Chana Orloff (1888-1968)
Mariza Jonath, peintre et sculptrice
L’Ecole de Paris
Dans cette ville-phare, à l’époque des « heures chaudes de Montparnasse », elle devient l’amie de jeunes artistes talentueux : Modigliani, Picasso, Cocteau, Max-Jacob, Foujita, Soutine, Zadkine…
Elle devient une des figures majeures de l’avant-garde artistique parisienne.
Ses œuvres sur la maternité, les femmes et les enfants, son bestiaire et ses portraits sculptés plaisent au public et sont appréciées des critiques, en France et à l’étranger.
Le retour à Paris en 1945 est douloureux : atelier dévasté, sculptures mutilées, volées ou détruites. Chana Orloff "ne restaurera pas ses sculptures mutilées, mais montrera ici et là, sur des socles, une tête privée de son corps, un buste fracassé. Elle se remet au travail".
« Cette oeuvre créée en 1921 n’est
pas seulement représentative de la production de Chana Orloff dans l’entre-deux-guerres,
c’est aussi une illustration de l’amour maternel avec une des plus belles représentations
d’Elie, surnommé Didi, son fils unique né a Paris en 1918.
L’histoire de cette sculpture est emblématique
du pillage intégral de l’atelier de l’artiste en 1943 sous l’Occupation. Une opération
massive mal documentée, qui s’inscrit dans un mouvement plus large
d’aryanisation des biens juifs. Qu’est devenue l’oeuvre entre 1943 et 2008 ?
Comment s’est-elle retrouvée aux Etats-Unis ? Ces questions restent sans
réponse. »
« A ce jour, seules quatre sculptures sur cent-quarante ont été retrouvées dans des lieux et des contextes variés. Les autres ont-elles été détruites ? Probablement pas. La récente restitution de L’Enfant Didi permet d’espérer la réapparition d’autres œuvres sur le marché de l’art. »
« Cette installation est accompagnée d'une série de manifestations (rencontres a l'auditorium du mahJ, visites guidées, parcours croisé, promenade hors les murs). »
« Chana Orloff est née à Tsaré-Constantinovsk (actuelle Ukraine) en 1888. Sa famille émigre en Palestine en 1905. Venue à Paris pour se perfectionner chez le couturier Paquin en 1910, Chana Orloff est reçue deuxième au concours d'entrée de l'École des arts décoratifs l'année suivante et se forme parallèlement à l'académie Vassilieff. Dès 1912, elle vit de sa sculpture et expose, à partir de 1913, dans les principaux salons parisiens. Après le décès de son mari, le poète Ary Justman, emporté par la grippe espagnole en 1918, seule, avec un enfant à charge, elle devient une portraitiste recherchée. En 1945, de retour de Genève où elle s’est réfugiée, elle trouve son atelier dévasté et ses œuvres brisées ou volées. En 1949, elle retourne en Israël, où elle répond à plusieurs commandes officielles. Elle meurt en 1968 lors d’une visite à Tel-Aviv pour une rétrospective à l’occasion de son 80e anniversaire. »
Il est choquant que le mahJ mentionne systématiquement dans les dossiers de presse ou cartes d'expositions la "Palestine" de manière erronée. En l'occurrence, en 1905, le mahJ aurait du indiquer "Eretz Israël (Terre d'Israël), alors dans l'empire ottoman".
Le commissariat est assuré par Pascale Samuel, conservatrice du patrimoine, responsable des collections d’art moderne et contemporain au mahJ
C’était la première exposition individuelle de Chana Orloff dans cette galerie depuis 2005. En 2009-2010, cette galerie avait retenu des sculptures de l’artiste pour l’exposition collective Histoires de têtes Ier-XXIe siècles : Didi, un portrait affectueux de son fils joufflu, et Le peintre juif (Reisin), pensif, contemplatif, interrogatif.
Et le musée de l’Orangerie avait présenté ses sculptures dans l’exposition Les enfants modèles de Claude Renoir à Pierre Arditi.
MahJ
En 2013, le musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) a renouvelé son accrochage d'œuvres des artistes de l'Ecole de Paris, dans la salle Michel Kikoïne située au premier étage, des artistes de l'Ecole de Paris. Il a présenté l'exposition Chana Orloff. Le Retour, 1945. Dans ce cadre, il y a montré Le Retour, est entourée de douze dessins préparatoires. Ces œuvres ont été prêtées par la famille de cette sculptrice. Des visites guidées, notamment de l'atelier parisien de l'artiste, et une rencontre avec Ariane Tamir ou Eric Justman, deux petits-enfants de Chana Orloff, sont prévues les 17 septembre et 3 octobre 2013.
Le Retour "marque un tournant dans son œuvre. Chana Orloff abandonne la forme lisse, les rondeurs, pour un modelé plus inquiet. Procédant par petites touches, elle laisse sur l’argile l’empreinte de ses mains, obligeant le regard à pénétrer cette matière tourmentée. De nombreux dessins préparatoires d’une grande intensité l’aident à se libérer de l’angoisse qui l’accable. Cependant, Chana Orloff attendra dix-sept ans, et une exposition à la galerie Katia Granoff en 1962, pour exposer Le Retour, comme une « simple » œuvre d’art. Jusque là, elle l’avait maintenue cachée sous un drap au fond de son atelier".
En 2016, la galerie Marcilhac présenta une exposition rétrospective de sculptures de Chana Orloff. Un hommage "vingt-cinq ans après la rédaction du catalogue raisonné (par Félix Marcilhac Sr.).
« Je suis tout d'abord attirée par le côté décoratif-plastique si vous préférez - et le caractère… Je voudrais que mes œuvres soient aussi vivantes que la vie… », a confié Chana Orloff.
Chana Orloff "est considérée comme une figure majeure de l’École de Paris. Formée aux exigences de l’art moderne et plus particulièrement à celles de l’école cubiste naissante l’oeuvre sculpté de Chana Orloff participe pleinement de l’art du XXème siècle. Laissant derrière elle une étonnante galerie de sculptures, la Galerie Marcilhac décide aujourd’hui d’en faire l’exposition. Réunissant plus d’une vingtaine de sculptures en bronze, plâtre, ciment et bois ainsi que de nombreux dessins, la Galerie Marcilhac propose une très belle rétrospective. Allant du portrait ; celui de Georges Lepape, ou Lucien Vogel ; à la célèbre baigneuse accroupie, à l’art animalier (le basset ; le dindon ou le poisson), l’exposition présente une sélection de pièces au caractère profond, à la fois pure, intense et libre".
Le 19 mai 2017, à 13 h 45, la Maison de la culture yiddish - Bibliothèque Medem et Fanny Barbaray-Edelman ont proposé "À la découverte des artistes de l’école de Paris - Visite de l’atelier Chana Orloff". "Véritable musée à ciel-ouvert, l’impasse « Villa Seurat » raconte l’histoire du mouvement architectural moderniste. Une dizaine de maisons-ateliers y furent édifiées entre 1924 et 1931 et de nombreux peintres, sculpteurs, écrivains s’y installèrent. C’est Auguste Perret qui construisit la villa de la sculptrice Chana Orloff (1888-1968). Elle y vécut et y travailla de 1926 à 1942 et à partir de 1945 à son retour d’exil au lendemain de la guerre. La visite-guidée de l’atelier de Chana Orloff, exceptionnellement ouvert pour l’occasion, sera assurée par sa petite-fille Ariane Tamir. À l’issue de la visite guidée de l’atelier de Chana Orloff, les participants se rendront à la brasserie La Coupole pour évoquer autour d’une boisson chaude et d’une pâtisserie l’histoire de ce lieu emblématique des années Folles et de l’art Déco".
"Sculptrices, ni muses ni modèles"
Arte diffusa le 16 septembre 2018 "Sculptrices, ni muses ni modèles" (Bildhauerinnen. Schöpferinnen von Kunst in Stein), documentaire réalisé par Emilie Valentin. "À toutes les époques, les sculptrices ont bravé les interdits pour conquérir leur place. Au travers de leurs destins, cette histoire méconnue de la sculpture invite à redécouvrir des chefs-d'œuvre oubliés."
"Dès l'Antiquité grecque, le mythe de Pygmalion a cristallisé une répartition des rôles entre le sculpteur et la muse. Car Pygmalion incarne cet artiste amoureux de Galatée, la statue qu'il a sculptée, corps de femme qui prend vie sous ses yeux, comme voué à exaucer ses désirs. Le message est clair : l'homme est le créateur, la femme, la muse. Pourtant, depuis toujours, les femmes sculptent, taillent, fondent et frappent. Oubliées, engagées, affranchies, elles connaissent un destin qui relève du parcours du combattant. De Properzia de' Rossi, pionnière de la Renaissance, à Niki de Saint-Phalle et ses monumentales "Nanas", en passant par Camille Claudel et son art tourmenté, Marcello et sa Pythie sensuelle et furieuse, la radicale Jane Poupelet ou encore Germaine Richier, toutes produisent des œuvres dont la puissance ne cesse de surprendre."
"Au travers de sublimes images invitant à la contemplation, ce passionnant documentaire fait jaillir des chefs-d'œuvre, parfois oubliés, de l'histoire de l'art. Du XVIe siècle à nos jours, il révèle l'apport considérable des femmes dans la sculpture. Au-delà de son intérêt historique, la réflexion d'Émilie Valentin et Tristan Benoit porte aussi sur la réappropriation du corps – longtemps façonné par l'imaginaire des hommes – par les femmes. Au fil du temps, elles dessinent des lignes inédites et s'emparent de nouveaux matériaux. Au XIXe siècle, ces artistes comprennent notamment que le nu – qui leur était interdit – constitue un terrain de revendication à conquérir. Souvent éclipsée par Camille Claudel, Hélène Bertaux, qui a permis l'ouverture de l'École des beaux-arts aux femmes en 1897 puis l'accès au prix de Rome en 1903, s'empare avec virtuosité de ce sujet. Gracieux, énigmatique, androgyne, Psyché sous l'empire du mystère, son nu en bronze, saisit par son extrême beauté."
France, 2017, 53 min
A la galerie Marcilhac
8, rue Bonaparte - 75006 Paris
Tél. : +33.(0)1 43 26 47 36
Du mardi au samedi de 10 h à 13 h et de 14 h 30 à 19 h
Au MAHJ
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple, 75003 Paris
Tél. : 01 53 01 86 53
Du lundi au vendredi de 11 h à 18 h, le dimanche de 10 h à 18 h. Nocturne le mercredi jusqu'à 21 h
Des visites guidées, notamment de l'atelier de Chana Orloff, au 7 bis Villa Seurat, 75014 Paris, et la rencontre avec Ariane Tamir ou Eric Justman, petits-enfants de Chana Orloff sont sont prévues les 17 septembre 2013 et 3 octobre 2013
41, rue de Seine, 75006 Paris. Tél : 01 43 29 50 80
Chana Orloff
Le Retour1945
Ateliers Chana Orloff
© ADAGP, Paris, 2013
Photos des œuvres : © Serge Veignant
Femme à la lyre
Sculpture en bronze à patine dorée
Fonderie suisse
H. 46,3 x L. 23,2 x P. 28 cm
1955
Deux danseuses
Sculpture en bois
Pièce unique
H. 78,5 x L. 18,7 x P. 20 cm
1914
Lucien Vogel
Sculpture en bronze à patine brune
Fonderie Valsuani
H. 45 x L. 16 x P. 22 cm
1921
Maternité
Sculpture en bois
Pièce unique
H. 43 cm
1944
Sirène
Sculpture en bronze à patine noire
Fonderie Susse, 2/8 / H. 27 x L. 43 x P. 35,7 cm / 1959
Ruth et Noémie
Sculpture en bronze
Fonderie Susse, 6/8
H. 60 x L. 34 x P.16 cm
1928
Dessins préparatoires pour Le Retour, 1944-1945
Crayon sur papier
Ateliers Chana Orloff
© ADAGP, Paris, 2013
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