Née dans une famille Juive américaine, Diane Arbus (1923-1971), portraitiste newyorkaise, a révolutionné l’art photographique par son style épuré et ses thématiques rendant étrange ce qui est familier, et inversement. Plus de 200 clichés, parfois inédits, de cette « anthropologue contemporaine » dont l’influence perdure. Une vie d’artiste et d’enseignante, marquée par des périodes de dépression et des rechutes d’hépatite. Dans le cadre des Rencontres de la photographie à Arles, LUMA Arles présente, à l’occasion du centenaire de la naissance de Diane Arbus, l'exposition "Constellation".
Identical Twins, A young man in curlers, A Jewish giant at home with his parents... Les photographies de Diane Arbus (1923-1971) intriguent par les questionnements qu’elles induisent sur l’identité et l’originalité humaines ainsi que sur la normalité. Restituent l’humanité de personnes différentes. Suscitent l’admiration par leurs qualités artistiques, parfois la gêne en raison de leur thématique dérangeante (marginaux), l’interrogation en raison de la neutralité du regard qui ne juge pas ou l’incompréhension devant son intérêt pour l’étrangeté ou la banalité. Mais jamais l’indifférence.
Diane Arbus « a révolutionné l’art de la photographie. L’audace de sa thématique, aussi bien que son approche photographique ont donné naissance à une œuvre souvent choquante par sa pureté, par cette inébranlable célébration des choses telles qu’elles sont. Par son talent à rendre étrange ce que nous considérons comme extrêmement familier, mais aussi à dévoiler le familier à l’intérieur de l’exotique, la photographe ouvre de nouvelles perspectives à la compréhension que nous avons de nous-mêmes ».
Son principal sujet d’inspiration : New York, qu’elle arpente « à la fois comme un territoire connu et une terre étrangère, photographiant tous ces êtres qu’elle découvre dans les années 1950 et 1960 ».
Cette « anthropologie contemporaine – portraits de couples, d’enfants, de forains, de nudistes, de familles des classes moyennes, de travestis, de zélateurs, d’excentriques ou de célébrités – correspond à une allégorie de l’expérience humaine, une exploration de la relation entre apparence et identité, illusion et croyance, théâtre et réalité ».
Avec plus de 200 clichés, cette première rétrospective de Diane Arbus en France présente « toutes les images emblématiques de l’artiste » et un grand nombre de photographies inédites en France. Les « premières œuvres, déjà, témoignent de la sensibilité particulière d’Arbus, au travers de l’expression d’un visage, de la posture d’un corps, du type de lumière ou de la présence particulière des objets dans une pièce ou dans un paysage ».
Adolescente photographe
Diane Nemerov est née à New York le 14 mars 1923 dans une famille Juive aisée d’origine russe. Son père, David Nemerov, dirige Russek’s, magasin célèbre de vêtements en fourrure fondé dans les années 1880 par son beau-père Frank Russek et installé dans la huppée 5e avenue. Sa mère souffre de dépression. Le frère de Diane, Howard, deviendra poète et père de l’historien Alexander Nemerov.
En 1927, la famille Nemerov se rend en France.
En 1928, Diane est scolarisée dans des écoles progressistes : Ethical Culture School et Fieldston School.
En 1936, elle rencontre Allan Arbus, son ainé de cinq ans, qui travaille dans le service de publicité de Russek’s. Tous deux visitent des expositions au Museum of Modern Art, en particulier celle sur « Walker Evans, American Photographs » (1938).
Diplômée de Fieldston High School en 1940, Diane épouse en 1941 Allan Arbus. Celui-ci lui offre un appareil photo Graflex 6 x 8. Diane Arbus prend ses premières photos au début des années 1940 et étudie la photographie avec auprès de Berenice Abbott en 1941.
Allan et Diane Arbus « visitent An American Place, la galerie d’Alfred Stieglitz et, parfois lui montrent leur travail. Diane Arbus s’intéressent à ces photographes : Matthew Brady, Timothy O’Sullivan, Paul Strand, Bill Brandt et Eugène Atget.
En 1942, Allan Arbus s’engage dans l’Armée en 1942 où il est affecté à la division Photographie dans les transmissions. Il part pour Ceylan en 1944.
En 1944, Diane Arbus, « qui vit dans l’appartement de ses parents, fait des autoportraits avec un Deardorff 13 x 18 pour suivre l’évolution de sa grossesse ». A ses lettres à son époux, elle joint des photos qu’elle découpe dans des magazines, dont certaines des premières photos de mode de Richard Avedon pour Harper’s Bazaar.
Sa fille Doon nait en 1945.
Une carrière de 15 ans
En 1946, le couple Arbus fonde une agence de photographie de mode. David Nemerov les recrute pour réaliser des publicités pour Russek’s destinées à des journaux. De 1947 à 1951, les photos des Arbus sont publiées par des magazines prestigieux : Glamour, Seventeen et Vogue. Les goûts littéraires des Arbus les portent vers Platon, Marc-Aurèle, Thomas d’Aquin, Spinoza, Schopenhauer, Kierkegaard, Dostoïevski, Melville, Conrad, Gogol, Donne, Blake, Rilke et Yeats.
En 1951, les Arbus séjournent pendant un an en France, Italie et Espagne.
En 1954, nait leur deuxième fille, Amy. Diane Arbus étudie la photographie auprès d’Alexey Brodovitch.
En 1956, elle utilise essentiellement un Nikon 35 mm et se met à numéroter ses négatifs. Elle met un terme à son partenariat avec son époux.
Entre 1955 et 1957, elle suit les cours de la photographe Lisette Model et se lance sérieusement dans la carrière de photographe. « C’est mon professeur Lisette Model qui m’a finalement fait comprendre que plus on est précis, plus on est général », confie-t-elle.
Dès 1959, Diane Arbus tient des « carnets de rendez-vous et des notes de travail ». Elle se sépare de son époux, tout en partageant avec lui la chambre noire du studio, et s’installe, avec leurs deux filles à Greenwich Village. Elle rencontre Marvin Israel (1924-1984), peintre, graphiste et ancien directeur artistique de Seventeen. Au « début de leur longue collaboration et amitié amoureuse, ils s’écrivent presque chaque jour ».
Le « premier essai photographique » de Diane Arbus est publié dans le magazine Esquire en juillet 1960 sous le titre « The Vertical Journey » (Le Voyage vertical).
Harper’s Bazaar, dont Marvin Israel est nommé directeur artistique en 1961, publie en novembre 1961 « The Full Circle » de Diane Arbus. Le magazine Show lui commande un essai photo sur le thème de l’horreur.
Dans le cadre des projets d’Esquire, Diane Arbus photographie « des culturistes, des concours de beauté, des débutantes, des marginaux, des rassemblements de scouts, des gangs de jeunes, un hôtel condamné de Broadway et ses locataires, un lilliputien russe qui imite Maurice Chevalier, un crématorium pour animaux de compagnie et des membres des « Twenty-Five Men and a Girl », troupe de travestis en tournée dans le cadre d’un spectacle de la Jewel Box Revue ». Elle écrit à Marvin Israel : « J’aimerais photographier tout le monde ».
Diane Arbus travaille de manière irrégulière comme photographe free-lance pour Esquire, Harper’s Bazaar, Show, The London Sunday Times et d’autres magazines, en effectuant des commandes de portraits, de reportages photographiques dont elle écrit parfois les textes.
En 1962, elle débute l’utilisation du Rolleiflex 6 x 6 bi-objectif. Plus tard, elle expliquera qu’elle « voulait éliminer le grain de ses photos et pouvoir découvrir dans ses images la véritable texture des choses. Le format 6 x 6 va l’aider à définir un style classique, formel, trompeusement simple, qui apparaît aujourd’hui comme l’une des grandes caractéristiques de son travail ». A Los Angeles, Diane Arbus photographie les voyantes des stars pour Glamour. Elle fait la connaissance de John Szarkowski, successeur de Edward Steichen, à la direction du département photographie du Museum of Modern Art de New York.
En 1963 et en 1966, Diane Arbus obtient des bourses Guggenheim pour des projets sur « Les Rites, manières et coutumes de l’Amérique », et photographie un camp familial de nudistes à Sunshine Park (New Jersey).
Pendant plusieurs étés, elle parcourt les Etats-Unis où elle photographies « toutes sortes de lieux et d’événements – concours, festivals, rassemblements publics ou privés, personnes dans les habits de leur profession, halls d’hôtels, loges d’établissements de spectacle, salons chez des particuliers – qui constituent » selon elle « les cérémonies formidables de notre temps ». Dan son dossier de candidature, elle écrit : « Ce sont nos symptômes et nos monuments ». « Je veux simplement les sauvegarder, car ce qui est cérémoniel et curieux et banal deviendra légendaire. »
Des institutions, tels le Museum of Modern Art à New York en 1964, la Smithsonian en 1969 et la Bibliothèque nationale de France en 1970, enrichissent leurs collections permanentes par l’achat de certains de ses tirages.
Diane Arbus débute le tirage de ses photos en format carré avec bords noirs sur papier 28 x 35, et réalise « Familial Colloquies » (1965), portraits d’un parent célèbre avec son enfant adolescent qui sont publiés par Esquire.
En 1966, pour Harper’s Bazaar, Diane Arbus photographie des artistes résidant dans la Big Apple - Roy Lichtenstein, Claes Oldenburg, Frank Stella… - et pour le New York Times Magazine, elle réalise en Jamaïque les photos du Supplément Printemps de la Mode Enfants.
Au Museum of Modern Art (MoMA) à New York, Diane Arbus participe à deux expositions collectives : « Recent Acquisitions » (1965) et « New Documents » (1967) avec Garry Winogrand et de Lee Friedlander et à l’initiative de Szarkowski (Diane Arbus tire certaines de ses photos sur du papier format 40 x 50). Ce prestigieux musée inclut dix clichés de Diane Arbus dans son exposition itinérante « New Photography U.S.A. » (1969).
À la fin des années 1960, Diane Arbus enseigne la photographie dans les Parsons School of Design, Rhode Island School of Design et Cooper Union, puis, en 1971, donne une master class à Westbeth, coopérative d’artistes de New York.
En 1968, Diane Arbus sollicite « l’autorisation de photographier dans des prisons, des hôpitaux psychiatriques, des résidences pour personnes âgées et des institutions pour arriérés mentaux ».
Avant leur divorce en 1969, Allan Arbus installe une nouvelle chambre noire pour Diane Arbus qui commence ses consultations auprès du Dr Helen Boigon, psychiatre.
Distinguée en 1970 par le prix de l’American Society of Magazine Photographers, Diane Arbus est recrutée par Szarkowski pour rechercher l’iconographie de l’exposition du MoMA sur la photographie de presse. Cette exposition, dont elle avait eu l’idée, a lieu en 1973 au Museum of Modern Art, sous le titre « From the Picture Press ».
Diane Arbus invite Szarkowski à organiser une exposition individuelle sur le photographe Weegee dont elle découvre les archives de 8 000 photos.
Elle emprunte le Pentax 6 x 7 du photographe Hiro et se décide à en acheter un.
En 1970, elle s’établit à Westbeth, coopérative d’artistes à Greenwich Village, et confie huit de ses photos pour l’exposition collective « Contemporary Photographs I » au Fogg Art Museum (1971).
Elle publie un portfolio de dix photographies tirées, signées et annotées par elle, conçu comme le premier d’une série d’éditions limitées de ses œuvres. Richard Avedon, Mike Nichols, Bea Feitler et Jasper Johns achètent chacun un jeu de A box of ten photographs. En mai, Artforum publie des images du portfolio (1971).
Le 11 juin 1971, Diane Arbus photographie à la Maison Blanche le mariage de Tricia, fille du Président Richard Nixon pour le London Sunday Times Magazine.
Elle se suicide le 26 juillet 1971 à l’âge de 48 ans.
Un succès posthume croissant
En1972, les dix photographies du portfolio de Diane Arbus sont la première œuvre d’une photographe américaine à être exposée à la Biennale de Venise.
Par son style et son contenu, l’œuvre de Diane Arbus réalisée lors de sa carrière brève de plus de 15 ans, lui vaut d’être estimée « aujourd’hui comme l’une des photographes les plus importantes de notre temps, y compris par l’influence qu’elle continue d’exercer ».
En 1972, plus de 250 000 visiteurs se sont pressées à la rétrospective majeure organisée par le MoMA et qui a ensuite circulé dans le reste des États-Unis et au Canada. Accompagnant cette exposition, la monographie Diane Arbus, publiée par Aperture, s’est vendue à plus de 300 000 exemplaires. En plus de ce livre, trois volumes de ses photographies sont régulièrement réédités aux États -Unis : Diane Arbus Magazine Work (1984) et Diane Arbus Untitled (1995) — publiés aussi par Aperture — et Diane Arbus Revelations (Random House, 2003). Aperture vient de publier Diane Arbus: A Chronology, par Doon Arbus et Elisabeth Sussman.
Neil Selkirk, Doon Arbus et Adam Shott ont realisé A slide show and talk by Diane Arbus (1970, 40 minutes). En 2007, Steven Shainberg s'est inspiré de sa vie pour Fur: An Imaginary Portrait of Diane Arbus, avec Nicole Kidman et Robert Downey Jr.
Débutée en 2003, la rétrospective internationale « Diane Arbus Revelations » du San Francisco Museum of Modern Art, sillonne les États-Unis et l’Europe entre 2003 et 2006.
De grandes expositions de Diane Arbus ont circulé notamment en Australie, Allemagne, Italie, Nouvelle-Zélande, Espagne, et au Japon, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
Du 18 octobre 2011 au 5 février 2012, cette rétrospective itinérante a réuni au Jeu de Paume près de 215 000 visiteurs. Elle a été présentée au Fotomuseum à Winterthur (3 mars – 27 mai 2012), au Martin-Gropius-Bau, à Berlin (22 juin – 24 septembre 2012), puis au FOAM Fotografiemuseum à Amsterdam (26 octobre 2012 – 13 janvier 2013). Après le Jeu de Paume et le Martin-Gropius-Bau (Berlin), le FOAM (musée de la photographie d'Amsterdam) a présenté cette rétrospective consacrée à la photographe Diane Arbus.
Au printemps 2014, le Multimedia art museum (Moscou) a montré Portfolio de Diane Arbus.
En 1959, Diane Arbus a visité le Hubert’s Dime Museum and Flea Circus, à Times Square. Une des attractions en était Eddie Carmel, un homme dont la taille devait dépasser 2,74 mètres et était qualifié d’“homme le plus grand au monde”.
En avril 1970, Diane Arbus s’est rendue dans la maison où vivaient Eddie Carmel et ses parents, et a réalisé sa célèbre et émouvante photographie A Jewish giant at home with his parents, in the Bronx, N.Y.. Eddie Carmel avait alors 34 ans, et devait mourir deux ans plus tard.
Eddie Carmel était le fils d’immigrants Juifs de Tel-Aviv. Il "avait vécu une vie normale dans le New York des années 1950 jusqu’à l’âge de quinze ans. Il est alors atteint d’acromégalie, un trouble hormonal qui induit une croissance anormale et excessive de la dimension des pieds et des mains ainsi qu’une déformation progressive du visage. Eddie Carmel a été contraint à porter des vêtements sur mesure, et n’a pu terminer sa scolarité ni entamer une carrière professionnelle car il s’était rendu compte que les gens n’allaient pas au-delà de son apparence physique. Il s’est senti un paria, et s’est lancé dans une activité utilisant et exagérant sa taille".(Daniel S. Palmer)
Diane Arbus explore "la tension entre la normalité et l’anormalité. Dans cette série, elle traite son obsession pour la taille surhumaine, récurrent dans la culture populaire depuis Goliath jusqu’à l’incroyable Hulk, via le Golem. Sa photo peut être analysée en termes historiques et métaphoriques" (Daniel S. Palmer).
Les 11 et 12 décembre 2014, Sotheby's proposa à New York la vente aux enchères d'un seul propriétaire privé et intitulée 175 Masterworks To Celebrate 175 Years Of Photography: Property from Joy of Giving Something Foundation. Ces 175 chefs d’œuvres de photographes sont issues de la collection du philanthrope et financier Howard Stein (1926-2011) qui l'avait donnée à sa fondation. Parmi les artistes choisis depuis les origines de cet art : la photographie de Diane Arbus intitulée "National Junior Interstate Dance Champions of 1963, Yonkers, N. Y." et estimée 200 000-300 000 dollars. Cette oeuvre provient de la Fraenkel Gallery, San Francisco, 1995.
"As early as 1961 Diane Arbus made notes about a possible project to photograph winners of all sorts—‘the utmost, the winners, the most, the first, rituals, contests, fame, immortality, Secret Rites’—followed by a listing of events she considered worthy of investigation. In her 1962 notebooks, Arbus jotted further thoughts, and by September of that year, these became the basis of her 1963 Guggenheim project proposal, American Rites, Manners and Customs. She wrote in her official statement,
Au printemps 2014, le Multimedia art museum (Moscou) a montré Portfolio de Diane Arbus.
De 2013 à 2017, au travers de sept expositions de la série Masterpieces & Curiosities, le Jewish Museum (Musée Juif) de New York explore les objets qui soulignent la diversité de ses collections. Le Jewish Museum de New York a présenté l'exposition Masterpieces & Curiosities: Diane Arbus's Jewish Giant (Chefs d’œuvre et curiosités : le géant Juif de Diane Arbus).
En avril 1970, Diane Arbus s’est rendue dans la maison où vivaient Eddie Carmel et ses parents, et a réalisé sa célèbre et émouvante photographie A Jewish giant at home with his parents, in the Bronx, N.Y.. Eddie Carmel avait alors 34 ans, et devait mourir deux ans plus tard.
Eddie Carmel était le fils d’immigrants Juifs de Tel-Aviv. Il "avait vécu une vie normale dans le New York des années 1950 jusqu’à l’âge de quinze ans. Il est alors atteint d’acromégalie, un trouble hormonal qui induit une croissance anormale et excessive de la dimension des pieds et des mains ainsi qu’une déformation progressive du visage. Eddie Carmel a été contraint à porter des vêtements sur mesure, et n’a pu terminer sa scolarité ni entamer une carrière professionnelle car il s’était rendu compte que les gens n’allaient pas au-delà de son apparence physique. Il s’est senti un paria, et s’est lancé dans une activité utilisant et exagérant sa taille".(Daniel S. Palmer)
Diane Arbus explore "la tension entre la normalité et l’anormalité. Dans cette série, elle traite son obsession pour la taille surhumaine, récurrent dans la culture populaire depuis Goliath jusqu’à l’incroyable Hulk, via le Golem. Sa photo peut être analysée en termes historiques et métaphoriques" (Daniel S. Palmer).
Les 11 et 12 décembre 2014, Sotheby's proposa à New York la vente aux enchères d'un seul propriétaire privé et intitulée 175 Masterworks To Celebrate 175 Years Of Photography: Property from Joy of Giving Something Foundation. Ces 175 chefs d’œuvres de photographes sont issues de la collection du philanthrope et financier Howard Stein (1926-2011) qui l'avait donnée à sa fondation. Parmi les artistes choisis depuis les origines de cet art : la photographie de Diane Arbus intitulée "National Junior Interstate Dance Champions of 1963, Yonkers, N. Y." et estimée 200 000-300 000 dollars. Cette oeuvre provient de la Fraenkel Gallery, San Francisco, 1995.
"As early as 1961 Diane Arbus made notes about a possible project to photograph winners of all sorts—‘the utmost, the winners, the most, the first, rituals, contests, fame, immortality, Secret Rites’—followed by a listing of events she considered worthy of investigation. In her 1962 notebooks, Arbus jotted further thoughts, and by September of that year, these became the basis of her 1963 Guggenheim project proposal, American Rites, Manners and Customs. She wrote in her official statement,
‘I want to photograph the considerable ceremonies of our present because we tend while living here and now to perceive only what is random and barren and formless about it. While we regret that the present is not like the past and despair of its ever becoming the future, its innumerable inscrutable habits lie in wait for their meaning. I want to gather them, like somebody’s grandmother putting up preserves, because they will have been so beautiful’ (Revelations, p. 41).
Between January and October 1963, Arbus was present at a number of contests, among them ‘Mother of the Year,’ ‘spaghetti eating,’ ‘Freckles,’ and ‘Miss Lo-Cal.’ The present image was made in February 1963 (ibid., p. 334).
In 1967, Junior Interstate Ballroom Dance Champions, Yonkers, N. Y., was chosen by John Szarkowski for the famous New Documents show at The Museum of Modern Art, the only significant exhibition of Arbus's work during her lifetime.
This landmark exhibition showcased the work of three contemporary photographers—Diane Arbus, Lee Friedlander, and Garry Winogrand—and charted a radical new direction in what had previously been thought of as 'documentary photography.'
Prints of Junior Interstate Ballroom Dance Champions, Yonkers, N. Y., signed by Arbus are rare. In addition to the present print, only one other lifetime print signed by the photographer is believed to have been offered at auction, a print sold in these rooms in October 1990".
Diane Arbus est l'une des photographes mises à l'honneur dans l'exposition Qui a peur des femmes photographes ? 1839 à 1945 présentée en deux parties chronologiques au musée de l'Orangerie et au musée d'Orsay.
"Constellation"
Dans le cadre des Rencontres de la photographie à Arles, LUMA Arles présente, à l’occasion du centenaire de la naissance de Diane Arbus, "Constellation", exposition la plus complète à ce jour de l’œuvre de cette photographe hors pair. Sous la forme d’une installation immersive, l’exposition réunira l’ensemble des épreuves d’imprimerie de plus de 450 images (dont certaines encore inédites) réalisées par Neil Selkirk, l’un de ses étudiants et la seule personne, depuis la mort de l’artiste, autorisée à tirer ses négatifs. Cette exposition unique, présentée dans le cadre de la Collection Maja Hoffmann / LUMA Foundation, offrira aux visiteurs un voyage labyrinthique au cœur de l’œuvre de Diane Arbus, leur permettant de découvrir ou de redécouvrir librement ses images à travers de nouvelles perspectives." Le commissaire de l'exposition est Matthieu Humery. Pourquoi le communiqué présentant l'exposition est-il rédigé en écriture inclusive ?
"Diane Arbus est l’une des photographes les plus influentes de tous les temps. Elle a révolutionné sa discipline en transformant notre compréhension du genre humain".
"Ses photographies ont paru publiquement pour la première fois dans les années 1960. Elle a reçu la prestigieuse bourse Guggenheim en 1963 et 1966. En 1967, elle a fait partie de « New Documents », exposition marquante de John Szarkowski au Museum of Modern Art de New York. Ses représentations de couples, d’enfants, de travestis, de nudistes, de familles, de piétons et d’artistes de cirque brossent un portrait singulièrement pluriel et fascinant de l’humanité. Un an après sa mort, en 1971, son travail a rejoint la Biennale de Venise – un honneur, et une première, pour un(e) photographe. Cinquante ans après sa mort et d’innombrables rétrospectives dans les musées, son œuvre n’a rien perdu de son parfum de trouble".
"Jusqu’aux impressionnistes, la peinture était – et demeure dans une certaine mesure – une activité où l’on replie le monde et son imaginaire sur le plan immobile de la toile."
"Seule la main navigue à la surface. Quand les peintres de la lumière ont quitté leur studio pour parcourir les villes et battre la campagne, ils ont inventé sans le savoir ce que le cinéma et la photographie naissants deviendraient. Avec la miniaturisation des appareils dans les années 1920, la photographie emprunte aux impressionnistes ce tropisme pour l’ailleurs, l’en-dehors."
"La photographie de Diane Arbus est le résultat de cette recherche inlassable, la somme de ces longues heures de marche, autant dictées par les équations du hasard que par le flair indicible de l’instinct. Autant le résultat de son travail paraît précis, cadré et cohérent, autant son hors-champ est chaotique, organique et dispersé aux quatre coins de la ville. Ce hors-champ est un entrelacs de chemins qui se croisent et qui dessinent, à l’instar d’une toile d’araignée, des centaines de points sur la carte, reliés les uns aux autres par un désir unique de révélation poétique. C’est précisément cette cartographie à travers le temps et l’espace qui nous intéresse ici."
"Comment présenter en simultané les images et le hors-champ inhérent à chacune d’entre elles ? Il n’y a pas seulement le déplacement physique de l’artiste qui importe, mais aussi le mouvement de son regard, glissant çà et là sur la réalité. Un visage, un détail, une attitude, une singularité : c’est ce sur quoi les yeux de Diane Arbus ont su s’arrêter, pour entrevoir toutes les potentialités photographiques de ses sujets."
"Après la mort de Diane Arbus en 1971, Neil Selkirk – l’un de ses étudiants et conseiller sur des sujets techniques – a réalisé des tirages pour l’« Arbus Estate », qui administre la succession de l’artiste. Il est la seule personne, depuis la mort de l’artiste, autorisée à tirer ses négatifs. Pendant plus de trente ans, il a constitué un ensemble de tirages uniques de ces photographies, dont LUMA Foudation a fait l’acquisition en 2011. Cette somme est en soi un monument de l’histoire de la photographie."
"L’exposition Constellation réunit la totalité des 454 épreuves d’imprimerie (dont certaines encore inédites) du « Selkirk Prints set », sous la forme d’une installation immersive. Nous avons ici voulu montrer la dimension extra-photographique de ces images : révéler ce qu’il y a entre les clichés, ce qui, comme la matière noire, maintient toutes ces photographies en équilibre et connectées les unes aux autres : la toile d’araignée. Cette idée de constellation nous est apparue comme une structure capable à la fois de dévoiler les images et l’architecture imperceptible sous-jacente à toutes créations : le hasard, le chaos et la quête. Il n’y a donc pas de sens de visite ou de mode d’emploi avec Constellation. Comme Diane Arbus à New York, le public est invité à déambuler, passer à côté, autour et à travers. Il n’y a pas un parcours type mais une infinité de possibilités. Chacun·e pourra créer sa propre expérience dans cet accrochage aléatoire et initiatique."
CITATIONS
DIVERS :
« La chose importante à savoir est qu’on ne sait jamais rien. On tâtonne toujours pour trouver son chemin. »
« Pour moi le sujet est toujours plus important que l’image. Et plus compliqué. Je m’intéresse au tirage, mais ce n’est pas sacré pour moi. Je pense vraiment que l’important, c’est ce que cela représente. Je veux dire qu’il faut que cela représente quelque chose. Et ce que cela représente est toujours plus remarquable que ce que c’est. »
« Rien n’est jamais comme on a dit que ce serait. Ce que je reconnais, c’est ce que je n’ai jamais vu avant. »
« Une photographie est un secret sur un secret. Plus elle vous en dit, moins vous en savez. »
« Je crois vraiment qu’il y a des choses que personne ne verrait si je ne les photographiais pas ».
« Je vois quelque chose qui semble merveilleux ; je vois la divinité dans des choses ordinaires ».
DE PLATON :
« Il y a et il y a eu et il y aura un nombre infini de choses sur terre. Des individus tous différents, souhaitant tous des choses différentes, connaissant tous des choses différentes, aimant tous des choses différentes, ayant tous une apparence différente. Tout ce qui a été sur terre a été différent de toutes les autres choses. C’est ce que j’aime : la différenciation, le caractère unique de toute chose et l’importance de la vie… Je vois quelque chose qui semble merveilleux ; je vois la divinité dans des choses ordinaires. »
- 28 novembre 1939, DISSERTATION SUR PLATON, séminaire d’anglais, Fieldston School
DES RITES, MANIÈRES ET COUTUMES DE L’AMÉRIQUE :
« Je veux photographier les cérémonies formidables de notre temps parce que nous avons tendance, en vivant ici et maintenant, à ne percevoir que ce qu’il y a d’aléatoire et d’aride et d’informe. Pendant que nous regrettons que le présent ne soit pas comme le passé et que nous désespérons qu’il ne devienne jamais le futur, ses habitudes innombrables et hermétiques sont à l’affût d’une signification. Comme une grand-mère qui fait des confitures, je veux les rassembler et les préserver, parce qu’elles auront été si belles.
Il y a les cérémonies qui correspondent à des célébrations (les défilés, les festivals, les fêtes, les rassemblements) et celles qui correspondent à des concours (compétitions, matchs, épreuves sportives), les cérémonies d’achat et de vente, de jeux de hasard, de la loi et du spectacle, les cérémonies de la célébrité où les gagnants gagnent et ou les chanceux sont sélectionnés, les cérémonies familiales ou les rencontres (des écoles, des clubs, des réunions). Puis, il y a les lieux de cérémonie (le salon de beauté, le salon funéraire ou, tout simplement, le salon) et les costumes de cérémonie (ceux que portent les serveuses, ou les catcheurs), les cérémonies des riches, comme l’exposition canine, et celles de classes moyennes, comme les parties de bridge. Ou, par exemple, la leçon de danse, les cérémonies de fin d’études, le dîner en l’honneur d’une personnalité de marque, la séance de spiritisme, le gymnase et le pique-nique, et peut-être la salle d’attente, l’usine, le carnaval, la répétition, l’initiation, le hall de l’hôtel et la fête d’anniversaire. Le « et cetera ».
J’écrirai tout ce qu’il est nécessaire d’écrire pour compléter ces descriptions et élucider ces rites, et j’irai partout où je peux les trouver.
Ce sont nos symptômes et nos monuments. Je veux simplement les sauvegarder, car ce qui est cérémoniel et curieux et banal deviendra légendaire. »
– Proposition pour une bourse Guggenheim, Plan pour un projet photographique,
"American Rites, Manners and Customs" [Rites, manières et coutumes de l’Amérique]
DES PHÉNOMÈNES DE FOIRE :
« Il y une qualité légendaire chez les phénomènes de foire. Comme un personnage de conte de fées qui vous arrête pour vous demander la réponse à une énigme. La plupart des gens vivent dans la crainte d’être soumis à une expérience traumatisante. Les phénomènes de foire sont déjà nés avec leur propre traumatisme. Ils ont déjà passé leur épreuve pour la vie. Ce sont des aristocrates. »
DU DÉCALAGE ENTRE L’INTENTION ET L’EFFET :
« Vous voyez quelqu’un dans la rue et ce que vous remarquez essentiellement chez lui, c’est la faille. C’est déjà extraordinaire que nous possédions chacun nos particularités. Et non contents de celles qui nous ont été données; nous nous en créons d’autres. Toute notre attitude est comme un signal donné au monde pour qu’il nous considère d’une certaine façon, mais il y un monde entre ce que vous voulez que les gens sachent de vous et ce que vous ne pouvez pas les empêcher de savoir. Et cela a un rapport que j’ai toujours appelé le décalage entre l’intention et l’effet. Je veux dire que si vous observez la réalité d’assez près, si d’une façon ou d’une autre vous la découvrez vraiment, la réalité devient fantastique. »
Du 3 juillet 2023 au 30 avril 2024
Parc des Ateliers,
35, avenue Victor Hugo. 13200 Arles
Tél. : 04 65 88 10 00
Du mercredi au dimanche de 10h00 à 18h00
Visuels :
Two ladies at the automat, N.Y.C. 1966
© The Estate of Diane Arbus
Collection Maja Hoffmann / LUMA Foundation
Erik Bruhn and Rudolf Nureyev, N.Y.C. 1964
© The Estate of Diane Arbus
Collection Maja Hoffmann / LUMA Foundation
Blonde girl with shiny lipstick, N.Y.C. 1967
© The Estate of Diane Arbus
Collection Maja Hoffmann / LUMA Foundation
Masked woman in a wheelchair, Pa. 1970
© The Estate of Diane Arbus
Collection Maja Hoffmann / LUMA Foundation
A family on their lawn one Sunday in Westchester, N.Y. 1968
© The Estate of Diane Arbus
Collection Maja Hoffmann / LUMA Foundation
Du 11 avril au 3 août 2014
Au Jewish Museum
1109 5th Ave at 92nd St. New York NY 10128
Tél. : 212-423-3200
Du vendredi au mardi de 11 h à 17 h 45, le jeudi de 11 h à 20 h. Fermé le mercredi
Au Jewish Museum
1109 5th Ave at 92nd St. New York NY 10128
Tél. : 212-423-3200
Du vendredi au mardi de 11 h à 17 h 45, le jeudi de 11 h à 20 h. Fermé le mercredi
Du 27 mars au 26 avril 2014
Au Multimedia art museum
Ostozhenka, 16, Центральный АО, Moscow, Russie, 119034
Tél. : 7 (495) 637-11-00. +7 495 637-11-22
Du mardi au dimanche de 12 h à 21 h
Jusqu'au 13 janvier 2013
Au Multimedia art museum
Ostozhenka, 16, Центральный АО, Moscow, Russie, 119034
Tél. : 7 (495) 637-11-00. +7 495 637-11-22
Du mardi au dimanche de 12 h à 21 h
Jusqu'au 13 janvier 2013
Au FOAM
Keizersgracht 609. 1017 DS Amsterdam
Tél. : + 31 (0)20 5516500
Du samedi au mercredi de 10 h à 18 h, le jeudi et le vendredi de 10 h à 21 h.
Jusqu'au 23 septembre 2012
Niederkirchnerstraße
7.
10963 Berlin
Tél. : +49 30 254 86-0
Du mercredi au lundi de 10 h à 19
Jusqu’au 5 février 2012
Tél. : +49 30 254 86-0
Du mercredi au lundi de 10 h à 19
Au Jeu de Paume
1, place de la Concorde. 75008 Paris
Tél. : 01 47 03 12 50
Du mardi au vendredi de 11 h à 21 h, samedi et dimanche de 10 h à 21 h
Visuels de haut en bas :
Affiche
Enfant avec une grenade en plastique dans Central Park, New York 1962
Copyright © The Estate of Diane Arbus
Sans titre (6) 1970–71
Copyright © The Estate
of Diane Arbus
Arbre de Noël dans un living-room à
Levittown, Long Island, N.Y. 1963
Copyright © The Estate
of Diane Arbus
Couple
d’adolescents à Hudson Street ,
New York 1963
Copyright © The Estate
of Diane Arbus
Jeune homme en bigoudis chez lui, 20e Rue, N.Y.C.
1966
Copyright © The Estate
of Diane Arbus
Jeune homme au canotier attendant de
défiler en faveur de la guerre, N.Y.C. 1967
Copyright © The Estate
of Diane Arbus
Exhibition installation shot featuring: Diane Arbus (1923–71), A Jewish giant at home with his parents, in the Bronx, N.Y., 1970, gelatin silver print, printed by Neil Selkirk. The Jewish Museum, NY. Artwork © The Estate of Diane Arbus. Exhibition gallery photo by David Heald
Diane Arbus (1923–71)
A Jewish giant at home with his parents, in the Bronx, N.Y., 1970
Gelatin silver print, printed by Neil Selkirk. The Jewish Museum, New York, Purchase: Photography Acquisition Committee Fund and the Horace W. Goldsmith Foundation Fund, 1999-3, artwork © The Estate of Diane Arbus
Collection of Jenny Carchman
Enrico Glicenstein, 1870-1942
Goliath, 1932
Drypoint on paper
The Jewish Museum, New York, Gift of the Dreyfuss-Glicenstein Foundation, 1980-67.28
flush-mounted, signed, titled, and dated by the photographer in pencil, inscribed with the Arbus Estate authentication number and signed by her daughter, Doon Arbus, in ink, and stamped on the reverse, framed, a San Francisco Museum of Modern Art exhibition label on the reverse, 1963
15 1/2 by 15 1/8 in. (39.8 by 38.7 cm.)
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