
Les inquiets. Yael Bartana, Omer Fast, Rabih Mroué, Ahlam Shibli, Akram Zaatari. 5 artistes sous la pression de la guerre
Histoires » de Michal Rovner
"Ici", "Jérusalem plomb durci" et "J'ai soif"
Histoires » de Michal Rovner
"Ici", "Jérusalem plomb durci" et "J'ai soif"
L’année juive 5772 avait été marquée par des expositions controversées – « Ici », « Jérusalem plomb durci » et « J'ai soif »
- promues par service culturel de la problématique ambassade d’Israël en France.
En cet automne 2012, cette ambassade poursuit dans cette
voie. Comme si les expositions anti-israéliennes en France ne causaient pas assez de
dommages à Israël et aux Juifs français.
On aurait pu espérer un « cadeau » moins
embarrassant en ce début d’année juive 5773.
Pluriel ?

Organisée par « le magazine d'art prestigieux Artabsolument », elle réunit « les
œuvres de l'élite des artistes israéliens de la scène d'art contemporain » et est assortie d'un catalogue.
Les expositions collectives s’avèrent délicates dans
l’association des talents, d’artistes créant leurs œuvres hors de toute
politisation à ceux dont l’art exprime des réflexions ou positions politiques,
souvent biaisées.

Elle allègue : « L’histoire de l’art en Israël reste
un objet particulier car le territoire est le fruit de nombreux mélanges
culturels. Il n’y avait pas d’art car pas d’histoire commune, et pourtant
beaucoup d’art et d’histoires importés ». Comme si les Juifs habitant en
Eretz Israël n’avaient au fil des siècles produit aucun art, aucune
histoire !
A la villa
Emerige, espace parisien créé par Laurent Dumas, quinze artistes illustrent
des disciplines variées : peinture, sculpture, vidéo, photographie,
installation et broderie.
On peine
souvent à distinguer l’art de la politique, et une diversité idéologique dans cette exposition "Pluriel".
Le dossier
de presse présente la vidéaste Raida Adon comme
« palestinienne », alors qu’elle est née en 1972 à « Acre,
Israël ». Si elle est palestinienne, que fait-elle dans cette exposition
sur l’art contemporain israélien ?


Collectionnant
des objets promis à la destruction, la photographe Ilit Azoulay
adopte « une démarche d’archiviste, voire d’anthropologue ».
Plasticienne,
vidéaste, photographe, Yael Bartana
« observe et déconstruit de manière poétique les discours et les
propagandes nationalistes au Moyen-Orient. Elle étudie son pays natal d’un
point de vue critique et illustre dans ses œuvres les attaches qui l’unissent à
cette terre. L’artiste bouscule les frontières entre fiction et réalité, espérance
et peur, passé et présent. Ses travaux évoquent les épisodes divers de
l’histoire politique d’Israël, des juifs de Pologne, ainsi que de la migration
et de l’assimilation en général, mêlant des fonds historiques, des actualités
politiques et des fictions utopiques ». Cette artiste a représenté la Pologne
à la 54e Biennale de Venise.
Selon le
blog Lunettes rouges, dans Kings of the Hill de Yael Bartana,
« des hommes israéliens conduisent sans fin leur énormes 4x4 dans des
dunes de sable, action vaine, machiste, brutale, simulacre de loisir dérisoire,
mythe du colon conquérant ».



Sigalit Landau
« est très engagée sur le thème de l’eau et particulièrement de la Mer morte ». Sigalit Landau a représenté Israël à la biennale de Venise 2011
sous le commissariat de Jean de Loisy.
Membre de plusieurs comités d’acquisitions de grands musées,
dont celui du Musée national d’art moderne-Georges Pompidou ou le comité
d’acquisitions d’art contemporain israélien du musée d’Israël à Jérusalem, Nathalie
Mamane-Cohen déclare :
« Sigalit Landau, qui jouit d’une
carrière internationale mais qui vit plus de la moitié de son temps en Israël,
a réalisé une vidéo, appartenant aujourd’hui au Centre Pompidou, où elle fait
du Hoola Hoop avec un cerceau en fil de fer barbelé qui
l’auto-flagelle sur la plage de Tel-Aviv. Le sel est également l’un de ses
matériaux de prédilection pour ses sculptures : il fait référence à la Mer
morte, à la culture biblique, à un ancrage dans la région ».

Commentaire
du blog Lunettes rouges : « Sur une plage, l'artiste nue fait du Hula
hoop avec un cerceau en fil de fer barbelé. Les barbes sont tournées vers
l'extérieur, mais sa chair est blessée, maquillage ou réalité : c'est son
giron, sa féminité, la partie de son corps faite pour engendrer, pour donner la
vie, qui est blessée. Elle continue à danser, énergiquement, douloureusement
jusqu'à l'épuisement... Aucun discours politique, aucun article ne peut aussi
bien retranscrire la tragédie d'Israël aujourd'hui : barbelés conçus pour
défendre, mais qui attaquent l'essence même du corps qu'on veut protéger, dans
son sein, dans sa capacité à créer son futur ».








Maya Zack « recrée entièrement
des univers, en jouxtant ces divers médiums, où elle reconstitue avec minutie
la vie quotidienne d’une famille juive allemande archétypique d’avant la
Seconde Guerre mondiale. Son processus de création plonge dans les racines de
la culture juive européenne, à travers ses éléments matériels, pour en exprimer
à la fois la richesse et la dimension traumatique. C’est également une
réflexion sur la mémoire, en tant que système cognitif, avec ses manques et ses
faces saillantes, que l’artiste cherche à explorer ».
A
l’évidence, certains artistes israéliens ne sont pas convaincus du bien-fondé
de l’existence de l’Etat d’Israël, ne partagent pas les valeurs israéliennes
ou/et Juives, éprouvent des problèmes d’identité, voire la haine de soi.
L'art contemporain israélien ne se réduit heureusement pas à ces thématiques - violence, masochisme, zoophilie, etc. - et est heureusement plus divers et soucieux de beauté et d'harmonie.
L'art contemporain israélien ne se réduit heureusement pas à ces thématiques - violence, masochisme, zoophilie, etc. - et est heureusement plus divers et soucieux de beauté et d'harmonie.
Le soutien de l’ambassade d’Israël en
France
La revue de presse est
impressionnante : des articles laudatifs ou sans esprit critique, dans de
prestigieux journaux français, américains (International Herald Tribune)
et israéliens, dans des médias français Juifs : Actualité juive hebdo, Tribune
Juive. Jusqu’aux Cahiers de l’islam !

Cette manifestation à maints égards problématique est
soutenue par le service culturel de l’ambassade d’Israël en France ainsi que la Mairie de Paris. Et
Nonsnondits, « blog non officiel
du service de presse de cette ambassade », publie des critiques
élogieuses sur cette manifestation.
C’est devenu routinier : l’ambassade d’Israël promeut
ce genre de manifestations problématiques.
Pourquoi des fonctionnaires israéliens pour
promouvoir l’actualité culturelle israélienne, manquent-ils ainsi à leur
devoir de neutralité ? Et ce, sans aucune sanction de leur
hiérarchie ! Quel est le rôle exact de Francine Lutenberg,
responsable
des projets culturels à l'ambassade, qui dispose d’une chronique sur RCJ,
radio du FSJU, pour promouvoir des évènements culturels israéliens, tel
celui-ci ? Quels sont les critères de ses choix ?
Cette ligne politique, excusez-moi, culturelle de ladite ambassade s'oppose aux intérêts de l'Etat d'Israël, et approfondit le fossé entre, d'une part, cet Etat et son ambassade et, d'autre part, la diaspora française Juive, ainsi qu'elle accentue la désaffection et la défiance à l'égard des médias français Juifs.
Cette ligne politique, excusez-moi, culturelle de ladite ambassade s'oppose aux intérêts de l'Etat d'Israël, et approfondit le fossé entre, d'une part, cet Etat et son ambassade et, d'autre part, la diaspora française Juive, ainsi qu'elle accentue la désaffection et la défiance à l'égard des médias français Juifs.
Les expositions anti-israéliennes ne suffisent pas à la
diffamation d’Israël ? Il faut aussi que des évènements soutenus par l’ambassade
d’Israël en France, et notamment son service culturel, et annoncés par des organes d’institutions françaises ou des médias Juifs y contribuent !?
Cette tendance risque de s’aggraver car les autorités politiques israéliennes souhaitent créer, avec les communautés juives de diaspora, des centres culturels pour mieux faire connaître les cultures juives et israéliennes. Cela promet…
Cette tendance risque de s’aggraver car les autorités politiques israéliennes souhaitent créer, avec les communautés juives de diaspora, des centres culturels pour mieux faire connaître les cultures juives et israéliennes. Cela promet…
Et comme si cette tactique pourrait suppléer l’absence d’actions
indispensables et urgentes à mener par le gouvernement israélien, en particulier le combat pour la vérité dans l’affaire al-Dura et la défense de l’histoire et
du narratif d’Israël.
Addendum
Des œuvres de Sigalit Landau - un DVD de sa vidéo DeadSee - et d'Adi Nes - un tirage d'une photographie de sa série Soldats (1999) inspirée du dernier repas de Jésus de Nazareth représenté notamment dans La Cène de Léonard de Vinci - ont été acquises, respectivement pour 125 000 $ et 377 000 $ - lors d'une vente aux enchères à Sotheby's (New York), le 17 décembre 2013.Addendum
Jusqu’au
22 novembre 2012
7, rue Robert Turquan. 75016 Paris
Du mardi au dimanche de 12 h à 19 h
Visuels :
Hebron (Purim). 2004, inkjet print of
color photograph, 60 x 90 cm .©Pavel
Wolberg Courtesy of the artist and Dvir Gallery, Tel Aviv.
Nelly
Agassi. Whispers. 2004, coat hanger, knitting, 600 x 500 cm . Installation view at
“Embroidered Action,” Herzliya Museum of Contemporary Art, Israel.©Nelly
Agassi. Courtesy Dvir Gallery, Tel Aviv
Raida Adon. Fasatin. 2001, pal dv, extrait d’une vidéo de
10 min.©Raida Adon. Courtesy Raida Adon.Image
10 of 10
Mur I
Wieza (wall and tower). 2009, extrait d’une vidéo de15 min.© Yael Bartana, Annet Gelink Gallery,
Amsterdam et Sommer Contemporary Art, Tel Aviv. Courtesy of Yael Bartana, Annet
Gelink Gallery, Amsterdam
et Sommer Contemporary Art, Tel Aviv.
Kings of
the Hill. 2003, video, 7min45.© Yael Bartana, Annet Gelink Gallery, Amsterdam et Sommer
Contemporary Art, Tel Aviv. Courtesy of Yael Bartana, Annet Gelink Gallery, Amsterdam et Sommer
Contemporary Art, Tel Aviv.
Fresh Face
in the Desert/Spitting Chewing Tobacco. 2010, digital inkjet print and pencil
on paper, 29.7 x 21 cm .©
Avner Ben-Gal Courtesy of the Artist and Sadie Coles HQ, London .
Vertigo
Inbox (1) no. 3. 2008, oil on plywood, 120 x 210 cm .©Avraham Hay. Courtesy
Inga Gallery of Contemporary Art, Tel Aviv.
Barbed Hula. 2000, extrait d’une video de 2 min.© Sigalit
Landau Courtesy Sigalit Landau and Kamel Mennour, Paris.
Man and
Leopard. 2008, acrylic and marker on canvas, 200 x 280 cm .© Gil Marco
Shani. Courtesy of Gil Marco Shani
Woman in
her bedroom. 2009, acrylic and marker on canvas, 270 x 190 cm . ©Gil Marco Shani.
Courtesy of Gil Marco Shani. Collection Susanna Vorst, Amsterdam .
Untitled. 1999, photo couleur contrecollée sur PVC, 90 x 148 cm / 185 x 235 cm .©Adi Nes/Galerie
Praz-Delavallade, Paris. Courtesy Galerie Praz-Delavallade, Paris.
Moshe
Ninio. Sleeping figure. 1978, B/W photographic paper suspended in an aluminum
frame, 105 x 105 cm
(framed). The Schoken collection, Tel Aviv. Photo : Miki Koren.
Hagar. 2007, mix media- extrait des 38 pièces, 87,57 x 57,5 cm . Courtesy of Khader Oshah.
Taaban. 2010,
video, 5min31. ©Assaf Shoshan. Courtesy of the artist
LOOKING
THE SAME (detail from a series). 2011, steel wool rusted with Diet Cola, 100 x 120 cm .© Gal
Weinstein. Courtesy Gal Weinstein and Private Collection.
Living
Room 1. 2009-2010, anaglyph print, 80 x 200 cm .© Maya Zack. Courtesy Alon Segev
Gallery, Tel Aviv.
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