Formé aux Ecoles des Beaux-arts de Varsovie (Pologne) et de Paris, Abram Topor (1903-1992) gagne sa vie comme artisan maroquinier dans la capitale française. Encourageant la vocation artistique de son fils Roland Topor (1938-1997), il crée à sa retraite une œuvre picturale principalement de paysagiste, reconnu en France et à l’étranger. La Halle Saint Pierre présente l'exposition Les Cahiers dessinés (21 janvier-14 août 2015) réunissant plus de 500 œuvres de 67 artistes internationaux dont Anne Gorouben, Marcel Katuchevski, Roland Topor et Saul Steinberg
Né en 1903 dans une famille Juive en Pologne, Abraham Topor obtient en 1929 un deuxième Prix de sculpture à l’Ecole des Beaux-arts de Varsovie, une bourse et un passeport gratuit pour la France.
En 1930, il complète sa formation à l’Ecole des Beaux-arts de Paris, où il fait venir sa fiancée, Zlata Binsztok, ouvrière brodeuse, et où il admire les chefs-d’œuvre au Louvre.
Pour gagner leur vie, il est recruté dans une usine de capitonnage de sièges pour wagons de chemin de fer en Lorraine. « Pendant ses moments de pause, il réalisait de petits bas-reliefs en cuivre repoussé sur des chutes de métal abandonnées dans l’atelier », écrit sa fille, l’historienne Hélène d’Almeida-Topor.
Licencié, Abram Topor devient artisan maroquinier, comme son père, dans son atelier du XIIIe arrondissement de Paris. Et par commodité, il choisit de peindre et de sculpter.
Au printemps 1941, il est interné au camp de Pithiviers en tant que Juif.
A l’été 1942, il se propose comme moissonneur, et aidé par son épouse, s’évade. La famille se cache en Savoie. De ces années, Roland Topor, fils du couple et enfant caché, dit : « Les Allemands sont lancés à mes trousses. Ils veulent ma peau. Beaucoup de Français sont des Allemands qui parlent français ».
Après la Deuxième Guerre mondiale, Abram Topor reprend son activité professionnelle et sa passion artistique.
Puis ce retraité, qui se surnomme le « jeune peintre qui monte », se consacre entièrement à la peinture, et expose ses tableaux dans des musées et galeries en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse, en Allemagne et en Italie. Hélène d’Almeida-Topor, fille d’Abram Topor, Anne d’Almeida, Fabrice d’Almeida et Nicolas Topor, jardinier paysagiste, ont consacré l’ouvrage Abram Topor, grandeur nature (Passages et éditions Seli Arslan, 2003) dédié à Zlata Topor.
La réussite vient vite, comme celle de son fils, l’artiste polymorphe – dessinateur notamment pour Hara-Kiri (1964-1968) et pour La Planète sauvage de René Laloux (1973), affichiste pour le cinéma et le théâtre, illustrateur de livres, peintre, écrivain, poète, metteur en scène, illustrateur, chansonnier, dramaturge, acteur, scénariste, réalisateur - Roland Topor (1938-1997), dont toute la famille encourage la vocation.
En 2003, le Centre d’Art et de Culture - Espace Rachi a présenté une soixantaine d’huiles et la lithographie, essentiellement des paysages, permettant de suivre l’évolution d’un style sur près de cinquante ans.
En touches légères, par des angles de vue, par des jeux de lignes et de perspectives surprenants, cet artiste réinvente la nature, ordonnée et verdoyante.
Ce sont des chemins tortueux dont la destination demeure inconnue.
Par des compositions guidant le regard, c’est aussi une invitation à l’exploration, au choix de voies à suivre.
Quand le regard découvre, surpris, un mouvement dans le tableau, c’est comme si l’artiste faisait sentir le frémissement du vent dans le feuillage, ou entendre le grouillement de petits courants d’eau.
En 2012, le musée François-Pompon de Saulieu avait proposé l’exposition Abram Topor : grandeur nature, accompagnée de la linogravure de Roland Topor. Pendant une trentaine d’années, Abram Topor a peint les paysages boisés du Morvan lors de ses séjours près de Gouloux, au hameau de Breuil
L’art d’Abraham Topor ? Faussement naïf, aimablement directif et paisiblement intrigant...
La Halle Saint Pierre présenta l'exposition Les Cahiers dessinés (21 janvier-14 août 2015) réunissant plus de 500 œuvres de 67 artistes internationaux dont Roland Topor, Saul Steinberg, Anne Gorouben, et Marcel Katuchevski.
Visuel :
ROLAND TOPOR
Happy-End,1977
Stylo, encre et crayon de couleur
32,2 x 24 cm
© Roland Topor,
ADAGP Paris 2015 / OEuvre publiée dans Therapien, 1982, Diogenes Verlag, AG Zurich / Coll. particulière / Photo Widmer Fluri
Articles sur ce blog concernant :
Cet article a été publié en une version concise dans Actualité juive hebdo, et sur ce blog le 19 janvier 2015.
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