« Avec le temps, les travaux des chercheurs révèlent une réalité souvent plus nuancée que les idées communément admises. De l’imposture militaire d’Hitler aux lourdes contreparties du plan Marshall, des motifs oubliés de la capitulation japonaise, au lendemain des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, au mythe erroné d’un Mao Zedong artisan de la modernisation de la Chine, cette passionnante collection documentaire se penche sur de grands personnages et événements charnières de l’histoire du XXe siècle. Elle en propose une lecture revue et corrigée, portée par un récit limpide tissé de saisissantes archives. »
« De son regard d'historien neutre et distancié, Olivier Wieviorka revient sur quatre grands épisodes historiques pour en rétablir toute la complexité. »"Grâce à l’entente unissant Britanniques et Américains et à la combativité sans faille de leurs troupes, l’offensive alliée est passée à la postérité comme une victoire sans faille".
"Et pourtant, l’opération Overlord a bien failli tourner au fiasco. Entre mésententes des chefs, planifications hâtives, problèmes logistiques, aléas climatiques et impréparation des soldats, l’opération a bien failli tourner au fiasco.""Tout commence à la conférence de Téhéran, en novembre 1943, quand Roosevelt, Churchill et Staline s’accordent sur une gigantesque offensive en Europe de l’Ouest afin de porter un coup fatal à Hitler."
"Mais le calendrier est serré, et les obstacles s’accumulent : mésententes des chefs, planifications hâtives, immenses problèmes logistiques, impréparation des soldats, mais aussi aléas climatiques, qui obligent à reporter plusieurs fois un débarquement initialement prévu pour le 1er mai 1944".
"Le 6 juin, les troupes alliées s’élancent enfin sur les plages normandes".
"Mais, si la première phase de l’invasion se déroule sans trop de pertes, sur Omaha Beach, elle tourne au désastre. Quant aux semaines suivantes, elles vont virer au cauchemar".
Les « Magnificent Eleven »
Lors du Summer of Peace en 2015, Arte a proposé Pictures for Peace, La paix au bout de l’objectif. « Saisir l'image choc qui fera le tour du monde, pour dénoncer la guerre ou célébrer l'espoir de paix : de la Seconde Guerre mondiale à nos jours, cette série documentaire décrypte les clichés qui ont marqué l'opinion publique et notre histoire récente ».
"Avec six nouveaux volets, la collection documentaire Les coulisses de l'histoire continue à questionner les mythologies de notre mémoire collective. Entretien avec son directeur éditorial, l’historien Olivier Wieviorka. Propos recueillis par Raphaël Badache".
Quel objectif poursuivez-vous avec ces six nouveaux épisodes ?
Olivier Wieviorka : Il s'agit de continuer à revisiter le XXe siècle en questionnant les idées reçues et les omissions. Par exemple, l'un des documentaires est consacré à Jean-Paul II, que l'on présente comme un ami des libertés. Oui, le pape a incontestablement œuvré pour l'affranchissement des pays de l'Est. Mais l'on connaît moins son inertie face aux dictatures en Amérique latine.
Avez-vous déniché des archives inédites ?
Très souvent, et certaines s’avèrent saisissantes, notamment dans l’épisode sur la décolonisation britannique. L'idée communément admise est que si la France a mal décolonisé, le Royaume-Uni, qui n'a connu ni la guerre d'Algérie ni celle d'Indochine, s'en est bien mieux sorti. La réalité se révèle autrement plus complexe. On le découvre à travers l’entreprise de répression des Mau Mau au Kenya ou la folie militariste à Aden, au Yémen, dont nous montrons des images absolument incroyables.
Le premier volet est consacré à la dénazification. Pourquoi ?
Nous avons dans l’idée que l’Allemagne a affronté courageusement son passé après 1945. Or le ménage n'a pas été fait. Ni à l'Est, où le parti communiste a accueilli nombre d'anciens nazis, malgré de grands procès ; ni à l'Ouest, où les anciennes élites du IIIe Reich ont composé jusqu'à 77 % des personnels des ministères de la Défense et de l'Économie. En réalité, la dénazification ne pouvait être qu'extrêmement compliquée à mener car le nazisme avait intoxiqué toute une génération – celle, pour aller vite, née au début des années 1920. Il aurait fallu une purge d'une ampleur inimaginable.
Est-ce que le procès de Nuremberg, finalement, n'a pas été un moyen d'expédier le processus ?
La volonté de créer une justice internationale a été réelle. Mais il est clair également que ce procès a permis aux Allemands ordinaires d'éviter leur examen de conscience. Juger les figures du nazisme, châtier les responsables les plus éminents, c'est aussi une manière d'exonérer les masses, les suiveurs, les subalternes. C’est la génération de leurs enfants, sur fond de 1968, qui est parvenue à faire bouger les lignes, en questionnant les actes de ses aînés.
Le deuxième documentaire nous plonge dans la Suisse de la Seconde Guerre mondiale. Quel en est le fil directeur ?
Nous avons souhaité poser la question de la neutralité dans une telle période. La Suisse, officiellement neutre, a en fait favorisé les puissances de l'Axe. En continuant à commercer avec le IIIe Reich, en menant d'importantes opérations financières et bancaires à son profit, elle a soutenu l'effort de guerre allemand. Parallèlement, le pays a joué un rôle majeur dans l'aide humanitaire, notamment pour les prisonniers de guerre, à travers le comité international de la Croix-Rouge. Son président, le Suisse Max Huber, incarnait toute cette ambivalence : il était également un industriel de l'armement.
On découvre des images ahurissantes d'une Suisse où la vie semble douce…
Non seulement la Suisse a su tirer profit économiquement de sa neutralité, mais elle a traversé cette guerre tel un paradis au cœur d'une Europe dévastée, comme le montrent des archives du 1er janvier 1942, où les ambassadeurs du monde entier se retrouvent à Berne, ou celles d'un match de football opposant l'équipe helvète à celle d’Allemagne."
NOTE DU REALISATEUR BERNARD GEORGE
Et pourtant, nombre de situations, longtemps passées sous silence, attestent des aléas d’une opération qui, à maintes reprises, bien failli échouer, où l’héroïsme a souvent disparu sous la férocité des combats, où le dénouement n’a parfois tenu qu’à un fil. C’est sur ce terrain résolument nouveau que ce film s’inscrit. Contrairement aux idées reçues, la plus grande opération amphibie de l’histoire n’a pas été un chemin de roses. Sa planification hâtive, les problèmes logistiques à résoudre et les aléas de la météo ont mille fois failli compromettre l’opération. A l’unisson, les relations entre Américains et Britanniques n’ont pas toujours été au beau fixe et le commandement est loin d’avoir toujours en phase, comme l’atteste l’épisode tragique de Slapton Sands, où un millier de GI’s ont perdu la vie lors d’un simple entraînement…
Le film raconte par le menu et pour la première fois sans doute, les arcanes de ce drame tout comme les innombrables aléas que les Alliés ont dû surmonter. Son originalité s’appuie aussi sur un pari narratif inédit, celui de montrer le contre champ allemand. Par cette lucarne, le public est invité à découvrir les hésitations, les tensions de son État-Major, mais surtout les erreurs stratégiques du Führer. En somme comment les Allemands se sont rendus responsables de leur propre défaite alors que l’opération Overlord aurait pu finir en fiasco."
"Le débarquement" de Bernard Georges
France, ARTE France, Cinétévé, 2020, 52 min
Une coproduction Cinétévé - Fabienne Servan Schreiber, Lucie Pastor - et Arte France
Unité Société et culture Arte : Fabrice Puchault & Anne Grolleron
Avec la participation de Viasat World Limited, ViewCom – VRT, de la RTBF - Unité Documentaires - Marc Bouvier, de Madman Entertainment et de la RSI – Silvana Bezzola Rigolini. Avec le soutien du Centre National du Cinéma et de l’image animée
Un film de Bernard George et Olivier Wieviorka
Directeur éditorial et conseiller historique : Olivier Wieviorka
Directeur artistique : David Korn-Brzoza
Voix commentaire : Mohamed Rouabhi
Musique originale : Robert Baccherini
Montage : Bernard George et Elke Hartmann
Assistants monteurs : Samuel Pinon ; Emmanuelle Joly
Montage son : Frédéric Commault
Documentaliste : Marie-Hélène Barbéris
Graphisme : Ronan Jupin
Sur Arte les 12 janvier 2021 à 20 h 50 et 15 janvier 2021 à 9 h 30
Disponible du 24/12/2020 au 12/03/2021
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