Arte diffusera le 27 décembre 2015 l’ensemble des douze modules de la série Pictures for Peace, ces photos entrées dans la légende (Pictures For Peace - Fotos, Die Die Welt Bewegten), de Rémy Burkel. Lors d’un voyage officiel en Pologne, Willy Brandt (1913-1992), alors chancelier de la République fédérale allemande (RFA), s’agenouille le 7 décembre 1970 « devant le monument honorant les Juifs morts pendant le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943 ».
« La manifestation du 11 janvier 2015 - Martin Argyroglo »
Saisir l'image choc qui fera le tour du monde, pour dénoncer la guerre ou célébrer l'espoir de paix : de la Seconde Guerre mondiale à nos jours, cette série documentaire décrypte les clichés qui ont marqué l'opinion publique.
Willy Brandt à genoux à Varsovie, la poignée de main entre Rabin et Arafat, la manifestation du 11 janvier 2015 à Paris, la jeune Algérienne pleurant sa famille décimée à Bentalha (Algérie)… : douze modules courts sur des photos entrées dans les consciences ». Une série souvent décevante par les commentaires révélant une incompréhension de la situation politique, « politiquement corrects », etc.
Arte propose de « décrypter les clichés qui ont marqué l’opinion publique et notre histoire récente ».
Geste symbolique
En 1939, plus de trois millions de Juifs (9,5% de la population) vivent en Pologne sur environ 9,5 millions de Juifs en Europe. Les Nazis persécutent les Juifs, les spolient, les contraignent à survivre dans des ghettos, les tuent dans des camps d’extermination, etc. A Varsovie vivent 1 300 000 habitants, dont 380 000 Juifs, soit près d’un tiers de la population. En 1940, les Nazis y créent un ghetto. Ils vont l’enserrer par un mur de plus de trois mètres de haut, hérissé de fils de fer barbelés et étroitement surveillé. Ce ghetto surpeuplé est administré par un « conseil juif » (Judenrat) dirigé par l'ingénieur Adam Czerniakow. Environ 500 000 Juifs sont passés par ce ghetto de quatre kilomètres carrés. Des centaines de milliers de Juifs de tous âges, enfants et adultes, y survivent entassés, dans la promiscuité, la misère et le manque d’hygiène, victimes de maladies (typhus), affamés. Certains tentent de se procurer des vivres par la contrebande ou le marché noir, avec le risque d'être arrétés et fusillés. Beaucoup y meurent de faim et d’épidémies. Le 19 avril 1943, des organisations juives déclenchent le soulèvement dans le ghetto. Pendant près d’un mois, jusqu’au 16 mai 1943, des Juifs courageux défient les Nazis qui écraseront cette insurrection. Lors de la Shoah, plus de 1,1 million d'hommes, de femmes et d'enfants sont tués au complexe concentrationnaire d’Auschwitz, dont 90% étaient juives. En 1950, on évalue à 45 000 le nombre de Juifs ayant survécu en Pologne à la Shoah.
En 1945, l’Allemagne nazie a capitulé. « Ses frontières reculent en deça de celles de 1939 jusqu’à la fameuse ligne Oder-Neisse, la ligne constituée par le cours de l’Oder et de son affluent la Neisse.
Des millions d’Allemands (Volksdeutsche) « vivent dans ces territoires perdus.
Après les accords de Potsdam signés le 2 août 1945 par Joseph Staline, Clement Attlee et Harry S. Truman, environ sept millions d’Allemands de Pologne, essentiellement en Poméranie et en Prusse, sont expulsés vers l’Allemagne et l’Autriche. Les raisons ? Créer des nations homogènes, éviter que l’Allemagne revendique à l’avenir des territoires situés au sein de ses Etats voisins à l’est, punir les Allemands pour leur bellicisme et leur soutien au nazisme, éviter des problèmes futurs constitués par une « cinquième colonne », semer les germes de dissensions entre Etats de sa sphère d’influence et leurs voisins.
Lors de ces transferts massifs de 12 à 16 millions d’Heimatvertriebene (réfugiés) de Pologne et de Tchécoslovaquie jusqu’au début des années 1950, près de 500 000 civils décèdent des suites de mauvais traitements, de maladies, de faim, d’épuisement, de privations, etc.
Au terme de ces marches forcées vers l’Ouest, seuls 12 % des Allemands d'avant-guerre sont demeurés dans ces territoires. « Les survivants se battront inlassablement pour récupérer leurs terres, leurs domaines, désormais polonais ».
La RFA a refusé de reconnaître la léglité de sa frontière orientale la séparant de la Pologne.
Or, en décembre 1970, Willy Brandt, alors chancelier (1966-1974) social-démocrate (SPD) de la République fédérale allemande (RFA) effectue un voyage officiel en République populaire de Pologne. C’est le premier séjour depuis 1945 d’un Premier ministre allemand. La RFA demande au gouvernement polonais, plutôt froid, d’insérer dans ce séjour le dépôt d’une gerbe par le chancelier devant le Mémorial à la mémoire des victimes du ghetto de Varsovie.
Le 7 décembre 1970, en signant le traité de Varsovie, Willy Brandt reconnaît cette frontière orientale – la ligne Oder-Neisse.
Puis, Willy Brandt dépose « une gerbe devant le monument honorant les Juifs morts pendant le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943 ».
Après la signature du traité, le chancelier Willy Brandt « se rend au monument du ghetto de Varsovie pour y déposer une gerbe ». Il « avance lentement vers le monument, son visage est impassible. Il se penche sur la gerbe, en arrange les deux rubans aux couleurs de l’Allemagne. Il recule d’un pas, demeure un instant dans la pose de l’homme d’État recueilli, tel que le protocole le prévoit. Puis, soudainement, il tombe à genoux. Son visage est grave » (Jeanette Konrad).
Ancien bourgmestre gouverneur de Berlin (1957-1966), Willy Brandt « a alors ce geste inattendu et spontané de s'agenouiller » (Kniefall von Warschau, Génuflexion de Varsovie) et de demander pardon aux Polonais, et au monde entier, pour les crimes commis » par les Allemands nazis lors de la Seconde Guerre mondiale, et « plus particulièrement pour ceux commis contre les Juifs ».
Cet agenouillement et cette demande de pardon sont d’autant plus remarquables qu’ils émanent de Willy Brandt, ancien opposant au régime nazi et ancien président du Bundesrat (1957-1958), donc un homme non responsable de ces atrocités commises par le régime nazi. Ce double geste, le chancelier allemand l’effectue au nom de l’Allemagne, alors divisée en une RFA et une RDA (République démocratique allemande) sous orbite soviétique.
Pendant environ une demi-minute, Willy Brandt « demeure dans ce geste de recueillement presque religieux. Puis il se relève et se détourne rapidement ».
« Il s'agenouille, lui, qui n'en a pas besoin pour tous ceux qui devraient le faire mais ne le font pas parce qu'ils n'osent pas ou ne le peuvent pas ». Le « reporter du magazine « Der Spiegel » qui assiste à la scène résume la surprise mais aussi le symbole de ce geste spontané, celui d'un opposant au nazisme qui avait trouvé refuge en Norvège, que certains de ses opposants politiques avaient qualifié de « renégat » comme d'aucuns avaient hué Marlene Dietrich à son retour à Berlin au début des années 60 » (Pascal Thibaut).
Un geste spontané ou mûrement réfléchi ? Willy Brandt déclarera « plus tard qu’il avait su, sur le chemin vers le monument, que « cette fois, ça ne serait pas comme lors d’un dépôt ordinaire de gerbe, juste en inclinant la tête ». Il dira aussi : « J’ai fait ce que font les hommes quand les mots font défaut ». Un geste non exécuté par son prédécesseur, Kurt-Georg Kiesinger (1904-1988), giflé par Beate Klarsfeld, le 7 novembre 1968, qui a alors crié « Kiesinger, Nazi ! Démissionne ! »
« Parmi les photographes officiels, Sven Simon immortalise ce moment de recueillement bouleversant qui fit le tour du monde ».
Si la reconnaissance de cette frontière a été longtemps espérée par les Polonais, l’agenouillement de Willy Brandt a suscité la controverse en RFA. Selon un sondage publié par Der Spiegel, 48% des Allemands interrogés ont considéré que cet agenouillement était exagéré,41% convenable et 11% n’avaient aucune opinion. Dans la Pologne communiste, la modeste mise de genoux allemands à terre rompt avec l’image du « mauvais Allemand », hautain, dédaigneux, cruel.
Cette « image qui fera le tour du monde deviendra le symbole de la réconciliation entre l’Allemagne et la Pologne ».
En 1971, Willy Brandt, ancien journaliste ayant couvert la Guerre d’Espagne, est distingué le Prix Nobel de la paix « pour avoir contribué au rapprochement avec le bloc de l'Est » (Ostpolitik). Il « a grandi dans un milieu modeste de la ville hanséatique de Lübeck, et dans sa jeunesse est devenu actif au sein de la gauche politique allemande. Il s’est engagé dans le travail illégal contre les Nazis, et a du s’exiler en Norvège en 1933. Là, il a rejoint le Parti travailliste, et a soutenu la campagne pour le Prix de la paix à Ossietzky. Quand Hitler a envahi la Norvège en 1940, il a fui en Suède où, comme journaliste, il a milité pour une Norvège libre et une Allemagne démocratique. Après la guerre, Brandt s’est engagé dans la reconstruction du Parti social démocrate (SPD) d’Allemagne de l’Ouest. Il est devenu Maire de Berlin Ouest, président de parti, et Chancelier. Comme Chancelier fédéral, Brandt a obtenu la signature par l’Allemagne de l’Ouest » du TNP (Traité de non prolifération nucléaire) le 28 novembre 1969. Il a aussi conclu un accord de non violence avec l’Union soviétique et un accord avec la Pologne qui a entraîné l’acceptation par l’Allemagne des nouvelles frontières nationales en Europe orientale effectives depuis 1945. Ces traités ont servi de bases à l’accord quadripartite sur Berlin qui a facilité les visites de familles dans les deux parties de la ville divisée » en 1971.
Lors de la cérémonie de remise du Prix Nobel de la Paix, le 11 décembre 1971, Willy Brandt a longuement développé sa vision de la diplomatie allemande, mais sans évoquer son agenouillement devant ce Mémorial.
Le Traité de Varsovie, notamment le tracé des frontières extérieures, est confirmé et complété à Moscou par le traité dit « 2 + 4 » signé le 12 septembre 1990 par la RFA, la RDA, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS).
1939. 23 août. Signature du Pacte germano-soviétique. A ce pacte de non-agression entre le IIIe Reiche et l’Union soviétique est ajouté un protocole secret concernant le partage de la Pologne par les cocontractants et l'annexion des pays baltes et de la Bessarabie par l'URSS.
29 août. Ultimatum de l'Allemagne nazie à la Pologne : l'Allemagne nazie réclame la restitution du couloir de Dantzig.
30 août. Mobilisation générale décrétée en Pologne.
31 août. A l’initiative de Reinhard Heydrich, chef de service de sécurité nazi, un commando allemand fomente un prétendu « incident » en attaquant la station radio frontalière de Gleiwitz, en territoire allemand. Et ce, afin d’agresser la Pologne.
Hitler signe la directive no 1 du plan Blanc (Fall Weiss) d'invasion de la Pologne prévue pour le 1er septembre.
5 septembre. Les frontières de la Pologne sont franchies.
17 septembre. L’Armée rouge envahit la partie orientale de la Pologne.
Pour éviter d’être capturés par l’envahisseur nazi, le Président et le gouvernement polonais fuient en Roumanie. Là, sous la pression allemande, les autorités roumaines les internet.
28 septembre. Signature à Moscou d'un traité germano-soviétique de « délimitation et d'amitié » entre Ribbentrop et Molotov, les ministres des Affaires étrangères respectivement du IIIe Reich et de l’Union soviétique.
27 septembre. Varsovie capitule.
28 septembre. Reddition des troupes polonaises encerclées à Modlin.
29 septembre. au terme du Blitzkrieg, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique se partagent la Pologne suivant la ligne de démarcation qu’ils avaient fixée.
30 septembre. Élu en 1926, Ignacy Mościcki, Président de la République, transmet sa charge à Władysław Raczkiewicz. Celui-ci nomme le général Władysław Sikorski Premier ministre.
1er octobre. Le gouvernement de celui-ci prête serment.
22 novembre 1939-12 juin 1940. Il séjourne en France où les soldats polonaires combattent.
1940. Juin. Le gouvernement polonais s’installe à Londres (Angleterre).
En 1939, plus de trois millions de Juifs (9,5% de la population) vivent en Pologne sur environ 9,5 millions de Juifs en Europe. Les Nazis persécutent les Juifs, les spolient, les contraignent à survivre dans des ghettos, les tuent dans des camps d’extermination, etc. A Varsovie vivent 1 300 000 habitants, dont 380 000 Juifs, soit près d’un tiers de la population. En 1940, les Nazis y créent un ghetto. Ils vont l’enserrer par un mur de plus de trois mètres de haut, hérissé de fils de fer barbelés et étroitement surveillé. Ce ghetto surpeuplé est administré par un « conseil juif » (Judenrat) dirigé par l'ingénieur Adam Czerniakow. Environ 500 000 Juifs sont passés par ce ghetto de quatre kilomètres carrés. Des centaines de milliers de Juifs de tous âges, enfants et adultes, y survivent entassés, dans la promiscuité, la misère et le manque d’hygiène, victimes de maladies (typhus), affamés. Certains tentent de se procurer des vivres par la contrebande ou le marché noir, avec le risque d'être arrétés et fusillés. Beaucoup y meurent de faim et d’épidémies. Le 19 avril 1943, des organisations juives déclenchent le soulèvement dans le ghetto. Pendant près d’un mois, jusqu’au 16 mai 1943, des Juifs courageux défient les Nazis qui écraseront cette insurrection. Lors de la Shoah, plus de 1,1 million d'hommes, de femmes et d'enfants sont tués au complexe concentrationnaire d’Auschwitz, dont 90% étaient juives. En 1950, on évalue à 45 000 le nombre de Juifs ayant survécu en Pologne à la Shoah.
En 1945, l’Allemagne nazie a capitulé. « Ses frontières reculent en deça de celles de 1939 jusqu’à la fameuse ligne Oder-Neisse, la ligne constituée par le cours de l’Oder et de son affluent la Neisse.
Des millions d’Allemands (Volksdeutsche) « vivent dans ces territoires perdus.
Après les accords de Potsdam signés le 2 août 1945 par Joseph Staline, Clement Attlee et Harry S. Truman, environ sept millions d’Allemands de Pologne, essentiellement en Poméranie et en Prusse, sont expulsés vers l’Allemagne et l’Autriche. Les raisons ? Créer des nations homogènes, éviter que l’Allemagne revendique à l’avenir des territoires situés au sein de ses Etats voisins à l’est, punir les Allemands pour leur bellicisme et leur soutien au nazisme, éviter des problèmes futurs constitués par une « cinquième colonne », semer les germes de dissensions entre Etats de sa sphère d’influence et leurs voisins.
Lors de ces transferts massifs de 12 à 16 millions d’Heimatvertriebene (réfugiés) de Pologne et de Tchécoslovaquie jusqu’au début des années 1950, près de 500 000 civils décèdent des suites de mauvais traitements, de maladies, de faim, d’épuisement, de privations, etc.
Au terme de ces marches forcées vers l’Ouest, seuls 12 % des Allemands d'avant-guerre sont demeurés dans ces territoires. « Les survivants se battront inlassablement pour récupérer leurs terres, leurs domaines, désormais polonais ».
La RFA a refusé de reconnaître la léglité de sa frontière orientale la séparant de la Pologne.
Or, en décembre 1970, Willy Brandt, alors chancelier (1966-1974) social-démocrate (SPD) de la République fédérale allemande (RFA) effectue un voyage officiel en République populaire de Pologne. C’est le premier séjour depuis 1945 d’un Premier ministre allemand. La RFA demande au gouvernement polonais, plutôt froid, d’insérer dans ce séjour le dépôt d’une gerbe par le chancelier devant le Mémorial à la mémoire des victimes du ghetto de Varsovie.
Le 7 décembre 1970, en signant le traité de Varsovie, Willy Brandt reconnaît cette frontière orientale – la ligne Oder-Neisse.
Puis, Willy Brandt dépose « une gerbe devant le monument honorant les Juifs morts pendant le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943 ».
Après la signature du traité, le chancelier Willy Brandt « se rend au monument du ghetto de Varsovie pour y déposer une gerbe ». Il « avance lentement vers le monument, son visage est impassible. Il se penche sur la gerbe, en arrange les deux rubans aux couleurs de l’Allemagne. Il recule d’un pas, demeure un instant dans la pose de l’homme d’État recueilli, tel que le protocole le prévoit. Puis, soudainement, il tombe à genoux. Son visage est grave » (Jeanette Konrad).
Ancien bourgmestre gouverneur de Berlin (1957-1966), Willy Brandt « a alors ce geste inattendu et spontané de s'agenouiller » (Kniefall von Warschau, Génuflexion de Varsovie) et de demander pardon aux Polonais, et au monde entier, pour les crimes commis » par les Allemands nazis lors de la Seconde Guerre mondiale, et « plus particulièrement pour ceux commis contre les Juifs ».
Cet agenouillement et cette demande de pardon sont d’autant plus remarquables qu’ils émanent de Willy Brandt, ancien opposant au régime nazi et ancien président du Bundesrat (1957-1958), donc un homme non responsable de ces atrocités commises par le régime nazi. Ce double geste, le chancelier allemand l’effectue au nom de l’Allemagne, alors divisée en une RFA et une RDA (République démocratique allemande) sous orbite soviétique.
Pendant environ une demi-minute, Willy Brandt « demeure dans ce geste de recueillement presque religieux. Puis il se relève et se détourne rapidement ».
« Il s'agenouille, lui, qui n'en a pas besoin pour tous ceux qui devraient le faire mais ne le font pas parce qu'ils n'osent pas ou ne le peuvent pas ». Le « reporter du magazine « Der Spiegel » qui assiste à la scène résume la surprise mais aussi le symbole de ce geste spontané, celui d'un opposant au nazisme qui avait trouvé refuge en Norvège, que certains de ses opposants politiques avaient qualifié de « renégat » comme d'aucuns avaient hué Marlene Dietrich à son retour à Berlin au début des années 60 » (Pascal Thibaut).
Un geste spontané ou mûrement réfléchi ? Willy Brandt déclarera « plus tard qu’il avait su, sur le chemin vers le monument, que « cette fois, ça ne serait pas comme lors d’un dépôt ordinaire de gerbe, juste en inclinant la tête ». Il dira aussi : « J’ai fait ce que font les hommes quand les mots font défaut ». Un geste non exécuté par son prédécesseur, Kurt-Georg Kiesinger (1904-1988), giflé par Beate Klarsfeld, le 7 novembre 1968, qui a alors crié « Kiesinger, Nazi ! Démissionne ! »
« Parmi les photographes officiels, Sven Simon immortalise ce moment de recueillement bouleversant qui fit le tour du monde ».
Si la reconnaissance de cette frontière a été longtemps espérée par les Polonais, l’agenouillement de Willy Brandt a suscité la controverse en RFA. Selon un sondage publié par Der Spiegel, 48% des Allemands interrogés ont considéré que cet agenouillement était exagéré,41% convenable et 11% n’avaient aucune opinion. Dans la Pologne communiste, la modeste mise de genoux allemands à terre rompt avec l’image du « mauvais Allemand », hautain, dédaigneux, cruel.
Cette « image qui fera le tour du monde deviendra le symbole de la réconciliation entre l’Allemagne et la Pologne ».
En 1971, Willy Brandt, ancien journaliste ayant couvert la Guerre d’Espagne, est distingué le Prix Nobel de la paix « pour avoir contribué au rapprochement avec le bloc de l'Est » (Ostpolitik). Il « a grandi dans un milieu modeste de la ville hanséatique de Lübeck, et dans sa jeunesse est devenu actif au sein de la gauche politique allemande. Il s’est engagé dans le travail illégal contre les Nazis, et a du s’exiler en Norvège en 1933. Là, il a rejoint le Parti travailliste, et a soutenu la campagne pour le Prix de la paix à Ossietzky. Quand Hitler a envahi la Norvège en 1940, il a fui en Suède où, comme journaliste, il a milité pour une Norvège libre et une Allemagne démocratique. Après la guerre, Brandt s’est engagé dans la reconstruction du Parti social démocrate (SPD) d’Allemagne de l’Ouest. Il est devenu Maire de Berlin Ouest, président de parti, et Chancelier. Comme Chancelier fédéral, Brandt a obtenu la signature par l’Allemagne de l’Ouest » du TNP (Traité de non prolifération nucléaire) le 28 novembre 1969. Il a aussi conclu un accord de non violence avec l’Union soviétique et un accord avec la Pologne qui a entraîné l’acceptation par l’Allemagne des nouvelles frontières nationales en Europe orientale effectives depuis 1945. Ces traités ont servi de bases à l’accord quadripartite sur Berlin qui a facilité les visites de familles dans les deux parties de la ville divisée » en 1971.
Lors de la cérémonie de remise du Prix Nobel de la Paix, le 11 décembre 1971, Willy Brandt a longuement développé sa vision de la diplomatie allemande, mais sans évoquer son agenouillement devant ce Mémorial.
Le Traité de Varsovie, notamment le tracé des frontières extérieures, est confirmé et complété à Moscou par le traité dit « 2 + 4 » signé le 12 septembre 1990 par la RFA, la RDA, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS).
REPÈRES
1939. 23 août. Signature du Pacte germano-soviétique. A ce pacte de non-agression entre le IIIe Reiche et l’Union soviétique est ajouté un protocole secret concernant le partage de la Pologne par les cocontractants et l'annexion des pays baltes et de la Bessarabie par l'URSS.
29 août. Ultimatum de l'Allemagne nazie à la Pologne : l'Allemagne nazie réclame la restitution du couloir de Dantzig.
30 août. Mobilisation générale décrétée en Pologne.
31 août. A l’initiative de Reinhard Heydrich, chef de service de sécurité nazi, un commando allemand fomente un prétendu « incident » en attaquant la station radio frontalière de Gleiwitz, en territoire allemand. Et ce, afin d’agresser la Pologne.
Hitler signe la directive no 1 du plan Blanc (Fall Weiss) d'invasion de la Pologne prévue pour le 1er septembre.
5 septembre. Les frontières de la Pologne sont franchies.
17 septembre. L’Armée rouge envahit la partie orientale de la Pologne.
Pour éviter d’être capturés par l’envahisseur nazi, le Président et le gouvernement polonais fuient en Roumanie. Là, sous la pression allemande, les autorités roumaines les internet.
28 septembre. Signature à Moscou d'un traité germano-soviétique de « délimitation et d'amitié » entre Ribbentrop et Molotov, les ministres des Affaires étrangères respectivement du IIIe Reich et de l’Union soviétique.
27 septembre. Varsovie capitule.
28 septembre. Reddition des troupes polonaises encerclées à Modlin.
29 septembre. au terme du Blitzkrieg, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique se partagent la Pologne suivant la ligne de démarcation qu’ils avaient fixée.
30 septembre. Élu en 1926, Ignacy Mościcki, Président de la République, transmet sa charge à Władysław Raczkiewicz. Celui-ci nomme le général Władysław Sikorski Premier ministre.
1er octobre. Le gouvernement de celui-ci prête serment.
22 novembre 1939-12 juin 1940. Il séjourne en France où les soldats polonaires combattent.
1940. Juin. Le gouvernement polonais s’installe à Londres (Angleterre).
« Brandt à genoux à Varsovie »
2015, 52 mi,
Sur Arte le 27 décembre 2015 à 3 h 35
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