Le 28e diner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) s’est tenu le 20 mars 2013 près de Paris devant près de mille convives dont des personnalités politiques, civiles, religieuses, communautaires, artistiques et médiatiques. Ont été évoqués la lutte contre l’antisémitisme, la contribution louée des Juifs à la France, la défense de l’islam, le programme nucléaire iranien, la paix au Proche-Orient. Si Richard Prasquier, alors président du CRIF, a alerté sur la désinformation (affaire al-Dura), le Président François Hollande a décliné la « politique arabe » de la France. Des laïus convenus et non rassurants. Ce 7 mars 2016, se tiendra le dîner du CRIF. Un événement sur lequel le CRIF ne sait pas capitaliser, et qui devient l'instance où le Président de la République, ignorant de l'Histoire du peuple Juif, malmène, voire tance ses concitoyens Juifs en phagocytant ce dîner devenu sa conférence de presse internationale.
Entre vérités et faux semblants, un diner du CRIF « islamiquement correct »
Graves incompréhensions et hiatus au dîner du CRIF du 9 février 2011
Entre vérités et faux semblants, un diner du CRIF « islamiquement correct »
Graves incompréhensions et hiatus au dîner du CRIF du 9 février 2011
Dès le 21 mars 2013, le CRIF a claironné le succès de son dîner annuel prestigieux tenu la veille.
Le premier dîner dont l’invité était le Président de la République François Hollande, élu en mai 2012.
Une soirée réunissant un « parterre de plusieurs centaines de personnes parmi lesquelles une dizaine de ministres en exercice, des dizaines d'anciens ministres ainsi que des représentants des principaux cultes », Ron Lauder, président du Congrès Juif mondial (CJM), Samuel Sandler, Latifa Ibn Ziaten, parents de victimes du djihadiste Mohamed Merah en mars 2012, et Robert Redeker, philosophe vivant sous protection policière depuis près de sept ans en raison des menaces de mort le visant après la publication de sa tribune Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre.
« Ce qui menace les Juifs menace la France »
Richard Prasquier a débuté son discours par un hommage aux victimes de Mohamed Merah - « Il y a une autre leçon de Toulouse (…) : c'est que l'horreur ne décourage pas la haine » -, et a comparé la déshumanisation des Juifs par cet islamiste à celle des Nazis.
Puis le président du CRIF a souligné la recrudescence de l’antisémitisme : 614 actes antisémites en 2012, dont 96 avec violences contre des individus ; « une agression sur quatre est avec arme. Quelqu’un identifié comme Juif court environ cent fois plus de risques d’être agressé qu’un autre individu… Ces risques imposent un renforcement de la sécurisation des lieux où les Juifs prient, étudient et se rencontrent ».
Richard Prasquier a ensuite évoqué les musulmans - « En France, les Juifs ne sont pas discriminés. Mais les Musulmans le sont trop souvent. Cela provoque un ressentiment qui peut être le premier pas sur la route de la révolte » -, a distingué islam et islamisme radical, défendu le droit au blasphème « essentiel à une société de liberté », et a accordé un satisfecit des actions menées par les autorités politiques françaises, passées et présentes, pour lutter contre l’antisémitisme.
Citant le « maitre spirituel des Frères Musulmans » Youssef Qaradhawi – « Allah a imposé aux Juifs des personnes pour les punir de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. C'était un châtiment divin. Si Allah le veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans » -, Richard Prasquier a affirmé : « L’antisémitisme n’est pas consubstantiel à l’Islam, mais il ne faut pas dire que de telles paroles ne représentent pas l’Islam, puis inviter leur auteur devant des foules enthousiastes… Il n’y aura pas de victoire contre l’intolérance si cette lutte n’est pas menée d’abord par les musulmans eux-mêmes ».
Il a maladroitement stigmatisé la désinformation visant Israël. Il a notamment évoqué « les incohérences du reportage sur Mohamed Al Dura, cette mort en direct diffusée au monde par la télévision française il y a douze. On a esquivé la très simple enquête technique que le CRIF réclamait… » A déploré le silence des indignés à l’égard des victimes si nombreuses au Congo ou au Darfour. Rappelé que « le sionisme, ce mot que l’on cherche à diaboliser, c’est le mouvement de libération du peuple juif ». Dénoncé l'« israélophobie », cette interpellation des Juifs sur leur soutien à Israël.
Rendant hommage aux « cinq soldats français tombés pour la patrie » lors de la « lutte contre l’Islamisme radical engagée au Mali avec détermination et clarté », Richard Prasquier a exhorté à la fermeté pour éviter un Iran nucléaire. Il a exprimé l’incompréhension à l’égard de « la frilosité, qui est une faiblesse », consistant à refuser d’inscrire le Hezbollah, « qui tient le Liban et la Finul en otage » et dont le rôle « dans l'attentat de Burgas, en Bulgarie, et de bien d'autres » est connu de l’Europe, comme organisation terroriste : « Le chantage du Hezbollah et son impunité doivent cesser ».
Richard Prasquier a débuté son discours par un hommage aux victimes de Mohamed Merah - « Il y a une autre leçon de Toulouse (…) : c'est que l'horreur ne décourage pas la haine » -, et a comparé la déshumanisation des Juifs par cet islamiste à celle des Nazis.
Puis le président du CRIF a souligné la recrudescence de l’antisémitisme : 614 actes antisémites en 2012, dont 96 avec violences contre des individus ; « une agression sur quatre est avec arme. Quelqu’un identifié comme Juif court environ cent fois plus de risques d’être agressé qu’un autre individu… Ces risques imposent un renforcement de la sécurisation des lieux où les Juifs prient, étudient et se rencontrent ».
Richard Prasquier a ensuite évoqué les musulmans - « En France, les Juifs ne sont pas discriminés. Mais les Musulmans le sont trop souvent. Cela provoque un ressentiment qui peut être le premier pas sur la route de la révolte » -, a distingué islam et islamisme radical, défendu le droit au blasphème « essentiel à une société de liberté », et a accordé un satisfecit des actions menées par les autorités politiques françaises, passées et présentes, pour lutter contre l’antisémitisme.
Citant le « maitre spirituel des Frères Musulmans » Youssef Qaradhawi – « Allah a imposé aux Juifs des personnes pour les punir de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. C'était un châtiment divin. Si Allah le veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans » -, Richard Prasquier a affirmé : « L’antisémitisme n’est pas consubstantiel à l’Islam, mais il ne faut pas dire que de telles paroles ne représentent pas l’Islam, puis inviter leur auteur devant des foules enthousiastes… Il n’y aura pas de victoire contre l’intolérance si cette lutte n’est pas menée d’abord par les musulmans eux-mêmes ».
Il a maladroitement stigmatisé la désinformation visant Israël. Il a notamment évoqué « les incohérences du reportage sur Mohamed Al Dura, cette mort en direct diffusée au monde par la télévision française il y a douze. On a esquivé la très simple enquête technique que le CRIF réclamait… » A déploré le silence des indignés à l’égard des victimes si nombreuses au Congo ou au Darfour. Rappelé que « le sionisme, ce mot que l’on cherche à diaboliser, c’est le mouvement de libération du peuple juif ». Dénoncé l'« israélophobie », cette interpellation des Juifs sur leur soutien à Israël.
Rendant hommage aux « cinq soldats français tombés pour la patrie » lors de la « lutte contre l’Islamisme radical engagée au Mali avec détermination et clarté », Richard Prasquier a exhorté à la fermeté pour éviter un Iran nucléaire. Il a exprimé l’incompréhension à l’égard de « la frilosité, qui est une faiblesse », consistant à refuser d’inscrire le Hezbollah, « qui tient le Liban et la Finul en otage » et dont le rôle « dans l'attentat de Burgas, en Bulgarie, et de bien d'autres » est connu de l’Europe, comme organisation terroriste : « Le chantage du Hezbollah et son impunité doivent cesser ».
« Enfants d’Abraham et de Marianne »
Pour son premier discours, François Hollande s’est prêté aux figures imposées qui meublent un discours ennuyeux, font plaisir à l’auditoire Juif et ne coûtent rien.
Dans l’ordre : louanges à la contribution des Juifs à l’histoire de la France – Jules Isaac, René Cassin - et du monde, émotion pour les victimes de la Shoah, engagement à assurer l’enseignement de la Shoah, hommage à Simone Veil, promesses de lutter contre l’antisémitisme en accordant la priorité à l’éducation et les réseaux sociaux.
Comme lors de son discours du 17 mars 2013 à Toulouse à la mémoire des victimes du jihadiste Merah, le président Hollance a distingué l’islam de l’islamisme radical, le terrorisme dénué de tout lien avec l’islam quand il surgit en France, et le « terrorisme islamiste radical » - attention ! c’est le méchant-méchant -, fondamentalisme hors de l’hexagone.
Puis il a éludé l’affaire al-Dura, pour brosser un tableau de la guerre au Mali, et affirmer le refus de la France de l’Iran nucléaire, l’attente de preuves sur l’implication du Hezbollah dans l’attentat, la nécessité d’un Etat palestinien « dans l’intérêt d’Israël », l’aide à l’opposition au président Assad. Bref : la « politique arabe de la France » actualisée par le « printemps arabe ».
Pour son premier discours, François Hollande s’est prêté aux figures imposées qui meublent un discours ennuyeux, font plaisir à l’auditoire Juif et ne coûtent rien.
Dans l’ordre : louanges à la contribution des Juifs à l’histoire de la France – Jules Isaac, René Cassin - et du monde, émotion pour les victimes de la Shoah, engagement à assurer l’enseignement de la Shoah, hommage à Simone Veil, promesses de lutter contre l’antisémitisme en accordant la priorité à l’éducation et les réseaux sociaux.
Comme lors de son discours du 17 mars 2013 à Toulouse à la mémoire des victimes du jihadiste Merah, le président Hollance a distingué l’islam de l’islamisme radical, le terrorisme dénué de tout lien avec l’islam quand il surgit en France, et le « terrorisme islamiste radical » - attention ! c’est le méchant-méchant -, fondamentalisme hors de l’hexagone.
Puis il a éludé l’affaire al-Dura, pour brosser un tableau de la guerre au Mali, et affirmer le refus de la France de l’Iran nucléaire, l’attente de preuves sur l’implication du Hezbollah dans l’attentat, la nécessité d’un Etat palestinien « dans l’intérêt d’Israël », l’aide à l’opposition au président Assad. Bref : la « politique arabe de la France » actualisée par le « printemps arabe ».
Confusions graves
Mû par de hautes valeurs morales, sioniste dévoué, Richard Prasquier est un des dirigeants communautaires les plus cultivés. Il n’est jamais meilleur que dans son ironie et la finesse d’analyses sur la désinformation ou les ressorts de l’antisémitisme.
Redéfinir l’antisémitisme - l'antisémitisme, ce « n'est pas seulement la haine des juifs » mais aussi « la détestation de la France, de ce qu’elle représente » (Président Hollande) - et forger ou reprendre un néologisme – « israélophobie », voire affirmer sans argumenter que « l’antisémitisme n’est pas consubstantiel à l’Islam » (Richard Prasquier) -, incombent-ils à ces deux orateurs ?
Définir l’antisémitisme aussi comme la haine de la France, n’est-ce pas dénaturer l’un et l’autre ?
Défendre l’islam relève-t-il des fonctions de ces deux présidents ? Sur quels éléments se fondent-ils pour distinguer l’islam de l’islamisme radical ? Mystère.
Comme ses homologues communautaires, Richard Prasquier a malheureusement opté pour « l’islamiquement correct » qui coule les Français Juifs.
Exemples. Les musulmans seraient les « premières victimes de l’islamisme radical ». Pourquoi ne pas expliquer que parce que les 57 Etats membres de l’OCI (Organisation de la coopération islamique), devenus (quasi)judenrein et bientôt (quasi)christianrein. En outre, les pogroms, les massacres des chrétiens au Nigéria, en Egypte ou au Pakistan, ou des Hindous (80 millions d’hindous tués entre 1000 et 1525, Hindi Kouch), ont souvent été occultés par les manuels d’Histoire.
Richard Prasquier devrait se garder d’un amalgame infondé : « A ceux qui insistent sur la violence du Coran contre les Juifs, je rappelle le massacre des Midianites au chapitre des Nombres et les buchers de l’Inquisition ». L’une des règles de la communication est d’utiliser un langage compréhensible de son public. Pour ceux qui, comme moi, ignoraient cet épisode, rappelons que Moïse et les Hébreux ont tué les Midianites, qui avaient incité à l’idolâtrie. Comment peut-on dresser un parallèle entre cet épisode de la Bible et le Coran et l’Inquisition ? L’Inquisition, dont une historiographie récente tend à nuancer sa sombre légende, a été un tribunal d’exception institué par l'Église catholique romaine et relevant du droit canonique. La violence dans la Bible, jamais sans raison, « tourne autour d'une période et d'un lieu spécifiques et était dirigée contre un peuple bien spécifique. A aucun moment de l'histoire, cette violence n'eut lieu, pour devenir une norme codifiée ou standardisée dans la législature juive. En court, les relations bibliques de violence sont plutôt descriptives, mais non prescriptives… Certains aspects de la violence et de l'intolérance islamiques ont été enregistrées et standardisées dans la législature islamique et appliquées à tous les temps. Ainsi, pendant que la violence qu'on rencontre dans le Qour'ân dénote un contexte historique, sa dernière signification est théologique », analyse Raymond Ibrahim, historien et islamologue. Et dans le Coran les versets haineux à l’égard des Juifs ou appelant à les tuer, abrogent ceux favorables aux Juifs.
« Merah fait partie de l’Islam, comme Torquemada du christianisme et Baruch Goldstein, malheureusement, du judaïsme », a allégué Richard Prasquier. Le jihadiste Mohamed Merah a assassiné au nom de l’islam, a bénéficié de soutiens, tant en France qu’à l’étranger, et a suscité l’admiration de nombreux individus. Quant à Torquemada (1420-1498), il était un dominicain Grand Inquisiteur (1483-1498) et conseiller des rois espagnols. Baruch Goldstein était un médecin Juif israélien qui, le 25 février 1994, dans la mosquée du Caveau des Patriarches à Hebron, a tué 29 musulmans, avant d’être battu à mort par des musulmans ; son acte a été condamné par la quasi-totalité des rabbins, en Israël et en diaspora, ses motivations sont inconnues – pour certains, Goldstein avait entendu les appels à l’assassinat de Juifs proférés par les musulmans dans ce Caveau, et a voulu prévenir un pogrom - et un rapport a conclu à une action solitaire. Quel est le rapport entre son acte et le judaïsme ?
Autres questions : le « noyau dur de l’antisémitisme » est-il constitué par le révisionnisme ou par la haine d’Israël et le « palestinisme » ? Et s’agit-il d’un « conflit israélo-palestinien » ?
Ne serait-il pas préférable que le CRIF évite les amalgames et les raccourcis infondés, surtout ceux qui ternissent à tort le judaïsme, et évite de placer les musulmans avant les juifs et les chrétiens dans ses phrases ? D’autant que le judaïsme et les Juifs disparaissent du paysage français : absence dans des expositions, dans des manuels d’histoire, etc.
« Les Juifs ne sont pas discriminés. Mais les musulmans le sont trop souvent. Cela provoque un ressentiment qui peut être le premier pas sur la route de la révolte », a déploré Richard Prasquier. Certes, des musulmans sont victimes de discriminations affligeantes, mais bénéficient aussi de la discrimination positive, en particulier au nom de la représentation de « la diversité » et de la « société plurielle ». Rappelons que des élèves français Juifs sont contraints de fuir en grand nombre l’école publique en raison de l’antisémitisme, que des islamistes défilent à Paris impunément, sans que la police utilise des gaz lacrymogènes, avec ou sans autorisation de la préfecture de police, qui a pourtant interdit la manifestation du 7 juillet 2013 contre l’exposition de Ahlam Shibli glorifiant le terrorisme au Jeu de Paume, etc. Victimes de multiples discriminations – numerus clausus –, les Juifs n’ont pas emprunté « la voie de la révolte ». Le 22 mars 2012, le CFCM (Conseil français du culte musulman) a « reformulé le vœu que soit abandonné l’usage des termes « islamiste » ou « islamisme » qui nourrit l’amalgame entre islam et terrorisme et fait souffrir des millions de musulmans qui tiennent à défendre la dignité de leur Foi et de leur religion ». Un message reçu cinq sur cinq par les autorités politiques : « Au Mali, François Hollande fait la guerre à l’islam radical. Pressé par l’attaque islamiste vers Bamako, il a choisi d’affronter une idéologie obscurantiste qui a relancé son djihad contre l’Occident et ses alliés musulmans. Pourtant, le chef de l’État ne se résout pas à assumer sa décision courageuse. Pour lui, l’adversaire reste "le terrorisme" » (Ivan Rioufol). Et Le 2 juin 2013, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a déclaré : « L'évolution est positive. Il y a cinq mois, le Mali allait tomber sous la main des terroristes. La campagne pour les élections du 28 juillet va commencer. Nous avons affronté les terroristes. Nous en avons neutralisé beaucoup. Nous sommes de ceux qui luttent le plus contre le terrorisme".
Et que dire des chrétiens ! Leurs églises sont vandalisées ou détruites illégalement en France sans que cela inspire la moindre visite des ministres des Cultes et de la Justice ! Si les politiciens souhaitent un bon Ramadan aux musulmans, ils se gardent de souhaiter un joyeux Noël aux chrétiens. Quant au Carême, il suscite un intérêt inversement proportionnel au Ramadan.
« Sur You tube un bref documentaire récent montre un éducateur aux Pays Bas parlant de Anne Frank à un groupe d’adolescents. Ils lui répondent que les Israéliens ont tué des millions de Palestiniens à Gaza. Pourquoi alors tant insister sur la Shoah ? Hitler avait raison de ne pas aimer les Juifs, mais il n’en a pas tué assez… » Pourquoi ne pas dire aussi que ces adolescents sont des Turcs musulmans ? Pourquoi ne pas ajouter que l’éducateur vit caché depuis la révélation de ces faits ? Coutumiers du « politiquement correct » des politiciens et médias, les Français le traduisent, le décryptent : ainsi, « jeunes » est utilisé pour désigner des individus issus de l’immigration d’Afrique. Est-il indispensable que le président du CRIF impose à ses coreligionnaires de décrypter son discours. Des coreligionnaires lambda informés qui s’interrogent sur la « religion-d’amour-et-de-paix ».
Avec la reprise de la terminologie des autorités politiques françaises - « islamisme radical » -, le summum de cet « islamiquement correct » de Richard Prasquier a été son lapsus consistant à substituer à « israélophobie » le terme « islamophobie ». Islamophobie !? Un débat ou un film sur l’islam, c’est un acte islamophobe ? Serait islamophobe l’affirmation de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), le 31 juillet 2001 et le 13 février 2003, selon laquelle la charia (loi islamique), « reflétant fidèlement les dogmes et les règles divines édictées par la religion, présente un caractère stable et invariable. Lui sont étrangers des principes tels que le pluralisme dans la participation politique ou l’évolution incessante des libertés publiques... Il est difficile à la fois de se déclarer respectueux de la démocratie et des droits de l’homme et de soutenir un régime fondé sur la Charia ».
C’est curieux cette défense asymétrique de l’islam et des musulmans sans réciproque de la part des musulmans. Combien parmi les huit à dix millions de musulmans en France ont défilé contre l’antisémitisme ? Quelques dizaines en 2012 près de la place de la Bastille (Paris).
Cet « islamiquement correct » communautaire isole des dirigeants feignant d’ignorer que leurs coreligionnaires lambda informés s’interrogent sur la « religion-d’amour-et-de-paix ».
Enfin, ces deux présidents insistent avec raison sur l’éducation pour lutter contre l’antisémitisme. Mais au vu de la volonté de certains de soustraire les enfants à l’influence de leurs parents, et au vu du déclin de l’enseignement en France, tant dans la formation des instituteurs ou professeurs, que dans les programmes scolaires, on ne peut raisonnablement guère espérer de l’enseignement. Et pourquoi la France ne fait-elle pas pression sur les dirigeants de pays ou entités musulmans pour supprimer les manuels scolaires qui distillent la haine des Juifs ?
Mû par de hautes valeurs morales, sioniste dévoué, Richard Prasquier est un des dirigeants communautaires les plus cultivés. Il n’est jamais meilleur que dans son ironie et la finesse d’analyses sur la désinformation ou les ressorts de l’antisémitisme.
Redéfinir l’antisémitisme - l'antisémitisme, ce « n'est pas seulement la haine des juifs » mais aussi « la détestation de la France, de ce qu’elle représente » (Président Hollande) - et forger ou reprendre un néologisme – « israélophobie », voire affirmer sans argumenter que « l’antisémitisme n’est pas consubstantiel à l’Islam » (Richard Prasquier) -, incombent-ils à ces deux orateurs ?
Définir l’antisémitisme aussi comme la haine de la France, n’est-ce pas dénaturer l’un et l’autre ?
Défendre l’islam relève-t-il des fonctions de ces deux présidents ? Sur quels éléments se fondent-ils pour distinguer l’islam de l’islamisme radical ? Mystère.
Comme ses homologues communautaires, Richard Prasquier a malheureusement opté pour « l’islamiquement correct » qui coule les Français Juifs.
Exemples. Les musulmans seraient les « premières victimes de l’islamisme radical ». Pourquoi ne pas expliquer que parce que les 57 Etats membres de l’OCI (Organisation de la coopération islamique), devenus (quasi)judenrein et bientôt (quasi)christianrein. En outre, les pogroms, les massacres des chrétiens au Nigéria, en Egypte ou au Pakistan, ou des Hindous (80 millions d’hindous tués entre 1000 et 1525, Hindi Kouch), ont souvent été occultés par les manuels d’Histoire.
Richard Prasquier devrait se garder d’un amalgame infondé : « A ceux qui insistent sur la violence du Coran contre les Juifs, je rappelle le massacre des Midianites au chapitre des Nombres et les buchers de l’Inquisition ». L’une des règles de la communication est d’utiliser un langage compréhensible de son public. Pour ceux qui, comme moi, ignoraient cet épisode, rappelons que Moïse et les Hébreux ont tué les Midianites, qui avaient incité à l’idolâtrie. Comment peut-on dresser un parallèle entre cet épisode de la Bible et le Coran et l’Inquisition ? L’Inquisition, dont une historiographie récente tend à nuancer sa sombre légende, a été un tribunal d’exception institué par l'Église catholique romaine et relevant du droit canonique. La violence dans la Bible, jamais sans raison, « tourne autour d'une période et d'un lieu spécifiques et était dirigée contre un peuple bien spécifique. A aucun moment de l'histoire, cette violence n'eut lieu, pour devenir une norme codifiée ou standardisée dans la législature juive. En court, les relations bibliques de violence sont plutôt descriptives, mais non prescriptives… Certains aspects de la violence et de l'intolérance islamiques ont été enregistrées et standardisées dans la législature islamique et appliquées à tous les temps. Ainsi, pendant que la violence qu'on rencontre dans le Qour'ân dénote un contexte historique, sa dernière signification est théologique », analyse Raymond Ibrahim, historien et islamologue. Et dans le Coran les versets haineux à l’égard des Juifs ou appelant à les tuer, abrogent ceux favorables aux Juifs.
« Merah fait partie de l’Islam, comme Torquemada du christianisme et Baruch Goldstein, malheureusement, du judaïsme », a allégué Richard Prasquier. Le jihadiste Mohamed Merah a assassiné au nom de l’islam, a bénéficié de soutiens, tant en France qu’à l’étranger, et a suscité l’admiration de nombreux individus. Quant à Torquemada (1420-1498), il était un dominicain Grand Inquisiteur (1483-1498) et conseiller des rois espagnols. Baruch Goldstein était un médecin Juif israélien qui, le 25 février 1994, dans la mosquée du Caveau des Patriarches à Hebron, a tué 29 musulmans, avant d’être battu à mort par des musulmans ; son acte a été condamné par la quasi-totalité des rabbins, en Israël et en diaspora, ses motivations sont inconnues – pour certains, Goldstein avait entendu les appels à l’assassinat de Juifs proférés par les musulmans dans ce Caveau, et a voulu prévenir un pogrom - et un rapport a conclu à une action solitaire. Quel est le rapport entre son acte et le judaïsme ?
Autres questions : le « noyau dur de l’antisémitisme » est-il constitué par le révisionnisme ou par la haine d’Israël et le « palestinisme » ? Et s’agit-il d’un « conflit israélo-palestinien » ?
Ne serait-il pas préférable que le CRIF évite les amalgames et les raccourcis infondés, surtout ceux qui ternissent à tort le judaïsme, et évite de placer les musulmans avant les juifs et les chrétiens dans ses phrases ? D’autant que le judaïsme et les Juifs disparaissent du paysage français : absence dans des expositions, dans des manuels d’histoire, etc.
« Les Juifs ne sont pas discriminés. Mais les musulmans le sont trop souvent. Cela provoque un ressentiment qui peut être le premier pas sur la route de la révolte », a déploré Richard Prasquier. Certes, des musulmans sont victimes de discriminations affligeantes, mais bénéficient aussi de la discrimination positive, en particulier au nom de la représentation de « la diversité » et de la « société plurielle ». Rappelons que des élèves français Juifs sont contraints de fuir en grand nombre l’école publique en raison de l’antisémitisme, que des islamistes défilent à Paris impunément, sans que la police utilise des gaz lacrymogènes, avec ou sans autorisation de la préfecture de police, qui a pourtant interdit la manifestation du 7 juillet 2013 contre l’exposition de Ahlam Shibli glorifiant le terrorisme au Jeu de Paume, etc. Victimes de multiples discriminations – numerus clausus –, les Juifs n’ont pas emprunté « la voie de la révolte ». Le 22 mars 2012, le CFCM (Conseil français du culte musulman) a « reformulé le vœu que soit abandonné l’usage des termes « islamiste » ou « islamisme » qui nourrit l’amalgame entre islam et terrorisme et fait souffrir des millions de musulmans qui tiennent à défendre la dignité de leur Foi et de leur religion ». Un message reçu cinq sur cinq par les autorités politiques : « Au Mali, François Hollande fait la guerre à l’islam radical. Pressé par l’attaque islamiste vers Bamako, il a choisi d’affronter une idéologie obscurantiste qui a relancé son djihad contre l’Occident et ses alliés musulmans. Pourtant, le chef de l’État ne se résout pas à assumer sa décision courageuse. Pour lui, l’adversaire reste "le terrorisme" » (Ivan Rioufol). Et Le 2 juin 2013, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a déclaré : « L'évolution est positive. Il y a cinq mois, le Mali allait tomber sous la main des terroristes. La campagne pour les élections du 28 juillet va commencer. Nous avons affronté les terroristes. Nous en avons neutralisé beaucoup. Nous sommes de ceux qui luttent le plus contre le terrorisme".
Et que dire des chrétiens ! Leurs églises sont vandalisées ou détruites illégalement en France sans que cela inspire la moindre visite des ministres des Cultes et de la Justice ! Si les politiciens souhaitent un bon Ramadan aux musulmans, ils se gardent de souhaiter un joyeux Noël aux chrétiens. Quant au Carême, il suscite un intérêt inversement proportionnel au Ramadan.
« Sur You tube un bref documentaire récent montre un éducateur aux Pays Bas parlant de Anne Frank à un groupe d’adolescents. Ils lui répondent que les Israéliens ont tué des millions de Palestiniens à Gaza. Pourquoi alors tant insister sur la Shoah ? Hitler avait raison de ne pas aimer les Juifs, mais il n’en a pas tué assez… » Pourquoi ne pas dire aussi que ces adolescents sont des Turcs musulmans ? Pourquoi ne pas ajouter que l’éducateur vit caché depuis la révélation de ces faits ? Coutumiers du « politiquement correct » des politiciens et médias, les Français le traduisent, le décryptent : ainsi, « jeunes » est utilisé pour désigner des individus issus de l’immigration d’Afrique. Est-il indispensable que le président du CRIF impose à ses coreligionnaires de décrypter son discours. Des coreligionnaires lambda informés qui s’interrogent sur la « religion-d’amour-et-de-paix ».
Avec la reprise de la terminologie des autorités politiques françaises - « islamisme radical » -, le summum de cet « islamiquement correct » de Richard Prasquier a été son lapsus consistant à substituer à « israélophobie » le terme « islamophobie ». Islamophobie !? Un débat ou un film sur l’islam, c’est un acte islamophobe ? Serait islamophobe l’affirmation de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), le 31 juillet 2001 et le 13 février 2003, selon laquelle la charia (loi islamique), « reflétant fidèlement les dogmes et les règles divines édictées par la religion, présente un caractère stable et invariable. Lui sont étrangers des principes tels que le pluralisme dans la participation politique ou l’évolution incessante des libertés publiques... Il est difficile à la fois de se déclarer respectueux de la démocratie et des droits de l’homme et de soutenir un régime fondé sur la Charia ».
C’est curieux cette défense asymétrique de l’islam et des musulmans sans réciproque de la part des musulmans. Combien parmi les huit à dix millions de musulmans en France ont défilé contre l’antisémitisme ? Quelques dizaines en 2012 près de la place de la Bastille (Paris).
Cet « islamiquement correct » communautaire isole des dirigeants feignant d’ignorer que leurs coreligionnaires lambda informés s’interrogent sur la « religion-d’amour-et-de-paix ».
Enfin, ces deux présidents insistent avec raison sur l’éducation pour lutter contre l’antisémitisme. Mais au vu de la volonté de certains de soustraire les enfants à l’influence de leurs parents, et au vu du déclin de l’enseignement en France, tant dans la formation des instituteurs ou professeurs, que dans les programmes scolaires, on ne peut raisonnablement guère espérer de l’enseignement. Et pourquoi la France ne fait-elle pas pression sur les dirigeants de pays ou entités musulmans pour supprimer les manuels scolaires qui distillent la haine des Juifs ?
Service minimum présidentiel
« La Shoah doit pouvoir être enseignée partout ». C’est dans les faits souvent de l’ordre de l’incantation. Et c’est une Shoah « arabiquement correcte ».
« Comment admettre qu'au début du 21e siècle, la police soit conduite à protéger des écoles, comment supporter l'idée que des enfants puissent redouter de se rendre à l'école et des parents de les y envoyer… La République sera en paix avec elle-même lorsque cette peur-là aura définitivement disparu ». De qui se moque-t-on ? Aucun policier ne protégeait l’école Ozar HaTorah ce 19 mars 2013. Près d’un an après l’attentat antisémite à Toulouse, plus de dix mois après l’élection de François Hollande à la Présidence de la République, a été réuni – enfin ! - un comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Des mesurettes ont été annoncées. Sans faire de ce combat une lutte nationale. Et en contradiction avec les actes du Président Hollande, tel son hommage public à Stéphane Hessel le 7 mars 2013.
Par ailleurs, si la police protège de manière constante la grande synagogue de la rue des Victoires et les sièges du CRIF, du FSJU (Fonds social juif unifié) et des Consistoires israélites, sa protection d’autres établissements demeure temporaire, lors de certaines fêtes juives. Aucun policier n’est placé devant par exemple de grandes synagogues parisiennes. On ne peut qu’encourager les familles souhaitant y organiser leurs évènements, d’exiger la sécurité des autorités de la synagogue pressentie.
Du « triste palmarès de notre pays : les quatre victimes de Copernic, octobre 1980, Sébastien Sellam, novembre 2003, Ilan Halimi, février 2006, Myriam Monsonego, Jonathan, Gabriel et Arieh Sandler , mars 2012 » listé par Richard Prasquier, le Président Hollande a exclu Sébastien Selam. Pourquoi ? Ajoutons aussi à cette liste tragique les victimes de l’attentat terroriste palestinien contre le restaurant parisien Goldenberg le 9 août 1982...
Faire l’éloge maladroite des Juifs célèbres décédés – la mère de Jean Zay était protestante, le capitaine Dreyfus n’était pas un « petit capitaine juif » - et célébrer la contribution des Juifs à la France, c’est s’attirer aisément des applaudissements de cette audience avant la partie proarabe du discours. Mais il y a quelque chose de gênant dans l’absence de tout Juif vivant, hormis Simone Veil, dans cet hommage - le Prix Nobel de physique 2012 a pourtant été remis à Serge Haroche – et de constater que cet hommage n’induit aucune baisse du nombre d’actes antisémites.
Les effets d’annonces, souvent dérisoires ou fausses, du Président François Hollande se réduisent à des phrases vagues, mais qui suscitent des applaudissements nourris. L’enseignement de la morale à l’école ? Pas au programme. Entre le ministre de l’Education et le Président, c’est celui qui parle le dernier qui a raison ? Que fera ce chef d’Etat face à l’Iran se dotant de son programme nucléaire militaire ? Encore des sanctions. Le Liban, Etat artificiel créé par la France de la IIIe République en vue de son influence au Proche-Orient ? Judenrein. Sur l’implication du Hezbollah dans l’attentat de Bourgas, le Président François Hollande attend les « preuves de l’implication des membres du Hezbollah » et « l’Europe doit être prête à en tirer toutes les conclusions ». Pourquoi ces atermoiements alors que la Bulgarie avait déjà présenté un rapport impliquant ce mouvement chiite libanais ? Le 25 juillet 2013, l’Union européenne a ajouté la seule branche militaire du Hezbollah sur la liste des mouvements terroristes. Ce qui convient à la France.
Panorama des troubles dans le monde arabe, défense et illustration de la cécité de la « politique arabe » de la France, compassion pour les musulmans qui « souffrent de voir leur foi, leurs textes sacrés, leurs traditions, ainsi atteintes, ainsi souillées [par l’islamisme radical], ils souffrent aussi des confusions, des amalgames, des caricatures qui renforcent encore les discriminations ». On a l’impression d’être de trop dans ce dialogue entre le Président Hollande et les musulmans. Et quid de l’Arabie saoudite qui détruit des vestiges islamiques à La Mecque et à Médine ? Indifférence et silence généralisé.
Quant aux Européens, « ils haussent le ton, mais pas trop » concernant l’Egypte ou la Syrie, tandis que la France louvoie entre l’Arabie saoudite et le Qatar. D’autre part, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a prôné une intervention en Syrie en alléguant l’usage d’armes chimiques par l’Armée syrienne… sans avoir la moindre preuve.
Finalement, c’est au cours de l’été 2013, que la France opéra un virage à seulement 90° en acceptant que la branche armée du Hezbollah soit inscrite dans la liste de l’Union européenne des mouvements terroristes.
« Aujourd’hui, c’est sur Internet que nous devons porter toute notre attention ». Non, le focus doit viser le service public audiovisuel, le rééquilibrage d’une piteuse diplomatie française, et le relèvement de la France en voie de tiers-mondisation, percluse de déclins, et privée de son histoire et de la quasi-totalité de sa souveraineté nationale, de repères moraux, de structures basiques – mariage, etc. - et de son identité.
Non, l’Etat d’Israël n’a pas été créé « au lendemain du génocide pour accueillir tous les Juifs, d’où qu’ils viennent, qui avaient eu à souffrir de ce qu’ils sont ». Il a été refondé conformément au sionisme politique et spirituel, et pour accueillir les Juifs qui le souhaitent, sans lien avec une quelconque souffrance.
En quoi la création d’un Etat palestinien est-il dans l’intérêt d’Israël ? Le conflit n’est pas territorial, et le « peuple palestinien » est une invention politique contre Israël.
Finalement, à entendre le Président François Hollande multiplier les hors sujets - l’intervention militaire au Mali -, on se rend compte qu’il n’a rien à dire à ses compatriotes Juifs, ou qu’il ne sait ni leur parler ni les rassurer. Le dîner du CRIF est devenu un exercice obligé, une figure imposée, qu’on exécute sans cœur. Et on passe à autre chose.
« La Shoah doit pouvoir être enseignée partout ». C’est dans les faits souvent de l’ordre de l’incantation. Et c’est une Shoah « arabiquement correcte ».
« Comment admettre qu'au début du 21e siècle, la police soit conduite à protéger des écoles, comment supporter l'idée que des enfants puissent redouter de se rendre à l'école et des parents de les y envoyer… La République sera en paix avec elle-même lorsque cette peur-là aura définitivement disparu ». De qui se moque-t-on ? Aucun policier ne protégeait l’école Ozar HaTorah ce 19 mars 2013. Près d’un an après l’attentat antisémite à Toulouse, plus de dix mois après l’élection de François Hollande à la Présidence de la République, a été réuni – enfin ! - un comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Des mesurettes ont été annoncées. Sans faire de ce combat une lutte nationale. Et en contradiction avec les actes du Président Hollande, tel son hommage public à Stéphane Hessel le 7 mars 2013.
Par ailleurs, si la police protège de manière constante la grande synagogue de la rue des Victoires et les sièges du CRIF, du FSJU (Fonds social juif unifié) et des Consistoires israélites, sa protection d’autres établissements demeure temporaire, lors de certaines fêtes juives. Aucun policier n’est placé devant par exemple de grandes synagogues parisiennes. On ne peut qu’encourager les familles souhaitant y organiser leurs évènements, d’exiger la sécurité des autorités de la synagogue pressentie.
Du « triste palmarès de notre pays : les quatre victimes de Copernic, octobre 1980, Sébastien Sellam, novembre 2003, Ilan Halimi, février 2006, Myriam Monsonego, Jonathan, Gabriel et Arieh Sandler , mars 2012 » listé par Richard Prasquier, le Président Hollande a exclu Sébastien Selam. Pourquoi ? Ajoutons aussi à cette liste tragique les victimes de l’attentat terroriste palestinien contre le restaurant parisien Goldenberg le 9 août 1982...
Faire l’éloge maladroite des Juifs célèbres décédés – la mère de Jean Zay était protestante, le capitaine Dreyfus n’était pas un « petit capitaine juif » - et célébrer la contribution des Juifs à la France, c’est s’attirer aisément des applaudissements de cette audience avant la partie proarabe du discours. Mais il y a quelque chose de gênant dans l’absence de tout Juif vivant, hormis Simone Veil, dans cet hommage - le Prix Nobel de physique 2012 a pourtant été remis à Serge Haroche – et de constater que cet hommage n’induit aucune baisse du nombre d’actes antisémites.
Les effets d’annonces, souvent dérisoires ou fausses, du Président François Hollande se réduisent à des phrases vagues, mais qui suscitent des applaudissements nourris. L’enseignement de la morale à l’école ? Pas au programme. Entre le ministre de l’Education et le Président, c’est celui qui parle le dernier qui a raison ? Que fera ce chef d’Etat face à l’Iran se dotant de son programme nucléaire militaire ? Encore des sanctions. Le Liban, Etat artificiel créé par la France de la IIIe République en vue de son influence au Proche-Orient ? Judenrein. Sur l’implication du Hezbollah dans l’attentat de Bourgas, le Président François Hollande attend les « preuves de l’implication des membres du Hezbollah » et « l’Europe doit être prête à en tirer toutes les conclusions ». Pourquoi ces atermoiements alors que la Bulgarie avait déjà présenté un rapport impliquant ce mouvement chiite libanais ? Le 25 juillet 2013, l’Union européenne a ajouté la seule branche militaire du Hezbollah sur la liste des mouvements terroristes. Ce qui convient à la France.
Panorama des troubles dans le monde arabe, défense et illustration de la cécité de la « politique arabe » de la France, compassion pour les musulmans qui « souffrent de voir leur foi, leurs textes sacrés, leurs traditions, ainsi atteintes, ainsi souillées [par l’islamisme radical], ils souffrent aussi des confusions, des amalgames, des caricatures qui renforcent encore les discriminations ». On a l’impression d’être de trop dans ce dialogue entre le Président Hollande et les musulmans. Et quid de l’Arabie saoudite qui détruit des vestiges islamiques à La Mecque et à Médine ? Indifférence et silence généralisé.
Quant aux Européens, « ils haussent le ton, mais pas trop » concernant l’Egypte ou la Syrie, tandis que la France louvoie entre l’Arabie saoudite et le Qatar. D’autre part, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a prôné une intervention en Syrie en alléguant l’usage d’armes chimiques par l’Armée syrienne… sans avoir la moindre preuve.
Finalement, c’est au cours de l’été 2013, que la France opéra un virage à seulement 90° en acceptant que la branche armée du Hezbollah soit inscrite dans la liste de l’Union européenne des mouvements terroristes.
« Aujourd’hui, c’est sur Internet que nous devons porter toute notre attention ». Non, le focus doit viser le service public audiovisuel, le rééquilibrage d’une piteuse diplomatie française, et le relèvement de la France en voie de tiers-mondisation, percluse de déclins, et privée de son histoire et de la quasi-totalité de sa souveraineté nationale, de repères moraux, de structures basiques – mariage, etc. - et de son identité.
Non, l’Etat d’Israël n’a pas été créé « au lendemain du génocide pour accueillir tous les Juifs, d’où qu’ils viennent, qui avaient eu à souffrir de ce qu’ils sont ». Il a été refondé conformément au sionisme politique et spirituel, et pour accueillir les Juifs qui le souhaitent, sans lien avec une quelconque souffrance.
En quoi la création d’un Etat palestinien est-il dans l’intérêt d’Israël ? Le conflit n’est pas territorial, et le « peuple palestinien » est une invention politique contre Israël.
Finalement, à entendre le Président François Hollande multiplier les hors sujets - l’intervention militaire au Mali -, on se rend compte qu’il n’a rien à dire à ses compatriotes Juifs, ou qu’il ne sait ni leur parler ni les rassurer. Le dîner du CRIF est devenu un exercice obligé, une figure imposée, qu’on exécute sans cœur. Et on passe à autre chose.
Parmi les documents gracieusement remis aux convives du diner : un dépliant sur la Commission Femmes dans la Cité du CRIF et les six années de travaux 2007-2013 ainsi que le livre Haine et violences antisémites. Une rétrospective : 2000-2013 de Marc Knobel, chercheur au CRIF.
Curieux : ces dames reçoivent au siège du CRIF et ne sortent guère. Membre du bureau exécutif du CRIF et présidente de cette Commission « Femmes dans la Cité », Nathalie Cohen-Beizermann a déclaré : « Je suis leur alibi de parité ». Elle pense « que son rôle se limite à « enregistrer des décisions qui sont déjà prises au comité exécutif » et que « le fonctionnement même du CRIF rend incompatible l’engagement d’une femme auprès de l’institution avec une vie professionnelle et une vie de famille ». En outre, le seul discours non reproduit par le site Internet du CRIF de la cérémonie à Toulouse à la mémoire des victimes Juives a été celui de la veuve de Sandler. Ce site a publié les discours des orateurs mâles - directeur de l'école, père et grand-père des victimes de l'école Ozar HaTorah, etc. - lors de la cérémonie à Toulouse (1er novembre 2012). Mais il manque le discours d’Eva Sandler, dont l'époux et les deux fils ont été assassinés par le djihadiste Mohamed Merah le 19 mars 2012.
Quant au livre de Marc Knobel, il fait débuter curieusement la recrudescence de « la violence antijuive » le 1er octobre 2000. Il élude donc la diffusion par France 2, le 30 septembre 2000, du reportage de Charles Enderlin et Talal Abu Rahma alléguant la mort de « Mohamed al-Dura ». Des images controversées érigées en blood libel emblème de l’Intifada II.
Ultime question : pourquoi aucun des médias communautaires français n’a-t-il analysé ces discours ni relevé cet étrange point de départ de la violence antijuive ?
Jonathan Sandler, ses deux fils Arieh et Gabriel, la petite Myriam Monsonego, mais aussi les soldats assassinés: Imad Ibn Zlaten, Mohamed Legouad, Abel Chennouf, et les blessés, Loïc Lieber, tétraplégique, et Brian Bijaoui…
L’assassin n’était pas un schizophrène muré dans sa psychose, il n’était pas, non plus, une victime de la société. Il avait sa vision du monde. Il avait ses proches, ses amis, ses maitres, ceux qui lui avaient enseigné que tuer des ennemis le conduirait au paradis et à ses récompenses.
L’assassin de Toulouse ne tuait pas des enfants d’homme, mais des fils de porc, de singe ou de chien, hybrides maudits à l’apparence trompeuse. Cette description est courante dans le monde arabe. Merah se filmait pour instruire des militants moins aguerris, car tuer des enfants, c’est psychologiquement difficile. Les assassins des enfants Fogiel à Itamar avaient donné l’exemple.
Comme le nazisme, l’idéologie de Mohamed Merah déshumanise ses adversaires.
Cette idéologie, c’est l’islamisme radical.
Pas question de confondre islam et islamisme radical. A ceux qui insistent sur la violence du Coran contre les Juifs, je rappelle le massacre des Midianites au chapitre des Nombres et les buchers de l’Inquisition.
Une religion peut être admirée, elle doit pouvoir être attaquée. Le droit au blasphème est essentiel à une société de liberté.
Nous devons en prendre conscience: en France, les Juifs ne sont pas discriminés. Mais les musulmans le sont trop souvent. Cela provoque un ressentiment qui peut être le premier pas sur la route de la révolte.
Je trouve détestable l’islamophobie, mais je trouve inquiétant qu’on en fasse un crime : le crime, ce n’est pas quand on attaque l’Islam, le judaïsme, le christianisme ou l’athéisme. C’est quand on attaque les musulmans parce qu’ils sont musulmans, appelons-le musulmanophobie, les Juifs parce qu’ils sont Juifs, c’est l’antisémitisme, les chrétiens parce qu’ils sont chrétiens, et les athées parce qu’ils sont athées.
Les musulmans sont les premières victimes de l’islamisme radical, mais Merah fait partie de l’Islam, comme Torquemada du christianisme et Baruch Goldstein, malheureusement, du judaïsme.
Youssef Qaradhawi n’est-il pas musulman ? Ce maitre spirituel des Frères Musulmans, le prédicateur le plus célèbre du monde, a dit: « Allah a imposé aux Juifs des personnes pour les punir de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. C'était un châtiment divin. Si Allah le veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans »…
Je pense que l’antisémitisme n’est pas consubstantiel à l’Islam, mais il ne faut pas dire que de telles paroles ne représentent pas l’Islam, puis inviter leur auteur devant des foules enthousiastes.
Chacun doit lutter contre les fanatismes qui s’allument dans son environnement. Il n’y aura pas de victoire contre l’intolérance si cette lutte n’est pas menée d’abord par les musulmans eux-mêmes…
La lutte contre l’Islamisme radical, vous l’avez engagée au Mali avec détermination et clarté. Nous sommes fiers de notre armée et nous sommes reconnaissants aux cinq soldats tombés pour la patrie…
Lorsque la chape de plomb du totalitarisme sautera également à Téhéran, Pyong Yang et Gaza, nous verrons que les aspirations des peuples vers la liberté sont les mêmes partout dans le monde…
Après les assassinats à l’école de Toulouse, la révulsion fut unanime… Il y eut les refus de minute de silence dans certaines classes. Il y eut ces phrases qui sont d’effroyables défis : «Mohamed Merah est notre idole, Mohamed Merah est un héros de l’Islam ».
Dans les semaines après l’attentat, les actes antisémites ont flambé. La même situation s’est produite après l’attentat contre une épicerie de Sarcelles. A cette occasion, je voudrais exprimer notre reconnaissance, en tous lieux et en tous événements, pour la mobilisation exemplaire des autorités municipales, la vigilance et la réactivité des forces de police…
N’oublions pas le triste palmarès que détient notre pays: les quatre victimes de Copernic, octobre 1980, Sébastien Sellam, novembre 2003, Ilan Halimi, février 2006, Myriam Monsonego, Jonathan, Gabriel et Arieh Sandler, mars 2012, sont morts car leurs assassins ont cherché à tuer des Juifs…
Sur You tube un bref documentaire récent montre un éducateur aux Pays Bas parlant de Anne Frank à un groupe d’adolescents. Ils lui répondent que les Israéliens ont tué des millions de Palestiniens à Gaza. Pourquoi alors tant insister sur la Shoah ? Hitler avait raison de ne pas aimer les Juifs, mais il n’en a pas tué assez…
Ce discours est devenu banal. C’est le noyau dur de l’antisémitisme aujourd’hui.
Le Comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme vient d’élaborer un programme que nous soutenons complètement. Son travail dans les groupes où l’endoctrinement antisémite est violent devra obligatoirement s’appuyer sur des techniques pédagogiques et argumentaires créatives. Il sera difficile, mais capital.
Internet et les réseaux sociaux véhiculent les haines, qui se passent éventuellement de référent religieux. Merah se régalait d’images de décapitation et s’entrainait sur des jeux de guerre hyperréalistes. Sans quitter son appartement, un individu peut se transformer en machine à tuer.
Notre société doit se défendre…. Dans le monde tel qu’il est, défendre la liberté d’expression sans limites témoigne de beaucoup de naïveté ou de beaucoup d’esprit de lucre.
Les chiffres de l’antisémitisme en 2012 ont été récemment publiés par le SPCJ, auquel je rends hommage, dans le cadre d’une coopération avec le Ministère de l’Intérieur. 614 actes antisémites dont 96 violences contre des individus, 58% de plus que l’an précédent. Ils renouent avec ceux des pires années précédentes, au début des années 2000.
55% des violences racistes en France visent des Juifs.
Et ces chiffres qui ne proviennent que des dépôts de plainte, ne sont que la partie visible de l’iceberg! Bien des insultes, voies de fait ou humiliations, notamment à l’école, n’apparaissent dans aucune statistique.
Ces risques imposent un renforcement de la sécurisation des lieux où les Juifs prient, étudient et se rencontrent.
L’Etat, comme c’est son devoir, nous protège au mieux qu’il peut. Mais le destin des Juifs de France n’est pas de vivre sous protection policière. Quand viendra le jour où nous pourrons dire: « Nous n’avons plus besoin d’aide, car nous ne sommes plus menacés » ?
Dans le monde de la droite extrême, certains ont mis leur haine des Juifs au service d’un soutien à l’islam radical, d’autres ont mis leur antisémitisme en sourdine pour mieux exprimer leur phobie antimusulmane. Peu importe : nous ne serons jamais du côté de ceux qui cherchent à prospérer sur la haine envers un groupe humain quel qu’il soit.
Les partis populistes ont le vent en poupe en Europe. Certains, comme en Grèce, sont ouvertement nazis, mais beaucoup sont faussement anodins…
Juifs ou musulmans sont attaqués aujourd’hui sur des règles structurantes de leur pratique, dont certaines, comme la circoncision, sont plutôt bénéfiques en termes de prophylaxie individuelle…
L’animosité anti religieuse est contraire à l’esprit de la loi de 1905, cette loi qui est une référence essentielle de notre société.
La France est mon pays… J’y suis venu bébé. Mes parents n’en parlaient pas la langue, ils n’avaient ni métier, ni argent, ni famille. Nous étions des réfugiés polonais. La France nous a donné la liberté, la culture et l’aisance matérielle. C’est peu de dire que j’aime la France. Je lui dois tout… J’ai eu un intense sentiment de reconnaissance lorsque vous avez prononcé à l’anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv de juillet 2012 votre merveilleux discours.
Je fais aussi partie d’un petit peuple qui a beaucoup apporté au monde, qui a cherché à s’unir dans la foulée du printemps des nations au XIXe siècle, qui a failli disparaître au XXe et dont le centre historique et spirituel, mais aussi le garant de sa survie, est l’Etat d’Israël dont la capitale est Jérusalem, chère à notre mémoire et chère à notre cœur.
Je suis sioniste, comme la grande majorité de la population juive de France et comme tous les membres du CRIF. Pour nous, le sionisme, ce mot qu’on cherche à diaboliser, c’est le mouvement de libération nationale du peuple juif..
Nous n’admettons pas qu’on appelle au boycott d’Israël, illégal et discriminatoire, comme l’a confirmé la Cour de Cassation. Nous n’acceptons pas que des assassins de civils israéliens deviennent des citoyens d’honneur de certaines de nos cités…
Je pense, ce qui ne devrait étonner personne, que le gouvernement israélien démocratiquement élu, est plus légitime et plus compétent que moi pour choisir ce qui est bon pour son pays.
Je considère qu’Israël est l’Etat du peuple juif, qu’il doit exister un Etat palestinien à ses côtés et je souhaite que ces deux états vivent en paix et en sécurité…
Cette paix doit s’inscrire sur le papier, mais avant tout dans le cœur des hommes…
Le conflit israélo-palestinien est situé dans une région où les démocrates à l’origine des révolutions arabes ont cédé la place aux islamistes. Israël y cimente les divergences et canalise les ressentiments.
Un Iran nucléaire est une perspective terrifiante. La fermeté de la France est exemplaire, mais les contournements des sanctions, les failles des dispositifs et l’inertie de certains gouvernements incitent les Iraniens à poursuivre l’objectif dont ils n’ont jamais dévié, quelles qu’en soient les conséquences.
Le Hezbollah tient le Liban et la Finul en otage. L’Europe, qui connaît son rôle dans l’attentat de Burgas, en Bulgarie, et de bien d’autres, ne l’inscrit pourtant pas comme organisation terroriste. Cette frilosité est une faiblesse, nous ne la comprenons pas. Le chantage du Hezbollah et son impunité doivent cesser.
Je veux parler de ce sentiment pénible d’être continuellement interpellés sur notre soutien à Israël.
Cette interpellation, je l’appelle israélophobie. Je ne demande évidemment pas à l’interdire, je demande à y réfléchir. Elle dépasse la critique, légitime ou pas, de la politique du gouvernement israélien et peut mettre en cause les fondements de l’Etat…
Certains ont une idée si élevée de ce que devrait être un Etat juif qu’ils sont prêts à le voir risquer de disparaître s’il ne se conforme pas à leurs standards moraux suicidaires. D’autres ont une haine réelle d’Israël.
Ce petit pays dont l’apport scientifique, technique, culturel et artistique est exceptionnel, doit justifier de ce qu’on ne demande à nul autre pays de justifier. Et les Juifs doivent justifier leur soutien à cet Etat prétendument injustifiable…
Un journaliste a inventé la formule de « vérité du contexte » qui dispense de relater la vérité des faits. Ce « contexte », c’est le prisme narratif de l’israélophobie, celui du Goliath israélien contre le David palestinien…
On proteste quand une Cour d’appel admet que des questions se posent sur les incohérences du reportage sur Mohamed Al Dura, cette mort en direct diffusée au monde par la télévision française il y a douze ans. On a esquivé la très simple enquête technique que le CRIF réclamait…
Au Congo, au Darfour, des années de massacres et de viols. Silence… Mais les indignés ont l’œil rivé sur Gaza, ce curieux « camp de concentration » où en février 2013, 4721 camions venant d’Israël ont transporté 140 000 tonnes de marchandises de toutes sortes…
C’est surtout à ceux qui sont comptables de l’opinion publique de mon pays. Il y a un risque pour la pluralité d’expression quand la bonne conscience prend le pas sur l’information, et écarte l’opinion non conforme sous prétexte qu’elle serait illégitime…
Ce qui menace les Juifs menace la France… »
« Le lien entre la France et la communauté juive. C’est un lien qui remonte au plus haut Moyen-Âge et qui fut scellé par la Révolution française. C’est en effet sous la Constituante, le 27 septembre 1791, que les Juifs, pour la première fois en Europe, sont devenus des citoyens. Persécutés pendant des siècles, ils accueillirent avec bonheur, sans trop y croire, cette déclaration - et je veux la citer : « L’Assemblée nationale révoque tous arguments, réserves et exceptions insérés dans les précédents décrets, relatifs aux individus juifs. »
Ce fut le début d’une longue histoire, celle du judaïsme dans la République. Une histoire marquée par de grandes figures.
Edmond FLEG, le philosophe, qui sut dire le lien essentiel entre l’universalisme juif et l’universalisme républicain, entre le peuple des Droits de l’Homme et le peuple des Dix Commandements.
Jules ISAAC, ce grand professeur, qui, à travers les manuels « MALET-ISAAC », enseigna à des générations d’écoliers français le récit de leur propre pays. Et il le faisait comme républicain, comme citoyen.
René CASSIN, vice-président du Conseil d’Etat, auteur de la déclaration universelle des droits de l’Homme, prix Nobel de la Paix, qui fut pendant trente ans le président de l’Alliance israélite universelle - cette institution dédiée à la diffusion, à la fois de la culture juive et de la langue française.
J’aurais pu en citer d’autres, je pense à Jean ZAY. Mais je veux citer Simone VEIL, dont la vie témoigne d’un attachement irréductible à la France, mais aussi des souffrances dont notre pays n’a pas su la protéger.
Car cette histoire des Juifs en France, connut aussi ses moments de fracture. Il y eut à la fin du 19ème siècle l’affaire DREYFUS et l’hystérie antisémite à laquelle elle avait donné lieu. Mais c’est précisément parce que la République avait gagné, parce que la liberté avait triomphé, parce que le droit avait prévalu, que, en Lituanie, le père d’Emmanuel LEVINAS put s’adresser ainsi à ses enfants à propos de l’affaire DREYFUS : « un pays où l’on se déchire sur le sort d’un petit capitaine juif est un pays où il faut aller sans attendre », et beaucoup sont venus ici, en France.
Cette confiance, néanmoins, allait être trahie en 1940. Ce fut le statut des Juifs, puis, la déportation de 76 000 Juifs de France avec la complicité active de l’Etat français. Je l’ai rappelé, et avant moi, ce fut le président Jacques CHIRAC.
Je l’ai rappelé le 22 juillet dernier sur les lieux mêmes de la rafle du Vel’ d’Hiv. La France, il y a 70 ans, manqua à sa parole et à sa grandeur. Mais l’honneur fut sauvé aussi par la France, la France de la Résistance, la France des Justes, la France des anonymes qui, sans même mesurer leur propre héroïsme, tendirent la main aux innocents…
Mais d’autres blessures allaient suivre : l’attentat de la rue Copernic, le 3 octobre 1980, quand une bombe tua quatre personnes, un vendredi soir, devant une synagogue, pendant l’office du Shabbat ; et, aussi, le 9 août 1982, la rue des Rosiers, qui coûta la vie à six personnes ; et puis d’autres encore, et d’autres encore. Et je pense au supplice infligé à Ilan HALIMI, enlevé et torturé à mort dans la région parisienne, en février 2006 parce qu’il était juif.
Jusqu’à ce 19 mars 2012, à Toulouse, à l’école Ozar Hatorah, où MERAH tuait le rabbin Jonathan SANDLER, ses fils, Gabriel et Arié, Myriam MONSONEGO, la fille du directeur de l’école…
Dimanche, j’ai présidé, un an après, une cérémonie à la mémoire des victimes, de toutes les victimes. C’est pourquoi nous avons associé nos soldats, Imad IBN-ZIATEN, Mohamed LEGOUAD, Abel CHENNOUF, assassinés lâchement par le même terroriste, parce qu’ils étaient des soldats français.
J’ai voulu que soient tirées toutes les leçons de cette tragédie. Le gouvernement a renforcé, partout où c’était nécessaire, la sécurité de la communauté juive, ses lieux de culte, ses centres d’études, ses écoles. 500 bâtiments font l’objet de mesures. C’est la responsabilité de l’Etat, du ministre de l’Intérieur. La République est garante de la liberté de conscience, et donc du libre exercice des cultes..
La République sera en paix avec elle-même lorsque cette peur-là [des enfants Juifs de se rendre à l’école et de leurs parents de les y envoyer] aura définitivement disparu.
Depuis dix mois, mais c’était vrai avant, les services de police, sous l’autorité de la justice, ont démantelé plusieurs groupes terroristes, comme à Sarcelles, à Torcy, et très récemment à Marignane. Pas n’importe quels groupes terroristes : certains avaient déjà frappé, d’autres se préparaient à passer à l’acte. D’où notre vigilance, d’où le rôle qui est confié aux services de renseignement. Raison de plus – pour qu’ils puissent être efficaces – de les réorganiser. Ce qui fut fait par le ministre de l’Intérieur par la coordination entre la direction centrale et les services territoriaux, la création d’une véritable inspection interne, l’amélioration du partage de l’information, et de la relation entre la justice et la police.
Une loi a été également adoptée…. Cette loi permet de poursuivre et de condamner en France ceux de nos ressortissants qui, à l’étranger, se livrent à des entraînements ou même à des actes terroristes…
Cette loi permet l’accès des services de renseignements à toutes les données techniques qui sont recueillies lors de l’accès à Internet…
Depuis un an, après Toulouse, les actes antisémites n’ont pas cessé. Les chiffres sont implacables, ils ont été rappelés par le Président, et en plus, ils sous-estiment la réalité. Toutes les victimes ne déposent pas plainte, et certaines plaintes sont classées sans suite. Alors, les procédures vont être simplifiées, avec la possibilité d’un dépôt de plainte sans constitution de partie civile, pour les injures, les diffamations, les provocations racistes et antisémites. Madame la Garde des sceaux prépare dans ce sens une circulaire pénale...
L’antisémitisme n’est pas seulement la haine des Juifs, c’est déjà son objet essentiel ; l’antisémitisme, c’est la détestation de la France, de ce qu’elle représente : la France, patrie des Droits de l’Homme, la France qui a inscrit dans sa devise le mot « fraternité ». C’est pourquoi notre réponse doit être celle de la France. C’est cet esprit-là qui doit inspirer nos lois et nos actes dans la formation des fonctionnaires, dans la culture de nos concitoyens, dans l’éducation de nos enfants.
L’éducation, c’est la mémoire, 70 ans après la Shoah, rien ne doit être oublié. Ce crime unique dans l’Histoire ne peut être comparé à aucun autre. La Shoah doit pouvoir être enseignée partout…
L’éducation, c’est aussi la transmission des repères, et c’est le sens de l’enseignement de la morale laïque, que le ministre de l’Education nationale a proposé et instituera tout au long du parcours scolaire…
Aujourd’hui, c’est sur Internet que nous devons porter toute notre attention…
L’antisémitisme a pris au cours des décennies bien des formes. Celles d’hier n’ont pas disparu, vous les avez rappelées. D’autres ont pris une dimension nouvelle, avec l’islamisme radical. L’antisémitisme ne se réduit pas à lui et l’islamisme radical ne se réduit pas à l’antisémitisme. Mais cette menace existe et nous devons l’affronter.
Cet extrémisme n’est pas l’islam, il dévoie et il pervertit l’islam. Les musulmans en sont les victimes, ils souffrent de voir leur foi, leurs textes sacrés, leurs traditions, ainsi atteintes, ainsi souillées, ils souffrent aussi des confusions, des amalgames, des caricatures qui renforcent encore les discriminations.
Je salue les responsables du culte musulman qui sont ici ce soir. Leur présence a un sens, elle a une portée qui va bien au-delà de ce lieu. Ils participent, au sein de la République, à la lutte contre l’extrémisme et ils doivent le faire sans crainte.
Je les remercie d’avoir soutenu, dès le premier jour, la décision que j’ai prise d’intervenir au Mali au nom de la France.
Ce qui était en jeu, c’était l’intégrité d’un pays qui risquait d’être submergé par des groupes terroristes - pays, je le rappelle, musulman à 90% - où les femmes étaient soumises à une loi qui n’était pas la leur, où les monuments sacrés étaient profanés et où la population demandait qu’on lui vienne en aide contre ces groupes terroristes extrémistes… Notre intervention a permis d’obtenir en deux mois des résultats importants : l’offensive des groupes terroristes a été arrêtée, les villes reconquises. Dans la dernière phase, où nous sommes, la quasi-totalité du territoire sera revenue à la souveraineté du Mali dans quelques jours.
Je salue le courage de nos soldats…
Vos regards se tournent vers Israël. Ce pays porte le nom d’un peuple trop longtemps persécuté. Il a ressuscité l’hébreu, qui était une langue endormie depuis 2 000 ans. Il a été créé au lendemain du génocide pour accueillir tous les Juifs, d’où qu’ils viennent, qui avaient eu à souffrir de ce qu’ils sont. Votre attachement à Israël n’a pas à être expliqué, justifié. Il est légitime. Et il ne date pas d’aujourd’hui ou des dernières années. J’ai retrouvé ce que disait Léon BLUM, avant de mourir, en 1950 : « Juif français, ne parlant que la langue de mon pays, nourri principalement de sa culture, je participe cependant à l’effort admirable, miraculeusement transporté du rêve à la réalité, qui assure désormais une patrie digne, également libre à tous les Juifs qui n’ont pas eu, comme moi, la bonne fortune de la trouver dans leur pays natal. » Cette phrase n’a pas tout à fait perdu de son actualité…
[La paix] passe par la reconnaissance et le respect de la souveraineté et de la sécurité de chacun. Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. Le peuple palestinien a longtemps attendu. Il est temps qu’existe aux côtés d’Israël un Etat palestinien. C’est l’intérêt même d’Israël, tant que la Palestine n’aura pas de frontières reconnues, Israël n’en aura pas non plus. Dès lors -c’est la position de la France constante… La seule solution est celle des deux Etats voisins et souverains vivant en sécurité dans leurs frontières, rien ne doit être fait qui aille contre cet objectif… Il ne doit pas y avoir de préalable, ni d’un côté ni de l’autre.
La France est d’abord attentive à la situation au Liban, où les religions et communautés cohabitent - mais avec le souvenir des déchirements qui ne sont pas si loin - et où les pressions s’exercent de l’extérieur avec la Syrie, et de l’intérieur, avec le Hezbollah dont les liens avec la Syrie et l’Iran sont établis et même revendiqués…
Les autorités bulgares ont dit, et elles doivent le confirmer, qu’elles avaient les preuves de l’implication des membres du Hezbollah dans l’odieux attentat de Bourgas, qui a visé des touristes israéliens en juillet dernier… L’Europe doit être prête à en tirer toutes les conclusions.
Je comprends aussi les interrogations qu’inspirent les changements en cours dans les pays arabes de la région. Les révolutions de 2011 se prolongent ; elles ont soulevé des promesses - qui n’ont pas disparu - mais suscitent aujourd’hui des craintes qui peuvent se renforcer. Je pense aux incertitudes en Egypte, aux difficultés de la Libye avec des armes qui circulent.
Mais c’est en Syrie que nous devons porter bien plus que notre regard trop souvent détourné. Nous devons porter bien plus qu’une compassion ou qu’une condamnation de circonstance. Bachar El-ASSAD mène une guerre contre son propre peuple – 70 000 victimes en deux ans. Cette guerre est terrible pour les populations civiles mais aussi pour les voisins, avec des réfugiés en grand nombre, avec, pour le Liban, le risque d’une contagion. Puis il y a ces armes chimiques qui sont présentes en Syrie. Dès lors, la poursuite de la guerre ne profite qu’à deux camps : Bachar El-ASSAD pour se maintenir et les groupes extrémistes pour utiliser le malheur, le désarroi, l’absence de transition politique, pour utiliser leurs forces à des fins de chaos. Il est donc urgent qu’il y ait une solution politique en Syrie, mais il n’y en aura que s’il y a aussi une pression militaire. C’est pourquoi la France veut renforcer l’alternative politique, a reconnu la coalition, lui porte une aide matérielle, humanitaire et - si les conditions sont réunies - militaires dans le cadre européen…
La menace principale pour la sécurité d’Israël - pas seulement d’ailleurs, pour la sécurité d’Israël : pour la sécurité de la région, pour la sécurité du monde - c’est le nucléaire iranien. Les autorités de ce pays multiplient les déclarations appelant à la disparition, à la destruction d’Israël. Ce dessein revendiqué, associé à la volonté affichée de poursuivre un programme nucléaire, hors de tout contrôle international, est donc une menace majeure. Il ne peut pas être question que l’Iran accède à l’arme atomique.
La France prendra donc ses responsabilités pour que la pression continue, les sanctions soient aggravées, afin que les dirigeants iraniens se conforment à leurs engagements internationaux, aux résolutions du Conseil de sécurité. Là encore, que les Iraniens ou plutôt les autorités iraniennes - faisons la distinction - ne comptent pas sur la faiblesse supposée de leurs interlocuteurs. La France assumera ses devoirs et elle ne manquera pas à sa parole…
La France est faite de toutes ces influences mêlées, des immigrations successives, des innombrables apports particuliers, dont chacun peut être considéré comme irremplaçable. Parmi ces apports, il y a celui des Français juifs, ces « enfants d’Abraham et de Marianne », héritiers d’une parole et d’une tradition, qui n’ont jamais cessé de faire à leur patrie le don loyal de leurs talents
Vous avez participé à tant d’œuvres, réalisé tant de réussites culturelles, économiques, médicales ! Vous avez contribué, quelle que soit votre place, à la prospérité de notre pays. Vous l’avez fait sans jamais oublier les racines profondes qui vous rattachent au judaïsme. Alors je vous le dis, comme je le dirai à d’autres : notre pays a besoin de tous, de tous ses enfants, de tous ses citoyens, de tous ses talents. Sans vous, la France ne serait pas la France, mais avec vous, et avec tous, la France sera plus grande encore. Merci ».
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