Né dans une famille Juive en Roumanie, Saul Steinberg est un célèbre caricaturiste, graphiste, scénographe, dessinateur de mode, de publicité et presse et illustrateur américain, notamment pendant 60 ans pour The New Yorker. Un auteur au trait « élégant, incisif et inventif » et au style « entre humour, caricature et fable politique ». Le Centre Pompidou présente l'exposition "Saul Steinberg, entre les lignes".
« Dessiner est un dur plaisir », déclarait le photographe Henri-Cartier-Bresson.
Son ami Saul Steinberg renchérissait : « Il est difficile de reproduire la nature dans toute sa réalité substantielle, d'en saisir la vérité intrinsèque ; cela exige beaucoup d'efforts, un engagement auquel on se soustrait par paresse – il est tellement plus commode, moins fatiguant, d'inventer » (Ombres et reflets).
« Balkan Bazaar » (Charles Simic)
Saul Steinberg naît dans une famille Juive d’origine russe de la petite bourgeoisie à Râmnicu Sărat, Buzău, (Roumanie) en 1914 : son père imprimeur fabriquait des boites cartonnées.
Architecte formé à Milan (1933-1940) – son diplôme précise « Saul Steinberg, de race juive » -, il débute par des caricatures particulièrement incisives publiées dans un journal italien antifasciste, Bertoldo.
Ses premiers dessins sont publiés en 1940 dans Life et Harper’s Bazaar, et au Brésil.
Persécuté par les lois antisémites fascistes, Saul Steinberg est interné six mois en 1941 dans un camp en Italie, et parvient à fuir ce pays.
Avant son arrivée aux Etats-Unis, alors qu'il attendait son visa à Saint-Domingue, il initie une collaboration de plus de 50 ans avec le réputé New Yorker dont il illustre 90 couvertures et dont 1 200 dessins sont publiées en pages intérieures.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il crée en 1942 des dessins contre les forces de l’Axe pour le journal PM, et arrive à New York en juin 1942
Naturalisé américain en février 1943, il sert comme officier des services de renseignements de la Marine et du Bureau des affaires stratégiques (OSS). Affecté dans un centre d’entrainement en Chine en juillet 1943, il est affecté à Alger auprès des services de propagande (Morale Operations) du OSS.
La première exposition individuelle de Saul Steinberg a lieu à la Wekefield Gallery, à New York, en 1943.
La première exposition individuelle de Saul Steinberg a lieu à la Wekefield Gallery, à New York, en 1943.
En 1944, Saul Steinberg sert à Naples, puis à Rome où il dessine des supports de propagande.
A l’automne 1944, il revient à Washington et épouse Hedda Sterne, artiste originaire de Roumanie.
Génie du dessin
En 1946, le Museum of Modern Art présente l’exposition Fourteen Americans, avec des œuvres de Steinberg, Arshile Gorky, Isamu Noguchi, et Robert Motherwell.
En 1947-1948, Saul Steinberg conçoit "des œuvres murales pour le restaurant d’un hôtel moderne, le Terrace Place Hotel à Cincinnati (aujourd’hui conservée au Cincinnati Art Museum) et pour les bars de quatre bateaux de la compagnie maritime American Export Lines". Est publié son deuxième livre The Art of Living.
L’année suivante, son œuvre murale de la ville de Détroit est présentée à l’exposition phare de design intérieur « An Exhibition for Modern Living » au Detroit Institute of Arts.
Il s’impose comme dessinateur satirique, propagandiste, illustrateur, graphiste, muraliste, dessinateur de mode et de publicité, scénographe et créateur de livres d'images. L’un de ses dessins les plus célèbres est View of the World from 9th Avenue pour The New Yorker (29 mars 1976), carte représentant la géographie mentale des habitants de Manhattan.
Il dessine dans la section de l’Histoire de l’architecture du Children's Labyrinth (Labyrinthe des enfants), œuvre murale pour la Xe Triennale de Milan en 1958 et un collage panoramique de 80 mètres de long The Americans du pavillon américain pour la Foire mondiale de Bruxelles (1958).
En 1960, Saul Steinberg « se sépare de Hedda Sterne, avec laquelle il reste proche jusqu’à la fin de sa vie ». Il débute « sa relation avec Sigrid Spaeth, étudiante allemande en photographie et design. Il recentra désormais son travail autour de ses dessins et couvertures pour le New Yorker et de ses expositions pour les galeries américaines et européennes », et est influencé par sa lecture des comix underground en 1968.
Pour la galerie Maeght, il crée en 1966 Le Masque. Ce qui l’inspirera pour créer sa série Les Masques en papier marron découpé et décoré de visages. Une métaphore sur les personnages joués par tout un chacun dans la société. Des masques stylisés portés par des personnes, et photographiés par Inge Morath.
Saul Steinberg se définissait comme « un écrivain qui dessine… Plus qu'un peintre peignant, je me sens chef d'orchestre », auteur de dessins comparables à des « leurres fascinants ».
Des rétrospectives de l’œuvre de Saul Steinberg ont été montrées aux Etats-Unis et en Europe, notamment au Whitney Museum of American Art (1978) et à l’IVAM (Institute for Modern Art in Valencia) en Espagne (2002).
En 2006, est inaugurée aux Etats-Unis la rétrospective itinérante Steinberg: Illuminations. En France, la Fondation Henri Cartier-Bresson la présente en 2008 en offrant aux visiteurs un aperçu global par une centaine de dessins, collages et assemblages réalisés des années 1930 aux années 1990.
En 2008, Quelques mois après la rétrospective Illuminations à la Fondation Henri Cartier-Bresson, la galerie Claude Bernard a présenté une vingtaine de collages, dessins et sculptures – techniques mixtes sur bois - de cet artiste américain populaire. Dans The American Corrida (1981), Saul Steinberg dessine ironiquement un Oncle Sam, aux allures du président Lincoln, qui tient dans une arène un fanion Stars and Stripes devant un immense paon faisant la roue. Une autre œuvre montre avec fantaisie des étiquettes surnageant entre les vagues d’un papier à musique. On retrouve ce goût des formes géométriques dans Easel (1988) composé d’une série de morceaux de bois semblant former un étrange oiseau. Préfacé par Philippe Dagen, un joli catalogue accompagnait l’exposition.
La Halle Saint Pierre a présenté l'exposition Les Cahiers dessinés (21 janvier-14 août 2015) réunissant plus de 500 œuvres de 67 artistes internationaux dont Anne Gorouben, Marcel Katuchevski, Roland Topor et Saul Steinberg.
Originaire lui aussi de Roumanie, le dramaturge Ionesco disait de Saul Steinberg : « Je crois qu'aucun autre artiste n'a su comme lui ou n'a réussi comme lui à faire de la caricature un langage et une critique métaphysiques ».
"Sculptures"
A l'automne 2015, la Galerie Claude Bernard présenta l'exposition collective Sculptures avec notamment des œuvres de Saul Steinberg (1914-1999). En 1957, Claude Bernard ouvrait sa galerie en présentant des sculptures qu'il affectionnait tant. En 2015, la galerie propose une exposition de sculptures en bois, en marbre, en pierre, d'artistes tels Picasso, Max Ernst...
"Saul Steinberg, entre les lignes"
Le Centre Pompidou présente l'exposition "Saul Steinberg, entre les lignes" dont les commissaires sont Anne Montfort-Tanguy et Valérie Loth.
"De la revue satirique Bertoldo au magazine The New Yorker, le dessin de presse de l'artiste américain Saul Steinberg (1914–1999) est aisément reconnaissable, questionnant les us et coutumes de ses contemporains avec une légèreté toute poétique."
"L'exposition propose d'élargir le regard sur l'œuvre d'un homme qui a traversé tout le 20e siècle et côtoyé, sinon collaboré avec des maîtres de toutes les disciplines artistiques (arts plastiques, photographie, design, cinéma, littérature), sachant toujours s’emparer de nouveaux supports pour libérer le dessin de la feuille de papier."
Un artiste qui a inspiré son homologue admiratif, Sempé.
"Réunissant plus de quatre-vingts œuvres tous supports confondus (assemblages, dessins, objets, livres, photographies) dont un ensemble exceptionnel et monumental, The Art Viewers (1966) – rare témoignage de l’activité de muraliste de Steinberg –, « Entre les lignes » propose de s'immerger dans l'univers de Saul Steinberg (1914-1999). Grâce à la générosité de la Saul Steinberg Foundation, le Centre Pompidou conserve aujourd’hui un ensemble exceptionnel d’œuvres de l'artiste américain : aux trente-six dons consentis à l'American Friends of the Centre Pompidou, déposés au Musée en 2017, s’est ajoutée cette année une œuvre monumentale, The Art Viewers (1966), rare témoignage de l’activité de muraliste de Steinberg.
"Ce gigantesque assemblage n’a jusqu'alors été présenté au public que quelques semaines à la galerie Maeght, pour laquelle il a été conçu. Proposant une sorte de suite virtuelle à l’exposition de ses œuvres, il offre une synthèse des réflexions de Saul Steinberg tant sur l’héritage moderniste que sur le fait social de l’art. Plus encore, The Art Viewers invite à repenser les rapports entre l’œuvre et le spectateur, le créé et le créateur."
"De prestigieux prêts extérieurs, dont plusieurs d’œuvres jamais exposées auparavant, viennent compléter les deux donations présentées pour la première fois dans leur ensemble. Le parcours de l’exposition explore successivement l’usage fait par l’artiste de l’écriture du symbole, sa conception très personnelle du reportage et du dessin de presse, son intérêt pour le faux et le faux semblant, son questionnement sur l’identité au travers du thème du masque, avant de finalement interroger le caractère autobiographique de son travail."
"Regarder l’œuvre de Saul Steinberg incite irrémédiablement à se plonger dans l’histoire culturelle du 20e siècle. L’artiste a côtoyé Picasso, les peintres de l’action painting new-yorkaise et figure parmi les initiateurs du pop art américain. Steinberg a su innover en s’emparant de nouveaux supports pour libérer le dessin de la feuille de papier ; il a utilisé les ressources de la photographie avec la complicité de Henri Cartier-Bresson ou d’Inge Morath, et a collaboré avec des designers comme Charles et Ray Eames ou des cinéastes tel Alfred Hitchcock. Son œuvre inclassable, qui appartient tout autant à l’univers des beaux-arts qu’à celui du dessin de presse, a très vite attiré l’attention des plus grands historiens et critiques d’art de son temps, d’Ernst Gombrich à Harold Rosenberg. Féru de littérature, Steinberg a fréquenté nombre d’écrivains d’avant-garde comme Italo Calvino, Eugène Ionesco ou John Updike qui se sont intéressés en retour à son œuvre. Il demeure enfin une référence incontournable pour plusieurs générations de dessinateurs."
"Steinberg a conservé de sa formation d’architecte un goût prononcé pour les formes géométriques et les vues urbaines. Mais c’est dans le dessin de presse (de la revue satirique Bertoldo à sa longue collaboration avec le magazine The New Yorker), que l’artiste a forgé son style aisément reconnaissable où, sous couvert d’une légèreté poétique, il questionne les us et coutumes. Plusieurs fois contraint à l’exil par la montée des fascismes, Saul Steinberg a conservé cette curiosité distanciée de l’étranger vis-à-vis de son pays d’accueil. Ses dessins, transpercés par son regard amusé, parfois acerbe, sont d’une telle acuité qu’ils ont fini par incarner l’imagerie de la société américaine du siècle dernier. Polyglotte par la force des choses, cerclé d’imprimés, l’artiste a su s’affranchir des codes du langage et créer au sens propre comme au figuré, une écriture personnelle."
Au Centre Pompidou
Galerie d'art graphique
75191 Paris cedex 04
Tél. : 00 33 (0)1 44 78 12 33
Tous les jours sauf mardis de 11h à 21h. Réservation fortement recommandée
Visuels :
Saul Steinberg
(1914, Royaume de Roumanie - 1999, États-Unis)
Autogeography
circa 1966
Encre, gouache et aquarelle sur papier (BFK)
Dimensions : 75 x 52,7 cm
Gift of The Saul Steinberg Foundation to the Centre Pompidou Foundation. Dépôt de la Centre Pompidou Foundation, 2017
Saul Steinberg
(1914, Royaume de Roumanie - 1999, États-Unis)
Untitled
1974
Mine graphite et crayon de couleur sur papiers assemblés
Dimensions : 52,7 x 35 cm
Gift of The Saul Steinberg Foundation to the Centre Pompidou Foundation. Dépôt de la Centre Pompidou Foundation, 2017
Saul Steinberg
Art Viewers (détail), 1966 Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris. Don de la Saul Steinberg Foundation, New York © The Saul Steinberg Foundation / Adagp, Paris 2021.
Saul Steinberg
(1914, Royaume de Roumanie - 1999, États-Unis)
Colors
1971
Collage de papier coupé et coloré (aquarelle, gouache), huile, crayon de couleur, vernis, tampon en caoutchouc sur papier
Dimensions : 75,2 x 55,5 cm
Gift of The Saul Steinberg Foundation to the Centre Pompidou Foundation. Dépôt de la Centre Pompidou Foundation, 2017
Inge Morath
(1923, Autriche - 2002, États-Unis)
Saul Steinberg masqué, New York
1959
Dimensions : 60,4 x 50,7 cm
Don du Jeu de Paume, avec le soutien de Magnum en 2013. Ancienne collection du Centre National de la Photographie.
Saul Steinberg
(1914, Royaume de Roumanie - 1999, États-Unis)
Untitled
1954
Encre, aquarelle, mine graphite et crayon gras sur papier (Strathmore)
Dimensions : 57,86 x 73,5 cm
Gift of The Saul Steinberg Foundation to the Centre Pompidou Foundation. Dépôt de la Centre Pompidou Foundation, 2017
Du 1er au 31 octobre 2015
A la galerie Claude Bernard
7-9, rue des Beaux Arts 75006 Paris
Tél. : 01 43 26 97 07
Du mardi au samedi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h 30 et exceptionnellement le 12 octobre de 14 h 30 à 18 h 30.
A la Halle Saint Pierre
2, rue Ronsard. 75018 Paris
Du lundi au vendredi de 11 h à 18 h. Le samedi de 11 h à 19 h, le dimanche de 12 h à 18 h.
Tél. : 33 (0) 1 42 58 72 89
Visuel :
SAUL STEINBERG - Révolution culturelle – Art news
1970 - Crayon - 58 x 74 cm
Coll. Isabelle Maeght, Paris © ADAGP, Paris 2015
Photo Galerie Maeght, Paris
A lire sur ce blog :
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Cet article a été publié en une version concise dans L'Arche. Il a été publié sur ce blog les 23 janvier et 9 août 2015, 7 octobre 2015.
Cet article a été publié en une version concise dans L'Arche. Il a été publié sur ce blog les 23 janvier et 9 août 2015, 7 octobre 2015.
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