Arte diffusa le 9 mai 2012 « Serait-ce un rêve ? Le cinéma en chansons de W. R. Heymann » (So wie ein Wunder, Das singende Kino des
Herrn Heymann) de Helma Sanders-Brahms (2012).
L’histoire de Werner Heymann,
compositeur, chef d'orchestre et musicien allemand Juif (1896-1961), auteur prolifique de chansons
populaires et de musiques de films, en Europe et aux Etats-Unis, des années 1930 aux années 1950. Arte diffuse Le Chemin du Paradis, de Wilhelm Thiele et Max de Vaucorbeil.
Tournages Paris-Berlin-Hollywood 1910-1939
« Serait-ce un rêve ? Le cinéma en chansons de W. R. Heymann » de Helma Sanders-Brahms
« Serait-ce un rêve ? Le cinéma en chansons de W. R. Heymann » de Helma Sanders-Brahms
Vous vous souvenez de la chanson optimiste Avoir un bon copain ? Un succès des années 1930
en Allemagne et en France. Elle débute ainsi :
On rit de ses chagrins
Quand on possède un bon copain »
L’auteur de sa musique : W. R. Heymann.
Voilà c'qui y a
d'meilleur au monde
Oui, car, un bon
copain
C'est plus fidèle
qu'une blonde
Unis main dans la
main
A chaque seconde
On rit de ses chagrins
Quand on possède un bon copain »
L’auteur de sa musique : W. R. Heymann.
"L'opérette, un genre Juif"
Werner Richard Heymann
nait en 1896 à Königsberg, alors en Prusse. Une ville dénommée actuellement
Kaliningrad et située en Russie.
Cet enfant compose dès l’âge de cinq ans, et
apprend le violon à six ans. Il est élevé par une gouvernante française, et devient francophone.
Il arrive à Berlin en 1912.
Ce jeune marié compose des œuvres de musique
classique. Sa Symphonie rhapsodique est créée par Felix
Weingartner et l'Orchestre philharmonique de Vienne en 1918.
Il débute alors sa carrière de compositeur de musique pour
des chansons de cabarets. Des cabarets - Schall und Rauch
, Die Rampe - dont
il assure parfois la direction artistique. Il collabore avec Max Reinhardt,
Mischa Spoliansky, Rosa Valetti et Friedrich Hollaender.
En 1923, grâce au producteur Erich Pommer, Werner Richard Heymann travaille comme directeur musical
pour les studios berlinois de cinéma de la UFA à Babelsberg. Il y crée les
arrangements pour des films muets – Faust
de Murnau, Spione de Fritz Lang -, puis compose sa première musique de
film en 1926.
Il créée la musique du premier film parlant de l’UFA, Melodie des Herzens.
L'UFA crée le genre des opérettes filmées. Le tandem Pommer/Heymann brille dans ces films populaires. Dans les années 1930, les compositions de Werner Richard Heymann remportent un vif succès dans des comédies musicales franco-allemandes sophistiquées, désormais oubliées. Ses chansons "s'intègrent dans la tradition des lieder de Schubert ou Schumann".
L'UFA crée le genre des opérettes filmées. Le tandem Pommer/Heymann brille dans ces films populaires. Dans les années 1930, les compositions de Werner Richard Heymann remportent un vif succès dans des comédies musicales franco-allemandes sophistiquées, désormais oubliées. Ses chansons "s'intègrent dans la tradition des lieder de Schubert ou Schumann".
Après l’avènement du parlant, par souci de rentabilité,
les films sont tournés dans les studios parisiens ou allemands en plusieurs
langues. Ces coproductions - Princesse, à vos ordres ! (Ihre Hoheit befiehlt) de Hanns Schwarz et Max de Vaucorbeil - recourent à la même intrigue, au même montage, aux
mêmes stars européennes, telles Lilian Harvey ou Annabella dans des rôles de
jeunes premières. Seules changent les équipes techniques et artistiques (seconds
rôles) comptant un grand nombre d'artistes ou de techniciens Juifs. Ce qui évite le doublage, et exige des acteurs sachant chanter et jouer la comédie. Heymann participe aussi à l'adaptation en français de ses chansons.
Ainsi Lilian Harvey est la star de comédies
franco-allemandes de la UFA rythmées par des chansons dont la musique est
signée Werner Richard
Heymann et les paroles Robert Gilbert : Le chemin du paradis
(version allemande de Wilhelm Thiele avec Heinz Rühmann, française de Max de
Vaucorbeil avec Henri Garat, 1930), Le congrès s’amuse (respectivement
de Erik Charell avec Willy Fritsch et de Jean Boyer avec Henri Garat, 1931) et,
sur un scénario de Billy Wilder, Un rêve blond (de Paul Martin avec
Willy Fritsch et d'André Daven avec Henri Garat et Pierre Brasseur, 1932).
Le Chemin du Paradis
Première comédie musicale allemande, Le chemin du paradis fut tourné en 1930 en deux versions différentes, l'une allemande (Die Drei von der Tankstelle) et l'autre française, en bénéficiant de la même équipe technique, mais avec deux distributions différentes pour attirer des publics nationaux différents et un changement du nom de la station service. Il "est resté célèbre pour sa chanson "Avoir un bon copain". Sa version française a été assurée par Max de Vaucorbeil avec Henri Garat, et sa version allemande par Wilhelm Thiele avec Heinz Rühmann. Quand "le film sortit en 1930, les spectateurs connaissaient bien les situations qu'il dépeignait : crise économique, chômage, faillites, etc."
"Willy, Jean et Guy forment un trio inséparable. À leur retour d'un fantastique voyage en automobile, ils apprennent que l'huissier a mis leur appartement sous scellés, que leur banque a fait faillite et qu'ils n'ont plus un sou. Ils prennent les événements avec philosophie, vendent leur voiture chérie et s'achètent un poste à essence. Ces trois amis font fi de leurs ennuis financiers pour profiter de la vie, entre leur station-service et la belle Lilian, l'une de leurs clientes. Tout en se relayant à la pompe, ils déploient des trésors d'ingénuité pour travailler le moins possible. Et des trésors de galanterie lorsque la belle Lilian, une cliente, vient faire le plein".
Le chemin du paradis était novateur en ce qu'il tournait les malheurs en dérision, préférant faire l'éloge de la paresse. Un redoutable défaut du film qui n'échappera pas aux censeurs nazis, qui l'interdirent en 1937. L'autre raison de cette sanction est qu'on trouve au générique de cette oeuvre un peu trop de noms juifs : le réalisateur Wilhelm Thiele (qui tournera à Hollywood Tarzan et les nazis), le compositeur Heymann et le producteur Erich Pommer. Tous émigrèrent aux États-Unis. Le film fait également date de par ses prouesse techniques, entre montage novateur, séquence d'animation et une nouvelle esthétique de la vitesse dans le cinéma parlé, encore très statique à l'époque. Certains critiques de cinéma verront d'ailleurs dans cette réalisation l'ancêtre de la comédie musicale américaine, notamment grâce au tout premier enregistrement, resté célèbre, de la chanson "Avoir un bon copain".
Le Chemin du Paradis
Première comédie musicale allemande, Le chemin du paradis fut tourné en 1930 en deux versions différentes, l'une allemande (Die Drei von der Tankstelle) et l'autre française, en bénéficiant de la même équipe technique, mais avec deux distributions différentes pour attirer des publics nationaux différents et un changement du nom de la station service. Il "est resté célèbre pour sa chanson "Avoir un bon copain". Sa version française a été assurée par Max de Vaucorbeil avec Henri Garat, et sa version allemande par Wilhelm Thiele avec Heinz Rühmann. Quand "le film sortit en 1930, les spectateurs connaissaient bien les situations qu'il dépeignait : crise économique, chômage, faillites, etc."
"Willy, Jean et Guy forment un trio inséparable. À leur retour d'un fantastique voyage en automobile, ils apprennent que l'huissier a mis leur appartement sous scellés, que leur banque a fait faillite et qu'ils n'ont plus un sou. Ils prennent les événements avec philosophie, vendent leur voiture chérie et s'achètent un poste à essence. Ces trois amis font fi de leurs ennuis financiers pour profiter de la vie, entre leur station-service et la belle Lilian, l'une de leurs clientes. Tout en se relayant à la pompe, ils déploient des trésors d'ingénuité pour travailler le moins possible. Et des trésors de galanterie lorsque la belle Lilian, une cliente, vient faire le plein".
Le chemin du paradis était novateur en ce qu'il tournait les malheurs en dérision, préférant faire l'éloge de la paresse. Un redoutable défaut du film qui n'échappera pas aux censeurs nazis, qui l'interdirent en 1937. L'autre raison de cette sanction est qu'on trouve au générique de cette oeuvre un peu trop de noms juifs : le réalisateur Wilhelm Thiele (qui tournera à Hollywood Tarzan et les nazis), le compositeur Heymann et le producteur Erich Pommer. Tous émigrèrent aux États-Unis. Le film fait également date de par ses prouesse techniques, entre montage novateur, séquence d'animation et une nouvelle esthétique de la vitesse dans le cinéma parlé, encore très statique à l'époque. Certains critiques de cinéma verront d'ailleurs dans cette réalisation l'ancêtre de la comédie musicale américaine, notamment grâce au tout premier enregistrement, resté célèbre, de la chanson "Avoir un bon copain".
Arrivée au pouvoir du nazisme
Des
années durant, dans un contexte de crises économique et politique, les chansons signées par Werner Richard Heymann sont fredonnées dans les deux
pays : Les Gars de la Marine - créée par Jean Murat,
extraite du film Le Capitaine Craddock (1931) - et Serait-ce un rêve,
un joli rêve ?, créée par Lilian Harvey, extraite du Congrès s'amuse
(1931).
Cette
coopération artistique prolifique franco-allemande s’interrompt en 1933, avec
l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Il n'est autorisé à prendre avec lui que "deux valises et 600 deutsche marks. Son chien sera abattu car appartenant à un Juif", précise Elisabeth (Kiki) Trautwein-Heymann.
De
nombreux artistes et professionnels du monde du cinéma Juifs ou d’origine juive
sont contraints à l’émigration, vers la France ou directement vers les
Etats-Unis.
Pendant
plusieurs années, Werner Richard Heymann travaille à Paris, notamment avec Maurice Chevalier
et Charles Boyer. Il compose la musique de deux opérettes, Florestan
Ier, Prince de Monaco - livret de Sacha Guitry, lyrics d'Albert
Willemetz -, créée au théâtre des Variétés en 1933 (Amusez-vous ! est
interprétée par Henri Garat et reprise par Albert Préjean), et Trente et
Quarante - livret et lyrics de Ladislas Fodor et Jean de Létraz -, créée
aux Bouffes-Parisiens en 1935. Et il collabore à son unique film français, Le Grand Refrain (1936) dirigé par Robert Siodmak.
Puis, il s’installe
en 1936 pour Hollywood où il compose la musique et les chansons d’une
cinquantaine de films, dont ceux d’Ernst Lubitsch : Illusions perdues, Ninotschka (1939), The Shop around the Corner (1940), To Be or not to Be (1942) et avec
Hollaender Bluebeards-Eighth Wife
– son ami Billy Wilder a travaillé sur le scénario de ce film. A quatre
reprises, il sera concourt aux Oscar.
Entre
1937 et 1950, Werner Richard Heymann compose la musique de près de 50 films réalisés par Charles
Vidor, Preston Sturges, Lewis Milestone, Richard Wallace...
En 1951,
Werner Richard Heymann retourne en Allemagne. Il épouse l’actrice Elisabeth Millberg. Son quatrième
mariage. En 1952, nait leur fille Elisabeth-Charlotte Heymann. La famille
Heymann vit à Salzburg et Munich, où Heymann retrouve ses vieux amis, Trude
Hesterberg, Robert Gilbert et Friedrich Hollaender. En 1957, il récupère sa nationalité allemande.
Werner Richard Heymann
compose la musique de chansons et de films – Heidelberger Romanze avec Liselotte Pulver et O.W. Fischer et Die Drei von der Tankstelle -, ainsi que
pour le théâtre (Professor Unrat).
Ce compositeur, qui revendiquait la volonté d'écrire des chansons populaires, décède
à Munich en 1961.
La
réalisatrice Helma Sanders-Brahms signe ici un film, un peu décousu, mêlant des éléments liés à sa vie familiale, divertissant et
documenté, avec des séquences de films et d’archives et le témoignage
de Kiki, la fille du compositeur.
de Helma Sanders-Brahms
France/Allemagne, 2012, 52
minutes
Diffusion le 9 mai 2012 à 22 h 40
Scénario : Franz Schulz, Paul Frank
Avec Lian Harvey (Liliane Bourcart), Henry Garat (Willy), René Lefèbvre (Jean), Jacques Maury (M. Bourcart), Olga Tchekowa (Edith de Tourkoff), Hubert Daix (Maître Dupont-Belleville) et Jean Boyer (L'huissier)
Sur Arte les 16 mai à 13 h 35 et 30 mai 2016 à 13 h 35
Visuels : ZDF / © Werner-Richard-Heymann-Archiv/Akademie der Künste, Berlin/Helma Sanders et UFA
Le Chemin du Paradis, de Wilhelm Thiele et Max de Vaucorbeil
Alliance Cinématopraphique Européenne, UFA, Eric Pommer, 1930, 95 min
Image : Franz Planer
Musique : Werner R. Heymann, Jean BoyerScénario : Franz Schulz, Paul Frank
Avec Lian Harvey (Liliane Bourcart), Henry Garat (Willy), René Lefèbvre (Jean), Jacques Maury (M. Bourcart), Olga Tchekowa (Edith de Tourkoff), Hubert Daix (Maître Dupont-Belleville) et Jean Boyer (L'huissier)
Sur Arte les 16 mai à 13 h 35 et 30 mai 2016 à 13 h 35
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Cet article a été pub lié le 7 mai 2012.
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Bonjour,
RépondreSupprimerIl me semble que cette œuvre n'a jamais été publiée en disque.
Der Kongress tanzt (Le congrès danse)
Opérette de Werner Richard Heymann
https://www.volksoper.at/produktion/der-kongress-tanzt-2016.de.html
Le CD est tiré du spectacle éponyme
du 17 Mars 2017.
Malheureusement, le CD est limité à des extraits d'env. 1h (Il faut espérer la publication du spectacle complet en DVD
Werner Richard Heymann (1896-1961)
Der Kongress tanztHome
Base Records 9120006610797
Orchester der Wiener Volksoper
Christian Kolonovits, dir.
Sortie le 7.4.2017
https://www.amazon.co.uk/dp/B01NBTOLVS/
Cordialement