
Il débute sa carrière, à la fin des années 1970, comme photographe de paysages.
Ainsi, en 2003, « Notes from the Periphery » a été présenté en 2003 à la Biennale de Venise. Un travail sur trois lieux liés au commerce triangulaire d’esclaves : Nantes (France), Sénégal (Afrique), Laventille (Port d’Espagne ou Port of Spain, île de Trinité dans les Caraïbes).

Au Musée des archives nationales un lieu était dédié à la confrontation de ses clichés (War Story, 1995-1996) et d’extraits de In Search (1950), l’autobiographie de son père, l’écrivain Meyer Levin (1905-1981), chargé en 1945, au sein de l’Armée américaine, de retrouver les vestiges des communautés juives européennes et qui a découvert la Shoah dans le « cœur noir de l’Allemagne ».
La galerie parisienne Gilles Peyroulet & Cie, qui le représente, a présenté en 2008 « Seuil/ Threshhold » et au printemps 2010 « Prince Aniaba, il n'y a donc plus de différence entre vous et moi que du noir au blanc ».
L'« œuvre photographique – principalement en noir et blanc – de Mikael Levin questionne les notions d’identité, de mémoire et donc d’oubli ; elle prend la forme d’enquêtes, d’explorations, dont elle offre des traductions visuelles ».
Cristina’s History

Conjuguant aspects autobiographiques, documentaires et poétiques, l’exposition a été distinguée par le prix Maratier de la Fondation Pro-MAHJ, héritière de la Fondation Kikoïne.
Cristina’s History est un « récit en images qui retrace, à travers l’histoire européenne moderne, faite d’espoirs sans cesse anéantis et refondés », l’itinéraire, sur quatre générations, de la famille juive de l’artiste, de Zgierz (Pologne centrale), à la Guinée-Bissau (Afrique), via Lisbonne (Portugal). Le photographe n’apparaît pas dans ses photos empreintes de rigueur.

A caractère personnel et historique, les textes de l’exposition évoquent le passé, les itinéraires de membres de la famille du photographe et relèvent de l’intime. Quant aux images, elles reflètent un présent, des paysages urbains, des lieux publics dont cette parentèle est absente. Entre l’espace narratif et l’espace géographique, cette exposition tisse des liens étroits, personnels.

Le catalogue trilingue français/anglais/portugais présente 124 photographies en trichromie. Il est composé de trois chapitres d’images (Zgierz, Lisbonne, Guinée-Bissau), chacun étant précédé d’un récit de Mikael Levin. Les photographies sont présentées bord à bord, formant « une bande horizontale continue sur toute la largeur des doubles pages ».

Présentation par Mikael Levin
« J’ai rencontré Cristina da Silva-Schwarz en 2003 en Guinée-Bissau.
Quatre générations plus tôt, notre ancêtre Isuchaar Szwarc, un célèbre érudit juif, vivait à Zgierz, en Pologne centrale. Au cours de son existence, il assista à la transformation de cette petite ville médiévale sous l’effet de l’industrialisation. Il mourut alors que les nazis exterminaient les communautés juives (Ndlr : curieusement, le communiqué de presse traduit ainsi cette phrase : « Il mourut alors que les nazis resserraient leur étau sur la communauté juive »).
Le fils aîné d’Isuchaar, Samuel, s’était installé au Portugal durant la Première Guerre mondiale. Devenu ingénieur des mines, il y vécut les dernières décennies de l’époque coloniale.

Cristina est la fille aînée de Carlos.
J’avais toujours entendu parler de l’histoire de cette branche de ma famille, et il m’est finalement apparu qu’elle incarnait cette foi positiviste moderne dans la mobilité et le progrès.
Les familles juives sont souvent marquées par la dispersion et les migrations, des traits qui caractérisent aujourd’hui la population mondiale en général. Mes images concernent des lieux très précis, mais mon but est d’aller au-delà des identités restreintes d’une communauté, quelle qu’elle soit. C’est cette tension entre le proche et le lointain qui m’intéresse.
Les notions de multiplicité, d’errance et d’exil, telles qu’elles apparaissent dans cette histoire particulière, pourraient servir à définir une identité culturelle différente, fondée sur la tolérance et l’expérience partagée ».
Marek Szwarc, peintre et sculpteur
Dans une salle contiguë, on peut voir des oeuvres de Marek Szwarc (Zgierz, 1892–Paris, 1958), peintre et sculpteur, grand-père de Mikael Levin, dont le MAHJ détient une collection importante, résultant de dons de la fille de l’artiste, Tereska Torres-Levin, et de la famille du critique Georges Brazzola.
S’il est souvent associé aux artistes de l’École de Paris, Marek Szwarc a suivi un parcours particulièrement original. Issu d’un milieu intellectuel, il se rend à Paris en 1910. Là, il étudie à l’École des beaux-arts, séjourne à La Ruche, où il contribue à la création de la première revue d’art juif, Makhmadim.
En 1914, très lié aux cultures juive et polonaise, il retourne en Pologne. Il s'y marie à Evguenia Markova, écrivain, et participe aux mouvements d’avant-garde, tel le Yung-Yidish.
Les thèmes bibliques, juifs et chrétiens (crucifixion), l’inspirent. Il se convertit au catholicisme en 1919.
Il « s’installe définitivement à Paris, où, proche du cercle de Jacques Maritain, il va se consacrer essentiellement à l’art sacré ».
En 1940, il rejoint l’armée polonaise en France, puis en Écosse, pour lutter contre le nazisme.
Il décède à Paris en 1958.
Jusqu'au 28 octobre 2011
Au Centre culturel portugais
Guinée-Bissau
Jusqu’au 18 juillet 2010
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple, 75003 Paris
Tél. : 01 53 01 86 48
Ouvert du lundi au vendredi de 11 h à 18 h et le dimanche de 10 h à 18 h
Nocturnes les mercredis jusqu’à 21 h.
Vidéo de l’installation au Berardo Foundation Museum

Visuels de haut en bas :
Mikael Levin, Cristina’s History © Mikael Levin
Mikael Levin, Marché, centre-ville © Mikael LevinMikael Levin, Feira da Ladra © Mikael Levin
Mikael Levin, Bairro Alto © Mikael Levin
Mikael Levin, Bissau © Mikael Levin
Mikael Levin, Bissau, Centre - ville © Mikael Levin
Les citations sont extraites du dossier de presse et d’un de mes articles sur une exposition à Paris de ce photographe.
Cet article a été publié une première fois à l'été 2010 et modifiée pour la dernière fois le 25 octobre 2011.
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