« L'affaire Ilan Halimi, meurtre et préjugé de l'antisémitisme ordinaire » (Jews and Money: Investigation of a Myth) est un documentaire intéressant de Lewis Cohen (2007). Une enquête sur le cliché antisémite du « Juif riche » qui a incité en 2006 le gang des Barbares dirigé par Youssouf Fofana à kidnapper dans la nuit du 20 au 21 janvier 2006, torturer et assassiner le 13 février 2006 Ilan Halimi, jeune Juif français.
1ère partie : Le procès du gang des Barbares devant la Cour d'assises des mineurs de Paris (1/5)
1ère partie : Le procès du gang des Barbares devant la Cour d'assises des mineurs de Paris (1/5)
2e partie : Leniency for Barbarians (2/5)
Dirigé par Youssouf Fofana, le gang des Barbares a kidnappé en janvier 2006, puis torturé pendant 24 jours, et tué en banlieue parisienne Ilan Halimi, Français Juif de 23 ans vendeur de téléphones portables. Pourquoi ? Car ce gang était persuadé que les Juifs étaient riches et paieraient une rançon de 500 000 euros.
Ce qui prouve la persistance d’un cliché antisémite pluricentenaire, pourtant ignoré des enquêteurs de la police judiciaire.
Enquête
Diffusé lors de festivals de films juifs à San Francisco et Las Vegas et dans des centres communautaires américains, ce documentaire retrace les événements qui ont suivi l’assassinat d’Ilan Halimi.
De la France aux Etats-Unis et via Israël où est enterré Ilan Halimi, d’œuvres médiévales à la propagande nazie, Lewis Cohen recueille les témoignages de la mère et de l’amie d’Ilan Halimi, enquête auprès d’avocats et de journalistes – Craig Smith, Elsa Vigoureux, Frédéric Ploquin - et interviewe un rabbin sur l’affaire Ilan Halimi. Les avocats des prévenus minimisent l'antisémitisme de leurs clients en privilégiant l'explication générationnelle - jeunesse - et socio-économique. Curieusement, certains journalistes, dont Elsa Vigoureux du Nouvel observateur -abondent dans ce sens. Mais Frédéric Ploquin soulignent l'antisémitisme de "jeunes de cités".
Et Lewis Cohen interviewe des historiens, tels Jacques Le Goff, Sara Lipton, Robert Chazan, Derek Penslar – et romanciers - Joshua Halberstam -, sur l’essor du capitalisme mondial et des banquier Juifs (Rotshchild), ainsi qu’Abe Foxman, président de l’ADL (Anti-Defamation League), sur l’histoire des Juifs – interdiction imposée aux Juifs de détenir la terre, activité autorisée de prêt d’argent et de commerce, etc. - et la représentation artistique, notamment au Moyen-âge (Shylock du Marchand de Venise de Shakespeare), du mythe ou stéréotype antisémite associant les Juifs à l’argent, donc à la puissance. Un stéréotype lié à un autre cliché antisémite : celui du « complot Juif pour dominer le monde ».
Les historiens médiévistes expliquent clairement l'instrumentalisation des Juifs par la royauté : les monarques restreignent les métiers autorisés aux Juifs, empruntent auprès d'eux pour financer notamment leurs guerres, puis, les expulsent pour les déposséder de tous leurs biens sans avoir à rembourser. Si dans un premier temps, les débiteurs de ces prêteurs Juifs sont soulagés, ils doivent vite déchanter car sans concurrence, les usuriers chrétiens leur octroient des prêts à des taux d'intérêts très supérieurs.
Et Lewis Cohen interviewe des historiens, tels Jacques Le Goff, Sara Lipton, Robert Chazan, Derek Penslar – et romanciers - Joshua Halberstam -, sur l’essor du capitalisme mondial et des banquier Juifs (Rotshchild), ainsi qu’Abe Foxman, président de l’ADL (Anti-Defamation League), sur l’histoire des Juifs – interdiction imposée aux Juifs de détenir la terre, activité autorisée de prêt d’argent et de commerce, etc. - et la représentation artistique, notamment au Moyen-âge (Shylock du Marchand de Venise de Shakespeare), du mythe ou stéréotype antisémite associant les Juifs à l’argent, donc à la puissance. Un stéréotype lié à un autre cliché antisémite : celui du « complot Juif pour dominer le monde ».
Les historiens médiévistes expliquent clairement l'instrumentalisation des Juifs par la royauté : les monarques restreignent les métiers autorisés aux Juifs, empruntent auprès d'eux pour financer notamment leurs guerres, puis, les expulsent pour les déposséder de tous leurs biens sans avoir à rembourser. Si dans un premier temps, les débiteurs de ces prêteurs Juifs sont soulagés, ils doivent vite déchanter car sans concurrence, les usuriers chrétiens leur octroient des prêts à des taux d'intérêts très supérieurs.
La réflexion du réalisateur montréalais Lewis Cohen, auteur du Cirque du Soleil Fire Within, l’amène dans l’Allemagne médiévale avec rabbi Meir ben Baruch, connu par l’abréviation « MaHaRaM » (Moreinu Horav Reb Meir) de Rothenburg, talmudiste et paytan (chantre), qui refusa au XIIIe siècle, d’être libéré de sa captivité contre une rançon.
Lewis Cohen étudie comment ce stéréotype du « Juif riche » « a pu perdurer et tout du moins se « réactiver » pour qu'un tel crime puisse se produire de nos jours ».
Ce documentaire n’analyse pourtant pas l’antisémitisme islamique imprégnant une partie du gang des Barbares.
Ce cliché antijuif a resurgi au XXIe siècle lors du scandale Madoff en se conjuguant à d’autres clichés antisémites. Le 19 décembre 2008, l’ADL a déploré : « La plupart des commentaires antisémites [dans les blogs, sites Internet] tendaient à se concentrer sur les prétendues cupidité et vols Juifs, et des théories conspirationnistes liant les pertes financières à Israël … Adolf a commenté sur le site Internet du Palm Beach Post - « Just another jew money changer thief. It's been happening for 3,000 years. Trust a jew and this is what will happen. History has proven it over and over and over. Jews have only one god – money » (Encore un autre Juif changeur voleur. Cela arrive depuis 3 000 ans. Faites confiance à un Juif et voilà ce qui arrivera. L’histoire l’a prouvé encore, encore et encore. Les Juifs ont un seul Dieu – l’argent) – et sur celui du Sun-Sentinel en Floride : « They are taught to hoard money from age 13 » (On apprend aux Juifs à amasser de l’argent dès qu’ils ont 13 ans »).
Ce stéréotype antijuif a aussi été diffusé par le mouvement Occupy Wall Street (OWS) avec les slogans où parfois le vocable « Juif » est remplacé par « Sioniste » : pancarte « Google : ↓ 1)Wall St. Jews 2) Jewish Billionnaires, 3) Jews Ɛ Fed Rsrv Bank », ou déclaration d’un membre « I think the Zionist Jews who are running these big banks and our Federal Reserve … need to be run out of this country” (“Je pense que les Juifs sionistes qui dirigent ces grandes banques et notre Réserve fédérale… il faut les faire sortir vite de ce pays”).
Addendum
Le 2 mai 2015, la plaque apposée à Bagneux (Hauts-de-Seine), lieu de séquestration et de tortures d'Ilan Halimi, en hommage à la jeune victime a été retrouvée brisée. Maire communiste de cette ville de la banlieue de Paris, Marie-Hélène Amiable a fait immédiatement retiré cette plaque apposée en 2011 au bas d'un jeune chêne du parc Richelieu, au centre de la cité : Ilan signifie arbre en hébreu. La plaque « sera changée dès que possible lundi » 4 mai 2015, a précisé la maire. Les partis républicains ont exprimé leur indignation. Une plainte a été déposée au commissariat de police de Bagneux et une enquête ouverte pour « dégradation volontaire ». L'acte de vandalisme est envisagé. Le 5 mai 2015, une nouvelle plaque à la mémoire d'Ilan Halimi a été dévoilée, en présence d'une centaine de personnes, dont Marie-Hélène Amiable, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, Joël Megui, président du Consistoire Israélite de Paris Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d'Ile-de-France.
Au petit matin du 8 septembre 2017, dans son domicile familial à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), Roger Pinto, octogénaire président de l'association juive française SIONA, son épouse Mireille et leur fils ont été séquestrés et agressés par trois individus "d'origine africaine". Alors que Mme Pinto déclarait qu'il n'y avait pas d'argent chez elle, l'un des agresseurs a rétorqué que "Vous êtes juifs, et nous savons que les juifs ont beaucoup d’argent. Vous allez nous donner ce que vous avez, sinon on va vous tuer". Après avoir ligoté et battu les victimes, les agresseurs ont mis sens dessus dessous les placards et armoires. Ils sont partis avec des bijoux et cartes bancaires, et en menaçant la famille Pinto. Peu auparavant, la maison voisine, dont les propriétaires sont des Français juifs, avait été la cible d'une tentative d'effraction.
"Le 11 février 2019, "un arbre planté à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), là où avait été retrouvé Ilan Halimi, un jeune juif assassiné en 2006, a été scié, à deux jours de l'anniversaire de sa mort". L'arbre planté à la mémoire de ce jeune homme, et portant sa photo, a été scié à la base, a expliqué la mairie. Deux agents municipaux, venus préparer le site pour une cérémonie annuelle mercredi, ont "découvert deux jeunes arbres, l'un entièrement coupé, l'autre en partie scié". Le premier avait été planté en 2006, l'année de sa mort, le deuxième pour le dixième anniversaire de sa mort. La mairie de Sainte-Geneviève-des-Bois a porté plainte".
Le 2 mai 2015, la plaque apposée à Bagneux (Hauts-de-Seine), lieu de séquestration et de tortures d'Ilan Halimi, en hommage à la jeune victime a été retrouvée brisée. Maire communiste de cette ville de la banlieue de Paris, Marie-Hélène Amiable a fait immédiatement retiré cette plaque apposée en 2011 au bas d'un jeune chêne du parc Richelieu, au centre de la cité : Ilan signifie arbre en hébreu. La plaque « sera changée dès que possible lundi » 4 mai 2015, a précisé la maire. Les partis républicains ont exprimé leur indignation. Une plainte a été déposée au commissariat de police de Bagneux et une enquête ouverte pour « dégradation volontaire ». L'acte de vandalisme est envisagé. Le 5 mai 2015, une nouvelle plaque à la mémoire d'Ilan Halimi a été dévoilée, en présence d'une centaine de personnes, dont Marie-Hélène Amiable, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, Joël Megui, président du Consistoire Israélite de Paris Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d'Ile-de-France.
Au petit matin du 8 septembre 2017, dans son domicile familial à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), Roger Pinto, octogénaire président de l'association juive française SIONA, son épouse Mireille et leur fils ont été séquestrés et agressés par trois individus "d'origine africaine". Alors que Mme Pinto déclarait qu'il n'y avait pas d'argent chez elle, l'un des agresseurs a rétorqué que "Vous êtes juifs, et nous savons que les juifs ont beaucoup d’argent. Vous allez nous donner ce que vous avez, sinon on va vous tuer". Après avoir ligoté et battu les victimes, les agresseurs ont mis sens dessus dessous les placards et armoires. Ils sont partis avec des bijoux et cartes bancaires, et en menaçant la famille Pinto. Peu auparavant, la maison voisine, dont les propriétaires sont des Français juifs, avait été la cible d'une tentative d'effraction.
"Le 11 février 2019, "un arbre planté à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), là où avait été retrouvé Ilan Halimi, un jeune juif assassiné en 2006, a été scié, à deux jours de l'anniversaire de sa mort". L'arbre planté à la mémoire de ce jeune homme, et portant sa photo, a été scié à la base, a expliqué la mairie. Deux agents municipaux, venus préparer le site pour une cérémonie annuelle mercredi, ont "découvert deux jeunes arbres, l'un entièrement coupé, l'autre en partie scié". Le premier avait été planté en 2006, l'année de sa mort, le deuxième pour le dixième anniversaire de sa mort. La mairie de Sainte-Geneviève-des-Bois a porté plainte".
Le 13 février 2022, l'UPJF, le BNVCA, l'OJE, Europe Israël, le Bétar, Israel Is Forever et All With Us - Tous avec nous ont organisé une cérémonie pour honorer le souvenir d'Ilan Halimi au 229 boulevard Voltaire à Paris (75011) . L'affiche indiquait "Tu aurais eu 40 ans aujourd'hui si tu n'avais pas croisé le chemin de ces barbares il y a 16 ans. Repose en paix Ilan, nous veillons sur toi". De 60 à 80 personnes ont répondu à l'appel des organisateurs.
Gil Taieb, vice-président du CRIF, est arrivé peu avant le début de la cérémonie. Il est resté isolé, alors qu'il y a encore vingt ans, il aurait été entouré par des admirateurs, applaudi et invité à prendre la parole.
Alexandra Barouch a rappelé les noms des victimes de l'antisémitisme, mais en oubliant notamment Jean-Louis Lévy, et a refusé toute consigne électorale. L'imam Hassen Chalghoumi a tenu son discours classique. Une conseillère municipale du XVIe arrondissement de Paris a souligné son refus du pardon et de l'oubli ainsi que l'aliyah cette année de ses trois enfants. Un orateur pour le BNVCA a lu sa "lettre à Ilan" fustigeant notamment la campagne de la Commission de l'Union européenne (UE) illustrant une de ses affiches concernant la Conférence sur l'avenir de l'Europe par une femme à la tête couverte par le foulard islamique ou hijab, posant comme un mannequin, avec le slogan « L'avenir de l'Europe est entre vos mains » et "Faites entendre votre voix". Puis un rabbin a dit le Kaddich, prière associée aux morts, et des personnes ont allumé des bougies à la mémoire d'Ilan Halimi.
D'autres cérémonies ont eu lieu près de la voie ferrée à Ste Geneviève-des-Bois, où fut retrouvé Ilan gravement brûlé, et au jardin Ilan Halimi à l’initiative de l’UEJF.
A Marseille, une cérémonie avec des dirigeants locaux, politiques et d'institutions juives - Bruno Benjamin, président du CRIF Marseille Provence, Michel Cohen Tenoudji, président du Consistoire israélite de Marseille, et Lionel Stora, président régional du Fonds Social Juif Unifié -, sous le haut patronage de Benoît Payan, marie de la cité phocéenne, s'est tenue au parc Bagatelle
Ces hommages révèlent une communauté juive française éclatée, profondément divisée.
Diffusions sur :
- Toute l’histoire les 16 avril à 20 h 45, 21 avril à 23 h 55 et 27 avril 2014 à 19 h 15, 19 mai 2015 et 22, 24, 25 et 24 janvier 2016, 5 septembre à 14 h 28, 6 septembre à 8 h 58 et 7 septembre 2017 à 13 h 10 ;
- Public Sénat les 27/07/2014 à 09 h 55, 04/08/2014 et 30/08/2014 à 22 h
A lire sur ce blog :
Cet article a été publié les 16 avril 2014, 31 juillet 2014 et 6 mai 2015, 22 janvier 2016, 4 septembre 2017.
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