
« Nous ne sommes pas 10 000, mais nous sommes 15 000 ! », renchérissait un de ses homologues, peu après.
Difficile à les croire. La foule n’occupait au mieux qu'une moitié de la place du Trocadéro. La police estimait à environ 3 200 le nombre de personnes ayant participé à ce rassemblement. Un nombre vraisemblable.
A Nice, un rassemblement similaire avait réuni environ 340 personnes selon la police et 500 selon le CRIF Sud-Est.
Guilad Shalit, captif sans aucun droit
Le ton de la soirée ? Paradoxal. Quelques chansons israéliennes joyeuses ; des discours sur une réalité dramatique : un jeune otage franco-israélien, Guilad Shalit, dénué de tout droit par ses geôliers islamistes dans la bande de Gaza ; des médias occultant les jihadistes à bord du Marmara de la prétendue « flottille de la paix » ; des « rues arabes » haineuses (« Hamas-sur-Seine » de Jean-Paul Ney). Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a rappelé le sort d’un aviateur israélien Ron Arad dont on est sans nouvelle depuis sa capture par les milices chiites Amal du Liban en 1986. Et d’ajouter :
« Un otage est par définition déshumanisé. Il devient une marchandise avec une valeur vénale aussi élevée que possible. La valeur vénale de Gilad Shalit est élevée, très élevée, tout simplement parce que en Israël, la valeur d’un homme est infinie. « Qui sauve un homme sauve le monde…. ». Cela permet au Hamas tous les chantages, toutes les exigences, comme cela était déjà le cas avec le Hezbollah, qui a rendu l’an dernier deux cercueils en échange d’un assassin particulièrement répugnant. Et le monde ne s’étonne plus, accepte cette confusion des valeurs comme si elle allait de soi, comme si c’était normal d’échanger un innocent contre des centaines de coupables avec du sang sur leurs mains ».


Le tout rythmé par des vidéos, dont des images de ces défilés anti-israéliens, un message du père de l’otage, Noam Shalit, et de journaux télévisés de chaines publiques aux discours partiaux. Et conclu par S.E. Daniel Shek, ambassadeur d'Israël en France, qui affirmait ne pas craindre les boycotts contre son pays.
« Un grand succès » ?
Le 13 février 2012, sur Radio Chalom, Bernard Abouaf, directeur de la rédaction de Radio Chalom, a déclaré avoir eu l'initiative, avec Gil Taieb et Raphaël Haddad, de ce rassemblement que tous trois ont suggéré au CRIF.
S’agit-il d’un échec de la communication ou de la stratégie de la communauté juive française institutionnalisée ? Du côté pêle-mêle des mots d’ordre : « Rassemblement pour la vérité, la justice, la liberté et pour la paix » (14 juin 2010), puis « Pour dire à Gilad et à Israël qu’on est à leurs côtés » (18 juin 2010) ? Pourtant, ceux-ci relevaient d’un consensus au sein des juifs français.
Pourquoi cette absence des ténors de la classe politique, des journalistes qui assistent au dîner du CRIF, quitte à s’éclipser après les deux discours - celui du président du CRIF et celui du Premier ministre ou du Président de la République -, et après avoir été photographiés ou filmés ?
Pourquoi un rassemblement si tard ? Ce qui donnait un air de session de rattrapage estivale. Le 6 juin 2010, peu après l’arraisonnement du navire turc Mavi Marmara par la marine israélienne, la Ligue de défense juive (LDJ) avait organisé un rassemblement près de l’ambassade d’Israël en France, réunissant plusieurs centaines de jeunes à Paris. Par ce rassemblement tardif dans un lieu symbolique et de tourisme, les organisations juives françaises ont laissé des artères de quartiers, populaires ou huppés, à une « rue arabe » hurlant sa haine et son refus d’Israël et à la violence destructrice aussi pour la république française. Ce qui habitue les passants à cette propagande alléguant une prétendue et fausse crise humanitaire dans la bande de Gaza.
Souhaiter la libération de Guilad Shalit ? Oui.

Ou exercer des pressions sur le gouvernement d’un Etat démocratique israélien, celui de Benjamin Netanyahu, pour une libération à n’importe quel prix ?
La mobilisation médiatique sert-elle les intérêts des otages et des démocraties ?
Que nous enseignent l’histoire et le judaïsme en matière de juifs captifs ?
Quel est le bilan de quatre ans de ces actions pour libérer Guilad Shalit ? Certaines municipalités le mettent en parallèle avec le terroriste Salah Hamouri !!

La communauté juive française, institutionnalisée ou non, est-elle mûre pour entendre ces questions essentielles et apte à y répondre vite et de manière adéquate ?
Le 9 juillet 2010, le CRIF a posté les vidéos du rassemblement sur Youtube.
Le 9 juillet 2010, le CRIF a posté les vidéos du rassemblement sur Youtube.
Parmi les terroristes libérés contre la libération de Guilad Shalit : Fouad abd el-Hani al-Oumarine et Amina Mouna.
"Fouad abd el-Hani avait 19 ans, au printemps 1992, quand il a pris un taxi à Gaza pour se faire déposer dans une ville de la banlieue de Tel Aviv. Il était 7 h 30 quand il a croisé le chemin d'Helena Rap, une adolescente de 16 ans qui se rendait au lycée. Quand la jeune fille est passée devant lui, Al-Oumarine s'est retourné et lui a planté un grand couteau de cuisine dans le dos. Après ce premier coup, il a enfoncé son arme dans la poitrine de la jeune fille. Quand il a été arrêté, il lui avait littéralement arraché le cœur. Sa camarade Alina Mouna s'est illustrée dans ce qu'on pourrait appeler le cyber-terrorisme artisanal. Cette jeune femme est entrée en contact, par messagerie instantanée, avec des adolescents israéliens dans le but de les séduire et de les attirer dans un piège mortel. Elle y est parvenue en janvier 2001 avec Ofir Rahoum, 16 ans. En arrivant à Ramallah avec sa cyber-copine, l'adolescent a été criblé de balles (une vingtaine) de kalachnikov à bout portant. Dans son interrogatoire, Amina Mouna a décrit ses sentiments au moment où elle s'est approchée de sa proie : "Je sentais qu'il avait peur [...] La peur était peut-être réciproque mais je me suis concentrée sur mon objectif. Je voulais aider mon peuple et c'est ça qui comptait." La phrase qui suit est plus glaçante encore : "Aujourd'hui, je sais que j'ai trouvé ma place. J'ai un statut, je suis célèbre dans la société palestinienne. Je suis plus respectée que n'importe quelle autre fille. Désormais, je n'aurai aucun problème pour faire tout ce que je voudrai. On m'écoute à l'intérieur de l'Autorité palestinienne, le Tanzizim [la milice armée du Fatah] me donne de l'argent, on met des avocats à ma disposition et on fait tout ce je demande", a écrit Gil Mihaely (Causeur, novembre 2011)
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Cet article a été publié le 8 juillet 2010 et modifié le 15 janvier 2021.
Véronique,
RépondreSupprimerBravo pour cet article mais j'aurais malheureusement tendance à me positionner en un pessimiste du réactionnel français ( juif ou non) quant à Israël en général ou au devenir de Gilad. J'essaye moi-même depuis quelques 3 annés déjà de réagir sur mon propre blog ( http://marclev.canalblog.com)et..? Oui. les réactions attendues, espérées ont tout de la peur du juif français, de son inefficacité à prouver concrétement qu'une force juive réelle existe sur le sol de " la Patrie des droits de l'Homme".
N'hésitez pas à m'écrire pour de plus profonds échanges.
Cordialement. Marc Lev.
J'aimerai savoir ce que vous proposez comme action pour renverser la tendance en France à la diabolisation d'Israël, qui finira par déboucher sur une attaque de synagogue, comme à Strasbourg ou à Metz, un jour où les CRS ne seront pas là pour nous protéger.
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