L'Origine de la violence d’Elie Chouraqui sera projeté au Royal Palace de Nogent-sur-Marne. Adapté du best-seller de Fabrice Humbert (2009), ce film évoque des secrets de famille douloureux liés à la déportation d’un jeune Juif français au camp nazi de Buchenwald. Une œuvre bien réalisée et remarquablement interprétée par des comédiens, renommés et débutants, mais qui suscite une gêne.
Lors d’un voyage au camp de concentration de Buchenwald (Allemagne), Nathan Fabre (Stanley Weber), jeune enseignant français dans un lycée franco-allemand, remarque la photographie d’un déporté qui ressemble à son père, Adrien (Richard Berry). De retour en France, il déjeune avec son père, assiste à une réunion dans la demeure de sa famille catholique en Normandie. Intrigué par cette photographie, il entreprend une enquête et découvre de graves secrets familiaux qui vont, d’une certaine manière, le libérer d’une violence intérieure qui le minait.
Le 3 mai 2016, organisée par des associations juives françaises, l’avant-première du film a suscité une standing ovation du public ému par le film, remarquablement interprété, notamment par César Chouraqui, bouleversant tant il est crédible dans les scènes dramatiques tournées au camp de Buchenwald.
« Après la projection, Michel Bouquet a dit « Vous avez fait un grand film pour votre peuple ». Cela m’a touché car il est la sommité des acteurs français », a déclaré Elie Chouraqui sur RCJ, le 16 mai 2016.
Cette œuvre rassure, réjouit les Français en présentant de manière finalement positive la famille Fabre : un grand bourgeois ni collaborateur ni résistant, magnanime et généreux. Certes, il y a la dénonciatrice, mais elle a regretté et « les nazis lui ont permis d’agir en monstre ». Le fils illégitime ? Il a été élevé avec amour, mais dans le secret, et n’est pas si pâlot.
Et pourtant, L'Origine de la violence d’Elie Chouraqui m’a laissé un sentiment de gêne. Ce film obère la famille juive. Jean Sorel interprète Charles Wagner, frère cadet du jeune Nathan Wagner, déporté. Un bourgeois vivant dans un appartement cossu. Quid du destin de sa famille ? Quel lien avec la judéité pour les survivants de la Shoah ? Que reste-t-il de l’identité juive ? Qu’est-ce qu’être juif ? Que fait-on quand on apprend sa filiation avec un déporté juif ? Soit le film occulte ces questions, soit il y répond par un acte violent proche de la vengeance, et en montrant la dilution, jusqu’à la disparition de la judéité au bout d’une seule génération.
Cette gêne perdure en lisant le dossier de presse. Elie Chouraqui confie : « Après la sortie de « Ô Jérusalem », je me souviens avoir entendu des journalistes me dire que le conflit israélo-palestinien ne pourrait jamais se résoudre. C’est perdre la notion des choses : comment penser que ce ne soit pas possible alors que soixante ans après que la moitié du monde a été détruite par le conflit franco-allemand, n’importe quel citoyen peut se sentir chez lui en Allemagne ». C’est révéler une grande ignorance sur un conflit mondial qui n’a pris fin que par la capitulation du IIIe Reich. Ce parallèle est si infondé : le IIIe Reich ne voulait pas de Paris comme capitale, etc.
L'Origine de la violence, par Elie Chouraqui
D’après le roman de Fabrice Humbert (2009, éd Le Passage)
Avec Richard Berry, Stanley Weber, Michel Bouquet, César Chouraqui, Miriam Stein, Christine Citti, Jeanne Cremer
Production : L’origine Productions, Integral Film e.K
Sortie France : 25 mai 2016
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