Le 7 janvier 2003, le conseil d’administration de l’Université Paris VII-Denis Diderot a adopté, à une large majorité, une motion indiquant sa volonté de renforcer ses « accords avec toutes les universités à travers le monde ». C’est le résultat d’une mobilisation rapide et forte. Mais ce succès ne doit pas occulter les graves problèmes qui perdurent, et notamment la motion infamante de l’Université Paris VI. En juin 2015, des universitaires israéliens ont exprimé leur inquiétude face aux signes d'un boycott académique officieux visant Israël. Le 2 juin 2015, le NUS (National Union of Students), syndicat national britannique d'étudiants britanniques a voté le boycott d'Israël et l'affiliation au mouvement BDS (Boycott Divestment Sanction) visant l'Etat Juif. Le 3 juin 2015, Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, a stigmatisé ce syndicat qui en 2014 avait refusé de boycotté l'Etat islamique (ISIS).
1ère partie : Pourquoi un mathématicien appelle au boycott d’Israël ?
4e partie : Vives réactions aux motions universitaires françaises prônant le boycott d’Israël
Ce mardi 7 janvier 2003 s’est tenue la réunion du Conseil d’administration de cette Université. Dès le début, Benoît Eurin, son président, a fait état d’une pétition, revêtue de plus de 21 000 signatures, dont celles de plus de 5 700 universitaires, de membres du Collège de France et de l’Académie des Sciences, et de centaines d’e-mails et courriers reçus, protestant contre la motion, inscrite à l’ordre du jour, et prônant le boycott d’Israël. Il évoquait aussi les messages de Prix Nobel et de scientifiques de renommée mondiale, de tous pays, ainsi que les prises de position de personnalités politiques de tous bords, hostiles, comme lui, au boycott.
Pourquoi une telle mobilisation ? La motion présentée par une coordination de syndicats de gauche et d’extrême gauche - SGEN-CFDT, CGT, SUD-Education, SNESUP-FSU regroupés dans le Comité Palestine (Comité de solidarité avec les universités palestiniennes), né à Jussieu au printemps 2002 - allait plus loin que celle adoptée par l’Université Paris VI-Pierre et Marie Curie (UPMC) le 16 décembre 2002. « Au nom des droits de l’Homme et des principes démocratiques », ignorant la réalité au Moyen-Orient, non seulement elle demandait à l’Union Européenne (UE) de ne pas renouveler l’accord de coopération entre l’UE et l’Etat hébreu, mais elle entendait aussi rompre toute relation de l’Université Paris VII avec ses homologues israéliennes. Comme à l’UPCM, elle mandatait le président de l’Université pour poursuivre son action au sein de l’Assemblée de la Conférence des Présidents d’Universités.
Danielle Thouvenin, professeur de droit, a ensuite rappelé l’article 3 de la loi Savary (26 janvier 1984) : « Le service public de l'enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l'objectivité du savoir ; il respecte la liberté d'opinion. Il doit garantir à l'enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et critique ».
Le débat fut rude. Après que David Assouline, adjoint du Maire de Paris chargé du monde étudiant, eût indiqué son opposition au boycott, c’est le représentant de la Région Ile-de-France, Jack-Yves Bohbot, qui développa une argumentation riche. Si les citoyens jouissent des droits d’opinion et d’expression, l’Université doit respecter la loi de neutralité qui la régit. De plus, la motion présentée par ladite coordination syndicale dépasse les limites de la compétence de cette institution éducative et de recherche. Puis, avec placidité et détermination, cet élu régional a rappelé des vérités qui ont scandalisé les promoteurs du boycott. Oui, Israël est une démocratie qui partage avec la France les mêmes valeurs. Oui, l’Etat hébreu maintient, malgré l’Intifadah II, sa coopération avec des Universités palestiniennes et forme des médecins, ambulanciers ou étudiants palestiniens de toutes disciplines. Oui, l’Etat juif coopère avec des pays arabes ou musulmans dans des programmes d’intérêt général, tel celui de l’eau, une denrée rare au Proche-Orient. Oui, l’Autorité palestinienne, dont son Chairman, Yasser Arafat, est corrompue et détourne la manne financière, publique et privée, dont devraient bénéficier tous les Palestiniens. Oui, elle persécute les Chrétiens et les homosexuels. Oui, les Juifs furent exclus des Universités par les régimes fascistes, nazis et de Vichy. Et d’aligner des faits avérés, mais inaudibles pour les boycotteurs. Sans se départir de son calme, M. Bohbot a tenu un discours de vérité qui lui a valu l’animosité de certains syndicalistes, dont ceux de SGEN-CFDT et SUD-Education. Mais son attitude lui a valu les félicitations de la majorité de ses collègues administrateurs. Si cet élu ne regrette pas sa position et se montre satisfait - « L’Université Paris VII est sortie par le haut et a fait preuve de responsabilité » -, il déplore : « C’est terrible : dire qu’Israël est une démocratie relève de l’audace ».
C’est donc après un débat démocratique et animé, en début de séance, que le vote a eu lieu sur un « un texte de sortie de crise » présenté par M. Eurin. La teneur de cette motion ? Se fondant sur ladite loi, elle indique : « Il n'est pas de la compétence [d'un conseil d'administration d'université] de débattre d'un sujet [comme] la suspension des échanges scientifiques avec les institutions universitaires israéliennes ». Fier de sa « longue tradition de coopération scientifique avec les institutions d'enseignement et de recherche des cinq continents, fidèle à sa tradition d'ouverture, de dialogue, convaincu que le savoir est la meilleure arme contre l'extrémisme et l'obscurantisme, le CA de l'université Paris 7 - Denis Diderot se détermine en faveur d'un renforcement des accords avec toutes les universités à travers le monde ».
Cette motion a été approuvée par 36 voix pour, 6 contre et une abstention. « La majorité n’était pas étriquée », observe M. Bohbot. Avant d’ajouter : « La réunion s’est poursuivie dans un bon climat ».
Quelle différence avec ce qui s’était produit lors du conseil d’administration de l’UPMC, le 16 décembre 2002 ! La motion pro-boycott y avait été votée en fin de séance, quand la moitié des administrateurs étaient présents.
Dès le 6 janvier 2003, les condamnations du boycott se sont multipliées. Citons-en quelques unes. Roger Karoutchi, président du groupe UMP (majorité) au Conseil Régional d’Ile-de-France a estimé qu’il n'est " pas convenable que le travail de recherche et l'universalisme des universités franciliennes soient remis en cause par des choix ayant un sens politique. Il est bon que nos universités travaillent tant avec les chercheurs et scientifiques israéliens que palestiniens " et il demandait à Luc Ferry, ministre de l’Education nationale et de la Recherche, de « prendre des initiatives pour garantir le bon déroulement du travail universitaire ». " Profondément choqué », Jean-Paul Huchon, président PS dudit Conseil, " condamnait fortement cette mise à l'index qui va à l'encontre de la paix au Proche Orient et de l'esprit universaliste de la science et du savoir. Les conseillers régionaux qui représentent la Région au sein des conseils d'administration des universités, doivent refuser cette motion partout où elle sera présentée ». « Ce geste recouvre beaucoup d'antisémitisme et de dénaturation de la situation au Moyen-Orient », s'indignait Claude Goasguen, député et président du groupe UMP au Conseil de Paris.
Même condamnation dans les milieux de la recherche et universitaire. Le Conseil National de la Recherche Scientifique (CNRS), un important organisme public, « a dénoncé toute "forme d'exclusion" dans les coopérations scientifiques internationales ». L'association regroupant les présidents des 17 universités d'Ile-de-France a adopté « une motion préconisant le renforcement de la coopération avec les universitaires israéliens et palestiniens ». Pour sa part, les doyens des Facultés de médecine de Paris VI se sont adressés au président de l’UPMC, Gilbert Béréziat, pour lui demander, « conformément à la tradition humaniste de la Médecine », de « revenir sur sa motion du 16 décembre, et à l’inverse, de favoriser un projet de coopération entre Paris VI, et des Universités Israéliennes et Palestiniennes, donnant ainsi à l’Université sa dimension de sanctuaire de tous les espoirs et de toutes les initiatives de paix ».
Les institutions supra-nationales n’étant pas en reste. Saisi par Yitzhak Eldan, ambassadeur d’Israël près de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, Directeur général de cet organisme, a rappelé l’importance de la coopération universitaire internationale, « porteuse d’espoir de paix ». La Commission de l’UE a réitéré la position du commissaire Philippe Busquin exprimée en avril 2002 : « La Commission croit au rôle très positif de la coopération scientifique conduite par l’UE avec Israël, les institutions palestiniennes et les pays du Moyen Orient. Le renouvellement de l’accord de coopération entre l’UE et Israël dans le cadre du 6e PCRD est dans l’intérêt mutuel des deux parties, étant donné le haut niveau de la recherche en Israël. De plus, une telle coopération est un instrument du dialogue qui promeut des partenariats servant des objectifs de paix ». Et, le 9 janvier 2003, « le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Walter Schwimmer, a condamné le vote par le conseil d'administration de l'université Paris VI d'une motion demandant l'arrêt de la coopération entre les universités européennes et israéliennes: le dialogue est la clé de la solution pacifique des conflits, et le monde académique y joue un rôle d'une importance particulière. La coopération internationale avec les universités tant israéliennes que palestiniennes devrait contribuer au développement de ce dialogue. Je lance un appel à la communauté universitaire internationale pour promouvoir cette composante importante du patrimoine universitaire européen, dans un esprit de dialogue et de démocratie ».
Jusqu’au « Monde » qui s’opposait au boycott dans son éditorial. Même attitude de la motion par la CGT. Motivation ? La « suspension des accords de coopération universitaire (...) n'est pas le moyen le plus efficace » pour « favoriser le dialogue israélo-palestinien ».
Bien sûr, Leïla Shahid, déléguée de l’Autorité palestinienne en France, a soutenu la motion litigieuse de l’UPMC. Et elle a ajouté que " des sanctions avaient été utilisées contre Israël " dans le passé à l'initiative de l'ancien ministre socialiste des Affaires Etrangères, Claude Cheysson.
Le 9 janvier 2003, la déclaration du président de l'université Paris VII - Denis Diderot, Benoît Eurin, offre la meilleure réponse à Mme Shahid : « Par la voix de son Conseil d'administration, l'université Paris 7 - Denis Diderot vient de rappeler avec force que les collaborations scientifiques internationales sont au cœur de la vie universitaire et doivent être préservées des aléas politiques. A titre personnel et en tant que chef d'établissement, je me félicite que notre université ait eu la sagesse de ne pas sortir de son domaine de compétence malgré les multiples tentatives pour l'entraîner sur un terrain qui n'est pas le sien. Je vois au contraire dans ce vote de bon sens et de raison la volonté de réaffirmer la primauté des valeurs intellectuelles et morales qui légitiment la création et le partage du savoir ».
La décision de l’Université Paris VII a donc été accueillie favorablement par l’ensemble des responsables. Un seul exemple révélateur : " La réaction de l'université Paris VII va exactement dans le sens de la tradition universitaire républicaine de la neutralité et du respect de tous. On avait besoin d'un retour à la paix civile et non pas à l'ostracisme et à l'exclusion ", a déclaré Patrick Klugman, président de l'UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) à l'AFP.
Tandis que la Ligue Communiste Révolutionnaire (extrême gauche), dénonçant « une campagne de désinformation » et le SNESUP ont manifesté leurs courroux.
Pétition, manifestation, déclarations de ministres
Le 6 janvier 2002, soit la veille de la réunion dudit Conseil, vers 17 h, une manifestation s’est tenue près du campus des deux Universités. Malgré un froid intense, plus de 3 000 personnes - chiffre des organisateurs - s’étaient rassemblées sur la place Jussieu et dans les rues avoisinantes pour manifester leur indignation face aux motions universitaires demandant le boycott d’Israël. A l’appel de l’UEJF, étaient présents l’Association des Filles et Fils des Déportés Juifs de France, le B’naï B’rith de France, la LICRA, La Ligue de Défense Juive, Primo Europe-Les Amis de la Metula News Agency, Les Amis de La Paix Maintenant, Le Forum Citoyen Juif, Vigilance et Mémoire et des membres de l’Association France-Israël. Des manifestants agitaient de nombreux drapeaux français et de rares drapeaux israéliens. Sur des banderoles, on pouvait lire : « Désamiantez les universitaires fous furieux de Paris VI », « Pour la coopération des savoirs et non au boycott ».
Sur une estrade, se tenaient des intellectuels, des politiciens et des responsables associatifs : le député et ancien ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn, et son épouse la journaliste Anne Sinclair, David Messas, Grand Rabbin de Paris, M. Bohbot, M. Goasguen, Serge Blisko, député (PS) de Paris, Eric Ghebali, ancien président de SOS Racisme, des chercheurs des universités de Jussieu, parmi bien d’autres.
Bernard-Henri Lévy s’est dit accablé et en colère contre « ces gens à la compassion unilatérale et ignorants », qui transforment Israël, Etat démocratique, en un Etat totalitaire. Comment ? Tout simple : en demandant son boycott, une pratique adressée contre les seuls régimes totalitaires. Une tactique d’autant plus sournoise qu’est en jeu l’autonomie universitaire. Et un « acte choquant et une tragique erreur », selon le message de Bertrand Delanoë, Maire de Paris, lu par M. Assouline. Le député Pierre Lellouche (UMP, majorité) a poursuivi dans ce sens : « Un geste illégal, sans fondement et dangereux ». M. Klugman a parlé d’une « faute tactique des boycotteurs ». Président de l’UNEF (Union Nationale des Etudiants de France), le premier syndicat étudiant, Yassir Fichtali a dénoncé « une motion contreproductive et qui va dans le mauvais sens ». Il croit en des « coopérations tripartites européennes, israéliennes et palestiniennes ».
Sont parvenus aussi des messages de soutien de l’eurodéputé François Zimeray, de Claude Cohen-Tannoudji, de Jack Lang, ancien ministre socialiste et docteur honoris causa de l’Université hébraïque de Jérusalem, tout comme le réalisateur Claude Lanzmann : « Quoiqu'ils prétendent, les boycotteurs ne pourront pas faire que les universitaires israéliens, mis par eux au ban de l'université européenne, ne soient aussi des juifs ».
« Nous ne sommes pas en face des bâtiments de Jussieu. Mais ne vous trompez pas. Nous sommes à Durban-sur-Seine. L’antisionisme est le nouvel oripeau de l’antisémitisme. La gauche extrême mêle une lutte contre le capitalisme, la mondialisation et Israël. Elle ne s’émeut pas des 200 000 victimes algériennes depuis dix ans. Soit cent fois plus que le nombre des victimes palestiniennes. Demain, les universitaires qui boycottent Israël demanderont qu'on brûle les livres des Israéliens, puis les livres des sionistes, puis ceux des Juifs », a déclaré Roger Cukierman, président du Conseil Représentatif des Institutions Israélites de France (CRIF, porte-parole politique de la communauté). L’historien Alexandre Adler a constaté : « Les boycotts ne marchent pas. Les Juifs sont résistants ». Avant de vanter les prouesses technologiques d’Israël et de se prononcer pour le « boycott des boycotteurs ».
C’est Me Arno Klarsfel qui a réjoui l’auditoire en concluant ses rappels historiques de l’antisémitisme en France par un « Am Israël Haï » (Le peuple d’Israël est vivant) accompagné par un drapeau israélien.
Séparés des manifestants par les forces de la police, une trentaine de personnes hurlaient, placés derrière les grilles de l’entrée du campus de Jussieu : « Bush et Sharon assassins ». Leurs bruits constituaient un arrière fond sonore perturbant.
Les visant, très inquiet de voir se constituer mouvance islamo-progressiste, Alain Finkielkraut a énoncé : « Ils veulent nous empêcher de parler. Pour les terroristes qui se font exploser, il n’y a pas d’Israéliens innocents. Pour les partisans du boycott, tous les Israéliens sont coupables et doivent répondre de la politique de leur gouvernement. Les intellectuels et universitaires israéliens sont une force modératrice. Les boycotteurs interprètent le conflit dans les termes de la Shoah. La haine des Juifs est emplie de bonne conscience et adossée aux droits de l’Homme. Ces haïsseurs inculpabilisables n’ont pas gagné la partie ».
Le matin, avait été annoncée sur une radio juive « la création d’un Comitié pour un droit à la science et à la culture, ainsi que la tenue d’une grande réunion internationale à Paris de tous les Prix Nobel et présidents d’Universités américaines pour arrêter les tentatives de boycott ».
C’est sous les huées que s’est exprimé un responsable des Amis de La Paix Maintenant, car il stigmatisait « la colonisation ne mène nulle part ». Il a ainsi connoté politiquement un rassemblement consensuel et importé à Paris le conflit proche-oriental. Ce qu’il reproche aux motions universitaires de faire.
Un communiqué confus
Vers 18 h 30 s’est achevée cette manifestation après la déclaration de M. Klugman interprétant justement « le communiqué de la présidence » mis sur le site de l’UPMC. Distinguons-le dès à présent de la motion présentée par une intersyndicale et votée par le Conseil d’administration de l’UPCM le 16 décembre 2002. La différence est de nature, d’auteur, de contenu et de valeur juridique comme Guysen va le démontrer. Ce texte du 7 janvier 2003 n’annule donc pas la motion votée le 16 décembre 2002. Seule une autre motion votée par ledit conseil, convoqué par Gilbert Béréziat, peut annuler celle du 16 décembre 2003.
Quelle est la teneur de ce communiqué ? Il commence par rappeler les conditions de présentation de la motion, mais déjà commet une erreur historique : « Le conseil d’administration de l’UPMC a examiné la situation universitaire en Palestine », un Etat qui n’existe pas. Il s’agit des Territoires disputés.
Poursuivons la lecture. « Considérant que les relations universitaires constituent un facteur d'échange qui permet de faire progresser les idées de compréhension mutuelle, il a repoussé toute idée de boycott ou de moratoire dans les relations entre l'Université Pierre et Marie Curie et les universités israéliennes ». Comme l’a rappelé le Quai d’Orsay le 3 janvier 2003, « l'Université Paris-VI n'a pas dénoncé les accords qui la lient à l'Université de Tel Aviv et à l'Université Hébraïque de Jérusalem ». « N’ayant pas le courage d’assumer la responsabilité de sa décision, elle s’est défaussée auprès de l’UE », a commenté M. Lanzmann. Pourtant cette demande de non-renouvellement de l’accord de coopération entre l’UE et Israël a été reconnue immédiatement pour ce qu’elle est - un arrêt de la coopération avec Israël - par la CAPJPO (Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient), qui elle appelle au boycott des produits israéliens. A la même époque, outré par l’antisémitisme de la chaine publique égyptienne - et notamment par la série « Un cavalier sans monture », inspiré du faux tsariste « Le Protocole des Sages de Sion » -, le ministre néerlandais des Affaires Etrangères, Jaap de Hoop Scheffer, menaçait de faire pression sur l’UE afin qu’elle ne renouvelle pas son accord de coopération avec l’Egypte si celle-ci n’arrêtait pas cet antisémitisme télévisuel. M. de Hoop Scheffer déclarait : « Ce genre d’émissions, dans ce pays, non seulement témoigne de tendances antisémites, mais également cause de profonds dommages au processus de paix au Moyen-Orient ». En France, c’est l’Etat juif que l’UPMC veut faire punir par l’UE pour des fautes qu’il ne commet pas...
« Il [le conseil d’administration] a donné mandat au président pour qu'il prenne contact avec les dirigeants des universités israéliennes et palestiniennes pour développer les coopérations inter-universitaires et œuvrer dans le sens de la paix ». Comment mener une telle entreprise quand on demande à l’UE de boycotter Israël ? Comment être crédible dans sa démarche en prenant parti contre l’une des parties ?
« La Présidence de l'université tient à rappeler que l'Université Pierre et Marie Curie condamne fermement les entraves mises aux libertés universitaires et les actes de terrorisme d'où qu'ils viennent ». Même pas la nomination des organisations terroristes dont le Hamas et le Djihad islamiste, implantés dans l’Université Al Najah, visitée récemment par M. Béréziat.
« Elle considère que le développement de coopérations universitaires israélo-palestiniennes est un facteur de paix ». Dont acte.
« La Présidence s'en tiendra au seul mandat qui lui a été confié à savoir l'amplification de la coopération avec les universités israéliennes et les universités palestiniennes ». La rédaction de la motion lui permettait cependant de poursuivre au sein de l’assemblée de la CPU une action de boycott contre Israël.
« La Présidence de l'Université Pierre et Marie Curie souhaite donc que, dans le cadre de la préparation du prochain programme cadre de recherche et de développement de l'Union Européenne, et dans le respect des termes de l'accord existant, les actions puissent être étendues à l'entité palestinienne ». Compte-tenu des détournements de fonds par l’Autorité palestinienne, n’est-il pas nécessaire de sélectionner les Universités et Universitaires bénéficiaires et de contrôler l’usage de cet argent ?
« Elle œuvre dès à présent pour que des projets associant l'UPMC à la fois à des universités israéliennes et à des universités palestiniennes soient élaborés dans les meilleurs délais ». OK.
Mais les présupposés graves et faux demeurent : « « L'occupation israélienne des territoires de Cisjordanie et de Gaza rend impossible l'activité d'enseignement supérieur et de recherche de nos collègues palestiniens : le renouvellement de l'accord d'association Union Européenne - Israël, en particulier en matière de recherche (6e PCRD), constituerait un soutien à la politique actuelle de l'Etat israélien et serait en contradiction avec l'article 2 de cet accord (" les relations entre les parties, de même que toutes les dispositions du présent accord, se fondent sur le respect des droits de l'Homme et des principes démocratiques qui inspire leurs politiques internes et internationales et qui constitue un élément essentiel du présent accord ") ».
Par ce communiqué alambiqué, M. Béréziat tente de semer la confusion. Il y a un peu réussi. Le journal britannique, « The Guardian », a titré à tort « Une Université abandonne son boycott d’Israël » (« University drops Israeli boycott ») en ne nommant, dans le corps de l’article, que l’UPMC. Mais il incombe à M. Béréziat de résoudre le problème où il a contribué à plonger cette Université. Une seule voie : proposer une nouvelle motion au conseil d’administration afin d’annuler celle du 16 décembre 2002.
Sur une radio juive, M. Klugman a estimé que M. Béréziat, doit « se soumettre ou se démettre car par ses prises de position unilatérales, il a fait en sorte que son université est pointée du doigt ». Il appelle à une convocation du conseil d’administration de l’UPMC pour annuler la motion jugée illégale.
"L’Intifada des campus"
Quel bilan dresser de cette bataille ?
On peut vaincre les ennemis de la république, de la démocratie et d’Israël grâce à une mobilisation rapide et large : l’UEJF, les pouvoirs publics français et israéliens, des individus motivés - dont Isabelle et Bernard Maro, Yankel Fijalkow - lançant une pétition aux 21 000 signatures, la communauté juive, des médias. Le grand quotidien français « Le Figaro » a traité de « l’Intifadah des campus » : difficultés pour les étudiants Juifs et les pro-israéliens à s’exprimer et à étudier, campagnes agressives pro-palestiniennes menées dans l’indifférence et l’inaction des autorités publiques, etc. Rappelons le cocktail molotov jeté contre le local de l’UEJF à Jussieu au printemps 2002, sans réaction de l’UPMC.
Mauvais point : la France est perçue à l’étranger comme un pays touché par le boycott universitaire d’Israël et le « divestment ». L’UPMC concentrant l’opprobre en France, en Europe, aux Etats-Unis, etc. pour son action illégale et immorale.
On peut vaincre les ennemis de la république, de la démocratie et d’Israël grâce à une mobilisation rapide et large : l’UEJF, les pouvoirs publics français et israéliens, des individus motivés - dont Isabelle et Bernard Maro, Yankel Fijalkow - lançant une pétition aux 21 000 signatures, la communauté juive, des médias. Le grand quotidien français « Le Figaro » a traité de « l’Intifadah des campus » : difficultés pour les étudiants Juifs et les pro-israéliens à s’exprimer et à étudier, campagnes agressives pro-palestiniennes menées dans l’indifférence et l’inaction des autorités publiques, etc. Rappelons le cocktail molotov jeté contre le local de l’UEJF à Jussieu au printemps 2002, sans réaction de l’UPMC.
Mauvais point : la France est perçue à l’étranger comme un pays touché par le boycott universitaire d’Israël et le « divestment ». L’UPMC concentrant l’opprobre en France, en Europe, aux Etats-Unis, etc. pour son action illégale et immorale.
Ce rejet d’une motion de boycott par l’Université Paris VII est une victoire éphémère et partielle. Car demeure la motion infamante de l’UPMC. Et le programme PEACE de l’UNESCO intégrant l’Université Al Najah (Naplouse), dénommée « la fabrique des terroristes » par le Hamas ! Alors que cette organisation onusienne « a reçu pour mandat de faire de la coopération dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture, le moyen privilégié pour atteindre graduellement les buts de paix internationale et de prospérité commune de l’humanité ». Et les liens étroits entre l’université Al Najah et des universités françaises. Et des motions universitaires diffamant l’Etat hébreu et ignorées du grand public, faute d’écho médiatique.
« L’affaire du boycott universitaire d’Israël » a révélé des faits graves. Tout d’abord, la dégradation de l’image d’Israël. Il est apparu aussi que le terrain universitaire avait été labouré par des syndicats de professeurs et d’étudiants, à la compassion exclusivement dirigée vers les Palestiniens, et à l’ignorance dangereuse des faits évoqués. « De l’université aux banlieues, il devient difficile, voire dangereux, d’émettre un avis favorable à Israël et a fortiori aux Juifs », indique l’Association France-Israël. Ceci résulte notamment du laxisme, de l’inefficacité de certaines actions menées ou de l’indifférence des pouvoirs publics. Les écoliers, collégiens et lycéens décrits par le livre « Les Territoires perdus de la République », caractérisés notamment par leur antisémitisme et leurs violences, sont devenus des étudiants. Leurs idées sont partagées par des enseignants.
Tout un travail d’information sur la réalité du conflit israélo-musulman et sur la vraie nature d’Israël s’impose donc sur les campus. Mais il requiert un climat de tolérance pour être entrepris. A noter que des universités américaines, canadiennes, belges, etc. présentent un environnement hostiles aux Juifs et aux pro-israliens. Elles sont le théâtre de campagnes antisémites et ant-iisraéliennes. A l’Université Concordia (Canada), on a comparé l’Etoile de David à la croix gammée. A l’Université d’Etat de San Francisco, des étudiants juifs ont été agressés physiquement aux cris de « Hitler n’a pas terminé le travail ». Des étudiants belges ont reçu des menaces de mort pour avoir apposé des affiches pro-israéliennes. L’Union Mondiale des Etudiants juifs, le Congrès Juif Mondial, Hillel, la Fondation juive estudiantine, et d’autres associations juives s’efforcent de mieux informer et former les étudiants afin de renverser cette vague dangereuse. Des signes forts des autorités universitaires et politiques sont nécessaires pour qu’un climat de paix se réinstalle.
Le combat continue donc pour vaincre le boycott d’Israël voté par l’UPMC. Celle-ci goûte l’amer goût de la solitude et de la réprobation quasi-unanime. Un sort qu’elle a réservé à l’Etat juif.
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Cet article a été publié par Guysen.
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