
Julien Hequembourg Bryan (1899-1974) a manifesté tôt son intérêt pour la découverte du monde à travers les voyages dont il ramène photographies et films destinés à ses conférences, livres, etc.
Journaliste-reporter

Lycéen, il finance ses voyages par des conférences relatant ses séjours à l’étranger.
Diplômé de Princeton en 1921 et de l’Union Theological Seminary, il renonce à être ordonné pasteur. Il dirige YMCA (Young Men's Christian Association), mouvement chrétien de jeunesse, à Brooklyn, à New York.
En 1930 et 1935, avec sa caméra 35 mm, ce journaliste américain parcourt l’Union soviétique, de Moscou au Caucase, s’intéressant au théâtre Juif et d’avant-garde.
Au milieu des années 1930, en Pologne, Bryan filme des scènes de vie Juive à Varsovie et à Cracovie.
À l'été 1937, il « obtient une permission spéciale pour parcourir l'Allemagne et filmer ce qu'il s'y passe. Il veut montrer à ses compatriotes la réalité du IIIe Reich ».

L'Allemagne "compense ses manques par une économie planifiée et la mise en place d'une puissante machine de guerre", constate William L. Shirer (1904-1993), journaliste américain.
William Burghardt DuBois, journaliste dramaturge américain (1903-1997), dresse le même constat.
John F. Kennedy séjourne en Allemagne. Il "trouve les Nazis insupportables", mais il pense que le fascisme a sa place en Italie et en Allemagne, comme la démocratie a la sienne en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis".
Bryan filme l'exposition sur l'"art dégénéré" à Munich.

Land de Thuringe. Bryan part sur les traces de Martin Luther. Il visite Weimar, mais n'est pas autorisé à se rendre au camp proche de Buchenwald. Les opposants au régime sont persécutés par le régime nazi en raison de leurs convictions religieuses. Ce régime fonde le mouvement des Chrétiens allemands, symbiose du christianisme et du nazisme. Le pasteur Martin Niemöller stigmatise dans ses sermons les mesures antisémite. Il est interpellé et détenu au camp de Sachsenhausen.
Dans Le Journal du voleur, l'écrivain Jean Genet relate ses impressions de son séjour en Allemagne. A Berlin, il se prostitue.


Bryan ramène clandestinement ses pellicules de ses tournages aux Etats-Unis. Il avait vendu ses images à The March of Time. Les producteurs américains sont déçus. Bryan se défend : il a voulu "filmer la vie quotidienne de la manière la plus fidèle possible".
Dans ses conférences en 1938, il alerte ses concitoyens sur le danger qui menace.
L'ambassadeur Dodd est démis de ses fonctions.
L'ambassadeur Dodd est démis de ses fonctions.
Numéro de The March of Time, Inside Nazi Germany 1938 (16’) de Jack Glenn a été diffusé aux Etats-Unis le 18 janvier 1938 « pour mettre le régime d'Hitler en accusation ». Les dirigeants nazis sont consternés de voir la réalité allemande nazie portée à la connaissance des Américains.
En 1993, Inside Nazi Germany 1938 a été sélectionné par la Library of Congress des Etats-Unis en raison de sa « signification culturelle » pour figurer dans son Registre national de films.
En 1993, Inside Nazi Germany 1938 a été sélectionné par la Library of Congress des Etats-Unis en raison de sa « signification culturelle » pour figurer dans son Registre national de films.

De manière surprenante, Michael Kloft occulte certains aspects gênants de personnes qu'il cite. Ainsi, il omet de relever les remarques antisémites faites en privé par l'ambassadeur américain désigné par le président Franklin D. Roosevelt dans l'Allemagne du IIIe Reich (1933-1937), William Dodd, et ses efforts pour miner les alertes des organisations Juives américaines concernant le nazisme. De plus, il occulte les sympathies initiales de Martha Dodd, fille de cet ambassadeur, pour des nazis, puis son revirement après la Nuit des Longs couteaux (1934) et son amour avec Boris Winogradov, espion soviétique, qui la conduira à trahir son pays et son père en communiquant à l'Union soviétiques des informations de l'ambassade américaine.
La bande son du documentaire est signée par le compositeur Irmin Schmidt du groupe Can. Une « musique aux accents funèbres inspirée par un chant de la guerre de Trente Ans ».

Bryan quitte la ville lors d’une trêve, se rend en Prusse orientale où il dissimule ses films et pellicules dans un paquet de masques à gaz qu’un ami américain ramène chez lui comme souvenirs. Il les récupère six semaines plus tard à New York.

En 1940, le Bureau d’information de la guerre (OCIAA) demande à Bryan de réaliser 23 films sur la vie et la culture de pays d’Amérique latine afin de prévenir la haine nationale qui avait submergé l’Europe. Puis le Département d’Etat lui commande cinq films sur les Etats-Unis.
En 1945, Bryan crée l’International Film Foundation.

En 1946, il retourne en Pologne, où il constate les destructions à Gdańsk.
Bryan collabore avec certains des artistes et producteurs indépendants les plus innovateurs, dont Francis Thompson qui eu un Oscar en 1965 pour le meilleur documentaire et a été pionnier dans le format 70 mm Imax.
En 1974, Bryan est distingué par le Zasłużony dla Kultury Polskiej, Prix du Mérite de la culture polonaise, pour avoir montré la réalité de l’invasion de la Pologne par les Nazis.
En 1987, lors de la soirée de gala de la Martha Graham Dance Company au New York Center, le film Frontier de Julien Bryan et Jules Bucher sur la performance de Martha Graham dans Frontier, tourné en 1935, a été présenté pour la première fois.
En 2003, les Archives de Steven Spielberg au Musée Mémorial de la Shoah des Etats-Unis ont acquis les collections de photos et films de Julien Bryan sur la Pologne et l’Allemagne nazie.
« Un été en Allemagne nazie », par Michael Kloft
2012, 53 min
Visuels : © Spiegel TV
Kindergeburtstag, 1937
Antisemitisches Schild, 1937
Arbeitsdienst in Bayern, 1937
Nürnberg
Segelflieger bei Berlin, 1937
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Les citations sont d'Arte.
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