Le Mémorial de la Shoah a présenté l’exposition "Mars-août 1943 : Salonique, épicentre de la destruction des Juifs de Grèce" qui, soixante-dix ans après, se focalise « sur les quelques mois durant lesquels Salonique devint, après plus de 450 ans de vie séfarade, Judenrein (sans Juif) ». Documents d’archives, photographies, objets inédits ainsi que la projection d'« En présence de mes voisins » (In the presence of my neighbours), documentaire de George Gedeon, suivie d’une table-ronde le 20 mars 2014 ont informé sur une facette méconnue de l’histoire de la Shoah aux implications actuelles. Le 11 juillet 2018, une source policière a révélé que des inconnus avaient profané un mémorial sur la Shoah à Thessalonique.
Implantée dès l’Antiquité, la communauté Juive de Salonique, ville située au nord de la Grèce, a représenté, des siècles durant, la majorité des habitants de cette cité.
Subissant la cruelle domination musulmane, la communauté Juive salonicienne a vu ses rangs s’étoffer par l’afflux de leurs coreligionnaires sépharades expulsés d’Espagne en 1492 – ils garderont des siècles durant la pratique du judéo-espagnol (judesmo) -, puis du Portugal (1540-1560) et d’Italie, ainsi que des ashkénazes d’Autriche, de Transylvanie et de Hongrie au XVIe siècle.
Dhimmis, ces Juifs saloniciens ont introduit l’imprimerie, se sont distingués comme médecins et traducteurs, et ont contribué activement à l’essor de la Sublime Porte grâce à leur activité commerciale : pêche, filature de la laine, fabrication de draps, couvertures et tapis, etc.
La « Jérusalem des Balkans » connaît une apogée au XVIe siècle. Ses yechivot attirent les étudiants Juifs de l’Empire ottoman et bien au-delà.
Au milieu du XVIIe siècle, la communauté salonicienne est divisée sur la personne du rabbin Sabbataï Tsevi, qui se présente comme le messie : certains suivent sa voie en se convertissant à l’islam, d’autres demeurent Juifs ou reviennent à une pratique accrue du judaïsme.
Elle entame un déclin jusque vers 1850 en raison de la rivalité économique de chrétiens, grecs orthodoxes et Arméniens, d’épidémies (peste, choléra) et des pogroms.
L’arrivée des Frankos, Juifs émigrés de pays chrétiens, favorise la renaissance de Salonique qui connaît un essor industriel - briqueteries, entreprises textiles, minoteries, etc. – et est touchée par la Haskala, mouvement Juif inspiré par les penseurs des Lumières. Des écoles de l’Alliance israélite universelle (AIU) contribuent à introduire la culture française et à former les élèves aux métiers requis par les industries. Des Juifs saloniciens militent au sein du mouvement Jeune turc, et dans des organisations afin d’améliorer leurs conditions de travail.
Après la Première Guerre balkanique (octobre 1912-mai 1913), Salonique passe sous domination grecque.
Les pionniers du sionisme – Jabotinsky, Ben Gourion, Ben Zvi – se rendent dans une Salonique qu’ils idéalisent.
En 1917, un incendie ravage en particulier la partie basse de Salonique où vivait la grande partie de la communauté Juive, détruit près de la moitié des synagogues…
La ville s’hellénise au détriment des Juifs, victimes de l’antisémitisme véhiculés notamment par le journal Makedonia et par le mouvement nationaliste Ethniki Enosis Ellas (EEE, Union nationale de Grèce), proches du parti libéral dirigeant la Grèce, et qui se déchaine lors du pogrom de camp Campbell (1931) : incendie volontaire d’un quartier Juif, assassinat d’un Juif, profanation du cimetière juif salonicien.
De nombreux Juifs saloniciens s’exilent en France, Espagne, aux Etats-Unis, et en Palestine mandataire où la famille Recanati crée une banque dont le nom actuel est la Israel Discount Bank.
L’EEE est interdite par Ioánnis Metaxás, dictateur arrivé au pouvoir en 1936, qui jugule les vecteurs d’antisémitisme tels certains journaux et établit des relations satisfaisantes avec Zvi Koretz (1894-1945), grand rabbin de Salonique et érudit polyglotte et germanophone.
Les Juifs représentent environ 40% des Saloniciens.
Subissant la cruelle domination musulmane, la communauté Juive salonicienne a vu ses rangs s’étoffer par l’afflux de leurs coreligionnaires sépharades expulsés d’Espagne en 1492 – ils garderont des siècles durant la pratique du judéo-espagnol (judesmo) -, puis du Portugal (1540-1560) et d’Italie, ainsi que des ashkénazes d’Autriche, de Transylvanie et de Hongrie au XVIe siècle.
Dhimmis, ces Juifs saloniciens ont introduit l’imprimerie, se sont distingués comme médecins et traducteurs, et ont contribué activement à l’essor de la Sublime Porte grâce à leur activité commerciale : pêche, filature de la laine, fabrication de draps, couvertures et tapis, etc.
La « Jérusalem des Balkans » connaît une apogée au XVIe siècle. Ses yechivot attirent les étudiants Juifs de l’Empire ottoman et bien au-delà.
Au milieu du XVIIe siècle, la communauté salonicienne est divisée sur la personne du rabbin Sabbataï Tsevi, qui se présente comme le messie : certains suivent sa voie en se convertissant à l’islam, d’autres demeurent Juifs ou reviennent à une pratique accrue du judaïsme.
Elle entame un déclin jusque vers 1850 en raison de la rivalité économique de chrétiens, grecs orthodoxes et Arméniens, d’épidémies (peste, choléra) et des pogroms.
L’arrivée des Frankos, Juifs émigrés de pays chrétiens, favorise la renaissance de Salonique qui connaît un essor industriel - briqueteries, entreprises textiles, minoteries, etc. – et est touchée par la Haskala, mouvement Juif inspiré par les penseurs des Lumières. Des écoles de l’Alliance israélite universelle (AIU) contribuent à introduire la culture française et à former les élèves aux métiers requis par les industries. Des Juifs saloniciens militent au sein du mouvement Jeune turc, et dans des organisations afin d’améliorer leurs conditions de travail.
Après la Première Guerre balkanique (octobre 1912-mai 1913), Salonique passe sous domination grecque.
Les pionniers du sionisme – Jabotinsky, Ben Gourion, Ben Zvi – se rendent dans une Salonique qu’ils idéalisent.
En 1917, un incendie ravage en particulier la partie basse de Salonique où vivait la grande partie de la communauté Juive, détruit près de la moitié des synagogues…
La ville s’hellénise au détriment des Juifs, victimes de l’antisémitisme véhiculés notamment par le journal Makedonia et par le mouvement nationaliste Ethniki Enosis Ellas (EEE, Union nationale de Grèce), proches du parti libéral dirigeant la Grèce, et qui se déchaine lors du pogrom de camp Campbell (1931) : incendie volontaire d’un quartier Juif, assassinat d’un Juif, profanation du cimetière juif salonicien.
De nombreux Juifs saloniciens s’exilent en France, Espagne, aux Etats-Unis, et en Palestine mandataire où la famille Recanati crée une banque dont le nom actuel est la Israel Discount Bank.
L’EEE est interdite par Ioánnis Metaxás, dictateur arrivé au pouvoir en 1936, qui jugule les vecteurs d’antisémitisme tels certains journaux et établit des relations satisfaisantes avec Zvi Koretz (1894-1945), grand rabbin de Salonique et érudit polyglotte et germanophone.
Les Juifs représentent environ 40% des Saloniciens.
Déportations
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Salonique abrite 56 000 Juifs sur environ 93 000 Saloniciens, soit 70% de la communauté Juive de Grèce.
Les Juifs grecs s’engagent pour combattre les forces de l’Axe, l’Italie fasciste qui a envahi la Grèce le 28 octobre 1940 et l’Allemagne nazie.
Après la défaite de la Grèce, l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et la Bulgarie démembrent la Grèce en découpant leurs zones d’occupation.
Le 9 avril 1941, les Allemands pénètrent à Salonique et mettent en vigueur des mesures antisémites qui se renforcent à partir de juillet 1942 avec les persécutions – interdiction de médias Juifs, réquisitions d’immeubles Juifs, dont l’hôpital financé par le baron Hirsch, etc. - et les humiliations collectives.
Interpellé le 17 mai 1941 par la Gestapo, Zvi Koretz, grand rabbin de Salonique, est déporté dans un camp de concentration à proximité de Vienne (Autriche). A son retour à Salonique fin janvier 1942, il assume de nouveau sa fonction – chef spirituel et président de la communauté, dirigeant du Judenrat - d’une manière qui suscite une polémique.
En juin 1941, les Allemands spolient la communauté de leurs archives.
En juillet 1942, lors d’un chabbat, menacés par les armes, 9 000 Juifs saloniciens grecs âgés de 18 ans à 45 ans sont battus, humiliés sur la place de la Liberté (Plateia Eleftheria). Sur les 4 000 Juifs saloniciens obligés de travailler pour l’entreprise allemande Müller pour construire des routes et voies ferrées dans des zones infectées par le paludisme, 12% meurent en deux mois et demi de faim, de fatigue extrême, de maladies.
Ils sont rapatriés grâce au paiement d’une rançon de 3,5 milliards de drachmes exigée par les Allemands et financée par les communautés Juives salonicienne et athénienne, et car les dirigeants communautaires saloniciens acceptent de transférer les tombes de leur cimetière confessionnel – 300 000-500 000 tombes – afin de satisfaire les visées urbanistiques municipales. En fait, les ouvriers grecs détruisent les tombes ; Grecs et Allemands pillent les pierres tombales Juives pour les utiliser comme matériaux de construction. Ce site de l’ancien cimetière Juif salonicien correspond actuellement en particulier à l’université Aristote.
De 3 000 à 5 000 Juifs saloniciens se réfugient en zone italienne. Environ 800 rejoignent les rangs de la résistance grecque, essentiellement celle communiste de l’ELAS (Armée populaire de libération nationale).
En février 1943, les Juifs sont réunis dans trois ghettos, et le 15 mars 1943 le premier convoi part vers le complexe concentrationnaire Auschwitz-Birkenau (Pologne).
« La première chose que nous avons vue était le ciel rouge de Birkenau à cause des flammes sortant des cheminées des fours crématoires. Des flocons de cendre flottaient dans l'air. Les SS nous attendaient avec des chiens et hurlaient. Ils nous tapaient dessus et ne comprenaient pas pourquoi personne n'obéissait », a confié Heinz Kounio, Juif salonicien déporté adolescent, à l'AFP. Germanophone, il est désigné par les Nazis pour traduire en grec les ordres des SS sur le quai où arrivent les convois de déportation.
De mars à août 1943, « la déportation de la quasi-totalité de la communauté juive de Salonique est organisée par les nazis Dieter Wisliceny et Aloïs Brunner » - tous deux arrivés le 6 février 1943 - avec la collaboration de Max Merten, officier en charge des Affaires civiles. Ces nazis sont aidés par un Juif salonicien, Vital Hasson et ses sbires.
Chaque convoi de déportation contient 1 000-4 000 Juifs saloniciens. Le dernier convoi part le 7 août 1943 avec à son bord Zvi Koretz, son épouse Gita et leurs deux enfants Léo et Lili, vers le camp de Bergen-Belsen. Les Juifs porteurs de visas ou de nationalité de pays neutres ne sont pas déportés.
Dans ces camps de concentration ou/et d’extermination, les femmes, les enfants et les personnes âgées saloniciens sont immédiatement tués. Les autres Saloniciens sont astreints à des travaux exténuant, amenés dans le ghetto de Varsovie (Pologne) pour le déblayer en août 1943 et y construire un camp – une partie d’entre eux parvient à rejoindre la résistance polonaise -, affectés aux Sonderkommandos – certains participent à la révolte du 7 octobre 1944 en détruisant le crématoire III et éliminant des gardes, et avant d’être tués ils entonnent l’hymne national grec et le chant des partisans grecs.
Des 46 091 Juifs déportés de Salonique vers les camps nazis d'extermination, 1 950 ont survécu en 1945. Moins de 1 500 Juifs vivent actuellement à Salonique.
Le 2 juillet 1946, s’ouvre en Grèce le procès des « collaborateurs qui avaient trahi leurs frères de Salonique », dont Zvi Koretz, Jacques Albala et Vital Hasson.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Salonique abrite 56 000 Juifs sur environ 93 000 Saloniciens, soit 70% de la communauté Juive de Grèce.
Les Juifs grecs s’engagent pour combattre les forces de l’Axe, l’Italie fasciste qui a envahi la Grèce le 28 octobre 1940 et l’Allemagne nazie.
Après la défaite de la Grèce, l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et la Bulgarie démembrent la Grèce en découpant leurs zones d’occupation.
Le 9 avril 1941, les Allemands pénètrent à Salonique et mettent en vigueur des mesures antisémites qui se renforcent à partir de juillet 1942 avec les persécutions – interdiction de médias Juifs, réquisitions d’immeubles Juifs, dont l’hôpital financé par le baron Hirsch, etc. - et les humiliations collectives.
Interpellé le 17 mai 1941 par la Gestapo, Zvi Koretz, grand rabbin de Salonique, est déporté dans un camp de concentration à proximité de Vienne (Autriche). A son retour à Salonique fin janvier 1942, il assume de nouveau sa fonction – chef spirituel et président de la communauté, dirigeant du Judenrat - d’une manière qui suscite une polémique.
En juin 1941, les Allemands spolient la communauté de leurs archives.
En juillet 1942, lors d’un chabbat, menacés par les armes, 9 000 Juifs saloniciens grecs âgés de 18 ans à 45 ans sont battus, humiliés sur la place de la Liberté (Plateia Eleftheria). Sur les 4 000 Juifs saloniciens obligés de travailler pour l’entreprise allemande Müller pour construire des routes et voies ferrées dans des zones infectées par le paludisme, 12% meurent en deux mois et demi de faim, de fatigue extrême, de maladies.
Ils sont rapatriés grâce au paiement d’une rançon de 3,5 milliards de drachmes exigée par les Allemands et financée par les communautés Juives salonicienne et athénienne, et car les dirigeants communautaires saloniciens acceptent de transférer les tombes de leur cimetière confessionnel – 300 000-500 000 tombes – afin de satisfaire les visées urbanistiques municipales. En fait, les ouvriers grecs détruisent les tombes ; Grecs et Allemands pillent les pierres tombales Juives pour les utiliser comme matériaux de construction. Ce site de l’ancien cimetière Juif salonicien correspond actuellement en particulier à l’université Aristote.
De 3 000 à 5 000 Juifs saloniciens se réfugient en zone italienne. Environ 800 rejoignent les rangs de la résistance grecque, essentiellement celle communiste de l’ELAS (Armée populaire de libération nationale).
En février 1943, les Juifs sont réunis dans trois ghettos, et le 15 mars 1943 le premier convoi part vers le complexe concentrationnaire Auschwitz-Birkenau (Pologne).
« La première chose que nous avons vue était le ciel rouge de Birkenau à cause des flammes sortant des cheminées des fours crématoires. Des flocons de cendre flottaient dans l'air. Les SS nous attendaient avec des chiens et hurlaient. Ils nous tapaient dessus et ne comprenaient pas pourquoi personne n'obéissait », a confié Heinz Kounio, Juif salonicien déporté adolescent, à l'AFP. Germanophone, il est désigné par les Nazis pour traduire en grec les ordres des SS sur le quai où arrivent les convois de déportation.
De mars à août 1943, « la déportation de la quasi-totalité de la communauté juive de Salonique est organisée par les nazis Dieter Wisliceny et Aloïs Brunner » - tous deux arrivés le 6 février 1943 - avec la collaboration de Max Merten, officier en charge des Affaires civiles. Ces nazis sont aidés par un Juif salonicien, Vital Hasson et ses sbires.
Chaque convoi de déportation contient 1 000-4 000 Juifs saloniciens. Le dernier convoi part le 7 août 1943 avec à son bord Zvi Koretz, son épouse Gita et leurs deux enfants Léo et Lili, vers le camp de Bergen-Belsen. Les Juifs porteurs de visas ou de nationalité de pays neutres ne sont pas déportés.
Dans ces camps de concentration ou/et d’extermination, les femmes, les enfants et les personnes âgées saloniciens sont immédiatement tués. Les autres Saloniciens sont astreints à des travaux exténuant, amenés dans le ghetto de Varsovie (Pologne) pour le déblayer en août 1943 et y construire un camp – une partie d’entre eux parvient à rejoindre la résistance polonaise -, affectés aux Sonderkommandos – certains participent à la révolte du 7 octobre 1944 en détruisant le crématoire III et éliminant des gardes, et avant d’être tués ils entonnent l’hymne national grec et le chant des partisans grecs.
Des 46 091 Juifs déportés de Salonique vers les camps nazis d'extermination, 1 950 ont survécu en 1945. Moins de 1 500 Juifs vivent actuellement à Salonique.
Le 2 juillet 1946, s’ouvre en Grèce le procès des « collaborateurs qui avaient trahi leurs frères de Salonique », dont Zvi Koretz, Jacques Albala et Vital Hasson.
Une mémoire grecque fragmentée
La crise du logement, la faiblesse des rares Juifs survivants et la Guerre froide ont freiné la restitution des biens dont les Saloniciens Juifs avaient été spoliés sous le joug allemand, ainsi que la reconnaissance des tragédies infligées à ces Juifs lors de l’Occupation allemande.
En 1997, la municipalité de Thessalonique – nouveau nom de Salonique – a fait édifier dans une banlieue éloignée du centre-ville, un mémorial à la mémoire des Juifs saloniciens déportés. Après sa visite à la synagogue de Madrid (1992), le roi Juan Carlos 1er a rendu hommage aux Juifs sépharades à Salonique.
Les dirigeants de l’université Aristote ont refusé de rappeler par un monument la profanation du cimetière Juif salonicien.
En juin 2011, ce mémorial a été recouvert par le mot « mensonge » et d’un graffiti associant la croix gammée à l’étoile de David. C’était la seconde profanation de ce monument.
Le 26 décembre 2012, 668 pierres tombales en marbre de Juifs de Salonique, détruites par les Nazis, ont été découvertes à Thessalonique (Grèce).
Le 16 mars 2013, Ronald S. Lauder, président du Congrès juif mondial, Arye Mekel, ambassadeur d'Israël en Grèce, Yiannis Boutaris, maire de Salonique, Ivry Gitlis, violoniste israélien et ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), et un millier de personnes ont marché en silence à Thessalonique en souvenir du 70e anniversaire des premières déportations des Juifs saloniciens. Puis, ils ont déposé des fleurs sur les rails du chemin de fer. Les dirigeants communautaires ont exprimé leur inquiétude suscitée par l’entrée au Parlement grec en juin 2012 de 18 membres du parti nationaliste, d’extrême-droite, Aube dorée (Chryssi Avghi, en grec), mouvement dirigé par Nikos Mihaloliakos, et dont les chefs ont tenu des propos négationnistes.
Après un service à la synagogue de Monastiriotes à la mémoire des Juifs saloniciens déportés, Antonis Samaras, Premier ministre grec, a annoncé qu’un projet de loi interdira les partis niant les crimes contre l’humanité, comme la Shoah.
Heinz Kounio, alors jeune Juif déporté dans le premier train de déportés juifs quittant le 15 mars 1943 Salonique, dans le nord de la Grèce, pour le camp d'Auschwitz-Birkenau, est l'un des derniers survivants Juifs grecs de la Shoah. Âgé de 85 ans, M. Kounio a témoigné en mars 2013 devant des dirigeants communautaires de divers pays, à Thessalonique, "inquiets de l'émergence de partis néonazis en Grèce et dans le reste d'une Europe affaiblie et divisée par la crise économique et financière à Thessalonique (Grèce)".
En décembre 2013, la municipalité de Thessalonique a annoncé qu’elle allait édifier d’ici à 2020 un musée de la Shoah sur le site de l’ancienne gare (un hectare) d’où sont partis les convois de déportation des Juifs saloniciens.
Le 24 février 2014, les Juifs de Thessalonique ont annoncé poursuivre l’Allemagne devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) afin d’être indemnisés pour leurs préjudices matériel - rançon de 2,5 millions de drachmes versée en 1943 au commandant du IIIe Reich de la région, soit 45 millions d'euros en 2014, pour libérer les milliers de leurs coreligionnaires contraints au travail forcé et qui ensuite ont été déportés essentiellement à Auschwitz - et moral causés par les Nazis.
En 2013, la cour suprême grecque avait rejeté « une réclamation similaire pour des raisons de compétence, mettant fin à une saga judiciaire entamée en 1997 dans le pays ».
Pour l’Allemagne, la question des réparations de guerre a été réglée dans le cadre d'accords entre Etats lors de la Conférence de Paris (novembre 1945). Le 26 février 2014, Martin Schäfer, porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, a déclaré : « Le gouvernement allemand a toujours souligné que nous étions totalement conscients de la responsabilité historique de l’Allemagne pour les crimes de la Deuxième Guerre mondiale ». Il a suggéré de collaborer avec la communauté Juive salonicienne sur des projets communs, sans préciser lesquels.
Le 4 mars 2014, le Congrès Juif mondial (CJM) a exhorté l’Allemagne à indemniser les Juifs saloniciens.
L’histoire de la Shoah est réduite à quelques lignes dans les manuels scolaires grecs.
En 2010, Michèle Kahn a évoqué dans un livre le rôle controversé du Grand Rabbin de Salonique auquel de nombreux Juifs reprochent sa stratégie d’obéissance aux ordres des Nazis et son long aveuglement, et silence, quant à leur dessein.
Le 20 mars 2014 à 19 h, le Mémorial de la Shoah a projeté « En présence de mes voisins » (In the presence of my neighbours) de George Gedeon. « L’auteur et réalisateur est un Chrétien orthodoxe éduqué à Rhodes, ignorant tout du désastre qui a touché la communauté juive de Grèce pendant la guerre, qui à un moment de sa vie, en comprend l’ampleur et fait tout pour le faire savoir aux Grecs, aux gouvernement grec, et à tous ceux qui veulent bien l’écouter dans le monde. C’est un homme exceptionnel qui a consacré 9 ans de sa vie à ce film. Le film a été suivi d’une table-ronde composée de Paul Hagouel, ingénieur et militant de la Mémoire qui vit à Thessalonique, Georges Prevelakis, professeur à l'Université Paris 1 et Joël Kotek, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de l’antisémitisme en Europe. La table-ronde a été animée par Michel Azaria, vice-Président de JEAA, Judéo-Espagnol A Auschwitz ».
La crise du logement, la faiblesse des rares Juifs survivants et la Guerre froide ont freiné la restitution des biens dont les Saloniciens Juifs avaient été spoliés sous le joug allemand, ainsi que la reconnaissance des tragédies infligées à ces Juifs lors de l’Occupation allemande.
En 1997, la municipalité de Thessalonique – nouveau nom de Salonique – a fait édifier dans une banlieue éloignée du centre-ville, un mémorial à la mémoire des Juifs saloniciens déportés. Après sa visite à la synagogue de Madrid (1992), le roi Juan Carlos 1er a rendu hommage aux Juifs sépharades à Salonique.
Les dirigeants de l’université Aristote ont refusé de rappeler par un monument la profanation du cimetière Juif salonicien.
En juin 2011, ce mémorial a été recouvert par le mot « mensonge » et d’un graffiti associant la croix gammée à l’étoile de David. C’était la seconde profanation de ce monument.
Le 26 décembre 2012, 668 pierres tombales en marbre de Juifs de Salonique, détruites par les Nazis, ont été découvertes à Thessalonique (Grèce).
Le 16 mars 2013, Ronald S. Lauder, président du Congrès juif mondial, Arye Mekel, ambassadeur d'Israël en Grèce, Yiannis Boutaris, maire de Salonique, Ivry Gitlis, violoniste israélien et ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), et un millier de personnes ont marché en silence à Thessalonique en souvenir du 70e anniversaire des premières déportations des Juifs saloniciens. Puis, ils ont déposé des fleurs sur les rails du chemin de fer. Les dirigeants communautaires ont exprimé leur inquiétude suscitée par l’entrée au Parlement grec en juin 2012 de 18 membres du parti nationaliste, d’extrême-droite, Aube dorée (Chryssi Avghi, en grec), mouvement dirigé par Nikos Mihaloliakos, et dont les chefs ont tenu des propos négationnistes.
Après un service à la synagogue de Monastiriotes à la mémoire des Juifs saloniciens déportés, Antonis Samaras, Premier ministre grec, a annoncé qu’un projet de loi interdira les partis niant les crimes contre l’humanité, comme la Shoah.
Heinz Kounio, alors jeune Juif déporté dans le premier train de déportés juifs quittant le 15 mars 1943 Salonique, dans le nord de la Grèce, pour le camp d'Auschwitz-Birkenau, est l'un des derniers survivants Juifs grecs de la Shoah. Âgé de 85 ans, M. Kounio a témoigné en mars 2013 devant des dirigeants communautaires de divers pays, à Thessalonique, "inquiets de l'émergence de partis néonazis en Grèce et dans le reste d'une Europe affaiblie et divisée par la crise économique et financière à Thessalonique (Grèce)".
En décembre 2013, la municipalité de Thessalonique a annoncé qu’elle allait édifier d’ici à 2020 un musée de la Shoah sur le site de l’ancienne gare (un hectare) d’où sont partis les convois de déportation des Juifs saloniciens.
Le 24 février 2014, les Juifs de Thessalonique ont annoncé poursuivre l’Allemagne devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) afin d’être indemnisés pour leurs préjudices matériel - rançon de 2,5 millions de drachmes versée en 1943 au commandant du IIIe Reich de la région, soit 45 millions d'euros en 2014, pour libérer les milliers de leurs coreligionnaires contraints au travail forcé et qui ensuite ont été déportés essentiellement à Auschwitz - et moral causés par les Nazis.
En 2013, la cour suprême grecque avait rejeté « une réclamation similaire pour des raisons de compétence, mettant fin à une saga judiciaire entamée en 1997 dans le pays ».
Pour l’Allemagne, la question des réparations de guerre a été réglée dans le cadre d'accords entre Etats lors de la Conférence de Paris (novembre 1945). Le 26 février 2014, Martin Schäfer, porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, a déclaré : « Le gouvernement allemand a toujours souligné que nous étions totalement conscients de la responsabilité historique de l’Allemagne pour les crimes de la Deuxième Guerre mondiale ». Il a suggéré de collaborer avec la communauté Juive salonicienne sur des projets communs, sans préciser lesquels.
Le 4 mars 2014, le Congrès Juif mondial (CJM) a exhorté l’Allemagne à indemniser les Juifs saloniciens.
L’histoire de la Shoah est réduite à quelques lignes dans les manuels scolaires grecs.
En 2010, Michèle Kahn a évoqué dans un livre le rôle controversé du Grand Rabbin de Salonique auquel de nombreux Juifs reprochent sa stratégie d’obéissance aux ordres des Nazis et son long aveuglement, et silence, quant à leur dessein.
Le 20 mars 2014 à 19 h, le Mémorial de la Shoah a projeté « En présence de mes voisins » (In the presence of my neighbours) de George Gedeon. « L’auteur et réalisateur est un Chrétien orthodoxe éduqué à Rhodes, ignorant tout du désastre qui a touché la communauté juive de Grèce pendant la guerre, qui à un moment de sa vie, en comprend l’ampleur et fait tout pour le faire savoir aux Grecs, aux gouvernement grec, et à tous ceux qui veulent bien l’écouter dans le monde. C’est un homme exceptionnel qui a consacré 9 ans de sa vie à ce film. Le film a été suivi d’une table-ronde composée de Paul Hagouel, ingénieur et militant de la Mémoire qui vit à Thessalonique, Georges Prevelakis, professeur à l'Université Paris 1 et Joël Kotek, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de l’antisémitisme en Europe. La table-ronde a été animée par Michel Azaria, vice-Président de JEAA, Judéo-Espagnol A Auschwitz ».
Le 9 novembre 2014 a été inauguré un monument commémorant la destruction de l’ancien cimetière Juif de Thessalonique (Salonique), en Grèce.
Conçu par des artistes israéliens, il est situé sur une des collines de l'université Aristote de Thessalonique. Il est composé notamment de cinq stèles sur lequel figure un texte identique en grec, anglais, judéo-espagnol, français et hébreu et soulignant l’action destructrice des « nazis et leurs collaborateurs ». A ses côtés : une ménorah brisée.
Fondée en 1925, l’Université Aristote de Thessalonique a été construite sur une grande part de l’ancien cimetière Juif de Salonique « qui datait de l’Empire romain et qui conservait encore des tombes d’avant 1492, mais également des premiers Juifs décédés en exil après leur expulsion d’Espagne ». Ce cimetière « couvrait plus de 350 000 m² et comprenait plus de 300 000 tombes ». Sous l’occupation nazie, « le 6 décembre 1942, 500 ouvriers, payés par la municipalité, procédèrent à une destruction systématique et à une récupération des pierres tombales comme matériaux de construction encore visibles aujourd’hui à Thessalonique. Peu de temps après ce fut la communauté Juive qui fut exterminée dans sa quasi-totalité à Auschwitz ». En mars 1943, les Nazis ont commencé à déporter les Juifs saloniciens par trains vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. En août, 49 000 des 55 000 Juifs de cette ville avaient été déportés. Moins de deux mille ont survécu. En mai 2014, des vandales ont détruit des vases et ornements de plaques du cimetière Juif de Thessalonique.
Parmi les personnalités ayant assisté à cette cérémonie d’inauguration le 9 novembre 2014 : Georgios Orfano, ministre de la Macédoine et de la Thrace, Yiannis Boutaris, maire de Thessalonique, des représentants de l’Eglise grecque orthodoxe, David Saltiel, président de la communauté Juive de Thessalonique, Victor Isaac Eliezer, représentant le président du Bureau central des communautés Juives de Grèce affiliées au CJE (Congrès Juif européen), Irit Ben Abba, ambassadrice d’Israël, Christophe Le Rigoleur, consul général de France, les consuls d’Allemagne, de Bulgarie, des Etats Unis, de Finlande et de Roumanie, le professeur Périclès Mitkas, recteur de l’université Aristote de Thessalonique, et son prédécesseur Ioannis Milopoulos, Michel Azaria, vice-Président de JEAA (Judéo-espagnol à Auschwitz, représentant le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Gratitude a été exprimée à ces deux recteurs de l’Université Aristote à l’origine de cet événement ainsi qu’à l’action persévérante de David Saltiel.
Le « discours le plus remarqué, le seul interrompu par des applaudissements, a été celui de Yannis Boutaris, maire de Thessalonique, portant kippa, qui comme à son habitude n’a pas mâché ses mots. Il a notamment déclaré, soixante-dix ans après, au nom de la ville, « avoir honte de ce silence injuste et coupable, honte pour ces collaborateurs Thessaloniciens qui ont collaboré avec les envahisseurs, pour les voisins qui ont détourné des fortunes, honte pour les autorités de la ville, le maire et le gouverneur général qui ont accepté sans protestation la destruction d’une mémoire de 500 ans et la conversion du plus grand Juif cimetière Juif d’Europe en un simple souvenir ». Il a ensuite assumé l’histoire de la municipalité et exprimé sa « honte de ces recteurs qui, après la guerre ont construit un campus à côté et au-dessus des tombes endommagées sans ériger une plaque commémorative ». Il a conclu en rappelant, comme il le fait chaque fois qu’il en a l’occasion, que la perte de la quasi-totalité de la communauté Juive est une perte pour tous les Thessaloniciens chrétiens, juifs, musulmans, athées et agnostiques de cette époque et d’aujourd’hui », a résumé Michel Azaria dans son article publié par le CRIF.
« Ce monument n’efface pas un fait historique, ne donne pas l’absolution… La société de cette ville et la communauté universitaire doit faire un pas de plus, et doit rechercher, documenter et présenter clairement au public les instigateurs et les exécuteurs de cette destruction », a déclaré David Saltiel.
Quant à Victor Isaac Eliezer, il a souligné : « Même après un délai de sept décennies, ce monument ne rappelle pas seulement que cette université a été construite sur le cimetière Juif de la ville, il rappelle le vandalisme dont ont souffert la culture et l’humanité de cette cité, et doit constituer un symbole de reconnaissance concernant la responsabilité portée par tous ces individus qui ont participé à cette brutalité ».
Recteur de l’université, Périclès Mitkas a condamné la destruction du cimetière, mais a ajouté que peut-être on pouvait trouver une forme de consolation dans le fait que sur « ces terrains sacrés a été érigée une université qui est le lieu quotidien de rencontre de nombreuses cultures, de promotion de la liberté et de la tolérance de toutes les religions, races et politiques et est dédié à la lutte contre les discriminations ».
Arrivé en Israël le 29 mars 2016 pour une visite officielle de trois jours, Prokopis Pavlopoulos, président de la Grèce, ancien professeur de droit administratif, s'est rendu ce 30 mars à Yad Vashem et a reçu le titre de docteur honoris causa de l'université de Jérusalem.
Le 24 mai 2016 à 19 h, au Farband, 5 rue des Messageries à Paris, l'association Liberté du Judaïsme a proposé la conférence d'Isaac Revah, chercheur en physique géo-spatiale, ancien directeur de Laboratoire au CNRS et au centre National d'Etudes Spatiales, membre du comité directeur d'Aki Estamos, la "Situation des Juifs de Salonique ressortissants espagnols pendant la Seconde Guerre mondiale. Récit de la survie d'une petite minorité de Juifs saloniciens" : "Les Allemands envahissent le Nord de la Grèce en Avril 1941 et atteignent Thessalonique en trois jours. Ils appliquent les lois raciales et des mesures contre les Juifs depuis 1942 : le travail obligatoire forcé, les expropriations, la destruction du cimetière juif historique. 45.000 Juifs de Thessalonique (soit 95% de la population juive) sont déportés à Birkenau pendant la période de mars à août 1943. Le dernier convoi quitte Thessalonique en août 1943. De la population juive, seul un groupe de 520 personnes est préservé miraculeusement jusqu'à juillet 1943, en raison de leur nationalité espagnole. C'est l'histoire de ce groupe, qui survivra, qui nous sera rapportée par Isaac Revah qui la vécut avec sa famille. Il avait 9 ans à l'époque". La présentation sera précédée à 17 h par la projection de « Salonique, ville du silence », documentaire réalisé par Maurice Amaraggi.
Le 15 juin 2017, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, une plaque a été dévoilée dans le cadre du futur musée mémorial de la Shoah à Thessalonique. Étaient aussi présents le Permier ministre grec Alexis Tsipras, le maire de Thessalonique Yannis Boutaris et le président de la communauté juive de la ville David Saltiel. Celui-ci a indiqué que le musée mémorial présentera des expositions sur la culture et l'histoire de la communauté sépharade de la cité et relatera l'histoire de la petite communauté juive Romaniote présente en Grèce depuis plus de 2000 ans. Avec le soutien de Boutaris, les chemins de fer grecs ont donné un terrain donnant sur la gare à partir de laquelle les Juifs ont été déportés et 22 millions d'euros ont été collectés pour construire le bâtiment. Le gouvernement allemand a donné 10 millions d'euros et le reste vient de la Niarchos Foundation, une des principales organisations grecques philanthropes instituée par l'armateur Stavros Niarchos.
Le 11 juillet 2018, une source policière a révélé que des inconnus avaient profané un mémorial sur la Shoah à Thessalonique. "Des inconnus ont jeté de la peinture bleue sur ces stèles, dans l'enceinte de l'université de la ville, et y ont inscrit, avec une croix, "Jésus Christ vainc le diable", un slogan des milieux ultranationalistes orthodoxes grecs et serbes, a précisé la même source. Une enseignante a découvert cette profanation le 10 juillet 2018. L'université -- qui a condamné cette action tout comme la municipalité-- a fait nettoyer le monument. L'enquête a été confiée au service de répression des crimes racistes. Le monument avait été érigé en 2014 pour rappeler que l'université a été construite sur le cimetière juif de la ville, rasé par les occupants nazis".
C'est le troisième acte de ce genre en Grèce depuis mai 2018. "Le 27 juin, à l'issue d'une manifestation ultranationaliste, des inconnus avaient jeté de la peinture noire contre le principal mémorial consacré par la ville à la Shoah, sur une place centrale. C'est là que tous les hommes juifs avaient été rassemblés le 11 juillet 1942 par les occupants nazis, inaugurant, avant les déportations massives de mars 1943, l'extermination de 98% des quelque 50.000 Grecs juifs qui faisaient de Thessalonique un des centres du judaïsme dans les Balkans. Début mai, des stèles funéraires juives avaient aussi été endommagées dans le cimetière de Nikéa, dans la banlieue sud-ouest d'Athènes.Imputées à l'extrême droite et en particulier à la mouvance néonazie, représentée au Parlement par le parti Aube Dorée, ce type de profanations est récurrent en Grèce. Le pays, où les préjugés antisémites restent vivaces, a attendu la fin des années 1990 pour commencer à renouer avec l'histoire de sa communauté juive et de son extermination".
Le 20 mars 2014 à 19 h
Au Mémorial de la Shoah
Diffusion d’« En présence de mes voisins » (In the presence of my neighbours) de George Gedeon
Canada, 2013. 48 minutes
Table-ronde animée par Michel Azaria, vice-Président de JEAA (Judéo-Espagnol à Auschwitz), avec Paul Hagouel, ingénieur et militant de la Mémoire vivant à Thessalonique, Georges Prevelakis, professeur à l'Université Paris 1, et Joël Kotek, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de l’antisémitisme en Europe.
Conçu par des artistes israéliens, il est situé sur une des collines de l'université Aristote de Thessalonique. Il est composé notamment de cinq stèles sur lequel figure un texte identique en grec, anglais, judéo-espagnol, français et hébreu et soulignant l’action destructrice des « nazis et leurs collaborateurs ». A ses côtés : une ménorah brisée.
Fondée en 1925, l’Université Aristote de Thessalonique a été construite sur une grande part de l’ancien cimetière Juif de Salonique « qui datait de l’Empire romain et qui conservait encore des tombes d’avant 1492, mais également des premiers Juifs décédés en exil après leur expulsion d’Espagne ». Ce cimetière « couvrait plus de 350 000 m² et comprenait plus de 300 000 tombes ». Sous l’occupation nazie, « le 6 décembre 1942, 500 ouvriers, payés par la municipalité, procédèrent à une destruction systématique et à une récupération des pierres tombales comme matériaux de construction encore visibles aujourd’hui à Thessalonique. Peu de temps après ce fut la communauté Juive qui fut exterminée dans sa quasi-totalité à Auschwitz ». En mars 1943, les Nazis ont commencé à déporter les Juifs saloniciens par trains vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. En août, 49 000 des 55 000 Juifs de cette ville avaient été déportés. Moins de deux mille ont survécu. En mai 2014, des vandales ont détruit des vases et ornements de plaques du cimetière Juif de Thessalonique.
Parmi les personnalités ayant assisté à cette cérémonie d’inauguration le 9 novembre 2014 : Georgios Orfano, ministre de la Macédoine et de la Thrace, Yiannis Boutaris, maire de Thessalonique, des représentants de l’Eglise grecque orthodoxe, David Saltiel, président de la communauté Juive de Thessalonique, Victor Isaac Eliezer, représentant le président du Bureau central des communautés Juives de Grèce affiliées au CJE (Congrès Juif européen), Irit Ben Abba, ambassadrice d’Israël, Christophe Le Rigoleur, consul général de France, les consuls d’Allemagne, de Bulgarie, des Etats Unis, de Finlande et de Roumanie, le professeur Périclès Mitkas, recteur de l’université Aristote de Thessalonique, et son prédécesseur Ioannis Milopoulos, Michel Azaria, vice-Président de JEAA (Judéo-espagnol à Auschwitz, représentant le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Gratitude a été exprimée à ces deux recteurs de l’Université Aristote à l’origine de cet événement ainsi qu’à l’action persévérante de David Saltiel.
Le « discours le plus remarqué, le seul interrompu par des applaudissements, a été celui de Yannis Boutaris, maire de Thessalonique, portant kippa, qui comme à son habitude n’a pas mâché ses mots. Il a notamment déclaré, soixante-dix ans après, au nom de la ville, « avoir honte de ce silence injuste et coupable, honte pour ces collaborateurs Thessaloniciens qui ont collaboré avec les envahisseurs, pour les voisins qui ont détourné des fortunes, honte pour les autorités de la ville, le maire et le gouverneur général qui ont accepté sans protestation la destruction d’une mémoire de 500 ans et la conversion du plus grand Juif cimetière Juif d’Europe en un simple souvenir ». Il a ensuite assumé l’histoire de la municipalité et exprimé sa « honte de ces recteurs qui, après la guerre ont construit un campus à côté et au-dessus des tombes endommagées sans ériger une plaque commémorative ». Il a conclu en rappelant, comme il le fait chaque fois qu’il en a l’occasion, que la perte de la quasi-totalité de la communauté Juive est une perte pour tous les Thessaloniciens chrétiens, juifs, musulmans, athées et agnostiques de cette époque et d’aujourd’hui », a résumé Michel Azaria dans son article publié par le CRIF.
« Ce monument n’efface pas un fait historique, ne donne pas l’absolution… La société de cette ville et la communauté universitaire doit faire un pas de plus, et doit rechercher, documenter et présenter clairement au public les instigateurs et les exécuteurs de cette destruction », a déclaré David Saltiel.
Quant à Victor Isaac Eliezer, il a souligné : « Même après un délai de sept décennies, ce monument ne rappelle pas seulement que cette université a été construite sur le cimetière Juif de la ville, il rappelle le vandalisme dont ont souffert la culture et l’humanité de cette cité, et doit constituer un symbole de reconnaissance concernant la responsabilité portée par tous ces individus qui ont participé à cette brutalité ».
Recteur de l’université, Périclès Mitkas a condamné la destruction du cimetière, mais a ajouté que peut-être on pouvait trouver une forme de consolation dans le fait que sur « ces terrains sacrés a été érigée une université qui est le lieu quotidien de rencontre de nombreuses cultures, de promotion de la liberté et de la tolérance de toutes les religions, races et politiques et est dédié à la lutte contre les discriminations ».
Arrivé en Israël le 29 mars 2016 pour une visite officielle de trois jours, Prokopis Pavlopoulos, président de la Grèce, ancien professeur de droit administratif, s'est rendu ce 30 mars à Yad Vashem et a reçu le titre de docteur honoris causa de l'université de Jérusalem.
Lors de Limoud 2015, le 1er mars 2015, Isaac Revah a fait une conférence intitulée Salonique 1943 : L'action d'un Juste.
Le 15 juin 2017, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, une plaque a été dévoilée dans le cadre du futur musée mémorial de la Shoah à Thessalonique. Étaient aussi présents le Permier ministre grec Alexis Tsipras, le maire de Thessalonique Yannis Boutaris et le président de la communauté juive de la ville David Saltiel. Celui-ci a indiqué que le musée mémorial présentera des expositions sur la culture et l'histoire de la communauté sépharade de la cité et relatera l'histoire de la petite communauté juive Romaniote présente en Grèce depuis plus de 2000 ans. Avec le soutien de Boutaris, les chemins de fer grecs ont donné un terrain donnant sur la gare à partir de laquelle les Juifs ont été déportés et 22 millions d'euros ont été collectés pour construire le bâtiment. Le gouvernement allemand a donné 10 millions d'euros et le reste vient de la Niarchos Foundation, une des principales organisations grecques philanthropes instituée par l'armateur Stavros Niarchos.
Le 11 juillet 2018, une source policière a révélé que des inconnus avaient profané un mémorial sur la Shoah à Thessalonique. "Des inconnus ont jeté de la peinture bleue sur ces stèles, dans l'enceinte de l'université de la ville, et y ont inscrit, avec une croix, "Jésus Christ vainc le diable", un slogan des milieux ultranationalistes orthodoxes grecs et serbes, a précisé la même source. Une enseignante a découvert cette profanation le 10 juillet 2018. L'université -- qui a condamné cette action tout comme la municipalité-- a fait nettoyer le monument. L'enquête a été confiée au service de répression des crimes racistes. Le monument avait été érigé en 2014 pour rappeler que l'université a été construite sur le cimetière juif de la ville, rasé par les occupants nazis".
C'est le troisième acte de ce genre en Grèce depuis mai 2018. "Le 27 juin, à l'issue d'une manifestation ultranationaliste, des inconnus avaient jeté de la peinture noire contre le principal mémorial consacré par la ville à la Shoah, sur une place centrale. C'est là que tous les hommes juifs avaient été rassemblés le 11 juillet 1942 par les occupants nazis, inaugurant, avant les déportations massives de mars 1943, l'extermination de 98% des quelque 50.000 Grecs juifs qui faisaient de Thessalonique un des centres du judaïsme dans les Balkans. Début mai, des stèles funéraires juives avaient aussi été endommagées dans le cimetière de Nikéa, dans la banlieue sud-ouest d'Athènes.Imputées à l'extrême droite et en particulier à la mouvance néonazie, représentée au Parlement par le parti Aube Dorée, ce type de profanations est récurrent en Grèce. Le pays, où les préjugés antisémites restent vivaces, a attendu la fin des années 1990 pour commencer à renouer avec l'histoire de sa communauté juive et de son extermination".
Au Mémorial de la Shoah
Diffusion d’« En présence de mes voisins » (In the presence of my neighbours) de George Gedeon
Canada, 2013. 48 minutes
Table-ronde animée par Michel Azaria, vice-Président de JEAA (Judéo-Espagnol à Auschwitz), avec Paul Hagouel, ingénieur et militant de la Mémoire vivant à Thessalonique, Georges Prevelakis, professeur à l'Université Paris 1, et Joël Kotek, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de l’antisémitisme en Europe.
Jusqu’au 16 mars 2014
Au Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l'Asnier. 75004 Paris
Tél. : +(0)1 42 77 44 72
Tous les jours, sauf le samedi, de 10h à 18h, et le jeudi jusqu'à 22h
Au Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l'Asnier. 75004 Paris
Tél. : +(0)1 42 77 44 72
Tous les jours, sauf le samedi, de 10h à 18h, et le jeudi jusqu'à 22h
A lire sur ce blog :
Articles in English
Cet article a été publié les 15 mars et :
- 31 mai 2014. Le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) a présenté le 1er juin 2014 à 11 h Itinéraire mémoriel de Salonique à Paris, avec Janine Gerson-Père ;
- 2 janvier et 28 février 2015, 30 mars et 24 mai 2016, 23 juin 2017.
Cet article a été publié les 15 mars et :
- 31 mai 2014. Le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) a présenté le 1er juin 2014 à 11 h Itinéraire mémoriel de Salonique à Paris, avec Janine Gerson-Père ;
- 2 janvier et 28 février 2015, 30 mars et 24 mai 2016, 23 juin 2017.
Je souhaite rappeler à Véronique Chemla la parution en 1993 de "L'Echelle de Jacob, une famille judéo-espagnole de Salonique" d'Elie Carasso, descendant de deux familles juives exterminées de la cité, né en 1946, Professeur de philosophie en retraite. Directeur dix ans des publications des Cousins de Salonique. L'Echelle de Jacob a été préfacé par le grand linguiste et ex déporté à Auschwitz Haim Vidal Sephiha qui a créé sa Fondation au Musée Juif et de la Shoah de Washington. On trouve encore L'Echelle de Jacob chez l'auteur en Avignon ainsi que les Voix de la Mémoire ( ouvrage collectif 97 sur les Séfarades Ottomans)
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