Acteur, vice-président de Paramount Pictures (1966-1974), Robert Evans (1930-2019) a dirigé ce célèbre studio cinématographique qu’il sauve de la faillite en produisant des succès internationaux : Rosemary's baby, Love Story, Le Parrain, Chinatown, Serpico. Sa dépendance à l’égard de la cocaïne, et son implication dans un scandale ont induit dans les années 1990 sa chute suivie d'une nouvelle ascension. Robert Evans a publié son autobiographie The Kid Stays in the Picture (1994). Réalisateur, acteur et producteur, Ben Affleck prépare, selon Deadline, son prochain film : l'adaptation cinématographique de "The Big Goodbye: Chinatown and the Last Years of Hollywood" (2020) de Sam Wasson. Le récit du tournage de Chinatown, film noir de Roman Polanski (1974).

Alors qu’il travaillait dans l’entreprise de prêt-à-porter féminin Evan-Picone, co-dirigée par son frère Charles et popularisant les pantalons, Robert Evans, né en 1930 Robert J. Shapera dans une famille Juive new-yorkaise bourgeoise, se dirige alors vers une carrière d’acteur. Adolescent, il avait déjà joué pour des émissions radiophoniques à New York.
« The kid stays in the picture. And anybody who doesn't like it can quit » (« Le môme fait le film. Et quiconque n’apprécie pas peut partir »). Cette décision lapidaire de Darryl Zanuck (1902-1979), célèbre producteur américain longtemps à la direction de la Twentieth Century-Fox, scelle le maintien du jeune acteur Robert Evans, interprète d’un toréador, dans la superproduction hollywoodienne Le Soleil se lève aussi (The Sun also rises), réalisé par Henry King (1957), d’après un roman d’Ernest Hemingway (1926), avec Ava Gardner, Mel Ferrer et Tyrone Power. Convaincus que ce débutant conduiraient le film au désastre, ces stars et ce romancier avaient réclamé son éviction. En vain.

Ascension et chute
Lors de son contrat de cinq ans - trois films - pour la Fox, son caractère déterminé lui vaut la suspension de son contrat. Le rôle qu’il devait jouer est confié à un comédien débutant : Peter Falk, qui est nommé pour l’Oscar.

Il achète les droits du roman The Detective, et signe avec la 20th Century Fox un contrat de trois films. Il envisage un film avec Alain Delon et Brigitte Bardot…

« Propulsé à la tête de la Paramount à la faveur d'un rachat en 1967 », Bob Evans met un terme à son contrat avec la 20th Century Fox, et, encouragé par son mentor, le producteur Sam Spiegel - Bridge Over The River Kwai, Lawrence Of Arabia -, se rend en Grande-Bretagne.

Il soustrait à la BBC le projet de Franco Zeffirelli d’adapter au cinéma Roméo et Juliette de Shakespeare avec, pour la première fois, des acteurs ayant l’âge des rôles : Olivia Hussey (17 ans) et Leonard Whiting (20 ans).
Il produit aussi Oh, What A Lovely War (Ah Dieu ! que la guerre est jolie), film musical réalisé par Richard Attenborough, avec Ralph Richardson, John Gielgud, Laurence Olivier, John Mills, Michael Redgrave, Dirk Bogarde, Jack Hawkins, Maggie Smith, Kenneth More, et Susannah York.
Malgré l’opposition des distributeurs, mais avec l’appui de Charlie Bluhdorn, Bob Evans cumule la direction de la Paramount à Hollywood et la supervision de ses films britanniques. Avec succès.

Sous sa férule, Paramount Pictures, neuvième studio hollywoodien en 1967, devient très rentable, mais sans associer Bob Evans aux succès, sans lui accorder de bonus.

Tout en produisant pour la Paramount, Bob Evans crée sa société de production, puis abandonne ses fonctions dans ce studio pour se consacrer à sa fonction de producteur indépendant dans le Nouvel Hollywood.
A son actif : Marathon man de John Schlesinger (1976) pour lequel il persuade l’assureur Lloyds de couvrir Sir Laurence Olivier atteint d’un cancer et ayant besoin de gagner sa vie – l’enthousiasme de l’acteur pour ce film lui a procuré une rémission de onze ans -, Black Sunday, Popeye (1980), Urban Cowboy (1980), The Cotton Club (1984) et The Two Jakes (1990) qui ne rencontrent pas le succès espéré, Sliver (1993), Jade (1995), The Phantom (1996), The Saint (1997) loin du film dont il rêvait. How to Lose a Guy in 10 Days, son dernier film, remonte à 2003.
Un échec cruel : Le Petit prince, réalisé par Stanley Donen (1974).

En 1983, l’assassinat de Roy Radin, son partenaire dans la production de The Cotton Club, et le refus de Bob Evans de répondre aux questions de la justice lors du procès – Evans invoque le cinquième amendement – influent négativement sur sa vie et son image.
Bob Evans anime l’émission télévisée In Bed with Robert Evans.

Robert Evans est un personnage quasi-légendaire qui a inspiré le réalisateur Orson Welles pour The Other Side of the Wind (1970–6) et la série télévisée Entourage pour le personnage d’un producteur incarné par Martin Landau.
Robert Evans a publié son autobiographie The Kid Stays in the Picture (1994), qui a inspiré The Kid Stays in the Picture. L’incroyable histoire vraie de Robert Evans (2002), documentaire de Brett Morgen et Nanette Burnstein.
Robert Evans a publié son autobiographie The Kid Stays in the Picture (1994), qui a inspiré The Kid Stays in the Picture. L’incroyable histoire vraie de Robert Evans (2002), documentaire de Brett Morgen et Nanette Burnstein.
« Narré comme un film noir, par une voix off au charme désabusé, ce documentaire nous immerge habilement dans le microcosme glamour et sans merci d'Hollywood. Un documentaire fitzgéraldien, truffé d'extraits, d'archives et d'anecdotes croustillantes, qui se conclut par une savoureuse imitation de Robert Evans par Dustin Hoffman ».
Le documentaire « The Kid Stays in the Picture. L’incroyable histoire vraie de Robert Evans” de Brett Morgen et Nanette Burnstein a été projeté lors du Festival international de film à Cannes en 2002. Lors de sa projection au Sundance Film Festival de 2002, Robert Evans a été accueilli par une standing ovation de douze minutes.

L'autobiographie The Kid Stays in the Picture a été adaptée en pièce de théâtre par la compagnie Complicite au Royal Court Theatre à Londres (2017), dans une mise en scène de Simon McBurney et avec Danny Huston.
Robert Evans est mort en 2019 à l'age de 89 ans.

« The Kid Stays in the Picture. L’incroyable histoire vraie de Robert Evans ”, de Brett Morgen et Nanette Burnstein
Etats-Unis, 2002, 90 minutes
Sur Arte les 15 mars à 22 h 55 et 19 mars 2015 à 2 h 35
Visuels :
© USA Films
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Cet article a été publié le 15 mars 2015, puis le 4 avril 2017.
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