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« Car graver m'est plaisir, jouissance, quand mon burin poussé délicatement, avec force et retenue de ma main droite, pénètre et incise le cuivre que, de la main gauche, je fais pivoter sur lui-même afin que la pointe de l'outil en excise une ligne, creuse un sillon qui obéit à mon désir... », a confié Cécile Reims (1986)
« Dès l’enfance en Lituanie, puis à Paris, à Jérusalem ou à Barcelone, Cécile Reims (née en 1927) dessine le monde qui l’entoure ».
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Juive persécutée par le régime de Vichy, résistante dans l’Organisation juive de combat qui la charge de porter des messages et faux papiers.
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Elle rejoint en 1946 la Palestine mandataire pour s’engager dans le combat de l’armée clandestine pour la recréation de l’Etat Juif. Détentrice de faux papiers, elle séjourne dans un kibboutz, puis vit dans un quartier pauvre près de Jérusalem et se consacre au dessin. Lors de la guerre d’Indépendance, Cécile Reims sert dans l’armée. Pour être soignée de la grave tuberculose révélée pendant le siège de Jérusalem, elle revient en France en 1948.
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« Je continuais à fréquenter les séances libres de croquis à la Grande Chaumière à dessiner des paysages de banlieue, celles des terrains vagues et des usines désaffectées – lieux de désolation –, mais cette divagation était désormais encadrée par les exigences et les limites du burin. Je dessinais en vue de graver ces dessins », se souvient Cécile Reims.
Guérie de cette grave tuberculose, Cécile Reims « se sent le devoir de donner un sens à cette vie de rescapée », et « entre en art », comme on entre en religion.
Dans ces premières années naissent les mystérieuses séries Visages d’Espagne, Métamorphoses et Bestiaire de la mort. En 1951, ses gravures sont publiées à Barcelone, exposées dans des galeries parisiennes et au musée Bezalel à Jérusalem.
« Mais, afin de soutenir la vocation d’artiste et le travail de Fred Deux (né en 1924) », un écrivain et dessinateur dont elle fait la connaissance en 1951 et qu’elle épousera, l’engagement de Cécile Reims dans la cause artistique revêt une autre forme : « elle se détache de son propre travail créateur pour devenir graveur d’interprétation, reportant en gravure le dessin d’un autre artiste ». Elle se consacre alors au tissage : elle vend certaines créations dans les magasins de la Rive gauche et à des maisons de haute couture de Paris.
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Cécile Reims « remplit ce rôle de praticien avec un certain bonheur et un immense talent, et collabore secrètement à l’œuvre gravé », au burin et à la pointe sèche, de nombreux artistes de la veine surréaliste, dont Hans Bellmer de 1966 à 1975, Salvador Dali de 1969 à 1988, Fred Deux de 1970 à 2008, ou Leonor Fini de 1972 à 1995.
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Alors que « s’insinue en Cécile Reims le manque de s’exprimer en son propre nom, ses pas la guident un jour vers le Museum d’histoire naturelle, et ce sont les planches d’un Traité anatomique de la chenille qui ronge le bois de saule qui forcent un passage, « un accès à elle-même ». Elle grave à son tour la dissection de cet insecte, et l’album La Chenille consacre, en 1986, sa sortie d’une certaine clandestinité, à laquelle met fin définitivement l’importante rétrospective que lui consacre en 2004 la Bibliothèque nationale de France », puis à la Chalcographie du Louvre et au musée de la Halle Saint-Pierre en 2009-2010.
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Au printemps 2012, le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme a présenté l’exposition « L’œuvre gravé, 1950-2011 » - l’œuvre est l'ensemble des productions artistiques – de Cécile Reims.
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Dans le cadre de la Journée européenne de la culture et du patrimoine juifs, sur le thème La femme dans le judaïsme, le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) a présenté le 14 septembre 2014, à 11 h "Cécile Reims: La gravure comme chemin". L'artiste a témoigné pendant une heure de son parcours singulier dans le judaïsme.
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Au musée Jenisch Vevey
Cabinet cantonal des estampes
Av. de la Gare 2
CH – 1800 Vevey. Suisse
Tél. : +41 21 925 35 20
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h. Jeudi jusqu'à 21 h.
CH – 1800 Vevey. Suisse
Tél. : +41 21 925 35 20
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h. Jeudi jusqu'à 21 h.
Jusqu’au 11 mars 2012
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple. 75003 ParisTél. : (33) 1 53 01 86 60
Lundi, mardi, jeudi, vendredi de 11 h à 18 h, mercredi de 11 h à 19 h 30 et dimanche de 10 h à 18 h
Visuels de Cécile Reims :
Cécile Reims. © Tarmak films
- Aube
- Aube
1952
Copyright : Musée Jenisch Vevey -
Cabinet cantonal des estampes - Collection de la Ville de Vevey – ADAGP, Paris,
2011
- L'Herbier charnel
2002-2003 – Burin
Collection Musée Jenisch, Vevey © ADAGP, Paris, 2011
Cécile Reims dans le film d'Isabelle Filleul de Brohy Cécile Reims. Conversation autour d’une collection
© DR
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