibtreu, Martina Gedeck, Justus von Dohnányi, Armin Rohde, Anna Unterberger, Heribert Sasse
Sur Arte le 17 août 2016 à 20 h 55Visuels : © ARD/Degeto
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