Arte rediffusera les 23 et 29 septembre 2014 « Hitler et ses rançonneurs - Quand les nazis échangeaient leurs Juifs »
(« Hitlers Menschenhändler, Juden als Austauschware »), documentaire
allemand de Caroline Schmidt, Stefan Aust et Thomas Ammann - ces deux derniers sont auteurs du livre Hitlers Menschenhändler: Das Schicksal der "Austauschjuden" (Rotbuch, 2013). L’histoire méconnue
de 7 000 « Juifs d’échange », otages au camp de Bergen Belsen
que les Nazis ont échangés contre des armes ou de l’argent.
C’est un pan
ignoré ou méconnu de l’histoire de la Shoah, de « la Solution finale de la question
juive » auquel est consacré ce documentaire intéressant de Caroline
Schmidt, Stefan Aust et Thomas Ammann. De celui-ci, Arte avait diffusé « Les otages d’Entebbe - Le combat d’Israël contre le terrorisme ».
Les « Juifs d’échange »
Pour les Nazis,
certains Juifs avaient une valeur marchande. Avec l’accord d’Hitler, Himmler,
chef des SS, a organisé dès 1943 ce « commerce » juteux et
secret dont on trouve la trace dans les archives du ministère allemand des
Affaires étrangères : échanger des Juifs d’Allemagne ayant un « bon passeport »
américain ou britannique, contre des ressortissants allemands à l’étranger.
« Juifs
d'échange" : c'est ainsi que les nazis désignaient les prisonniers juifs
qui, par leur valeur marchande, leur étaient plus utiles vivants que morts.
Ces détenus Juifs
sont regroupés au camp de Bergen-Belsen, dans le canton de Celle, au Nord de l’Allemagne.
Un camp libéré par les soldats britanniques le 15 avril 1945 qui y découvrent
la famine et les épidémies, et brûlent les baraquements. Sur les 120 000 prisonniers
de ce camp, 14 000 devaient faire parties de cette « machination
mercantile ».
Après l’invasion
de la Hongrie par la Wehrmacht en 1944, Rudölf Kastner et son assistant Joel
Brand, tous deux Juifs, mènent les transactions avec les nazis.
« Kastner
était un homme très ambigu. Il était arrogant, ambitieux, vaniteux. Mais il
était aussi très courageux. Il fallait sans doute toutes ces qualités pour
négocier avec Eichmann »,
indique Ladislaus Löb, adolescent « Juif d’échange ».
A Budapest,
Adolf Eichmann est l’ordonnateur de la
déportation en quelques mois des Juifs de Hongrie, au nombre total alors d’environ
700 000 vers le camp d'Auschwitz.
En 1966, un
film est-allemand de Wolfgang Luderer Lebende Ware reconstitue, en se fondant
sur les informations connues lors du procès d’Eichmann à Jérusalem (1961), la
rencontre des deux Juifs avec l’exterminateur de leur peuple. Eichmann leur
déclare : « L’argent liquide ne m’intéresse pas. Nous avons besoin de
matériel de guerre. Voici ma proposition : vous nous livrez 10 000 camions
équipés de cinq pneus et je vous remets un million de Juifs à chaque frontière
neutre ». Et, pour trouver ce matériel, il les renvoie vers leurs « amis
à l’étranger ».
Pourquoi
proposer un million de Juifs ? Lors de son procès à Jérusalem (Israël) en 1961, Eichmann répond : « C’était une tactique pour je puisse m’adresser à
mes supérieurs sans courir le risque d’être immédiatement renvoyé. Si j’avais opéré
par compassion ou par pitié, et parlé de 5 000 ou de 10 000 Juifs, [le
général] Mueller ne m’aurait pas écouté. Mais parler d’un million, c’était inattendu
et trop important pour que Mueller n’en réfère pas à ses supérieurs ».
Kastner et
Brand sauvent « 1 700 Juifs hongrois qui retrouvent la liberté via Bergen
Belsen » contre deux millions de dollars versés aux nazis pour rester en
vie.
A l’approche
de la défaite du IIIe Reich, l’intérêt des nazis pour ces Juifs « utiles »
faiblit.
A noter que des
projets d’échanges de Juifs européens ont échoué en raison des pressions du
grand mufti de Jérusalem Amin al-Husseini hostile
à leur arrivée en Palestine mandataire. Cet important dirigeant arabe palestinien, mentor d'Arafat, est responsable de la mort de « 4 000 enfants orphelins Juifs
polonais et de 400 juifs adultes qui furent assassinés à Auschwitz
en raison de son opposition en 1942 à leur transfert en Palestine mandataire en
échange de prisonniers de guerre allemands pronazis. Il a convaincu des
gouvernements hongrois, roumain et bulgare pronazis d’envoyer leurs Juifs vers
les camps de la mort plutôt que d’accepter leur immigration en Palestine
mandataire » (Chuck Morse, The
Nazi Connection to Islamic Terrorism, Adolf Hitler and Haj Amin al-Husseini.
iUniverse.com, 2003).
de Caroline Schmidt, Stefan Aust et Thomas Ammann
2011, 52 minutes
Diffusions les :
- 14 septembre 2011 à 21 h 35 et 20 septembre 2011 à 10 h 55 ;
- 23 septembre à 23 h 20 et 29 septembre 2014 à 9 h 50.
- 23 septembre à 23 h 20 et 29 septembre 2014 à 9 h 50.
Visuels : ©
NDR-Agenda Media
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- Shoah (Holocaust)
Cet article a été publié le 14 septembre 2011.
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