
Lors de la Première Guerre mondiale, Hollywood avait déjà participé à sa manière à l’effort de guerre : des films stigmatisaient l’Allemand magnifiquement incarné par l’acteur Juif né dans l'empire austro-hongrois, Erich von Stroheim (1885-1957). Atout primordial : c’est l’ère du cinéma muet.

En 1933, Hitler est nommé chancelier en Allemagne, et Roosevelt débute son premier mandat des président des Etats-Unis. A Hollywood , des voix s’indignent de la montée du nazisme, et des artistes fuyant l’Allemagne nazie, puis l’Autriche après son annexion par le IIIe Reich (Anschluss, 12 mars 1938) se réfugient aux Etats-Unis afin de travailler dans cette usine à rêves - la 8e industrie du pays - et contribuer à sensibiliser l’opinion publique américaine au danger du nazisme et à la montée des périls. Réalisé en 1939, « Confession of a Nazi Spy » (Les Aveux d'un espion nazi) d’Anatole Litvak, est le premier grand film anti-nazi. Il marque le début d'une vague de productions des grands studios américains, alliant comédie pour ridiculiser Hitler et célébration de la résistance européenne, en passant par une série de films patriotiques pour préparer l'Amérique à la guerre, qui y entre de plein pied le 11 décembre 1941.
Soucieux de garder leur accès au public allemand et donc à un marché majeur, certains dirigeants des grands studios hollywoodiens mènent une politique empreinte de duplicité et de soumission aux desiderata des Nazis. Ce que révèle The Collaboration: Hollywood's Pact with Hitler de Ben Urwand (Belknap Press, septembre 2013).
Après l’attaque japonaise à Pearl Harbour (7 décembre 1941), les Etats-Unis entrent le 11 décembre 1941 dans la Seconde Guerre mondiale contre les forces de l’Axe (Allemagne nazie, Italie fasciste, empire nippon).
"En 1933, lors de l'arrivée au pouvoir d'Hitler en Allemagne, et de Roosevelt aux États-Unis, Hollywood est déjà un géant économique. En son sein, des voix s'élèvent contre la montée du fascisme. Confession of a Nazi Spy est le premier grand film anti-nazi. Quand, le 11 décembre 1941, l'Amérique entre en guerre à son tour, tous les métiers du cinéma se mettent au service de la propagande. Le cinéma va ainsi participer à l'enrôlement en masse de nouvelles recrues et accélérer leur formation. Les stars sont aussi mises à contribution. Certaines vedettes tournent des films pédagogiques, tandis que d'autres, comme Clark Gable, James Stewart ou Tyrone Power, participent aux combats."
Une « aventure hors du commun »
A « la fin des années 1930, Hollywood vit son âge d'or. Quatre-vingt-cinq millions d'Américains en moyenne se rendent dans les salles chaque semaine pour admirer leurs stars préférées. C'est donc à travers le cinéma que le gouvernement américain va s'adresser à la nation toute entière pour lui demander de participer à l'effort de guerre.

Répondant à l’appel du président Roosevelt, les huit studios d’Hollywood mettent leurs ressources et leurs talents au service de l'effort de guerre ».

Les « studios américains vont mettre en place une mobilisation unique dans l'histoire du cinéma » qui se traduira en particulier par « la création de bataillons de cameramen de combat à la promotion des bons de guerre du trésor ».


« Tous les métiers du cinéma se mettent au service de la propagande : animation, effets spéciaux, maquillage, construction de décors. Tous « servent un objectif bien précis : motiver l'engagement de nouvelles recrues, aider à la formation des troupes ou à l'organisation du front intérieur, informer l'opinion de la progression du conflit, dénoncer l'idéologie nazie, identifier les alliés de l'Amérique, exacerber le sentiment patriotique, optimiser la formation des recrues, rapporter l’avancée des forces de l’axe, sensibiliser l’opinion à l’effort de guerre... »



Quant à Bob Hope, Bing Crosby, Marlene Dietrich, Bette Davis ou Rita Hayworth, ils se mobilisent pour collecter des fonds ou pour divertir les troupes lors de longues tournées. De retour en Californie après un appel aux dons dans son Indiana natale, Carole Lombard, épouse de Clark Gable, décède à 33 ans dans un accident d’avion le 16 janvier 1942. Le président Roosevelt lui attribue à titre posthume la Médaille présidentielle de la liberté.
En juin 1943, épouse du styliste Oleg Cassini, l’actrice Gene Tierney (1920-1991), enceinte de sa première fille, contracte la rubéole lors de sa seule visite à la Hollywood Canteen, club offrant distraction et nourriture aux soldats Alliés après leurs missions, et accouchera d’une fille handicapée.

Le cinéma va participer à l'enrôlement en masse de nouvelles recrues et accélérer leur formation. Le cinéma des armées crée le personnage du sympathique Snafu, dont le nom est emprunté à une expression militaire signifiant « Situation All Fouled Normal Up » (« La situation est normale. C’est le bordel ! ») Plus de quatre millions de GI’s apprécient ses aventures cocasses de cette recrue, filmées par les réalisateurs de films d’animation les plus talentueux, et à visée didactique : rappeler des consignes de sécurité essentielles, telles les mesures de prévention de la malaria dans les zones de combats.
Née dans une famille Juive de Vienne (alors dans l’empire d’Autriche-Hongrie), Hedy Lamarr (1914-2000) devient célèbre grâce à Extase (1933), film de Gustav Machaty. Star hollywoodienne mythique, elle dépose en 1941 avec le compositeur américain d’avant-garde George Antheil (1900-1959) un brevet remarquable relatif à un système de codage des transmissions – étalement de spectre (spread spectrum) - utilisé par l’informatique et la téléphonie actuelles.
En 1954, à la demande de l'Armée américaine, la star Marilyn Monroe effectuera une tournée en Corée pour soutenir le moral des 100 000 soldats américains dans des camps le long de la frontière avec la Corée du Nord.
En 2010, le Mémorial de la Shoah a présenté l’exposition Filming the Camps. John Ford, Samuel Fuller and George Stevens from Hollywood to Nuremberg, passionnante et émouvante, sur les circonstances de réalisation des films montrant la découverte des camps de concentration de Dachau et de Falkenau. Rapports de tournages, photographies et archives filmées, souvent inédits, ainsi qu’extraits de films de fiction et d’interviews des trois principaux réalisateurs (John Ford, George Stevens, Samuel Fuller) retraçaient cet événement majeur dans l’histoire du monde.
Diffusé par Arte, « 1945. L'ouverture des camps en Allemagne », documentaire par Serge Viallet, numéro (2013) de Mystères d'archives évoque le rôle de l’image dans la découverte des camps nazis en Allemagne, et dans la préparation du procès de Nuremberg. Aux Etats-Unis, les actualités filmées montrent en 1945 ces camps. Le montage d'Universal dure six minutes. L’image joue un rôle majeur. En quelques semaines, un grand nombre de photographies et de films sont réalisés dans les camps. Pour quelles raisons ? Informer le monde entier et constituer des témoignages irréfutables, notamment en vue des procès de Nuremberg. Là, ces images prises à Buchenwald, Dachau et dans d'autres camps seront présentées comme preuves à charge contre les accusés nazis. Pour la première fois, un tribunal montre des "photos et films d'atrocités. comme preuves à charge contre des accusés".

Un livre éponyme accompagne ce documentaire intéressant de Michel Viotte, réalisateur d’une quarantaine de documentaires télévisuels, majoritairement pour Arte et France Télévisions. France 3, puis France 5 l'ont diffusé.
"Quand Hollywood monte au front"
Quand Hollywood monte au front est un documentaire de Peter Miller. "Lorsque le gouvernement de Roosevelt décide en 1941 de participer à la lutte contre l'Allemagne nazie, il charge l'usine à rêves Hollywood de rendre populaire l'envoi des boys sur les champs de bataille. Pour faciliter le processus d'identification, il faut montrer ces hommes dans leur univers quotidien. C'est ainsi que se constitue la pièce maîtresse de la campagne de propagande : les Projections of America, une série de vingt-six courts métrages documentaires. Projetés à travers le monde, ces films présentent une Amérique des gens simples où idéalisme, liberté d'expression, art et culture occupent une place de choix ; et où la discrimination raciale n'existe pas. Au cœur du dispositif filmique se trouve Robert Riskin, producteur et surtout scénariste de la majorité des œuvres de Frank Capra. Il réussit à mobiliser un réseau de cinéastes de sensibilité libérale (c'est-à-dire de gauche) qui se font un devoir de militer contre Hitler. Il est passionnant de revoir leurs images plus de soixante-dix ans après. Ce documentaire mêle des archives souvent inédites et des entretiens avec des réalisateurs, des témoins de l'époque, des historiens et des critiques de cinéma. L'amour en temps de guerre y a aussi sa place, puisque le documentaire évoque l'idylle de Riskin avec la star Fay Wray (héroïne de King Kong)".

« La guerre d'Hollywood 1939-1945 », par Michel Viotte
La Compagnie des Indes avec la participation de France Télévisions et Ciné +
Commentaire dit par Philippe Torreton
Sur Arte
Episode 1 : Unis sous le drapeau, 1 h 15. Diffusions le 13 décembre 2013 à 23 h 10 et le 26 décembre 2013 à 03 h 20
Episode 2 : Sous tous les fronts, 1 h 15. Diffusions le 20 décembre 2013 à 23 h 35 et le 27 décembre 2013 à 03 h
Sur Ciné + Classic le 11 octobre 2017, à 12 h 35
Sur France 3 les 8 mars 2018 à 23 h 50 et 14 mars 2018 à 2 h 40
La Compagnie des Indes avec la participation de France Télévisions et Ciné +
Commentaire dit par Philippe Torreton
Sur Arte
Episode 1 : Unis sous le drapeau, 1 h 15. Diffusions le 13 décembre 2013 à 23 h 10 et le 26 décembre 2013 à 03 h 20
Episode 2 : Sous tous les fronts, 1 h 15. Diffusions le 20 décembre 2013 à 23 h 35 et le 27 décembre 2013 à 03 h
Sur Ciné + Classic le 11 octobre 2017, à 12 h 35
Sur France 3 les 8 mars 2018 à 23 h 50 et 14 mars 2018 à 2 h 40
Visuels :
Un caméraman filme le débarquement des forces américaines sur l'île de Kiska dans l'archipel des Aléouteinnes en Août 1943
Chorégraphie du film « This is the Army » (1943) de Michael Curtiz, avec Ronald Reagan
« The Ducktators », dessin animé réalisé par Norman McCabe, produit par Warner Bros., 1942
Tournage par la First Motion Picture Unit du film Target Tokyo en janvier 1944. Le film raconte le premier raid de bombardement sur Tokyo accompli par les superforteresses B-29. Ronald Reagan en assure la narration. Il est réalisé par William Keighley, l’auteur du célèbre Les aventures de Robin des bois (The adventures of Robin Hood, 1938) interprété par Errol Flynn.
Tournage de This is the army (1943) de Michael Curtiz. Le film est adapté d’un célèbre show musical imaginé par le compositeur Irving Berlin
"Quand Hollywood monte au front. La propagande pendant la 2ème guerre mondiale", de Peter Miller
Sur Arte les 23 et 29 septembre et 1er octobre 2014
Chorégraphie du film « This is the Army » (1943) de Michael Curtiz, avec Ronald Reagan
Tournage par la First Motion Picture Unit du film Target Tokyo en janvier 1944. Le film raconte le premier raid de bombardement sur Tokyo accompli par les superforteresses B-29. Ronald Reagan en assure la narration. Il est réalisé par William Keighley, l’auteur du célèbre Les aventures de Robin des bois (The adventures of Robin Hood, 1938) interprété par Errol Flynn.
Tournage de This is the army (1943) de Michael Curtiz. Le film est adapté d’un célèbre show musical imaginé par le compositeur Irving Berlin
"Quand Hollywood monte au front. La propagande pendant la 2ème guerre mondiale", de Peter Miller
Sur Arte les 23 et 29 septembre et 1er octobre 2014
Sur Histoire les 4 janvier, 20, 25 avril, 1er, 6, 7, 13 et 16 mai 2016, 10 mars à 9 h 15, 12 mars à 15 h 20, 18 mars à 15 h 10, 29 mars 2017 à 18 h 55
A lire sur ce blog :
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Les citations sont extraites du dossier de presse. Cet article a été publié le 13 décembre 2013, puis les 23 septembre 2014 et 30 décembre 2015, 21 avril 2016, 11 mars et 9 octobre 2017, 9 mars 2018.
Les citations sont extraites du dossier de presse. Cet article a été publié le 13 décembre 2013, puis les 23 septembre 2014 et 30 décembre 2015, 21 avril 2016, 11 mars et 9 octobre 2017, 9 mars 2018.
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