
« Comparés à « un patient que l’on a réanimé encore et encore », selon les mots du réalisateur et producteur allemand Tom Tykwer (L’enquête), les studios ont traversé l’empire allemand, la république de Weimer, le IIIe Reich, la République démocratique allemande (RDA) et l’Allemagne réunifiée.
De « Metropolis » de Fritz Lang au thriller de Roman Polanski « The Ghost writer », ce « documentaire conte l’ascension, la chute puis la renaissance de ce temple cinématographique”.
« Hollywood allemand »

Une action pionnière dans l’histoire du cinéma en Europe. Un mythe va bientôt naitre.
Dès 1912, Der Tontentanz (Danse macabre) y est réalisé. Sa principale actrice, la danoise Asta Nielsen, accède au rang de star des studios.
A la lumière naturelle éclairant les premiers films, est adjointe la lumière artificielle. Sophistiquée, cette lumière-ci sied aux éclairages expressionnistes prisant les contrastes marqués.
A la lumière naturelle éclairant les premiers films, est adjointe la lumière artificielle. Sophistiquée, cette lumière-ci sied aux éclairages expressionnistes prisant les contrastes marqués.

Sous l’impulsion de la firme de production cinématographique UFA (Universum Film AG), ces studios s’adaptent au cinéma parlant par une acoustique remarquable, une protection des bruits extérieurs parfaite.
Pour son film de science-fiction Metropolis (1927), Fritz Lang tourne dans un plateau de 2 200 m². Là, Eugen Schüfftan (1893-1977), chef opérateur génial perfectionne la technique d’effets spéciaux sur laquelle il travaillait depuis 1923 avec Ernst Kunstmann, qu’il avait expérimentée lors du tournage de Die Nibelungen (1924) de Fritz Lang et qui sera dénommée l'effet Schüfftan. Dans Metropolis Eugen Schüfftan associe habilement miroirs, maquettes de décor et acteurs pour donner aux spectateurs l’impression de gigantesque. Détenu par l’UFA et une société de miroiterie, ce procédé est la propriété aux Etats-Unis du studio Universal Pictures.
L’avènement du nazisme en Allemagne en 1933 incite nombre d’artistes et de techniciens à fuir les persécutions antisémites ou politiques. Fritz Lang, Billy Wilder, Eugen Schüfftan se réfugient d’abord en France, puis rejoignent les Etats-Unis.
Sous la férule de Goebbels, ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande sous le IIIe Reich (1933-1945), les studios Babalsberg sont dotés de la Deutsche Filmakademie Babelsberg, école destinér à former des réalisateurs nazis contraints d’adhérer au syndicat le Reichsfilmkammer. A l’instar des Oscar, sont créés les Deutscher Filmpreis.
Près de mille films, sur les 1 100 réalisés sous le IIIe Reich, sont réalisés dans ces studios : Münchhausen (Les aventures du baron Munchhausen) de Josef von Báky, des films de propagande ou antisémites - Le Juif Süss (Jud Süß) de Veit Harlan (1940) -, des films mièvres…


En 1965, le Parti communiste interdit tous les films produits.
En 1990, la réunification de l’Allemagne correspond au début de la crise affectant ces studios : absence de commandes étatiques de films, désintérêt des producteurs occidentaux, habitudes issues de la bureaucratie communiste, etc. En quelques années, l’effectif de ces studios diminue drastiquement : de 2 400 à 792.
1992 marque le rachat des studios par la Compagnie générale des eaux (CGE) et l’installation en leur sein des bureaux d’une chaîne de télévision du Land. Nouveauté : les touristes affluent pour découvrir ces studios mythiques. Ce qui crée 120 emplois.
A l’initiative de la CGE, notamment de sa filiale la Compagnie Immobilière Phénix (CIP), les studios Babelsberg associent tournages de films, plateaux pour des sociétés de (post)production ou de télévision, etc. Avec des tarifs inférieurs de 10% à ceux de Hollywood, des subventions étatiques…

Parmi les films tournés à Babelsberg : Jakob the Liar (1999) de Peter Kassovitz avec Robin Williams, Alan Arkin et Liev Schreiber, Inglourious Basterds (2009) par Quentin Tarantino avec Brad Pitt, Mélanie Laurent, Christoph Waltz et Diane Kruger, Le Pianiste de Roman Polanski, Stalingrad de Jean-Jacques Annaud, Monuments Men (2014) de George Clooney avec Matt Damon, George Clooney et Cate Blanchett.
Au « travers des films emblématiques qui ont suivi, les réalisateurs content » l’histoire de « ce temple cinématographique, dont l’histoire mouvementée a toujours été liée aux fractures historiques vécues par le pays ».
« Aux images d’archives de tournage, dans lesquelles se glissent de véritables trésors – comme les premières auditions de Marlene Dietrich pour L’ange bleu –, se mêlent les souvenirs de grands réalisateurs : Fritz Lang racontant comment il a échappé à Goebbels ou encore Wolfgang Kohlhaase se remémorant le passage des studios sous orbite communiste après 1945. Des acteurs de renom (Angelica Domröse, Uwe Kockisch, Michael Gwisdek) prennent également la parole pour dévoiler les coulisses de ce Hollywood allemand, qui attire aujourd’hui des pointures américaines telles que Quentin Tarantino ».
Arte diffusa le 25 mai 2016 à 22 h 10 Quand la RDA faisait son cinéma (Grosses Kino Made in DDR), documentaire de André Meier (2016, 52 min). "Retour sur l'histoire mouvementée du cinéma en RDA, à travers celle de sa société de production, la Defa, qui, de 1946 à 1992, produisit plus de 1 200 films. L'histoire du cinéma est-allemand est indissociable de celle de la Defa (Deutsche Film AG), société de production d'État, fondée en 1946 sous l'impulsion des autorités soviétiques. Avec à terme 2 200 employés, la Defa, installée dans le quartier de Babelsberg à Potsdam, a produit jusqu'en 1992 plus de 700 longs métrages de cinéma et plus de 500 téléfilms".

« Les studios Babelsberg ou le Hollywood allemand » de Alexander Lück et Daniel Finkernage
53 min
Sur Arte le 5 février 2015 à 0 h 20
Visuels :
Les studios, au lever du soleil
© Finkernagel&Lück
Volker Schlöndorff
© Finkernagel&Lück
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Les citations proviennent d'Arte. Cet article a été publié le 4 février 2015.
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