Le vitrail est une "composition généralement historiée, faite de morceaux de verre découpés et le plus souvent colorés, assemblés à l'aide de plomb ou d'un ciment, maintenus par une armature de fer, et servant à décorer une baie, une porte ou les parois d'un édifice". La technique actuelle du vitrail a été perfectionnée au début du Moyen-âge. Arte diffusera le 4 février 2022 à 6 h 55, dans le cadre de "GEO Reportage", "Chartres, l'art du vitrail" (Chartres, die Farben des Himmels) de Jean-Baptiste Mathieu.
Religieux ou profanes, les vitraux figuratifs sont illustrés par des êtres humains, des animaux ou des fleurs. Dans un édifice religieux - synagogues, églises -, éclairés par la lumière solaire, ils illustrent souvent des épisodes bibliques.
Le siège de l'évêque, ou cathèdre, chargé d'un diocèse se trouve dans une cathédrale.
"Les cathédrales dévoilées"
"Les cathédrales dévoilées" (Kathedralen. Wunderwerke der Gotik) est un documentaire de Christine Le Goff et Gary Glassman (2010, 81 min). "Véritable révolution architecturale, les cathédrales, nées au milieu du XIIe siècle, ont profondément transformé le paysage français, et permis aux bâtisseurs de satisfaire leur quête de lumière et de gigantisme".
"On les résume souvent à l'arc brisé, à la voûte d'ogives et à l'arc-boutant. Or, des découvertes récentes ont dévoilé une réalité plus complexe. Si les arcs-boutants de Noyon ne furent ajoutés qu'après coup, en revanche, à Paris, ils apparurent plus tôt qu'on ne l'affirmait, dès le XIIe siècle. Scrutant la pierre, le vitrail et le fer, une nouvelle génération de chercheurs est sur le point de réécrire l'histoire des cathédrale".
"Peu de témoignages subsistent sur ces éblouissants édifices. Les spécialistes, géologues et archéologues, doivent donc les décrypter. Récemment, ils ont pu numériser des monuments au laser et les reconstituer en 3D, accédant ainsi à des données précises. Celles-ci ont révélé des éléments troublants : anomalies architecturales, arcs-boutants mal placés... Par ailleurs, les travaux de restauration entrepris à Chartres ont abouti à de surprenantes découvertes sur les matériaux et les techniques de construction. Scrutant la pierre, le vitrail et le fer, une nouvelle génération de chercheurs est sur le point de réécrire l'histoire" des cathédrales.
"À l'aide d'interviews de spécialistes et d'images de synthèse, ce documentaire fait le point sur ces avancées et retrace aussi le travail des artisans, longtemps restés dans l'ombre des maîtres d'œuvre et des commanditaires. Chemin faisant, on visite les hauteurs et les recoins les plus inaccessibles des grandes cathédrales de France, à Paris, Beauvais, Amiens, Noyon et Chartres, défiant les lois de la pesanteur".
Des conservateurs assistent les restaurateurs chargés de la restauration des vitraux médiévaux : perte de la grisaille, disparition de la matière même du verre des suites notamment des attaques de la pollution.
Selon l'historien allemand Stefaan van Liefferinge, les proportions de cathédrales, dont Notre-Dame de Paris, sont inspirées par la Bible. Stefaan van Liefferinge cite les nombres 30 (coudées) et 60 (coudées). Le Temple de Salomon est décrit dans un livre médiéval comme la "maison de Dieu sur Terre" et se fonde sur ces nombres. Une partie de la cathédrale d'Amiens a des proportions au sol similaires à celles de l'Arche de Noé. La "Jérusalem céleste fait 144,3 coudées de hauteur. La mesure du Paradis".
"Le Croire et le voir"
En 1999, Gallimard a publié "Le Croire et le voir. L'art des cathédrales (XIIᵉ-XVᵉ siècle)" de Roland Recht. "Roland Recht propose une nouvelle définition de l'art des cathédrales, en montrant d'abord qu'il est contemporain d'un besoin de voir pour croire dont témoignent, entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe, l'élévation de l'hostie au moment de la consécration, l'exposition et la multiplication des reliques, mais aussi la visibilité de l'activité évangélique de saint François ou encore les développements que connaît alors la science optique, s'inspirant des traités grecs et arabes antérieurs. L'architecture des cathédrales devient le support d'une profusion d'images qui rendent visibles les enseignements de l'Écriture, tout en étant traitée elle-même comme une image, sollicitant incessamment le regard, à la faveur du pouvoir naissant des maîtres d'œuvre qui se soucient d'en augmenter les valeurs visuelles, par exemple avec les moyens de la polychromie. L'analyse des conséquences de ce changement sur l'ensemble des œuvres, dans la sculpture qui gagne en expressivité, dans l'orfèvrerie qui met en scène les reliquaires et dans la composition des vitraux, mais aussi et surtout dans la structure des grands édifices caractéristiques - Saint-Denis, Chartres, Bourges -, débouche sur une nouvelle interprétation de l'espace de la cathédrale qui en renouvelle entièrement notre appréhension."
"Sur le retable des Sept Sacrements de Roger Van der Weyden, la Vierge et les Saintes Femmes, ces dernières vêtues comme des Flamandes du XVe siècle, pleurent au pied d'une immense croix plantée dans la nef d'une église gothique. La poutre transversale, à laquelle est cloué le corps mort du Christ, touche une ogive de la nef. A l'arrière de la croix, tout l'intérieur de l'édifice est peint se lon les règles nouvelles de la perspective : l'étagement des arcs, des fausses tribunes et des larges fenêtres diminue régulièrement suivant une ligne de fuite qui suit l'axe de l'église, que ferme le chevet. A mi-distance de celui-ci et de la crucifixion du premier plan, le jubé marque la limite entre la nef et le choeur. Un autel, surmonté d'un retable ouvert occupe le centre du jubé. Un prêtre y dit la messe : l'instant du rite sacrificiel que l'artiste a choisi de figurer est celui où le prêtre élève l'hostie qu'il vient de consacrer et qu'il offre aux regards et à l'adoration des fidèles. Ce n'est pas un hasard si un détail de cette peinture datée de 1440-1444 est repris sur la jaquette de ce livre : c'est que le retable de Roger pourrait servir d'emblème à tout son propos. Et cela de deux manières : il nous montre que si la cathédrale gothique est affaire d'architecture, elle est aussi affaire d'image, ici chez Van der Weyden, mais aussi chez Van Eyck (retable de Berlin), où une immense Madone tient, au centre de la nef, la place du crucifix du retable d'Anvers", analyse Jean-Claude Schmitt dans "La cathédrale comme « système visuel » (Le Monde, 4 février 2000)..
Et Jean-Claude Schmitt de poursuivre : "L'auteur nous montre aussi que le « voir » dans la cathédrale excède largement et l'image et l'architecture : il vise par excellence la Présence Réelle dont la cathédrale gothique est une sorte d'écrin à la mesure d'un « croire » que le concile de Latran IV a, en 1215, érigé en dogme universel. Et bien d'autres choses encore se donnent à « voir » dans cet espace : les retables peints et sculptés démultiplient les axes de perspective ; les vitraux où dominent le rouge et le bleu, les peintures qui rehaussent les lignes des sculptures et qui couvrent tous les murs enduits et peints de fausses pierres - jamais la vraie pierre n'apparaît à nu dans une église gothique - font de l'édifice une châsse multicolore. Ainsi s'éclaire le titre de l'ouvrage, qui n'est pas de ceux qu'on attend d'ordinaire d'un professeur d'histoire de l'art : il indique que ce livre, où aucune des questions classiques du métier n'est négligée (celle de « l'analyse stylistique » par exemple), pose autrement les problèmes en les situant dans un cadre historique plus vaste qui privilégie les fonctions de cet art religieux (le « croire ») et les effets dont il use de manière systématique (le « voir »). Ce dont il s'agit ici, c'est de la cathédrale comme « système visuel » total, expression, support et objet d'un monde d'images. La cathédrale, [définie] comme une « mécanique romancée » (Viollet-le-Duc), produit de la combinaison de l’ogive, de l’arc brisé et de l’arc boutant, dans une vision de l’art faisant la part belle à l’évolutionnisme et à l’autonomie des formes.... Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, s’impose à l’inverse une interprétation symbolique, qui privilégie « l’esthétique de la lumière », ses fondements néoplatoniciens, ses liens avec la scolastique (dans le célèbre essai d’Erwin Panofsky sur Saint-Denis et l’abbé Suger promu « ingénieur de l’art gothique »). L’iconologie, qui tend à rabattre les œuvres sur leurs fondements intellectuels, fait quelque peu oublier la technique et la matière. C’est pourquoi s’observe actuellement une tendance « à rematérialiser » l’architecture gothique (en particulier chez les chercheurs allemands et américains), tandis que Recht plaide pour une contextualisation plus large encore des œuvres dans la culture visuelle de la fin du Moyen âge."
"Les cathédrales dévoilées"
"Les cathédrales dévoilées" (Kathedralen. Wunderwerke der Gotik) est un documentaire de Christine Le Goff et Gary Glassman (2010, 81 min). "Véritable révolution architecturale, les cathédrales, nées au milieu du XIIe siècle, ont profondément transformé le paysage français, et permis aux bâtisseurs de satisfaire leur quête de lumière et de gigantisme".
"On les résume souvent à l'arc brisé, à la voûte d'ogives et à l'arc-boutant. Or, des découvertes récentes ont dévoilé une réalité plus complexe. Si les arcs-boutants de Noyon ne furent ajoutés qu'après coup, en revanche, à Paris, ils apparurent plus tôt qu'on ne l'affirmait, dès le XIIe siècle. Scrutant la pierre, le vitrail et le fer, une nouvelle génération de chercheurs est sur le point de réécrire l'histoire des cathédrale".
"Peu de témoignages subsistent sur ces éblouissants édifices. Les spécialistes, géologues et archéologues, doivent donc les décrypter. Récemment, ils ont pu numériser des monuments au laser et les reconstituer en 3D, accédant ainsi à des données précises. Celles-ci ont révélé des éléments troublants : anomalies architecturales, arcs-boutants mal placés... Par ailleurs, les travaux de restauration entrepris à Chartres ont abouti à de surprenantes découvertes sur les matériaux et les techniques de construction. Scrutant la pierre, le vitrail et le fer, une nouvelle génération de chercheurs est sur le point de réécrire l'histoire" des cathédrales.
"À l'aide d'interviews de spécialistes et d'images de synthèse, ce documentaire fait le point sur ces avancées et retrace aussi le travail des artisans, longtemps restés dans l'ombre des maîtres d'œuvre et des commanditaires. Chemin faisant, on visite les hauteurs et les recoins les plus inaccessibles des grandes cathédrales de France, à Paris, Beauvais, Amiens, Noyon et Chartres, défiant les lois de la pesanteur".
Des conservateurs assistent les restaurateurs chargés de la restauration des vitraux médiévaux : perte de la grisaille, disparition de la matière même du verre des suites notamment des attaques de la pollution.
Selon l'historien allemand Stefaan van Liefferinge, les proportions de cathédrales, dont Notre-Dame de Paris, sont inspirées par la Bible. Stefaan van Liefferinge cite les nombres 30 (coudées) et 60 (coudées). Le Temple de Salomon est décrit dans un livre médiéval comme la "maison de Dieu sur Terre" et se fonde sur ces nombres. Une partie de la cathédrale d'Amiens a des proportions au sol similaires à celles de l'Arche de Noé. La "Jérusalem céleste fait 144,3 coudées de hauteur. La mesure du Paradis".
Cathédrale de Reims
L’artiste « allemand Imi Knoebel a conçu dix vitraux aux couleurs joyeuses pour la cathédrale de Reims. Certains d'entre eux ont été financés par le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères, un siècle après les dommages subis par le sanctuaire durant la Première Guerre mondiale. Un cadeau de l'Allemagne ».
Dans ce monument en art et à la statuaire gothiques a été sacré le roi Louis le Pieux par le pape Etienne VI en 846. Cette cathédrale résulte de reconstructions consécutives à des incendies et à un ouragan.
En 1991, l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'Education la Science et la Culture) a inscrit sur sa la liste du Patrimoine mondiale de l'Unesco la cathédrale Notre-Dame, ancienne abbaye Saint-Rémi et palais du Tau, Reims : "L'utilisation exceptionnelle des nouvelles techniques architecturales du XIIIe siècle et l'harmonieux mariage de la décoration sculptée avec les éléments architecturaux ont fait de la cathédrale Notre-Dame de Reims un des chefs-d'œuvre de l'art gothique. L'ancienne abbaye, qui a conservé une très belle nef du XIe siècle, abrite les restes de l'archevêque saint Rémi (440-533), qui institua la sainte onction des rois de France. Le palais du Tau, ancien palais archiépiscopal, qui occupait une place importante dans la cérémonie du sacre, a été presque entièrement reconstruit au XVIIe siècle".
Dans ce monument en art et à la statuaire gothiques a été sacré le roi Louis le Pieux par le pape Etienne VI en 846. Cette cathédrale résulte de reconstructions consécutives à des incendies et à un ouragan.
En 1991, l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'Education la Science et la Culture) a inscrit sur sa la liste du Patrimoine mondiale de l'Unesco la cathédrale Notre-Dame, ancienne abbaye Saint-Rémi et palais du Tau, Reims : "L'utilisation exceptionnelle des nouvelles techniques architecturales du XIIIe siècle et l'harmonieux mariage de la décoration sculptée avec les éléments architecturaux ont fait de la cathédrale Notre-Dame de Reims un des chefs-d'œuvre de l'art gothique. L'ancienne abbaye, qui a conservé une très belle nef du XIe siècle, abrite les restes de l'archevêque saint Rémi (440-533), qui institua la sainte onction des rois de France. Le palais du Tau, ancien palais archiépiscopal, qui occupait une place importante dans la cérémonie du sacre, a été presque entièrement reconstruit au XVIIe siècle".
Après « six vitraux en sept couleurs créés en 2011 pour célébrer le 800e anniversaire de la cathédrale de Reims, l’artiste minimaliste Imi Knoebel en a réalisé trois autres, affichant vingt-sept nuances différentes. La première commande émanait de l’État français, celle-ci a été financée par l’artiste, le ministère fédéral des Affaires étrangères et une fondation publique ».
Arte diffusa le 8 novembre 2015 Les nouveaux vitraux de la cathédrale de Reims. Un cadeau de l'Allemagne à la France (Die Neuen Fenster Der Kathedrale Von Reims. Ein Geschenk Deutschlands an Frankreich), documentaire de Peter Braatz.
Arte diffusa le 8 novembre 2015 Les nouveaux vitraux de la cathédrale de Reims. Un cadeau de l'Allemagne à la France (Die Neuen Fenster Der Kathedrale Von Reims. Ein Geschenk Deutschlands an Frankreich), documentaire de Peter Braatz.
"Chartres, l'art du vitrail"
Arte diffusera le 4 février 2022 à 6 h 55, dans le cadre de "GEO Reportage", "Chartres, l'art du vitrail" (Chartres, die Farben des Himmels) de Jean-Baptiste Mathieu.
"Dans l’un des derniers fiefs français du vitrail, Chartres, rencontre avec des maîtres verriers passionnés qui perpétuent cet art. Parmi eux, Jacques Loire n’a rien perdu de sa créativité à 80 ans passés."
"La cathédrale Notre-Dame de Chartres impressionne par sa monumentalité et par la magnificence de ses vitraux. Des ateliers de peinture sur verre peuplent toujours les abords de l’édifice, à l’instar de la Maison Lorin, l’un des derniers établissements du XIXe siècle encore en activité. À sa tête, Élodie Vally contribue à la sauvegarde d’un patrimoine culturel inestimable".
"Pour Jacques Loire, maître verrier, l’art du vitrail représente aussi une vocation. À 80 ans passés, celui qui a conçu avec son père Gabriel les imposants vitraux bleus de l’église du Souvenir de Berlin n’a rien perdu de sa créativité. Il se consacre aujourd’hui à un projet destiné à une école d’infirmières au Japon. GEO Reportage a suivi les différentes étapes de son travail".
En 1999, Gallimard a publié "Le Croire et le voir. L'art des cathédrales (XIIᵉ-XVᵉ siècle)" de Roland Recht. "Roland Recht propose une nouvelle définition de l'art des cathédrales, en montrant d'abord qu'il est contemporain d'un besoin de voir pour croire dont témoignent, entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe, l'élévation de l'hostie au moment de la consécration, l'exposition et la multiplication des reliques, mais aussi la visibilité de l'activité évangélique de saint François ou encore les développements que connaît alors la science optique, s'inspirant des traités grecs et arabes antérieurs. L'architecture des cathédrales devient le support d'une profusion d'images qui rendent visibles les enseignements de l'Écriture, tout en étant traitée elle-même comme une image, sollicitant incessamment le regard, à la faveur du pouvoir naissant des maîtres d'œuvre qui se soucient d'en augmenter les valeurs visuelles, par exemple avec les moyens de la polychromie. L'analyse des conséquences de ce changement sur l'ensemble des œuvres, dans la sculpture qui gagne en expressivité, dans l'orfèvrerie qui met en scène les reliquaires et dans la composition des vitraux, mais aussi et surtout dans la structure des grands édifices caractéristiques - Saint-Denis, Chartres, Bourges -, débouche sur une nouvelle interprétation de l'espace de la cathédrale qui en renouvelle entièrement notre appréhension."
"Sur le retable des Sept Sacrements de Roger Van der Weyden, la Vierge et les Saintes Femmes, ces dernières vêtues comme des Flamandes du XVe siècle, pleurent au pied d'une immense croix plantée dans la nef d'une église gothique. La poutre transversale, à laquelle est cloué le corps mort du Christ, touche une ogive de la nef. A l'arrière de la croix, tout l'intérieur de l'édifice est peint se lon les règles nouvelles de la perspective : l'étagement des arcs, des fausses tribunes et des larges fenêtres diminue régulièrement suivant une ligne de fuite qui suit l'axe de l'église, que ferme le chevet. A mi-distance de celui-ci et de la crucifixion du premier plan, le jubé marque la limite entre la nef et le choeur. Un autel, surmonté d'un retable ouvert occupe le centre du jubé. Un prêtre y dit la messe : l'instant du rite sacrificiel que l'artiste a choisi de figurer est celui où le prêtre élève l'hostie qu'il vient de consacrer et qu'il offre aux regards et à l'adoration des fidèles. Ce n'est pas un hasard si un détail de cette peinture datée de 1440-1444 est repris sur la jaquette de ce livre : c'est que le retable de Roger pourrait servir d'emblème à tout son propos. Et cela de deux manières : il nous montre que si la cathédrale gothique est affaire d'architecture, elle est aussi affaire d'image, ici chez Van der Weyden, mais aussi chez Van Eyck (retable de Berlin), où une immense Madone tient, au centre de la nef, la place du crucifix du retable d'Anvers", analyse Jean-Claude Schmitt dans "La cathédrale comme « système visuel » (Le Monde, 4 février 2000)..
Et Jean-Claude Schmitt de poursuivre : "L'auteur nous montre aussi que le « voir » dans la cathédrale excède largement et l'image et l'architecture : il vise par excellence la Présence Réelle dont la cathédrale gothique est une sorte d'écrin à la mesure d'un « croire » que le concile de Latran IV a, en 1215, érigé en dogme universel. Et bien d'autres choses encore se donnent à « voir » dans cet espace : les retables peints et sculptés démultiplient les axes de perspective ; les vitraux où dominent le rouge et le bleu, les peintures qui rehaussent les lignes des sculptures et qui couvrent tous les murs enduits et peints de fausses pierres - jamais la vraie pierre n'apparaît à nu dans une église gothique - font de l'édifice une châsse multicolore. Ainsi s'éclaire le titre de l'ouvrage, qui n'est pas de ceux qu'on attend d'ordinaire d'un professeur d'histoire de l'art : il indique que ce livre, où aucune des questions classiques du métier n'est négligée (celle de « l'analyse stylistique » par exemple), pose autrement les problèmes en les situant dans un cadre historique plus vaste qui privilégie les fonctions de cet art religieux (le « croire ») et les effets dont il use de manière systématique (le « voir »). Ce dont il s'agit ici, c'est de la cathédrale comme « système visuel » total, expression, support et objet d'un monde d'images. La cathédrale, [définie] comme une « mécanique romancée » (Viollet-le-Duc), produit de la combinaison de l’ogive, de l’arc brisé et de l’arc boutant, dans une vision de l’art faisant la part belle à l’évolutionnisme et à l’autonomie des formes.... Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, s’impose à l’inverse une interprétation symbolique, qui privilégie « l’esthétique de la lumière », ses fondements néoplatoniciens, ses liens avec la scolastique (dans le célèbre essai d’Erwin Panofsky sur Saint-Denis et l’abbé Suger promu « ingénieur de l’art gothique »). L’iconologie, qui tend à rabattre les œuvres sur leurs fondements intellectuels, fait quelque peu oublier la technique et la matière. C’est pourquoi s’observe actuellement une tendance « à rematérialiser » l’architecture gothique (en particulier chez les chercheurs allemands et américains), tandis que Recht plaide pour une contextualisation plus large encore des œuvres dans la culture visuelle de la fin du Moyen âge."
Mémoire du verre
En 2004, le Panthéon avait accueilli l’exposition « Mémoire du verre, vitraux majeurs du Moyen Âge ». Pour la première fois avaient été présentés six relevés grandeur nature de vitraux illustrant la Bible dans six cathédrales françaises.
Le Panthéon avait réuni six relevés d’œuvres importantes du XIe au XVIe siècles provenant du musée des Monuments français. C’est au conservateur Paul Deschamps que l’on doit ces copies grandeur nature d’œuvres importantes choisies parmi les plus emblématiques de l’art français dans les cathédrales de Bourges, Chartres, Châteauroux, Poitiers, Sens et du Mans.
Exécutées entre 1939 et 1950, elles étaient exposées « à hauteur d’homme » et témoignaient de l’évolution des techniques en architecture et en vitrail. Et elles témoignent de l’importance de l’héritage juif et chrétien en France, ainsi que de l’évolution des techniques utilisées, en architecture et en vitrail.
Les auteurs des vitraux établissaient « des concordances » entre la Bible hébraïque « et le Nouveau Testament ».
La cathédrale Notre-Dame de Chartres (vers 1230) abrite plus de cent verrières, dont « Les Rois David et Salomon ». Ces Rois « font davantage que préfigurer le Christ, ils en sont les ancêtres directs. Leurs figures occupent les fenêtres hautes situées au transept Nord et s’insèrent dans une série de cinq lancettes surmontées d’une rose consacrée au triomphe de la Vierge. Ces deux vitraux ont vraisemblablement été offerts vers 1230 par Louis VIII et Blanche de Castille, parents de Saint Louis. Ces grands personnages accompagnent les scènes légendaires situées dans les fenêtres basses. La gamme de ton de ces deux vitraux demeure encore relativement restreinte, les couleurs dominantes, le rouge et le bleu s’inscrivent encore fidèlement dans la tradition du XIIe siècle. La robe bleue que porte David symbolise la Justice et la Foi. « Chaque roi, la tête couronnée, est représenté sous une arcature formant un dais et porte son attribut distinctif. Ainsi David porte une harpe, allusion au roi musicien. Et Salomon tient dans la main droite un sceptre, symbole de sa qualité royale, et dans sa main gauche un compas, référence à sa fonction de roi bâtisseur du 1er temple de Jérusalem ».
Quant au vitrail du prophète Joël de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges, vers 1230-1240, « sont désignés comme prophètes des hommes dont le pouvoir s’exerce le plus souvent « par la parole » qu’ils ont reçue de Dieu et qu’ils transmettent aux hommes. Les figures » de la Bible hébraïque « sont souvent évoquées par les apôtres puis, au début de l’ère chrétienne et au Moyen Âge, par les Pères de l’Eglise et les théologiens qui établissaient des concordances afin de démontrer que la venue et l’histoire du Christ avait déjà été annoncée dans » la Bible hébraïque par les Prophètes. Ainsi, « Joël est-il considéré comme le prophète annonciateur de la Pentecôte. Au XIIe siècle, les développements de l’architecture gothique, la création de la croisée d’ogives et le système de contrebutée opéré par les arcs boutants permettent d’évider les murs. Le mur porteur est remplacé par un mur écran. Les fenêtres, en s’agrandissant, supplantent alors la maçonnerie et se divisent en plusieurs lancettes. C’est ainsi qu’à Bourges, dans les fenêtres supérieures du chœur de la cathédrale, le prophète Joël occupe toute la hauteur d’une lancette. Il s’agit sur le plan formel d’une figure isolée dont la tête s’insère sous un dais d’architecture. Il est accompagné de l’assemblée des prophètes. L’inscription de son nom au bas du vitrail est visible depuis le chœur par les fidèles et signale son appartenance à la lignée des Prophètes ».
Les cathédrales dévoilées (Kathedralen. Wunderwerke der Gotik) par Christine Le Goff et Gary Glassman
2010, 81 min
Sur Arte les 24 décembre 2016, à 20 h 50, et 24 décembre 2017, 3 mai 2020 à 16 h 25
Disponible du 04/04/2020 au 09/06/2020
Les nouveaux vitraux de la cathédrale de Reims. Un cadeau de l'Allemagne à la France de Peter Braatz
WDR, 2015, 26 minutes
Sur Arte le 8 novembre 2015 à 12 h 30
Visuels :
Vitraux de la cathédrale de Chartres
H. Gaud / rectorat cath. Chartres
Cathédrale de Reims
© Editions Gelbart
Auteur : Jean-Jacques Gelbart
Vitraux de la cathédrale de Chartres
H. Gaud / rectorat cath. Chartres
Cathédrale de Reims
© Editions Gelbart
Auteur : Jean-Jacques Gelbart
"Chartres, l'art du vitrail" de Jean-Baptiste Mathieu
Allemagne, 2020, 52 minutes
Sur Arte le 4 février 2022 à 6 h 55
Visuels : © MedienKontor
Articles sur ce blog concernant :
Articles in English
Les citations proviennent du MONUM et d'Arte. Cet article a été en partie publié par Actualité juive. Il a été publié sur ce blog le 8 novembre 2015, puis les 23 décembre 2016, 23 décembre 2017 et 2 mai 2020.
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