Mannequin vedette, modèle, égérie des surréalistes, compagne et assistante de Man Ray qui l’initia à la photographie, Lee Miller (1907-1977) a symbolisé une femme nouvelle, libérée et active, à la silhouette longiligne et élégante. Correspondante de guerre dans l'US Army, elle est aussi célèbre pour ses photographies des déportés des camps de concentration de Buchenwald et de Dachau. Arte diffusera le 21 février 2022 à 0 h 15 "Lee Miller - Mannequin et photographe de guerre" (Lee Miller - Supermodel und Kriegsfotografin ; Lee Miller - A Life on the Front Line), documentaire de Teresa Griffiths.
Elizabeth « Lee » Miller pose enfant pour son père, ingénieur, homme d’affaires et photographe amateur. Des clichés étranges pris par un père sur sa fille.
A l’âge de huit ans, elle est violée, et soit subir un traitement médical douloureux contre la maladie sexuellement transmise.
Elle étudie à l’Ecole des Beaux-arts de Paris (1925), puis à New York (1927).
Lee Miller devient mannequin pour le magazine Vogue dès mars 1927, modèle pour Edward Steichen et Arnold Genthe.
En 1929, elle s’installe à Paris, et se lie avec Man Ray, photographe surréaliste qui lui enseigne la photographie. Elle expérimente la solarisation découverte par Man Ray.
En 1930, elle se lance comme photographe, puis incarne une statue, la bouche et le destin jouant aux cartes dans Le Sang d’un poète de Jean Cocteau.
Elle ouvre à New York, en 1932, avec son frère Erik, son studio de photographie de portraits et de photographies commerciales. Parmi ses clients : sociétés de produits cosmétiques, entreprises de mode, agences de publicité, Vogue, etc.
Lee Miller participe à l’exposition collective sur la photographie européenne moderne à la galerie Julien Levy dans la Big Apple.
Un an plus tard, Julien Levy organise sa première exposition personnelle.
Après un intermède en Egypte où elle vit avec son premier mari l’entrepreneur Eloui Bey et photographie le désert et des sites historiques (Portrait of Space, 1937), Lee Miller renoue avec l’avant-garde parisienne - Man Ray, Dora Maar, Eileen Agar, Max Ernst, Picasso -, et rencontre en 1937 le poète et peintre surréaliste Roland Penrose qui deviendra en mai 1947 son second mari et le père de son fils Antony né en septembre 1947.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle se fixe à Londres et collabore à Brogue. Cette photojournaliste couvre à Londres le Blitz (éclair, en allemand) - bombardements allemands de septembre 1940 à mai 1941 de villes britanniques : Londres, Coventry, Plymouth, Birmingham, Liverpool, etc. lors de la bataille d'Angleterre.
Avec sa compatriote Margaret Bourke-White (1904-1971), Lee Miller est l’une des rares femmes correspondantes de l’armée américaine dès 1942. Ses reportages sont publiés par ce magazine américain.
De 1944 à 1946, avec David E. Sherman, correspondant de Life, elle couvre les opérations de l’US Army, du débarquement en France jusqu’en Roumanie, la vie quotidienne des soldats et infirmiers américains, la découverte des camps de concentration de Buchenwald et Dachau.
Elle doit certifier l’authenticité de ses photographies de cadavres squelettiques des déportés pour que Vogue les publie en juin 1945 et informe ses lecteurs des atrocités commises par les Nazis.
David E. Sherman la photographie tandis qu’elle prend un bain dans la baignoire d’Hitler dans son appartement berlinois.
Après la guerre, elle souffre du syndrome de stress post-traumatique, et devient alcoolique.
En 1949, elle s’installe avec sa famille à Farley Farm House (Sussex). Là, s’y rendent Picasso, Man Ray, Henry Moore, Jean Dubuffet, Max Ernst… Ils seront photographiés par Lee Miller dans son dernier reportage Working Guests publié par Vogue.
De 1948 à 1973, Lee Miller continue sa collaboration, épisodique, pour Vogue pour des clichés sur la mode et les célébrités, et ses photographies illustrent les livres de son époux, de Pablo Picasso et d’Antoni Tàpies. Et devient une émérite cuisinière.
Elle décède d’un cancer en 1977.
Son fils accomplit un travail important pour répertorier et promouvoir l’œuvre de sa mère, et la réhabiliter comme photographe majeure du XXe siècle.
Hommages Dans le cadre du mois de la photo à Paris, et après Londres, le Jeu de Paume a présenté en 2008-2009 la rétrospective L’art de Lee Miller. Cette exposition a regroupé pour la première fois 140 œuvres, dont certains des plus beaux tirages originaux de l’artiste. Etaient également montrés des exemplaires originaux de Vogue, des dessins et des collages, ainsi qu’un bref extrait du Sang d’un poète de Jean Cocteau. Etait aussi proposé le documentaire de Sylvain Roumette Lee Miller ou la traversée du miroir.
Au printemps 2014, L'Oeil de la photographie a publié une interview intéressante d'Antony Penrose, fils de Lee Miller et directeur des archives photographiques de sa mère.
La chaîne Histoire a diffusé les 23 et 28 mai 2014 Lee Miller ou la traversée des apparences de Sylvain Roumette.
Les 11 et 12 décembre 2014, Sotheby's proposa à New York la vente aux enchères d'un seul propriétaire privé et intitulée 175 Masterworks To Celebrate 175 Years Of Photography: Property from Joy of Giving Something Foundation. Ces 175 chefs d’œuvres de photographes sont issues de la collection du philanthrope et financier Howard Stein (1926-2011) qui l'avait donnée à sa fondation. Parmi les artistes choisis depuis les origines de cet art : Lee Miller. Cette photographie Untitled (Iron Work) est estimée entre 150 000 dollars et 250 000 dollars. Elle provenait de la collection de Maurice Verneuil (1869-1942), designer, artiste (céramique, papier peint, affiche, illustration, meubles) de l'Art nouveau et photographe parisien, constituée à la fin des années 1920 et dans les années 1930.
"With its precise composition and surprising luminosity, Untitled (Iron Work) incorporates Miller’s sophisticated sense of design and her ability to locate the Surreal in the real world. It is a remarkably accomplished image for a photographer to have made so early in her career, from both an aesthetic and a technical point of view. In Miller’s print, with its deep, charcoal-black ironwork and bright white sunlit wall, an architectural detail is transformed into a lyrical, abstract study of tonal values. Early prints of any of Miller’s photographs are scarce. The present print is the only example of this image believed to have come to auction. All of the above-listed literature reproduces the same print, the one owned by the Art Institute of Chicago. That print was originally in the collection of pioneering gallerist Julien Levy, who gave Miller her first solo exhibition in 1932-33, and also included her work in Modern European Photography, Exhibition of Portrait Photography, and Exhibition of Anti-Graphic Photography" (Sotheby's).
Lee Miller est l'une des photographes mises à l'honneur dans l'exposition Qui a peur des femmes photographes ? 1839 à 1945 présentée en deux parties chronologiques au musée de l'Orangerie et au musée d'Orsay.
"Lee Miller: A Woman’s War"
L'Imperial War Museum (IWM) de Londres présenta l'exposition Lee Miller: A Woman’s War. Une exposition de 150 photographies sur l'expérience de femmes de la Deuxième Guerre mondiale saisies par Lee Miller.
"2015 marks 70 years since the end of the Second World War. When war broke out in 1939, women embarked on a continuous process of change and adaptation. For some, including Miller herself, the war brought a form of emancipation and personal fulfillment, but its many privations caused widespread suffering. Miller’s photography of women in Britain and Europe during this period reflects her unique insight as a woman and as a photographer capable of merging the worlds of art, fashion and photojournalism in a single image".
Lee Miller: A Woman’s War "will trace Miller’s remarkable career as a photographer for Vogue Magazine and for the first time will address her vision of gender. Miller was one of only four female professional photographers to be accredited as US official war correspondents during the Second World War. Recognised today as one of the most important female war photographers of the twentieth century, through her work Miller offers an intriguing insight into the impact of conflict on women’s lives, detailing their diverse experiences and her own world view".
"Comprising four parts, this exhibition will document Miller’s evolving vision of women and their lives as she travelled between countries before, during and in the immediate aftermath of the Second World War".
"Women before the Second World War considers the origins of Miller’s wartime vision of women and her evolution as a photographer in the years preceding the Second World War; drawing on early life experiences, such as childhood trauma, her brief career as a fashion model, her involvement in the Surrealist art movement, the influence of early mentors such as Man Ray, and her two marriages".
Women in Wartime Britain "explains how Miller, in her new role as photographer for British Vogue, documented the gradual but inexorable transformation of women’s lives in wartime Britain between 1939 and 1944. Illustrating how wartime privation and suffering was offset, in some cases, by enhanced opportunities outside the home".
Women in Wartime Europe "examines Miller’s coverage of the impact of war on women in Europe as a US official war correspondent for Vogue magazine, 1944 – 1945, highlighting the diverse and distinctive nature of women’s experience of liberation, defeat and military occupation. Here the exhibition considers the emotional and physical toll of war on women, including Miller herself, reflecting too on the capacity of war in the front line to temporarily dissolve established divisions between the sexes".
Women after the Second World War "focuses on Lee Miller’s coverage of women in Denmark, Austria, Hungary and Romania in the immediate aftermath of war, contemplating the lasting legacy of war, the difficult process of recovery from wartime experiences and the adjustment to post-war changes".
‘Miller’s most important legacy is without doubt her photography of the Second World War.’ Hilary Roberts, Research Curator of Photography, IWM.
"Alongside Miller’s striking photographs, many of which are on public display for the first time, artworks, costume, objects, documents and ephemera will contribute to this fascinating and rarely told story .
"The exhibition is accompanied by a major illustrated book, Lee Miller: A Woman's War by the exhibition's curator Hilary Roberts and features an introduction by Antony Penrose, Lee Miller's son. Miller's photographs, many previously unpublished, are accompanied by extended captions that place the images in the context of women's roles within the landscape of war. Lee Miller: A Woman's War was published by Thames & Hudson on 5 October 2015".
"Lee Miller et Man Ray"
Arte diffusa le 28 avril 2019, dans le cadre de la série documentaire "L'amour à l'oeuvre" ("Liebe am Werk"), "Lee Miller et Man Ray" ("Lee Miller & Man Ray") réalisé par Delphine Deloget (2018).
Né dans une famille d'immigrés juifs russes, "peintre et cinéaste, Man Ray reste d’abord la figure emblématique du surréalisme. Femme fatale à la beauté glacée, Lee Miller, icône des magazines de mode qui se rêve photographe, en fait son maître et son amant, avant de rivaliser à son tour d’invention et d’audace. Man Ray et Lee Miller, c’est l’histoire d’un amour qui va révéler une femme dont l’image de muse a longtemps éclipsé le talent d’artiste".
"Lee Miller - Mannequin et photographe de guerre"
"À rebours des conventions sociales imposées aux femmes de son temps, Lee Miller (1907-1977) a vécu mille vies. Le portrait fouillé d’une artiste aussi à l’aise devant que derrière l’objectif."
"En 1927, Lee Miller (1907-1977) est une jeune et belle femme qui fait le bonheur des photographes. Arrivée à New York, elle est repérée par hasard par Condé Nast, le fondateur du magazine Vogue dont elle ne tardera pas à faire la couverture. Prise à son tour par le virus de la photographie, mais derrière l’objectif cette fois, elle s’installe à Paris en 1929 et choisit Man Ray pour professeur. Leur relation amoureuse sera fusionnelle, chacun étant tour à tour pour l’autre artiste et modèle, une gageure dans un mouvement surréaliste largement dominé par des figures masculines. Après une parenthèse maritale en Égypte avec un riche industriel, elle pratique l’amour libre dans le sud de la France, derniers instants d’une liberté rêveuse, avant que n’éclate la guerre".
"À Londres, elle rend compte des bombardements, puis retrouve la France, où elle devient l’une des seules femmes photographes envoyées sur le front. Se remémorant la bataille pour la libération de Saint-Malo, elle écrit : "J’avais mon uniforme, une ou deux douzaines de pellicules et un duvet. J’étais la seule photographe à des kilomètres à la ronde et l’heureuse propriétaire, en quelque sorte, de ma propre guerre privée." Ayant suivi les troupes américaines en Allemagne, elle publie dans Vogue l’un de ses plus fameux reportages : Croyez-y, une immersion photographique dans les camps de concentration de Dachau et de Buchenwald, tout juste libérés".
"Lorsqu’il retrouve les négatifs dans son grenier, le fils de Lee Miller n’en croit pas ses yeux. Quelle est cette femme, tour à tour modèle et photographe, capturant les dunes désertiques de l’Égypte, des vacances échangistes dans le sud de la France aux côtés des surréalistes, ou l’horreur de Dachau et de Buchenwald ? L’artiste avait à tiré un tel trait sur son passé que son propre fils n’en connaissait rien. Teresa Griffiths brosse le portrait d’une femme anticonformiste, indifférente au carcan du machisme mais également minée par un passé d’abus sexuel et un syndrome post-traumatique qui la précipitera, après la guerre, dans l’alcool et la dépression. Son ami, amant et collègue photographe de guerre David Sherman, avec qui elle a entretenu un ménage à trois au côté de l’artiste Roland Penrose, son deuxième mari, dit d’elle, face caméra : "Elle a mené six, huit, dix vies discrètes, absolument différentes les unes des autres." On reste coi face aux carrières et aux personnalités multiples de l’artiste, tout autant que muet d’admiration devant la puissance de ses clichés, auxquels le documentaire fait la part belle".
"Lee Miller - Mannequin et photographe de guerre" de Teresa Griffiths
Royaume-Uni, BBC Arts, Erica Starling Productions, 2020, 58 minutes
Sur Arte les 30 août 2020 à 22 h 50 et 5 septembre 2020 à 5 h 25, 21 février 2022 à 0 h 15
Disponible du 29/08/2020 au 27/11/2020, du 19/02/2022 au 20/05/2022
Visuels : © Lee Miller Archives, England
Visuels : © Lee Miller Archives, England
"Lee Miller et Man Ray" par Delphine Deloget
France, Bonne compagnie, 2018, 26 min
Sur Arte le 28 avril 2019 à 19 h 15
Disponible du 30/08/2020 au 30/10/2020
Man Ray (1890-1976) et Lee Miller (1907-1977)
Credit : © Lee Miller Archives, England 2
Portrait de Lee Miller, photographe et muse de Man Ray (1907-1977)
Credit : © Telimage
Visuels :
Untitled (Iron Work)
mounted on heavy paper, signed in pencil on the mount, the photographer’s ’12, rue Victor Considérant, Paris XIVe’ studio stamp on the reverse, 1931
8 7/8 by 6 3/4 in. (22.5 by 17.3 cm.)
Catalogue
Anna Leska, Air Transport Auxiliary, Polish pilot flying a spitfire, White Waltham, Berkshire, England 1942 by Lee Miller © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved
Fire Masks, Downshire Hill, London, England 1941 by Lee Miller © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved
Lee Miller in Hitler's bathtub, Hitler's apartment, Munich, Germany 1945 By Lee Miller with David E. Scherman © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved.
Woman accused of collaborating with the Germans, Rennes, France 1944 by Lee Miller © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved.
Two German women sitting on a park bench surrounded by destroyed buildings, Cologne, Germany 1945 by Lee Miller © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved.
Terra Luna, 54 mn
Diffusions sur Histoire le 14 mai à 22 h 45, 1er octobre à 22 h 05, 3 octobre à 18 h 10 et 16 octobre 2013, 1er, 3 et 16 octobre 2013, les 23 janvier à 1 h 15, 24 février, 8 et 22 mars 2014.
Cet article a été publié en une version concise par L'Arche. Il a été publié sur ce blog en une version plus longue les 10 mai 2013, 20 janvier, 23 février, 20 mars, 21 mai et 8 décembre 2014, 26 novembre 2015, 21 avril 2016, 28 avril 2019, 28 août 2020.
mounted on heavy paper, signed in pencil on the mount, the photographer’s ’12, rue Victor Considérant, Paris XIVe’ studio stamp on the reverse, 1931
8 7/8 by 6 3/4 in. (22.5 by 17.3 cm.)
Catalogue
Anna Leska, Air Transport Auxiliary, Polish pilot flying a spitfire, White Waltham, Berkshire, England 1942 by Lee Miller © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved
Fire Masks, Downshire Hill, London, England 1941 by Lee Miller © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved
Lee Miller in Hitler's bathtub, Hitler's apartment, Munich, Germany 1945 By Lee Miller with David E. Scherman © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved.
Woman accused of collaborating with the Germans, Rennes, France 1944 by Lee Miller © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved.
Two German women sitting on a park bench surrounded by destroyed buildings, Cologne, Germany 1945 by Lee Miller © Lee Miller Archives, England 2015. All rights reserved.
Du 15 octobre 2015 au 24 avril 2016
Imperial War Museums
IWM London, Lambeth Road, London, SE1 6HZ.
T: 020 7416 5000 E:
Tous les jours de 10 h à 18 h
Lee Miller ou la traversée des apparences de Sylvain Roumette (1995)Imperial War Museums
IWM London, Lambeth Road, London, SE1 6HZ.
T: 020 7416 5000 E:
Tous les jours de 10 h à 18 h
Terra Luna, 54 mn
Diffusions sur Histoire le 14 mai à 22 h 45, 1er octobre à 22 h 05, 3 octobre à 18 h 10 et 16 octobre 2013, 1er, 3 et 16 octobre 2013, les 23 janvier à 1 h 15, 24 février, 8 et 22 mars 2014.
A lire sur ce blog :
Cet article a été publié en une version concise par L'Arche. Il a été publié sur ce blog en une version plus longue les 10 mai 2013, 20 janvier, 23 février, 20 mars, 21 mai et 8 décembre 2014, 26 novembre 2015, 21 avril 2016, 28 avril 2019, 28 août 2020.
Le film Lee Miller d'Ellen Kuras mériterait une rallonge d'une 1/2h supplémentaire pour détailler sa vie, notamment sa période avec Man Ray.
RépondreSupprimer