Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 23 avril 2020

L’enfance de... Alexandre Arcady


Réalisateur, acteur, scénariste et producteur, Alexandre Arcady est le fils d’Alexandre, d’origine hongroise, et Driffa Egry, et l’aîné d’une fratrie de cinq frères. Il a grandi dans une famille Juive française modeste en Algérie. De son enfance qui a nourri son œuvre artistique, il garde le goût des grandes tablées familiales, la nostalgie d’une « mer omniprésente », et le souvenir d’un « Paradis perdu sur une terre âpre, violente, mais si infiniment attachante ». Propos recueillis fin 2006. OCS choc diffusera "L'Union sacrée" les 23 et 27 avril 2020OCS city diffusera "K" d'Alexandre Arcady les 30 avril 2020, 2, 8, 12 et 20 mai 2020. "Mariage mixte" d'Alexandre Arcady est disponible sur Ciné + jusqu'au 30/04/2020.


Tolérance. « J’ai grandi au 7, rue du Lézard, au pied de la basse Casbah d’Alger, un quartier populaire. Dans mon immeuble vivaient en paix Juifs, catholiques, Kabyles, Arabes ».

Pauvreté, solidarité et bonheur. « Alexandre, mon père était représentant de commerce. Ancien légionnaire, il aimait marcher. C’est à pied qu’il effectuait ses tournées, sous un soleil de plomb, pour vendre aspirateurs, anisette, chocolat... A la fin de son engagement, il avait rencontré ma mère Driffa, et tous deux s’étaient mariés. Driffa, ma mère, avait un caractère indépendant. Ma famille était très pauvre, mais nous n’avons jamais manqué de rien. J’ai le souvenir d’une enfance heureuse, de joie, d’amour, de solidarité. Cette terre, cette mer, les Bains Padovani, les Bains Franco nous étaient accueillants ».

Judaïsme. « Ma famille était traditionaliste. Nous fêtions les grandes fêtes. Au fond de notre cour, se trouvait une synagogue ».

Alger. « Je me souviens des odeurs - café grillé, épices -, mais surtout - café grillé, épices -, mais surtout des bruits caractéristiques : les rires d’enfants et la sirène des bateaux au loin, quittant le port. Lors du montage son de mes films, j’ajoute ces éléments qui ont bercé mon enfance ».

Le racisme et l'antisémitisme. « J’allais à l’école communale du Soudan, dans la casbah. Il y avait un racisme des petits Algériens à l’égard des Juifs et des chrétiens, minoritaires. Les petits Algériens nous ont fait sentir la différence. Cela a donné lieu à des bagarres. Au lycée Bugeaud à Alger, j’ai vu le racisme à l’égard des Arabes, minoritaires et visés par les quolibets des copains. Les enfants reflètent la haine des adultes ».

Le « retour » en France. « Cela a été une césure pour la génération de mes parents. J’avais 12 ans, je quittais un pays en guerre, avec des perspectives un peu étroites. Le fait de partir était un peu excitant. On allait voir en couleurs ce qu’on regardait en noir et blanc à la télévision… »


Quelques dates repères
(la filmographie n’est pas exhaustive)

1947
Alexandre Arcady naît à Alger.

1960
Il « retourne » avec sa famille en France.

1969
Il débute dans La Cravache d’or, série télévisée d’André Michel.

1970
Il met en scène Haute surveillance de Jean Genet, au Théâtre Récamier.

1976
Il joue dans Lorenzaccio d'Alfred de Musset, dans une mise en scène de Pierre Vielhescaze, pour les Tréteaux de France.

1977

Il fonde avec Diane Kurys Alexandre Films, société de production de films dont le premier film Diabolo menthe, réalisé par Diane Kurys est un succès public et est salué par la critique.

1979
Alexandre Arcady connaît le succès dès son premier film Le coup de sirocco, avec Roger Hanin, Marthe Villalonga, Patrick Bruel. Un succès commercial.

1982
Il dirige Le Grand pardon avec Roger Hanin.

1983

Le grand carnaval sort sur les écrans.

1985
Il réalise Hold-up.

1986

Dernier été à Tanger est diffusé dans les salles de cinémas françaises.

1989
Il réalise L’Union sacrée avec Richard Berry et Patrick Bruel. "Simon Atlan est inspecteur à la Brigade des stupéfiants. Lorsqu'on lui présente son nouveau collègue, ce juif pied-noir se montre d'emblée hostile : Karim Hamida a le tort d'être arabe. La tension est palpable entre les deux hommes qui se retrouvent à enquêter sur une affaire de drogue ayant fait dix morts parmi des lycéens. Ils comprennent que c'est l'oeuvre d'un groupuscule terroriste, composé de fanatiques musulmans dirigés par un certain Radjani. Ce dernier se fait passer pour un attaché culturel, ce qui lui offre une couverture pour ses activités criminelles. Simon et Karim cherchent à le confondre. Un polar mené tambour battant, faisant référence au climat politique français des années 80."

1991
Il dirige Pour Sacha avec avec Sophie Marceau et Richard Berry. "En 1967, Laura, une jeune violoniste et Sacha un prof de philo, partent en Israël vivre dans un Kibboutz. Trois amis parisiens, amoureux de Laura, viennent les rejoindre. La guerre des Six Jours éclate brutalement…"

1992
Le Grand pardon 2 sort en France.


1997
Il réalise K. "Samuel Bellamy, un jeune inspecteur de police, entretient depuis plusieurs années une grande amitié avec Joseph Katz, un vieux brocanteur juif rescapé de la déportation. Un jour, ce dernier reconnaît dans sa boutique l'Allemand qui a autrefois massacré sa famille et l'abat sous les yeux de Sam qui le laisse partir. Peu après, Katz trouve la mort dans des circonstances mystérieuses. Déterminé à venger son ami, Sam part alors à Berlin pour mener l'enquête et y fait la rencontre de la fille de l'ancien SS, persuadée que son père était un communiste de l'ex-RDA¿ Machination internationale, pillage nazi et paranoïa extrême sont les ingrédients de ce thriller au sujet sensible et au récit émouvant guidé par un Patrick Bruel impressionnant."

2003
Il écrit Le petit blond de la Casbah (Plon).

2004
Il met en scène le spectacle musical Les enfants du soleil et sort sur les grands écrans Mariage mixte, avec Gérard Darmon, Olivia Bonamy, Olivier Sitruk, Antoine Duléry, Fanny Cottençon, Patrick Chesnais, Jean Benguigui, Béatrice Agenin, Anne Berger, Lucien Layani, Gilbert Lévy, Axelle Abbadie, Julie Dray. Le 5 juin 2018, Ciné + Emotion diffusa ce film. "A la tête d'un grand groupe de casinos, Max mène une vie heureuse. Fier de sa réussite sociale, il est surtout très satisfait de voir sa fille, Lisa, réussir dans tous les domaines. Il nourrit d'ailleurs pour elle des projets ambitieux. Il rêve ainsi de la marier, dans la plus pure tradition juive, avec le fils de son meilleur ami. Soupçonneux, il a toutefois décidé d'embaucher un homme chargé de surveiller sa fille en permanence. Lorsqu'il apprend que Lisa est amoureuse d'un autre prétendant, il voit rouge, d'autant plus qu'il s'agit d'un «goy». Pour ce père un peu trop directif, c'en est trop. Lisa va essayer, tout en douceur, de le faire changer d'avis...".

2010
Il réalise Comme les cinq doigts de la main.

2012

"Ce que le jour doit à la nuit", d'Alexandre Arcady avec Nora Arnezeder, Fu'ad Ait Aattou, Anne Parillaud est distribué en France. "Algérie, années 1930. Younes a 9 ans lorsqu'il est confié à son oncle pharmacien à Oran. Rebaptisé Jonas, il grandit parmi les jeunes de Rio Salado dont il devient l'ami. Dans la bande, il y a Emilie, la fille, dont tous sont amoureux. Entre Jonas et elle naîtra une grande histoire d'amour, qui sera bientôt troublée par les conflits qui agitent le pays." 

2013
Il dirige 24 jours, La vérité sur l’affaire Ilan Halimi d’après 24 jours. La vérité sur la mort d’Ilan Halimi, de Ruth Halimi et Emilie Frèche (Seuil, 2009).
"24 Jours n’est pas un film sur le gang des barbares mais un film qui témoigne du martyr d’Ilan Halimi. En tant que cinéaste j'ai toujours porté un regard attentif sur l'actualité et sur l’Histoire. Le Coup de Sirocco parlait des rapatriés d’Afrique du Nord, Le Grand Carnaval racontait le débarquement des Américains en Algérie, L’Union sacrée réunissait deux flics, l'un juif, l'autre arabe dans un combat contre l'Islam radical. Pour Sacha, évoquait la Guerre des Six jours et la politique des territoires occupés en Israël. K, explorait le parcours d’un criminel nazi et la résurgence de l'extrême droite en Europe. Avec Là-bas mon pays, j’ai retrouvé l’Algérie en proie à une guerre civile épouvantable. Enfin, en adaptant le roman de Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit, j’ai mis en images une page de l’Histoire de France dans l’Algérie coloniale. Ces choix montrent ma volonté d'être attentif au monde et de considérer que le cinéma peut être parfois un outil d’éveil, un moyen de prise de conscience. Et tout naturellement, je ne pouvais pas être indifférent à cet assassinat qui a bouleversé notre pays en 2006. Il y a des moments dans la vie où l'on est happé, bousculé, outré, révolté. La mort d'Ilan, le premier jeune juif à avoir été tué en France depuis la Shoah, est un événement qui m'a meurtri, comme il a meurtri beaucoup d'entre nous. Ce crime antisémite n'était pas un fait divers, mais un phénomène de société grave. Comment aborder au cinéma un tel événement ?", a déclaré Alexandre Arcady. 

2015

Le 12 février 2015, à 20 h, l’Association Schibboleth organise, dans le cadre de ses séminaires sur les figures de la cruauté, à l'Institut Supérieur Européen de Gestion (ISEG) la projection en présence d'Alexandre Arcady de son film 24 jours, La vérité sur l’affaire Ilan Halimi. La projection sera suivie d’un débat : "questions sur la complicité d’une cité ; les stéréotypes moteurs de ces tortures et de cet assassinat ; interrogations sur la réaction de la presse (à l’événement et au film) et des institutions cinématographiques (au film) ; comment rendre compte de la cruauté dans un événement (social, psychique, politique) sans en faire une source de jouissance. Comment s’articulent cruauté et identification ?"

Alexandre Arcady, né Egry, a été promu au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur (J.O., 14 juillet 2015)


2017

Toute l'Histoire diffusa les 8, 9 et 14 janvier 2017, dans le cadre de la série L’événement historique qui m'a le plus marqué, Alexandre Arcady : Ma Guerre des Six-Jours.

Alexandre Arcady participa à la Convention du CRIF le 10 décembre 2017.

2021
Arte diffusa le 17 avril 2021, dans le cadre de « Square artiste » (Square für Künstler), « Carte blanche à Alexandre Arcady : "Sarah et les autres" » (Carte Blanche für Alexandre Arcady). « C’est en janvier 2020, alors qu’il accompagnait le président Macron en Israël à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d´Auschwitz, qu’Alexandre Arcady s’est rendu au cimetière de Jérusalem où sont enterrées 10 des 11 victimes d’assassinats antisémites commis en France depuis 2006. » Une évocation lacunaire, parfois passionnante ou désolante, éclairée par des avocats, dirigeants communautaires, l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, la Maire de Paris Anne Hidalgo et l'écrivain Tahar Ben Jelloun des assassinats antisémites commis en France depuis 2012.

2023
Le Petit blond de la Casbah
 sort en France. "Un réalisateur de cinéma revient avec son fils à Alger pour présenter son nouveau film qui raconte l’histoire de son enfance et de sa famille dans l’Algérie des années 60. Le cinéaste se promène dans sa ville natale et, à travers les souvenirs d’un petit garçon pas tout à fait comme les autres, il nous fait revivre les moments de bonheur, de rires et de larmes de son enfance algéroise. C’est tout un univers touchant et une galerie de portraits hauts en couleurs que le film ressuscite".


"L'Union sacrée" d'Alexandre Arcady
France, 1989, 2 h
Avec Richard Berry (Karim Hamida ), Patrick Bruel (Simon Atlan), Bruno Cremer (Joulin), Claude Brasseur (Colonel Revers), Saïd Amadis (Ali Radjani)
Sur OCS choc les 23 avril 2020 à 06 h 35 et 27 avril 2020 à 01 h 55

"K" d'Alexandre Arcady
France, 1997,  02 h 09
Avec Patrick Bruel (L\'inspecteur de police Sam Bellamy), Isabella Ferrari (Emma Güter), Marthe Keller (Nora Winter), Pinkas Braun (Joseph Katz / Karl Heinrich), Jean-François Stévenin (le commissaire Cortès)
Sur OCS city les 30 avril 2020 à 01 h 35, 2 mai 2020 à 08 h, 8 mai 2020 à 09 h 10, 12 mai 2020 à 13 h 40 et 20 mai 2020 à 11 h 55

Mariage mixte, d'Alexandre Arcady
France, 2004, 1 h 44
Avec Gérard Darmon, Olivia Bonamy, Olivier Sitruk, Antoine Duléry, Fanny Cottençon, Patrick Chesnais, Jean Benguigui, Béatrice Agenin, Anne Berger, Lucien Layani, Gilbert Lévy, Axelle Abbadie, Julie Dray
Sur Ciné + jusqu'au 30/04/2020

"Ce que le jour doit à la nuit", d'Alexandre Arcady

Avec Nora Arnezeder, Fu'ad Ait Aattou, Anne Parillaud. 
Sur France Ô le 21 mai 2019 à 22 h 40 

Articles sur ce blog concernant :
Cet article a été publié en une version concise dans Osmose.
Il a été republié sur ce blog le :
- 29 avril 2014 à l'approche de la sortie en salles de 24 jours. La vérité sur l'Affaire Halimi, réalisé par Alexandre Arcady ;
- 4 janvier 2015. HD1 a diffusé  à 23 h 05 L'Union sacrée, d'Alexandre Arcady, avec Richard Berry, Patrick Bruel, et Bruno Cremer ;
- 12 février et 15 juillet 2015, 9 janvier et 7 décembre 2017, 5 juin 2018, 22 mai 2019.

1 commentaire:

  1. Je savais que m. Arcade avait grandi à la rue du lézard, une rue qu' on appelait la rue des artistes, car au 7 de cette rue, où je suis né le 29 mai 1952, il y avait un local de theatre où répétaient des pièces theatrales les artistes algeriens de renoms tels que Rouiched,Debah, Sissani, Latifa, avec le grand pianiste Skandrani. Il y avait également l'artiste Mustapha Kateb,un homme de théâtre et un acteur algérien,marié à une actrice algerienne dont j'ai oublié le nom.
    qui habitait ce 7 rue des lézards. Je me souviens de tous ces artistes,
    Car j'allait leur acheter des cigarettes globe si je me souvient bien. Je me rappelle également de la synagogue que j'appercevait de notre balcon, on voyait la procession du rabbi, qu'on appelait " chnougha". Mais l'entrée de cette cinaguogue se situait du côté de la rue boutin.
    Ouahib Rasnaama

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