Ce vendredi 27 avril 2012, vers 14 h 15, Michel Zerbib, directeur de la rédaction de Radio J, m'a interviewée sur le "vote Juif pour Marine Le Pen", candidate du Front national à l'élection présidentielle 2012. Un thème au centre d'une polémique visant Richard Prasquier, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions Juives de France).
J'ai rappelé sur Radio J qu'aucune étude sérieuse sur le "vote Juif" lors du premier tour (22 avril 2012) de cette élection n'avait été publiée.
J'ai émis des réserves sur les taux de 7 ou 8% évoqués dans des médias comme Rue89. Des taux à l'origine d'une polémique visant Richard Prasquier, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).
En 2002, selon l'étude d'Erik Cohen, un Juif sur trois habite en Ile-de-France. J'ai étudié des résultats du vote du 22 avril 2012 dans des arrondissements de Paris et dans des villes de la banlieue parisienne où résident des communautés Juives numériquement importantes, et je les ai comparés avec le taux national obtenu par Marine Le Pen, candidate du Front national : 17,90 %. Sans viser à extrapoler à l'ensemble des Juifs français. Mais en prenant comme hypothèse que les motivations pour voter en faveur de Marine Le Pen - déception et méfiance à l'égard des partis traditionnels de gauche, de droite et du centre, adhésion à ses idées, etc. - dépassent les raisons locales.
A Paris, Marine Le Pen a recueilli 4,20% dans le IIIe arrondissement, 5,76% dans le IVe arrondissement, 4,91% des suffrages exprimés dans le XIe arrondissement populaire, 5,58% dans le huppé XVIe arrondissement, 6,72% et 6,94% respectivement dans les populaires XIXe et XXe arrondissement. Soit une moyenne de 6,2% dans la capitale.
En banlieue parisienne, ce taux s'élève à 5% à Neuilly dont un tiers de la population est Juive, à 6,49% à Boulogne-Billancourt, à 10,53 % à Créteil, à 10,03 % à Sarcelles - deux villes regroupant les communautés Juives franciliennes les plus nombreuses -, 9,54% à Pantin, 10,87% à Bobigny, 12,89% au Raincy, 9,34% à Montreuil, 6,80% à Saint-Mandé, 6,91% à Vincennes, 10,66% à Garges-lès-Gonesse, 10,58% à Saint-Maur-des-Fossés...
Ces taux sont donc inférieurs à la moyenne nationale : ils représentent environ un quart, un tiers, voire la moitié des 17,90%.
Le taux d'électeurs Juifs ayant voté pour Marine Le Pen semble minime. Les électeurs Juifs ne paraissent donc pas avoir succombé de manière significative à l'opération de séduction de la candidate du Front national.
J'ai conclu sur Radio J en envisageant un vote d'électeurs Juifs sans illusion pour Nicolas Sarkozy qui a refusé toute alliance avec le Front national, ou pour François Hollande avec l'appréhension qu'un gouvernement d'une présidence Hollande ne comprenne des ministres ou secrétaires d'Etat socialistes, du Front de gauche et des Verts aux positions hostiles à l'Etat d'Israël.
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Cet article a été publié pour la première fois le 27 avril 2012 et modifié le 29 avril 2012.
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