
Enluminures du Moyen Âge et de la Renaissance. La peinture mise en page
Enluminures en terre d’Islam, entre abstraction et figuration
Enluminures en terre d’Islam, entre abstraction et figuration
Pendant des
siècles, même après l’avènement et l’essor de l’imprimerie, les « livres manuscrits sur parchemin ont été décorés de motifs
ornementaux, de scènes figurées et de lettrines animées. Ces décors, souvent
minutieusement peints de couleurs vives et précieuses, parfois enrichis d’or,
pouvaient occuper aussi bien la page que sa marge, le cœur d’une lettre comme
le folio entier, créer un cadre ou
l’occuper ».
La nature des livres peints ? De petits bréviaires,
des livres d’heures, des « grands graduels, les antiphonaires, textes
littéraires, les ouvrages techniques ou scientifiques ».
Dès le XVIe siècle, la technique de l’enluminure « n’a
plus été réservée à la peinture de livre mais a servi aussi, et de plus en plus
souvent, à réaliser des compositions indépendantes ».
Des manuscrits
enluminés, objets de collections

Paradoxalement, cet acte de vandalisme a donc permis à des
feuillets enluminés arrachés d’acquérir une valeur artistique spécifique, de
les inscrire dans une histoire distincte au fil d’acquisitions variées, et,
parfois, de les protéger des dégradations affectant les livres dont elles
avaient été séparées.

Certes, la « Bibliothèque nationale de France a pour
mission de conserver les manuscrits enluminés quand ils sont restés reliés.
Cependant, créé par un décret de la Convention, le 27 juillet 1793, le Muséum
central des arts - musée du Louvre - « a pour vocation de recueillir les
pages magistrales qui, au fil du temps, ont été retirées des ouvrages démembrés
et qui ont aujourd’hui le caractère autonome de petites peintures » et qui
dès sa fondation lui ont été données.
Aux côtés de catalogues « raisonnés présentant
des écoles entières – l’école française, l’école florentine et bientôt l’école
bolonaise – ou des corpus d’artistes – tout dernièrement Battisa Franco et
Bandinelli – le département des Arts graphiques s’attache à publier ses fonds
par collection – Jabach, Chennevières et prochainement Mariette – mais aussi
par technique ».
En 2011 le Catalogue
raisonné des enluminures occidentales du Moyen Âge et de la Renaissance vient
enrichir cette liste. Les « collections d’enluminures du musée, conservées
principalement au sein du département des Arts graphiques, tant au Cabinet des
Dessins que dans la collection Edmond de Rothschild mais aussi au département
des Peintures et au département des Objets d’Art, méritaient ce traitement
particulier ».
Ce fonds « couvre
six siècles d’histoire et dont les pièces les plus anciennes remontent au XIe
siècle, à une époque où l’enluminure est bien, comme le disait lapidairement
André Malraux, « la peinture des siècles sans peinture... Les pièces les plus anciennes, qui appartiennent à
l’Allemagne ottonienne, datent des débuts du XIe siècle ; les plus récentes,
italiennes et allemandes, de la fin du XVIe siècle ou des toutes premières
années du XVIIe », résume Carel
van Tuyll van Serooskerken, Directeur du département des Arts graphiques du
musée du Louvre.

En mars 1897, la Société des Amis du Louvre fédère des
amateurs ayant constitué de magnifiques collections.
« La peinture des siècles sans
peinture » (André Malraux)
Le vocable « enluminure » désigne « les
peintures qui illustrent un texte, en particulier les livres manuscrits et les
chartes du Moyen-âge et de la Renaissance. Les enluminures ont été généralement
réalisées sur des feuilles de parchemin – une peau animale (mouton, veau,
chevreau) traitée à la chaux, raclée, poncée et apprêtée pour l’écriture. Elles
étaient faites au moyen de colorants et de pigments (poudre de lapis-lazuli, blanc
de plomb, verts de cuivre, vermillon, etc.) mélangés à un liant (souvent le
blanc d’œuf), et employés à la plume et surtout au pinceau fin. Elles étaient
aussi enrichies d’or ou d’argent, appliqué à la feuille et bruni (poli avec une
dent de loup), ou sous forme liquide comme un pigment ».
Ces miniatures révèlent une « facture minutieuse,
reflétant parfois les créations de la grande peinture ». Elles ont donc
été « appréciées pour leur valeur artistique intrinsèque » et
collectionnées dès les XVIIe et XVIIIe siècle.
La collection du Louvre « offre des exemples
d’enluminures du XIe au XVIe siècle, mais ce sont les pièces, très picturales,
des XIVe, XVe et XVIe siècles qui y occupent la plus grande place » :
généralement, des œuvres créées en Italie, en France ou au Pays-Bas.
Cette exposition présente pour la première fois près de la
moitié du fonds d’enluminures conservé par ce musée.

Parmi les peintres et
enlumineurs : Jean Fouquet (vers 1420 -
entre 1478 et 1481) et Lorenzo Monaco (vers
1367/1370-1423 ou 1424).

Lorenzo Monaco fut « ordonné diacre en 1396, mais il
quitta le monastère pour ouvrir son propre atelier. (…) L’ordre camaldule
l’avait sans doute autorisé à travailler en dehors du monastère, car il ne
renonça jamais à ses vœux monastiques... Sa fidélité au style giottesque (…)
céda rapidement la place – contrairement à son intérêt pour sa palette vive et
lumineuse – à une fascination pour le style gothique ibérique importé de
Barcelone à Florence par Gherardo Starnina après 1403 et pour les
expérimentations de Lorenzo Ghiberti, ce qui se traduisit par une approche
lyrique de la composition et un mode de représentation des figures dénotant ces
mêmes affinités. Starnina et Lorenzo Monaco devinrent incontestablement les
deux peintres les plus importants et les plus demandés à Florence au cours de
la première décennie du XVe siècle », précise (L. B. Kanter)
Jusqu’au 10 octobre 2011
Aile Denon,
1er étage, salles Mollien. 75058 Musée du Louvre
Tél. : 01
40 20 53 17
Tous les jours de 9 h à 18 h, sauf le mardi,
nocturnes jusqu’à 21 h 45 les mercredi et vendredi
Visuels :
Philippe de Mazerolles (Maître du Froissart de Philippe de
Commynes)
Bifeuillet du Livre d’heures noir de Charles le
Téméraire
département des Arts graphiques, musée du Louvre, MI 1091
© RMN /Thierry Le Mage
Maître du livre d’Heures de Dresde
département des Arts graphiques, musée du Louvre, INV
20694 bis
© 2006 musée du Louvre / Martine Beck-Coppola
Giulio Clovio (Juraj Klović)
Les Vertus théologales
département des Arts graphiques, musée du Louvre, RF 3978
© RMN /Thierry Le Mage
Jean Pichore
Bethsabée au bain
département des Arts graphiques, musée du Louvre, RF 4243
© 2004. musée du Louvre / Martine Beck-Coppola
Le Passage du Rubicon par César
département des Arts graphiques, musée du Louvre, RF 29493
© RMN /Thierry Le Mage
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Les citations sont extraites du catalogue raisonné « Enluminures au Louvre. Moyen Âge et Renaissance ». Cet article a été publié le 25 septembre 2011.
Les citations sont extraites du catalogue raisonné « Enluminures au Louvre. Moyen Âge et Renaissance ». Cet article a été publié le 25 septembre 2011.
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