Arte a rediffusé « Misgano, Juif d’Ethiopie. Retour vers la Terre promise » (« Het land van Melk en Misgano ”, « The Land of Milk and Misgano »), documentaire de Jan Willem den Bok (2011). Descendants de la reine de Saba et du roi Salomon, ou de la tribu de Dan, les Juifs d’Ethiopie ont majoritairement pu faire leur aliyah en Israël. C'est l'espoir de Misgano et de sa famille qui attendent depuis près de huit ans l'autorisation de rejoindre la Terre Promise. Le 17 juin 2015, la mairie du IIIe arrondissement de Paris accueillera, dans le cadre du Festival des Cultures Juives, à 16 h 30 la projection du film Chronique marrane, Ethiopie 2007 de Daniel Friedmann, sociologue, chargé de recherche au CNRS, auteur de Les Enfants de la Reine de Saba, Les Juifs d’ Éthiopie (Falachas) histoire, exode, intégration (Métailié, 1994), suivie d’un débat en présence du réalisateur, puis à 18 h, le vernissage, sous le Haut Patronage de S. E. Nega Tsegaye, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République fédérale démocratique d’Éthiopie en France, de « Les Juifs d’Ethiopie, la liberté pour tout bagage », "exposition (10-23 juin 2015) exceptionnelle de photographies et d’objets culturels (bijoux, accessoires, mobiliers, objets de culte) des Bêta Israël, les Juifs d’Ethiopie. Intermède musical avec des musiciens éthiopiens".
« L’Ethiopie est notre patrie. Israël est la terre à laquelle nous appartenons. Dieu nous appelle pour retourner à notre terre, à retrouver nos racines », explique Misgano.
Juif d'Éthiopie âgé de 30 ans, Misgano a décidé d'émigrer en Israël avec sa femme, qui parle peu, et ses deux fils, Tesfae et Abraham, âgés respectivement de six ans et de quatre ans, « vers son pays, vers la ville sainte de Jérusalem. Dieu nous guide vers la Terre promise » où vivent déjà ses parents, frère – Atalay Tatgehn n’a pu étudier, gagne difficilement sa vie comme manutentionnaire dans un entrepôt de crèmes glacées à Tel Aviv, mais sait que son avenir est en Israël, "pays promis par Dieu, le pays du miel" -, et sœurs.
Falashmuras
En 1984, débute l’Opération Moïse qui, sur un an, et par avions israéliens, amène 8 000 Juifs d’Ethiopie, appelés « falashas », puis « falashmuras », en Israël.
Dans les années 1980, l'Etat Israël met en œuvre une politique d'immigration contrôlée en direction des Juifs d'Éthiopie. Depuis, 50 000 à 60 000 d'entre eux auraient rejoint la Terre promise. Des olim qui ont rencontré, comme leurs prédécesseurs, des difficultés à s'intégrer dans la société israélienne.
Six mille attendent encore de pouvoir faire leur aliyah en 2011.
Voici près de huit ans, Misgano et sa famille ont quitté leur village éthiopien pour s’installer dans la ville de Gondar, près des centres administratifs, pour pouvoir postuler au programme d'immigration vers Israël. Sur le mur de leur maison pauvre : des dessins représentant l’étoile de David et des photos de famille.
C’est émouvant d'entendre ces Falashmuras réciter avec piété des prières en hébreu et exprimer leur amour profond pour Eretz Israël dans lequel ils aspirent à s'intégrer.
Misgano attend depuis plus de sept ans l’autorisation d’émigrer en Israël dont il cultive une image idéalisée, tout en ayant conscience que la vie y sera difficile. Est déçu lorsque, malgré ses efforts en cours d'hébreu, son nom ne figure pas sur la liste des Falashmuras autorisés à prendre l'avion jusqu'à Tel-Aviv. "Notre tour n'est pas encore venu", soupire Misgano.
L'Etat d'Israël réduit le nombre d'olim arrivant chaque mois - de 200 à 150 - car les capacités des centres d'accueil et d'intégration sont pleines.
Enfin, Misgano est informé de l'autorisation qui est accordée à sa famille pour faire son aliyah. Une nouvelle accueillie par des réjouissances familiales pudiques. "Aujourd'hui, nous allons enfin pouvoir vivre notre rêve. Le mois prochain, nous serons en Israël. Dieu ne nous a pas oubliés, Il s'est souvenu de nous", chuchote presque Misgano à son épouse. Il promet de revenir un jour dans son village natal auquel il demeure attaché et où vit encore une moitié de sa famille, l'autre moitié ayant choisi Israël.
L'Etat d'Israël réduit le nombre d'olim arrivant chaque mois - de 200 à 150 - car les capacités des centres d'accueil et d'intégration sont pleines.
Enfin, Misgano est informé de l'autorisation qui est accordée à sa famille pour faire son aliyah. Une nouvelle accueillie par des réjouissances familiales pudiques. "Aujourd'hui, nous allons enfin pouvoir vivre notre rêve. Le mois prochain, nous serons en Israël. Dieu ne nous a pas oubliés, Il s'est souvenu de nous", chuchote presque Misgano à son épouse. Il promet de revenir un jour dans son village natal auquel il demeure attaché et où vit encore une moitié de sa famille, l'autre moitié ayant choisi Israël.
Jan Willem den Bok filme Misgano et sa famille au cours de la dernière année précédant le départ, un peu à la manière d'un road-movie entre Gondar et Tel-Aviv : les réunions au cours desquelles on leur présente grâce à des diapositives leur futur Etat et son histoire, leur dialogue avec un responsable de l'Agence Juive, “les démarches administratives, les cours d'hébreu, les réunions à la synagogue, la longue attente, l'annonce de l'acceptation du dossier, le retour au village pour dire adieu aux proches et aux amis...” et à la vie simple de paysan et d'apiculteur qu'il a menée - "Cette terre a nourri des générations de familles et continuera à le faire pendant encore longtemps" - et de membre d'une communauté villageoise soudée, affectueuse, solidaire, reconnaissante. On s'interroge sur l'avenir de ces Juifs ayant décidé de demeurer en Ethiopie. L'un d'eux, chef de famille et grand-père, se trouve trop vieux pour partir en Israël...
Misgano promet à ses enfants de travailler dur en Israël pour qu'ils puissent faire des études, les conjure au travail, à faire des études, leur dit son amour pour eux. A l'aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv, son épouse et lui embrassent le sol israélien. Prudemment, Misgano et sa famille empruntent l'escalator de l'aéroport. Ils sont accueillis par des membres de leur famille.
Le documentaire montre aussi les manifestations de Juifs d'Ethiopie pour que cessent les discriminations à leur égard. Des doléances exprimées par Atalay Tatgehn : "Nous sommes trop pauvres pour eux. Nous essayons de nous intégrer. Mais ils ne veulent pas nous aider". Manque le contrepoint gouvernemental.
ADDENDUM
En juin 2015, le policier israélien qui a battu en avril 2015 un soldat israélien falashmura ne sera pas poursuivi, car le soldat a usé le premier de violence à l'égard du policier. La vidéo de la scène montrant le policier frappant le soldat avait été filmée et diffusée sur Internet.
Le 17 juin 2015, la mairie du IIIe arrondissement de Paris accueillera, dans le cadre du Festival des Cultures Juives, à 16 h 30 la projection du film Chronique marrane, Ethiopie 2007 de Daniel Friedmann, sociologue, chargé de recherche au CNRS, auteur de Les Enfants de la Reine de Saba, Les Juifs d’ Éthiopie (Falachas) histoire, exode, intégration (Métailié, 1994), suivie d’un débat en présence du réalisateur, puis à 18 h, le vernissage, sous le Haut Patronage de S. E. Nega Tsegaye, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République fédérale démocratique d’Éthiopie en France, de « Les Juifs d’Ethiopie, la liberté pour tout bagage », "exposition (10-23 juin 2015) exceptionnelle de photographies et d’objets culturels (bijoux, accessoires, mobiliers, objets de culte) des Bêta Israël, les Juifs d’Ethiopie. Intermède musical avec des musiciens éthiopiens".
« Misgano, Juif d’Ethiopie. Retour vers la Terre promise », de Jan Willem den Bok
Pays-Bas, 2011, 50 mn
Diffusions les 9 décembre 2013 à 18 h 10 et 21 novembre 2014 à 15 h 35.
Pays-Bas, 2011, 50 mn
Diffusions les 9 décembre 2013 à 18 h 10 et 21 novembre 2014 à 15 h 35.
Articles in English
Cet article a été publié le 9 décembre 2013. Il a été republié le :
- 22 mai 2014. Sur Arte, Tracks a diffusé les 24 et 31 mai 2014 le reportage Le blues des Falashas : "Plongée au cœur de la scène musicale de la communauté falasha, ces Israéliens d'origine éthiopienne, dont les artistes revendiquent en chanson le retour à leurs racines. Parmi eux : Surafel Chanie, qui mixe R'n'B et pop moderne éthiopienne, ou Ester Rada, espoir de la world music, élue miss Israël en 2013" ;
- 27 novembre 2014.
Cet article a été publié le 9 décembre 2013. Il a été republié le :
- 22 mai 2014. Sur Arte, Tracks a diffusé les 24 et 31 mai 2014 le reportage Le blues des Falashas : "Plongée au cœur de la scène musicale de la communauté falasha, ces Israéliens d'origine éthiopienne, dont les artistes revendiquent en chanson le retour à leurs racines. Parmi eux : Surafel Chanie, qui mixe R'n'B et pop moderne éthiopienne, ou Ester Rada, espoir de la world music, élue miss Israël en 2013" ;
- 27 novembre 2014.
Il est encore sur ARTE+7 si ça interèsse ..
RépondreSupprimerMisgano est très touchant , mais il me fait peur avec cette ardente façon de voir Israel jusqu'à dire qu'il est prêt à faire tout ce que le gouvernment souhaiter de lui ce qui n'est jamais bon signe, nous le savons tous -
Vous faites allusion à quoi en écrivant que cela "n'est jamais bon signe" ?
RépondreSupprimer